VOYAGE EN URSS - SEPTEMBRE 1934
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- Sous-titreBOBINE 1 - LENINGRAD
- Réalisateur.ice.sANONYME
- Année(s)1934
- Lieu(x)Saint-Pétersbourg
- Durée00:11:00
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 9,5 mm
- SonMuet
Première bobine d'un voyage en groupe en Russie soviétique à la fin de l'été 1934.
Ce film est exceptionnel pour un certain nombre de scènes qu'on y trouve : outre les rues de Leningrad dans lesquelles se côtoient chevaux et automobiles, on y voit d'impressionnants échafaudages en bois, et des traces de l'accueil fait aux touristes dans les années 1930 par la jeune Union soviétique : ainsi, le groupe de français qui effectue le voyage séjourne à l'Hôtel Astoria, palace réquisitionné et géré par Intourist, et fréquente le Torgsin de l'hôtel, sorte de grand magasin réservé aux touristes étrangers et mis en place à partir de 1932 pour alimenter les caisses du pays.
On voit également des groupes de jeunes hommes et jeunes femmes marchant en peloton ; les femmes portent des tenues de sport très décontractées et tiennent des ballons.
Quelques scènes enfin sont tournées dans la campagne environnant Leningrad ; on y voit des maisons russes traditionnelles en bois et de vieilles paysannes vendent leurs produits - on peut imaginer qu'elles tiennent un étal en bordure de la gare, espérant ainsi vendre leur production aux riches voyageurs.
Le film montre plusieurs lieux emblématiques : la perspective Nevski en voiture, bâtiment de l'Amirauté, Cathédrale Saint-Isaac, musée de l'Ermitage.
Il s'attarde aussi sur l'Hôtel Astoria dans lequel réside le groupe de français qui fait ce voyage (inauguré en 1912, le palace est nationalisé après la Révolution d'Octobre, puis absorbé par l'organisme d'État Intourist en 1929). Autre détail remarquable : un plan sur le grand Torgsin de Leningrad. Les Torgsin (Торгсин, acronyme de торговля с иностранцами « commerce avec les étrangers ») étaient des magasins gérés par l'État entre 1931 et 1936. L’Union soviétique sort alors de la NEP, cette période de relative libéralisation de l’économie qui se ferme avec la mise en place du premier plan quinquennal (1928-1932) et passe par la collectivisation des terres. La jeune Russie des Soviets a alors besoin de financer « l’industrialisation à marche forcée » vantée par la propagande. Au-delà des enjeux idéologiques, il s’agit de remplir les caisses de l’Etat et se procurer des devises nécessaires à l’achat des machines importées que l’URSS ne produit pas encore.
D'après l'historienne Rachel Mazuy : "Les magasins du Torgsin permettent aussi à l'État de revendre des biens précieux dont se sont dessaisis les Soviétiques. Ce commerce alimente ainsi les magasins d’antiquités du trust (...) Qu’est-ce que les étrangers peuvent acheter dans les Torgsin ? Des cigarettes, des timbres-poste et des enveloppes, des meubles, souvent introuvables ailleurs. Des fourrures, assez chères, et qui ne sont de surcroît pas toujours de bonne qualité si l’on en croit les voyageurs. Du caviar aussi. Quelques objets artisanaux liés au folklore russe ou les créations de fabricants d’icônes reconvertis après la Révolution d’Octobre dans la production de boîtes laquées. Des objets religieux, notamment des croix de popes. Et, surtout, beaucoup d’antiquités, notamment au magasin de l’Astoria à Leningrad. On trouve ainsi des porcelaines de Sèvres, des tapisseries des Gobelins ou d’Alençon, des cristaux, des tapis de prière ou des œuvres d’art venant de peintres européens de différentes époques."
La prégnance dans les rues des figures de la Révolution, Lénine en tête, suivi de Staline, est aussi marquante. Plusieurs plans montrent la statue de Lénine à la gare de Finlande à Saint-Pétersbourg, l'une des plus célèbres statues de Vladimir Lénine en Russie. Érigée en 1926, c'est l'une des premières statues de grande envergure de Lénine, achevée trois ans après sa mort. Elle le représente prononçant un discours du haut d'une voiture blindée, peu après son arrivée à la gare en 1917, après son exil à l'étranger. On voit ensuite un portrait géant (en pied) de Staline le long d'une façade, et des médaillons de Lenine, Staline et d'autres dirigeants soviétiques sur différents immeubles.
Enfin, plusieurs séquences sont consacrées à de beaux portraits de groupe, comme ces gens dansant dans la rue, ou ces jeunes femmes rieuses.
Lieux de consultation : Ciné-Archives