Banlieue rouge
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- Repères chronologiques
Années 10
** 1919
14 mars : Loi Cornudet.
19 avril : Début de l’arasement des fortifications autour de Paris.
16 et 30 novembre : Elections législatives. Campagne virulente en banlieue pendant laquelle le bloc national (droite) diffuse la célèbre affiche du bolchévique avec le couteau entre les dents.
30 novembre et 7 décembre : Elections municipales. Victoire socialiste. 24 conseils municipaux sur 78 sont conquis dans le département de la Seine.
Une de "L’Humanité" du 8 décembre 1919 en ligne sur gallica.bnf.fr
Années 20
** 1920
25-30 décembre : Congrès de Tours, scission de la SFIO et création de la section française de l’international communiste (SFIC), futur PCF. 16 municipalités de la Seine sur les 24 conquises en 1919 passent à la IIIe Internationale. Dans ces années-là, la banlieue parisienne compte 2 millions d’habitants.
** 1924
Début de la période de « bolchévisation » impulsée par l’internationale communiste. Le parti communiste (SFIC) concentre son organisation sur les lieux de travail (cellules d’entreprise).
11 mai : Première participation et fort succès des communistes aux élections législatives.
23 novembre : Lors du transfert des cendres de Jaurès au Panthéon, la participation violente des communistes, venus de la banlieue et des quartiers périphériques, alimente la rhétorique de la ceinture rouge.
** 1925
3 et 10 mai : Elections municipales. Le parti communiste (SFIC) conquiert plusieurs mairies en région parisienne.
Une de "L’Humanité" du 11 mai 1925 en ligne sur gallica.bnf.fr
** 1927
Parution du livre « Le Christ dans la banlieue » qui recueille un fort écho et qui désigne la banlieue déshéritée comme terre de mission pour les catholiques face à l’essor communiste.
** 1928
Sous la pression des mal-lotis (aux côtés desquels les communistes sont très actifs), la droite au pouvoir fait voter les lois Sarraut et Loucheur qui sont une tentative d’intervention publique pour réguler l’anarchie pavillonnaire et financer du logement social. Leurs effets seront néanmoins limités et largement insuffisants pour parer au besoin de logement populaire en région parisienne.
** 1929
5 et 12 mai : Elections municipales. Dans la ligne « classe contre classe », le PC (SFIC) refuse le désistement en faveur des candidats socialistes.
Une de "L’Humanité" du 13 mai 1929 en ligne sur gallica.bnf.fr
Années 30
** 1931
Le recensement de la population française dénombre 8,4 millions d’ouvriers, soit près de 39% des actifs. Cette apogée de la classe ouvrière demeure stable jusqu’au années 1960. Elle est particulièrement nette dans certaines villes de banlieue qui peuvent totaliser 60 à 70% d’ouvriers parmi leurs actifs, comme Ivry, Saint-Denis, Bobigny.
Source : Annie FOURCAUT (dir.), Banlieue rouge 1920-1960. Années Thorez, années Gabin : archétype du populaire, banc d'essai des modernités, Autrement, Paris (Série Mémoires n° 18), 1992, p. 16.
** 1932
La grande dépression atteint la France. Forte action des municipalités ouvrières en faveur des chômeurs, particulièrement nombreux sur leur territoire.
Achèvement de la cité de la Muette à Drancy par les architectes Eugène Beaudoin, Marcel Lods et Vladimir Bodiansky. Cette cité fait office de construction-pilote pour les grands ensembles.
** 1933
Inauguration de l’école Karl-Marx construite par André Lurçat à Villejuif.
Une de L’Humanité du 28 juin 1933 en ligne sur gallica.bnf.fr
** 1934
Plan Prost (1934-1939) est le premier plan d’aménagement de la région parisienne. Favorable à l’accès populaire à la propriété privée individuelle, il tente de remettre de l’ordre dans la jongle pavillonnaire et de contenir la croissance de la banlieue parisienne.
** 1935
5 et 12 mai : Elections municipales. Dans le département de la Seine, le PCF passe de 9 à 26 mairies et de 6 à 29 dans le département de Seine-et-Oise. L’Humanité titre « Vive la ceinture rouge de Paris ! ».
Une de L’Humanité du 13 mai 1935 sur gallica.bnf.fr
** 1936
26 avril et 3 mai : Elections législatives. 27 députés communistes sur un total de de 72 élus de la banlieue.
Une de "l’Humanité" du 4 mai 1936 en ligne sur gallica.bnf.fr
27-28 mai : Début du grand mouvement de grève avec occupation d’usines.
7 juin : Accords de Matignon
** 1939
23 août : Pacte germano-soviétique
26 septembre : dissolution des organisations communistes interdiction du PC et des associations culturelles qui lui sont liées.
