1er mai
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- Une journée de lutte et de solidarité
1er mai 1936, fête de l'unité syndicale retrouvée |
À l’aune des rapports interconfédéraux
A partir de 1936, le Premier mai s’était affirmé pour l’expression de la réunification syndicale et de l’unité retrouvée. La CFTC n’avait jamais pris part à cette journée étrangère à son histoire. En 1945, elle exprime sa volonté de faire coïncider la fête chrétienne du travail avec le Premier mai en lui donnant « un sens chrétien qui correspond parfaitement à la notion de journée revendicative » sans toutefois se confondre avec les manifestations de la CGT, de rares fédérations minoritaire exceptées. Après la scission de 1947, la CGT-FO organise ses propres initiatives sans pouvoir rivaliser avec celles de la CGT. La CNT, moins encore. Les divisions confédérales durables n’excluent pas de possibles défilés unitaires à des échelles locales, en particulier lors de conflits en cours, l’appel à l’Unité constituant une constante des cortèges de la CGT.
La création de la CFDT en 1964 n’induit à cet égard aucun changement, pas plus que l’accord signé avec la CGT en 1966 car la CFDT se défie du caractère identitaire du Premier mai. Les répercussions de Mai 68 se font sentir avec quelques délais sur la physionomie globale de la journée. L’extrême gauche s’invite dans les défilés sans l’aval de ses organisateurs, au prix de possibles heurts. En 1970, la CFDT défile pour la première fois dans la capitale avec la CGT ; CGT-FO, exceptionnellement en 1976. Son fréquent quant à soi vaut également pour la CFTC maintenue suite à la scission. L’unité CGT-CFDT prévaut en revanche de 1973 à 1979, la FEN s’associant alors le plus souvent à leurs cortèges. La conjoncture politique et le recentrage de la CFDT mettent un terme à cette séquence. L’éclatement des initiatives, accentué par l’émergence de nouveaux syndicats nés de scissions (UNSA, FSU, Solidaires) devient la norme, occasionnellement tempérée par la conjoncture (1er mai 2002 par exemple, avant le deuxième tour Chirac-Le Pen à l’élection présidentielle) ou par des conflits locaux. Les Echos qualifiant en 1985 la journée de « miroir grossissant de la désunion syndicale ».
Mot d'ordre unitaire, 1er mai 1983 (Robert Laudereau, 1983) |
Des militants algériens du MTLD lors du défilé du 1er mai 1951 (1er mai 1951 ; anonyme, 1951) |
Une structure abri
Les immigrés, les réfugiés et, longtemps, les peuples colonisés ont été précocement associés aux rassemblements du Premier mai, à ce titre images de la misère du monde, des guerres civiles et des régimes répressifs. Ils le demeurent. Les défilés constituent pour les peuples concernés une opportunité sans pareille pour affirmer leur présence et leurs exigences, principalement politiques, à l’abri des groupes syndicaux et sous la possible protection des services d’ordre. Jusqu’en 1981, en effet, les étrangers résidant en France ne sont pas autorisés à constituer des associations, ce qui leur interdit, en pratique, de déposer une déclaration préalable de manifestation qui leur soit propre. Les Premier mai de Front populaire sont l’occasion d’exprimer puissamment la solidarité avec l’Espagne républicaine. Les cortèges de la Libération intègrent en leurs rangs des travailleurs et militants grecs, portugais et indochinois. À partir de 1951, à Paris comme en province, dans les villes de forte immigration, les militants algériens du MTLD affirment leur présence, 4 algériens trouvant la mort en province en ces circonstances. Suite au 14 juillet 1953 qui s’est soldé par la mort de 8 manifestants dont 7 algériens, les cortèges de Premier mai sont interdits à Paris. Ils le demeurent jusqu’au 1er mai 1968 où l’USRP passe outre la déclaration préalable.
À partir des années 1970 et par-delà 1981, la présence des étrangers devient plus imposante, jusqu’à parfois rivaliser en nombre avec les groupes syndicaux (1976), des organes de presse en tirant argument pour prédire la fin du Premier mai. Les organisations toujours plus diversifiées ne s’inscrivent plus dans les groupes syndicaux mais défilent à leur suite, dans l’entre soi. Du moins leur présence signifie-t-elle implicitement leur inscription dans une histoire de l’émancipation commune à tous. C’est a contrario pour marquer leur distance que les réfugiés venant de pays socialistes tels les boat people s’abstiennent d’y participer, lui préférant d’autres dates et d’autres lieux.
À partir de ces mêmes années, des associations toujours plus nombreuses dont Droit au logement, Les alternatifs, des féministes, les écologistes, etc, s’associent pareillement aux cortèges, les partis politiques ayant adopté pour eux le principe de stands sur les trottoirs.
Les travailleurs étrangers défilant en queue de cortège, ici l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien le 1er mai 1986 (1er mai 1986 ; anonyme, 1986) |