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Catalogue
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VIVRE À ROSTOV

© Ciné-Archives. Tous droits de reproduction ou de modification interdits.
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La vie des membres d'une brigade de travail dans une petite ville provinciale et industrielle de l'URSS : Rostov-sur-le-Don : 800.000 habitants.
Rosselmach, la plus grande usine de machines agricole.
Pendant plusieurs semaines, une cinéaste et un journaliste français ont suivi l'un de ces travailleurs, Nicolas Oudovitchenko, sa famille et certains de ses compagnons. Ce film évoque l'énorme décalage entre le pays d'aujourd'hui et les ruines de 1945, mais insiste surtout sur l'importance du rôle de l'entreprise, sur la satisfaction de besoins fondamentaux, sur le bonheur aujourd'hui acquis.
[Notule catalogue d'Unicité]

GÉNÉRIQUE :
Production, UNICITE avec la collaboration de l'agence de presse NOVOSTI
Journaliste, Serge LEYRAC
Montage, Andrée DAVANTURE, Marie-Christine ROUGERIE
Mixage, Antoine BONFANTI
Chef opérateur, Vladimir VENEDIKTOV
Ingénieur du son, Léonide TCHINNOV
Directeur de production, Guennadi KOVROV
Rédacteur, Victor ONOUCHKO
avec les voix de Jean BOUCHOT, Gabrielle DJIDOU, Anny MORAND, Pierre SANTINI.

TEXTE-EXTRAITS :
Lorsque nous demandons à nos interlocuteurs s'ils ont des inquiétudes pour leur travail, ou s'ils craignaient les licenciements, ils sont très étonnés: une fois de plus notre question est dénuée de sens pour eux. Le chômage n'existe plus en URSS depuis 1927 et les lois sociales rendent obligatoires le reclassement préalable de tout travailleur libéré de son poste. C'est ce qui explique ce profond sentiment de sécurité rencontré chez tous les Soviétiques... Dans le monde entier, les hommes aspirent au mieux-être, au bonheur. Cinquante sept ans de socialisme modèlent déjà un nouveau type d'hommes. Ignorer l'exploitation, l'insécurité, le chômage, la ségrégation scolaire, donne aux Soviétiques beaucoup d'assurance, une absence totale d'appréhension devant la vie. Ce peuple qui a surmonté tant de difficultés ne redoute pas l'avenir. Le progrès ne l'effraye pas. Au contraire, il le désire, il en fait son pain quotidien.


Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives françaises du film, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images, BNF
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Titre : Connaissance du monde socialiste. Vivre à Rostov Carte de l’URSS avec en fond sonore une chanson russe. Gros plan sur le nom de la ville de Rostov sur le Don
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Panorama sur Rostov. Un bateau glisse sur le Don. Voix off : « Décembre 1973 à Rostov sur le Don. A la découverte des Soviétiques d’aujourd’hui, de leur condition de vie, de leurs aspirations, de leurs soucis, de leurs espoirs. Pendant trois semaines ils nous ont accueilli dans leur usine, dans leur foyer ou leur bibliothèque, dans leur théâtre. Pourquoi Rostov plutôt que Moscou ou Leningrad ? Avec ses 845.000 habitants, cette ville du sud de la Russie est d’importance moyenne. Une ville ordinaire »
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« Pas tout à fait pourtant. Une grande usine de machines agricoles emploie 22.000 ouvriers. Ils produisent 80% des moissonneuses-batteuses de l’Union soviétique. " Vue sur les moissonneuses-batteuses et leur fabrication.