4 et 19 octobre : Décrets avalisant la suspension de 27 municipalités en seine-banlieue, 34 en Seine-et-Oise et 6 en Seine-et-Marne.
Années 40
** 1944
Août : Libération du département de la Seine. Les communistes participent aux gouvernements de la Libération et s’engagent dans la Reconstruction. Près de 60 communes de la région parisienne sont déclarées sinistrées.
** 1945
29 avril et du 13 mai : Elections municipales. 60 des 80 communes de la ceinture parisienne sont remportées par les listes d’Union patriote, républicaine et anti-fasciste (UPRA), dont 49 élisent un maire communiste.
** 1946
27 janvier : Le communiste François Billoux est nommé ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Charles Tillon, maire communiste d’Aubervilliers, lui succèdera à partir du 22 janvier 1947.
10 novembre : Elections législatives. Le PCF devient le premier parti de France avec 28,6% des voix.
** 1947
4 mai : Révocation des ministres communistes. Début de la guerre froide en France. Le PCF est isolé politiquement.
5 juin : Lancement du plan Marshall
19 et 26 octobre : Elections municipales. Le PCF emporte la direction de 28 mairies dans le département de la Seine, mais en perd près d’une vingtaine au profit de la SFIO et du RPF.
** 1948
Septembre : Pénurie de logement. Loi sur la règlementation des loyers.
Années 50
** 1950
Les offices municipaux et départementaux d'HBM prennent la dénomination d'Office public d'habitation à loyer modéré (OPHLM). Loi sur l’aide à la construction.
** 1952
28 mai : Manifestation contre Ridgway à Paris.
** 1952-1958
Développement de la culture de consommation chez les ouvriers et disparition progressive « d’une classe ouvrière visible, repérable, d’avant la société d’abondance, sans voiture, sans frigo et sans HLM : casquette, vélo, glacière (…) et pavillon. »
Source : FOURCAUT Annie (dir.), Banlieue rouge 1920-1960. Années Thorez, années Gabin : archétype du populaire, banc d'essai des modernités, Autrement, Paris (Série Mémoires n° 18), 1992, p. 18.
** 1953
26 avril et 3 mai : Elections municipales. Tassement du PCF qui conserve néanmoins environ 27 municipalités en région parisienne.
** 1954
1er février : Fort écho médiatique donné à l’appel de l’abbé Pierre, qui dénonce la carence et l’indignité des logements pour les plus pauvres. La banlieue parisienne compte alors plus de 5 millions d’habitants.
Début de la construction de grands ensembles planifiée par l’Etat : Répartis en couronne autour de Paris, à faible distance du centre et à proximité des zones industrielles les plus denses. Entre 1955 et 1958, 200 000 logements HLM sont construits en région parisienne.
** 1956
Le plan d’aménagement de la région parisienne (PARP) prévoit la rénovation du centre de Paris, planifie un transfert de population de Paris vers la banlieue et la construction de grands ensembles en banlieue.
Source : Claude COTTOUR, « Une Brève histoire de l’aménagement de Paris et sa région », DREIF/DUSD, septembre 2008.
** 1958
Création des ZUP (zone à urbaniser en priorité). Un programme quinquennal de construction avec une prévision de 300 000 logements HLM construits par an.
Novembre : Elections législatives. Succès gaulliste. La représentation parlementaire du PCF passe de 147 sièges à 10 députés.
** 1959
8 et 15 mars : Elections municipales. Le PCF fait campagne sur le thème de la municipalité comme « citadelle de défense républicaine » face aux pleins pouvoirs gaullistes. Il emporte la direction de 31 mairies dans le département de la Seine. Ce scrutin est aussi marqué par la reprise d’alliances entre la SFIO et le PCF au niveau communal.
Années 60
** 1960
Inauguration du théâtre de la Commune à Aubervilliers.
** 1963
1er octobre : Visite en France du cosmonaute Youri Gagarine et visite triomphale à la nouvelle cité qui porte son nom à Ivry-sur-Seine.
Création de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR), chargée de piloter la décentralisation des industries de la région parisienne.
Ouverture du premier centre commercial à Sainte-Geneviève-des-Bois.
** 1964
10 juillet : Redécoupage administratif de la région parisienne en 8 départements : le 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94 et 95.
La logique officieuse du « démembrement du département de la Seine » est « d’éviter que l’union de la gauche SFIO-PCF ne donne une nouvelle fois aux élus communistes la présidence d’un département qui polarise la richesse nationale. ». Source : Claude COTTOUR, 2008, op.cit.
** 1965
14 et 21 mars : Elections municipales. Dynamique d’union locale SFIO/PCF. Le PCF emporte la direction de 34 mairies dans le département de la Seine.
