Espagne 1937 - 1937, N/B sonore, 33min (extrait).
Frente Popular et coup d'état
Dans un contexte lourd de tensions politiques et sociales, le « Frente Popular » remporte les élections aux Cortes (le Parlement et le Sénat espagnols) le 16 février 1936. Cette union politique regroupe sept formations de gauche dont le parti communiste espagnol. Dans les mois qui suivent, une partie de la population espère des réformes sociales tandis qu’une autre se méfie de la République.
Le 17 juillet 1936, un soulèvement militaire éclate, préparé par quelques officiers dont le général Franco. L’insurrection s’étend à toute l’Espagne dès le lendemain. Durant près de trois ans, deux camps vont s’affronter : celui des républicains qui comptent dans leurs rangs différentes tendances de gauche, souvent en rivalité - anarchistes, socialistes, communistes, trotskystes, républicains modérés...- et le camp des nationalistes dirigé par le Général Francisco Franco et soutenu par l’Église et l’armée.
La Guerre d'Espagne déchire le Front Populaire
n France, le Front populaire vient de gagner les élections1. Dès le 19 juillet 1936 les républicains espagnols font appel à son aide. Le Parti communiste français réclame une intervention. S’il est personnellement favorable au soutien des républicains, le chef du gouvernement et chef de file de la SFIO, Léon Blum, au nom du pacifisme et de la peur d’une guerre civile en France, se résigne à accepter la création d’un comité de non intervention. Le pacte est signé par une grande partie des pays européens dont l’Allemagne et l’Italie.
Pourtant, presque aussitôt, les régimes mussolinien et nazi soutiennent militairement les nationalistes : La légion Condor, force de choc nazie, expérimente en Espagne le couple « avions d’assaut (stukas)–blindés » pour percer le Front, avant de le généraliser en Pologne (1939) puis en France en mai 1940. Les divisions fascistes italiennes sont aussi engagées sur le sol espagnol.
Face à cette internationalisation du conflit, le seul soutien de poids pour les républicains sera l’Union soviétique. L’internationale communiste (Komintern) active la mobilisation en faveur de l’Espagne autour de trois axes : l’envoi massif d’armes, la création des brigades internationales et l’organisation de la solidarité antifasciste à travers les partis, les syndicats et organismes d’obédience communiste. Par la puissance acquise du PCF et par sa situation limitrophe avec L’Espagne, c’est le parti communiste en France qui devient la plaque tournante et le coordinateur de l’aide matérielle à la République espagnole.
Guerre aérienne : "Por la independencia de Espana" - réal : Alfonso Gimeno, Joaquin Lepiani - 1936, N/B sonore, 33min (photogramme). |
L'Espagne Vivra - Réal : Henri Cartier-Bresson - 1939, N/B, sonore, 44min (extrait).
Défaite et postérité de l'engagement républicain
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La défaite des Républicains est consommée quand Barcelone tombe à son tour devant les troupes franquistes le 26 janvier 1939. "La population catalane – et avec elle des milliers de républicains provenant de toute l’Espagne – se dirige vers la frontière française pour échapper à la répression et aux bombardements. Ces civils sont bientôt rejoints par une partie de l’armée républicaine en déroute. En dépit du soutien de la gauche et des tenants d’une attitude humaniste, la France de 1939 est loin d’être pour les Espagnols la République sœur dont ils espéraient obtenir réconfort et soutien". Femmes et enfants sont répartis dans des centres d’accueil dans toute la France tandis que les hommes sont cantonnés dans des camps « de concentration » dans d’exécrables conditions.
La continuité d’un engagement : la Résistance et la lutte anti-franquiste
A l’entrée en guerre de la France, beaucoup de républicains demandent à s'engager dans les bataillons étrangers de l'armée française, en dépit de la méfiance des officiers français envers les « Rouges ». Ils sont nombreux par la suite à rejoindre la résistance française, les maquis et les Forces françaises libres. Lors de la libération de Paris, le premier détachement de l'armée Leclerc à entrer dans Paris est une section espagnole.
Les Républicains Espagnols portent aussi l’espoir d’une reconquête de l’Espagne avec l’aide cette fois sans réserve des Alliés. Or, ceux-ci ne tiendront pas leurs promesses. Franco reste au pouvoir jusqu’à sa mort, en 1975, prolongeant ainsi l’exode des réfugiés qui deviendront des exilés politiques. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on comptait 240 000 Espagnols en France, parmi lesquels 40% d’exilés républicains.
1⇡ A ce sujet, nous renvoyons vers notre parcours thématique consacré au Front populaire
2⇡ Ce chapitre s'appuie en particulier sur le dossier réalisé par Cindy Coignard et Maëlle Maugendre de l'Association Adelante : "La Retirada ou l’exil républicain espagnol d’après guerre" publié sur le site internet de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration.