Front populaire
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- Analyse historique>
- Contexte Historique 1934-1935
"La Vie est à nous" - Réal : collective sous la direction de Jean Renoir - 1936, N/B, sonore, 62min (photogramme). |
Le 12 février 1934, un rassemblement populaire contre la menace fasciste
Fin 1933, dans l’atmosphère délétère d’une crise économique qui gagne la France et face à laquelle les cures déflationnistes des gouvernements successifs sont sans remède, le scandale politico-financier soulevé par l’affaire Stavinsky provoque une forte poussée anti-parlementaire, xénophobe et antisémite.
Le 6 février, ligues d’extrême droite et anciens combattants manifestent en réclamant la démission du nouveau président du Conseil, le radical Edouard Daladier. La nuit tourne à l’émeute. Le bilan est lourd : 15 morts et plus de 660 blessés. Face à cette situation inédite, Edouard Daladier cède : il démissionne, permettant ainsi le retour de la droite au pouvoir, avalisant en quelque sorte l’agression portée aux institutions républicaines dans cette même nuit du 6 février.
Les organisations de gauche dénoncent un "coup de force fasciste" (Hitler est au pouvoir en Allemagne depuis 1933 et Mussolini dirige l'Italie fasciste depuis 1922). Les communistes parisiens ripostent en manifestant le 9 février. La SFIO et la CGT appellent à la grève générale et à manifester le 12, le PCF et la CGTU se rallient à ce mot d'ordre sur un appel séparé. En province et à Paris, les manifestations rassemblent un million de travailleurs.
Ce succès en commun relance l’idée d’un front unique à gauche entre communistes et socialistes et amorce la réunification syndicale de la CGT et la CGTU.
Le 14 juillet 1935 : le jour des « deux bastilles »
La tension politique et sociale entretenue par le contexte international et par l’activisme des ligues factieuses, puis par l’accession de Pierre Laval à la présidence du Conseil appellent une réaction urgente : Le Comité national de lutte contre la guerre et le fascisme organise « les Assises de la paix et de la liberté » au stade de Buffalo le 14 juillet 1935.
48 formations participent à cet événement dont le cérémonial reproduit celui de la Fête de la Fédération de 1790. Les délégués prêtent unanimement le serment « de rester unis pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses pour défendre et développer les libertés démocratiques et pour assurer la paix humaine." Le texte du serment inscrit sur un immense calicot est ensuite promené tout le long du parcours qui va de la Bastille à la Porte de Vincennes où défilent près de 500 000 manifestants (1).
Pour la première fois, drapeau rouge et drapeau tricolore apparaissent côte à côte, fanfares et harmonies alternent l’Internationale et la Marseillaise : « une nouvelle culture politique de lutte et de masse s’impose, née de la symbiose qui s’opère alors entre cultures antifasciste, républicaine et populaire ». Elle concourt à redéfinir la culture de la gauche française « désormais et durablement par une double référence à une culture de classe et à une culture démocratique. »
Les citations sont empruntées à l'ouvrage L'avenir nous appartient ! Une histoire du Front populaire de Danielle Tartakowsky et Michel Margairaz (Larousse, 2006).
(1) A ce sujet, nous renvoyons vers le document Défilé des 500.000 manifestants à la porte de Vincennes, le 14 juillet 1935 (Anonyme, 1935)
Le serment du 14 juillet 1935 : "Le Défilé des 500 000 manifestants" - Réal : Anonyme -1935, N/B, sonore, 19min (photogramme). |