22 juin : 1er schéma directeur de la région parisienne (SDAU). Le PCF s’y oppose au nom des libertés communales.
** 1966
Les investissements publics privilégient les villes nouvelles, imaginées par Paul Delouvrier comme l’antithèse des grands ensembles. Neuf villes nouvelles seront édifiées dont cinq en Île-de-France : Evry, Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-Yvelines, Marne-la-Vallée et Sénart.
Source : Annie FOURCAUT, « Les banlieues populaires ont aussi une histoire », La Revue du projet, 1er juillet 2007
** 1967
Création de l’ANPE.
** 1968
1er janvier : Disparition officielle du Grand Paris. Naissance officielle des nouveaux départements de la région parisienne.
22 mars : Blocage de l’université de Nanterre par des étudiants opposés à la guerre du Vietnam et à la répression policière. Prémisses des événements de mai-juin 1968.
Années 70
** 1971
22 avril : Le PCF propose un contrat communal afin de promouvoir une meilleure consultation et association de la population aux grands projets urbains des municipalités.
14 et 21 mars : Elections municipales. Dynamique d’union locale. Succès pour le PCF en banlieue parisienne avec 46 municipalités dans la petite couronne dont 35 à direction communiste.
** 1973
Inauguration du Périphérique entièrement achevé
21 mars : Olivier Guichard, ministre de l’Équipement, décrète l’arrêt de la construction des grands ensembles.
Octobre-décembre : 1er choc pétrolier.
** 1973-1977
« L’État réoriente sa politique et ses crédits vers l’aide aux ménages qui veulent accéder à la propriété individuelle de leur pavillon : les banques rentrent sur le marché immobilier et la promotion publique s’effondre à partir de 1976. La loi Barre (1977) privilégie l’aide sélective aux ménages au détriment de l’aide à la pierre, afin de rendre le marché plus fluide et de résoudre la crise naissante des grands ensembles, dont témoigne l’invention des procédures Habitat et Vie Sociale (1973-1977) qui financent les premières réhabilitations. La conséquence est que les classes moyennes quittent les logements sociaux pour les pavillons en accession à la propriété des communes alentour. »
Source : Annie FOURCAUT, « Les banlieues populaires ont aussi une histoire », op.cit.
** 1974
Fermeture des abattoirs de La Villette.
** 1975
1er juillet : Inauguration du quartier de la Défense.
** 1976
6 mai : La région parisienne devient la région Île-de-France.
« Politique de fermeture des frontières, aide aux retours des étrangers et regroupement familial. Les règles d’attribution des logements Hlm, qui jusqu’alors ignoraient les travailleurs étrangers, facilitent leur installation. Il en résulte d’importantes modifications du paysage des banlieues populaires : les 255 bidonvilles de métropole, dont 120 en région parisienne, qui logeaient 50000 immigrés, sont résorbés et leur population relogée dans des grands ensembles sociaux. »
Source : Annie FOURCAUT, « Les banlieues populaires ont aussi une histoire », op.cit.
** 1977
13 et 20 mars : Elections municipales. Dynamique d’union locale. 54 municipalités dans la petite couronne dont 38 à direction communiste. Apogée municipale du PCF avec 15000 maires communistes.
Juin : Le PCF concède plus d’importance aux maires dans son organisation en leur reconnaissant une autonomie pour « expérimenter des formes nouvelles de gestion démocratique, souple et proche des habitants ». La même année, création de l’association nationale des élus communistes et républicains (ANECR).
Années 80
** 1980
24 décembre : Scandale du bulldozer de Vitry mettant en cause la municipalité communiste et la direction du PCF.
** 1981
10 mai : Election de François Mitterrand.
Le communiste Anicet Le Pors nommé ministre délégué, puis secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique et des Réformes administratives de juin 1981 au 17 juillet 1984.
« La gauche au pouvoir institutionnalise la politique de la ville. Décentralisation, interministérialité, zonage des quartiers en difficulté sont les principes nouveaux de cette politique (…) Dans les quartiers, les professionnels de la politique de la ville remplacent les militants politiques, et l’État décentralisé se substitue à l’encadrement partisan. »
Source : Annie FOURCAUT, « Les banlieues populaires ont aussi une histoire », op.cit.
** 1983
6 et 13 mars : Elections municipales. le PCF maintient son assise dans la petite couronne avec 33 municipalités à direction communiste.
Dans les années 1980, « L’omniprésence médiatique de la crise des banlieues conduit au retour du thème de la banlieue rouge, sur la disparition de laquelle portent les interrogations. »
Source : Annie FOURCAUT, « Banlieue rouge, la ville mal aimée », document consulté sur internet en avril 2014, p. 80.