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« Un des ateliers de l’usine Rostelma, Stelma pour les Rostoviens, malgré des dimensions imposantes a un petit air vieillot, l’allure décontractée des ouvriers, loin d’évoquer la grande production moderne. C’est notre premier contact avec ce qu’on appelle une brigade, c’est-à-dire une équipe de travailleurs. »
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Présentation de quatre membres de la brigade, dont deux sont d’origine paysanne. « Durée du travail 41 h » « Dans quel atelier sommes-nous ? Je ne comprends pas très bien ce qu’on y fait » « C’est l’atelier de l’usine Rostelma où l’on fabrique des moissonneuses batteuses. Nous nous occupons ici d’une pièce essentielle : la batteuse. Quand la batteuses est prête nous l’envoyons pour la grande chaîne de montage » « Ca parait dur comme travail » « Non » « Mais physiquement ? » « Non physiquement ça va, tous les travaux pénibles sont mécanisés » « Vous sortez combien de moissonneuses batteuses ? » « Pour ce mois de décembre, 2400 » « Est-ce que les gens prennent part à l’élaboration du plan ? » « Tout le monde y participe » « De quelle manière ? » « Une ou deux fois par mois nous avons des réunions, des assemblées de travailleurs. En outre, chaque jour avant de commencer nous nous réunissons 5 mn pour discuter de la manière d’organiser notre travail » « Qui décide des cadences ? » « Il y a un service spécialisé pour cela » « Vous n’êtes pas fatigués à la fin de la journée ? » « Un peu mais pas trop » « Et vous ? » « Nous sommes jeunes. Pour l’instant on ne sent rien » « Est-ce que des chronométreurs passent chez vous ? » « Oui il en vient » « Il arrive que les cadences soient accélérées après leur passage ? » « Ça arrive » « Et vous tombez toujours d’accord avec eux ? » « Ça dépend, des fois oui, des fois non. S’il n’y a pas de progrès techniques, les cadences restent inchangées, mais si on met au point un nouveau procédé qui permet d’élever la productivité, dans ce cas on peut accepter l’augmentation des cadences ». « Quelle est votre profession ? » « Nous sommes tous des ouvriers qualifiés, des ajusteurs mécaniciens, mais lui en plus est conducteur d’engins ». « Combien gagnez-vous en moyenne »? » « Entre 180 et 200 roubles par mois ». « Et vous ? » « Nous faisons partie de la même équipe, on touche tous en moyenne de 170 à 200 roubles ». « Y en a-t-il parmi vous qui étudie après le travail ? » « Moi je vais au cours préparatoire » « Comment ? » « Ma fille va au cours préparatoire et moi je suis le même programme » « D’accord. Mais à part ça est-ce que vous étudiez ? » « Non, chacun de nous a des activités après le travail. Certains se reposent, d’autres regardent la télé, d’autres encore vont au théâtre ou font partie d’un groupe d’amateurs. Moi je fais du théâtre. Nous avons présenté un spectacle récemment. Je tenais le rôle d’un directeur d’usine »
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« Vous aimez lire ? » « Oui des journaux, des revues » « Moi, la lecture c’est une maladie ». « Quelle est votre lecture préférée ? » « Je préfère les classiques russes et aussi français et étrangers ». « Lesquels par exemple ? » « Aucune préférence particulière. J’aime les vers de Heine » « Heine ? Et parmi les écrivains français ? » « Parmi les écrivains français, chez les romantiques c’est Victor Hugo que je préfère. J’ai lu beaucoup de ses œuvres. » « En prose ou en vers ? » « En vers, mais j’aime bien sa prose » « Rares sont ceux qui ne connaissent pas Hugo chez nous. En outre, jeunes ou vieux ici tout le monde lit Balzac ».
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Marché en plein air
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Voix off : »En quittant Stelma nous avons eu envie de connaître la famille de Nikolaî Oudovitchenko »
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Cité HLM sous la neige: « Il habite un quartier tranquille à 15 mn de l’usine, non loin du centre ville ».
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A l’intérieur de l’appartement, deux femmes font la cuisine : « Lioubov Oudovitchenka, l’épouse de Nikolaï, a 48 ans. Elle est employée à Rosselmach. Elle est grand-mère. Natacha, la fille aînée, a 23 ans. Mariée depuis deux ans, elle est mère d’une petite fille, Aliona ». « Natacha, quel âge a votre fille ? » « Elle aura 6 mois en janvier ». « Vous ne travaillez pas ? » « J’ai pris un congé à mon compte jusqu’à ce qu’elle ait un an » « Et comment ferez-vous ensuite ? » « Elle ira à la crèche, celle de la crèche ». « Vous êtes inscrite sur une liste d’attente ? » « De nos jours il y a autant de places qu’on veut dans les crèches. On accepte les enfants au bout de 2 ou 3 mois. Chaque atelier a sa crèche et sa maternelle ». « Parce que la crèche dépend de l’usine ? » « Pas obligatoirement, on peut placer ses enfants dans les crèches municipales ou celles construites par l’usine. Comme je travaille à l’usine ce sera plus pratique ». « Alors vous pouvez vous présenter à la crèche, dire j’ai un enfant, prenez-le, cest tout ? » « Il faut que j’aille au Comité d’entreprise déposer une demande et on m’attribue une place » « C’est tout ? » « Oui ». « Combien paierez-vous la crèche ? » « Nous avons les tarifs pour la garde de l’enfant 24h sur 24 et d’autres à la journée seulement. On peut le laisser la nuit en cas de besoin, par exemple si on travaille dans la deuxième équipe qui finit tard ou si on doit s’absenter ». « Vous payez combien ? » « De 15 à 16 roubles ». « Et vous la laisserez à la crèche la nuit ? » « Si j’ai du mal à reprendre le soir, elle y restera bien sûr. Ce sera plus commode pour moi ».
