Front populaire
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- Contexte Historique 1936-1938
Auto-mise en scène parodique des grévistes : Un couteau entre les dents pour effrayer les patrons : "Grèves d'occupation d'usines" - Réal : collective attribuée à Jacques Lemare - 1936, N/B, sonore, 12min (photogramme). |
Mai 1936, une victoire électorale et un mouvement social
Le rassemblement populaire orchestré entre communistes, socialistes et radicaux gagne les élections législatives les 26 avril et 3 mai 1936. Mais, « précédant » la prise de fonction du nouveau gouvernement et sans attendre l’application de son programme de relance, des grèves éclatent dès les 11 et 12 mai (usines d’aviation du Havre et de Toulouse) et les débrayages se multiplient à vive allure.
Ce mouvement de grève, dans l’ensemble spontané, adopte un mode de lutte tout à fait original : l’occupation du lieu de travail, véritable crime de lèse-majesté aux yeux du patronat. Les grèves d’occupation (1) touchent surtout le privé, elles sont massives et joyeuses, soutenues par la population. Les syndicats prennent le relais et contribuent à organiser le mouvement et ses revendications (En mois d’un an, les effectifs de la CGT passeront de 750 000 à 4 millions d’adhérents).
Le gouvernement de Léon Blum est finalement constitué le 4 juin. Les communistes, élément moteur de la dynamique du Front populaire lui apportent leur soutien mais n’y participent pas, conformément aux directives du Komintern (l’internationale communiste dont le PC est membre depuis sa création). Les "accords de Matignon" sont signés le 7 juin entre les représentants syndicaux et patronaux, sous l’égide du gouvernement. Faisant écho à l’ampleur du mouvement social qui les a déclenchés, ils actent une augmentation générale des salaires, la réduction du temps de travail - les 40 heures -, l’élection de délégués du personnel, l’institution des conventions collectives qui permettront de définir dans la négociation les rapports entre salariés et patronat pour chaque branche professionnelle, deux semaines de congés payés... mais aussi une dignité retrouvée après des années de mépris.
De la pause à la chute du Front populaire
Dès le 17 juillet 1936, le coup d’Etat du général Franco menace le Frente Popular espagnol. Celui-ci appelle à l’aide son alter ego français qui vient d’accéder au pouvoir. Contre toute attente, la non intervention adoptée par Léon Blum cisaille à la base l’unité politique du Front populaire (« démocratie ou fascisme »).
La reprise économique est fragilisée par le contexte international et la nécessité de réarmer, mais aussi par la défiance des possédants, par l’esprit de revanche du patronat et de la droite, et par la virulence de l’extrême droite qui sont autant d’obstacles pour l’application du programme économique et social du Front Populaire.
Dans cette conjoncture, les radicaux, dont le ralliement fut décisif pour la victoire de mai 1936, sont des alliés risquant à tout moment de rompre la digue de l’union. La situation se tend crescendo et les clivages s’accusent à l’intérieur comme à l’extérieur du Front Populaire. A deux reprises, le gouvernement de Léon Blum est défait après le rejet par le Sénat de sa demande des pleins pouvoirs financiers (le 22 juin 1937 et le 10 avril 1938). Les radicaux finissent par basculer à droite : les décrets-loi Paul Raynaud (13 novembre 1938) rétablissent partiellement la semaine de 48h…
Deux événements scellent la désunion politique et sociale du Front populaire : l’échec et la répression cinglante par le gouvernement d’une manifestation organisée à l’appel de la CGT le 30 novembre contre les décrets-lois et la signature des accords de Munich par Edouard Daladier deux mois plus tôt (le 30 septembre 1938).
(1) A ce sujet, nous renvoyons vers le document Défilé des 500.000 manifestants à la porte de Vincennes, le 14 juillet 1935 (Anonyme, 1935)
Les 40 heures acquises en 1936 sont remises en cause dès 1937. "Magazine Populaire" - Réal : Anonyme - 1938, N/B, sonore, 34min (photogramme). |