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« Le maire de la ville devant nous confirmer par la suite, que le problème des crèches était résolu depuis peu à Rostov, les parents exigent maintenant que la crèche soit à proximité de leur maison, plus belle et avec un personnel plus nombreux et plus qualifié encore. De ce point de vue, Rostov n’est pas une ville plus privilégiée que d’autres en Union soviétique »
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« Un effort énorme est déployé en faveur des enfants d’âge préscolaire. L’Etat tient à ce que la mère soit libre de reprendre son activité professionnelle si elle le désire. A l’heure actuelle on construit de plus en plus de combinat d’enfants, c’est-à-dire des ensembles crèche – maternelle afin d’éviter la rupture provoquée par le passage de l’un à l’autre »
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Cours de danse de petits. Enfants faisant de la balançoire, du manège. Pères accompagnant leurs enfants au jardin de jeux.
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Retour à l’appartement de Nikolaï: « Ira, la fille cadette a 13 ans. Elle est en 4e à l’école du quartier. Elle est membre de l’organisation des Pionniers, comme la plupart des enfants de son âge." « Y a-t-il eu des difficultés à s’approvisionner ? » « A mon avis, non » « Dans votre quartier non plus ? » « Ni dans notre quartier, ni dans la ville. Comment vous expliquer. Dans un magasin il y a la queue, dans un autre, pour le même produit, il peut ne pas y en avoir » « Est-ce que les prix ont augmenté dans la dernière période ? » « En ce qui concerne les produits alimentaires, les prix n’ont pas augmenté depuis 20 ans selon moi » « Ce saucisson, par exemple, combien coûte-t-il cette année ? Quel était son prix il y a deux ans ? » « Quand on l’a mis en vente il y a quelques années, il coûtait 3 roubles 80 le kg, aujourd’hui son prix est resté le même. » « Sur quels articles y a-t-il augmentation de prix ? » « Sur la vodka, les alcools, le cognac. Nous nous y sommes habitués, dans le fond c’est bien ainsi. » « L’escalade des prix est un phénomène inconnu dans ce pays où l’inflation n’existe pas et nos hôtes ont souvent du mal à saisir le sens de nos questions ».
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Repas en famille chez Nikolaï. Interview de Nikolaï: « Quel est votre loyer mensuel ? » « Je paie 15 roubles 98 kopecks par mois ». « Ca fait quel pourcentage par rapport à votre salaire ? » « De 8 à 10% ». « Plus les charges ? » « Non, non tout est compris : les charges, l’eau, l’électricité". « Et le loyer seul s’élève à combien ? » « Et bien voilà, j’ai payé 16 roubles pour toutes les charges communales, l’éclairage, la surface habitable. Je peux vous montrer. Voilà le livret où on note mes versements. ». « Combien payez-vous pour le gaz ? » « Le gaz chez nous coûte 26 kopecks le m ». Pour deux mois j’ai payé en tout 2 roubles 8 kopecks. »
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« A eux deux, Lioubov et Nikolaï Oudovitchenko gagnent dans les 300 roubles par mois et 15 roubles de loyer et de charges représentent 5% de leurs revenus mensuels. C’est à peu près la moyenne nationale. Les tarifs des loyers n’ont pas changé depuis 35 ans.
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« A Rostov, comme dans toute l’Union soviétique, le logement reste un gros problème en dépit des efforts gigantesques consentis pour le résoudre. »
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Vente de sapins de Noël dans la rue: « Nous étions mi-décembre et déjà la folie des sapins s’emparait de la population. Noël a cédé la place au Jour de l’An, une des fêtes préférée des Soviétiques. De manière générale, toutes les occasions sont bonnes pour se réunir en famille ou entre amis. La porte est toujours ouverte ».
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Retour à l’appartement de Nikolaï: « Il est déjà vieux votre poste [de télévision] » « Oui il marche depuis dix ans lais il est encore bon ». « Vous n’avez pas l’intention d’en acheter un autre ? » « Oui avec ma femme on veut s’offrir la télé en couleurs ». « Dites-moi, est-ce que vous pouvez l’acheter à crédit ? De manière générale le crédit existe-t-il ? » « Je pense qu’il y a maintenant partout le crédit. On peut acheter à crédit un téléviseur, des meubles ». « En URSS ? » « Bien sûr. On peut facilement obtenir un crédit étalé sur deux ans avec un remboursement par mensualités. Par exemple, si le téléviseur coûte 400 roubles, je dois d’abord verser un apport initial du quart de la valeur et le reste en 24 mois ». « Et quel intérêt devez-vous payer ? » « Comment quel intérêt ? Nous ne payons aucun intérêt »
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« Un peu partout on voit sur les murs des panneaux d’offres d’emploi. Lorsque nous demandons à nos interlocuteurs s’ils ont des inquiétudes pour leur travail ou s’ils craignent les licenciements, ils sont très étonnés. Une fois de plus notre question est dénuée de sens pour eux. Le chômage n’existe plus en URSS depuis 1927 et les lois sociales rendent obligatoires le reclassement préalable de tout travailleur libéré de son poste. C’est ce qui explique le profond sentiment de sécurité rencontré chez tous les Soviétiques.
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Femmes dans un institut d’esthétique : manucure, coiffeur: « Un mot revient fréquemment dans les conversations : « Koultouna ».Vivre (koultouna) est une exigence de plus en plus répandue. Les satisfactions des besoins matériels doivent s’accompagner des marques de la culture dans tous les domaines »
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Nikolaï: « Êtes-vous encore loin de la retraite ? » « Ce n’est pas tellement loin. Je prendrai la retraite quand j’aurai 60 ans ». « Et les femmes à quel âge la prennent-elles ? » « Les femmes, elles, prennent la retraite à 55 ans. La retraite vous pensez que je l’attends avec impatience ? Au contraire, je me sens bien dans la collectivité et il est plus facile de vivre avec les gens. Je n’ai pas envie d’être vieux. Bien sûr nos retraités sont pourvus du nécessaire. L’Etat et le Parti prennent soin d’eux ». Savez-vous quel sera le montant de votre retraite ? » « Oh, je ne me suis pas encore intéressé à cette question. En tout cas, si je quitte mon emploi avec mon salaire actuel, je toucherai dans les 110 -120 roubles ». « Pourrez-vous continuer à travailler après l’âge de la retraite ? » « Oui. Je travaillerai sûrement un bout de temps ». « Mais dans ce cas on ne vous paiera pas la retraite ? » « Pourquoi ? On me paiera mon salaire en plus de la retraite intégrale. La retraite plus mon salaire »
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« Pour tous les Soviétiques la retraite qui n’est pas source d’angoisse et d’inquiétude, se prend à 55 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes mais pour les travaux pénibles, elle est abaissée à 55 ans pour les hommes et 50 ans pour les femmes. Pour faciliter le maintien du retraité dans la vie professionnelle, la loi prévoit des services à temps partiel. Ainsi le travailleur n’est pas rejeté de l’univers qui a été le sien pendant de nombreuses années. Cette confiance dans leur avenir, cette tranquillité, les Soviétiques l’ont conquise durement. »
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Photo d’un groupe de soldats de l’Armée rouge: « Il y a 27 ans Nikolaï Oudovitchenko revenait de la guerre. Pour lui, comme pour tous ses compagnons d’armes la vie recommençait ». Nikolaï : « Après la fin de la guerre je suis arrivé à Rostov. J’ai entamé des études mais les temps étaient durs. Il fallait travailler et je me suis fait embauché à l’usine Rosselmach. Elle avait été détruite pendant la guerre et il fallait la reconstruire entièrement. « Vous avez fait toute la guerre ? » « Toute la guerre et même plus. Jusqu’en 1947. J’ai fini la guerre en Allemagne à Stettin. Je suis arrivé à Rostov qui était complètement détruite. Quelques bâtiments avaient été épargnés et même ceux-là portaient des traces de la guerre »
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Images de Rostov en ruines: « Rostov a changé trois fois de main au cours de la dernière guerre. A la libération, en 1943, 3\4 des immeubles étaient partiellement ou totalement détruits. Il ne restait plus qu’un tiers de la population. Ainsi Rostov a pris sa part des 20 millions de morts et des destructions gigantesques de la dernière guerre. Mais quelles statistiques donneront la mesure des souffrances et de la meurtrissure des êtres ? ».
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« Comme son camarade d’atelier, Zievolotchichine porte dans sa chair les marques de la guerre ». « Ce que nous avons subi, je ne souhaite à personne de le connaître. Que nul n’ait à supporter ce que nous avons souffert. J’ai été blessé trois fois, j’ai survécu à toutes les misères. La guerre a fait beaucoup de mal. Vous savez j’en ai encore l’âme en peine. ». « J’ai remarqué que sur la première photo vous portez beaucoup de décorations. Lesquelles ? » « Eh bien, j’ai deux décorations de l’Etoile Rouge, deux décorations de 2e et 3e catégories, de l’Ordre de la Gloire. Il vaudrait mieux que l’on ne soit pas obligé de les gagner ces médailles. L’Etat m’a donné12 distinctions, j’ai reçu deux remerciements de Staline. C’est tout. Voici le chef de char, le commandant du groupe, le mécanicien, le chef de l’armement, puis encore quelques gars. Celui-là, voyez, il n’en est resté rien. Plus de Kolontzine. Disparu Nikola Bistrov, les autres blessés. Puis celui-ci encore, on le comptait parmi les disparus. On n’en sait rien. Excusez-moi, je ne connais rien de plus à son propos. Je peux aussi vous montrer des photos prises à l’endroit où nous avons traversé l’Oder. Nous sommes heureux parce que nous avons libéré le sol allemand, nous avons libéré l’Europe. Vous vous rendez compte ? Ces deux camarades, ces deux jeunes, ont connu un sort terrible. Ils ont brûlé vif tous les deux. Comment vous dire ? Dans un certain sens c’est gênant de se rappeler ces années. Mieux vaudrait que personne ne se les rappelle. Aujourd’hui encore ça me rend malade. On croirait que l’âme s’est épaissie et puis quand on y repense, ça ne s’exprime pas. Celui qui veut la guerre, qu’il y goûte lui-même. Qu’il l’éprouve dans sa chair d’abord, dans sa famille, dans sa vie quotidienne. Mais nous on n’en veut pas. Mois sur le front, je trouvais que c’était dur de se battre avec les Allemands, très dur. Il m’a semblé, à l’époque, que quand nous reviendrions du front, chez nous, tous ceux à l’arrière devraient alors mettre chapeau bas et s’incliner devant nous. Mais quand je suis arrivé et que j’ai vu et su dans quelles conditions vivaient et peinaient les gens de l’arrière, alors je les ai respecté davantage encore.
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Nikolaï : « Ils ont pris une part de la guerre, plus lourde et plus pénible que nous. Et voilà, peu à peu, année après année, nous avons reconstruit notre vie. Aujourd’hui la guerre n’est plus qu’un souvenir. La vie a changé de sens . Les besoins se sont diversifiés. La culture et les loisirs ont une place de plus en plus grande dans l’existence des Soviétiques.
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Le Palais de la Culture de l’usine Rosselmach abrite 300 activités qui vont du modelage à la danse et au jeu d’échecs. C’est là que Nikolaï Oudovitchenko et sa femme font du théâtre amateur.
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Photos de Nikolaï et Lioubov dans une pièce de théâtre où Nikolaï joue Staline. Voix off : « Ce dimanche-là nous avons eu un exemple des talents d’acteurs de Nikolaï. Il répétait sous la direction du metteur en scène du grand théâtre de la ville.
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La fille cadette, Ira, prend des cours de danse. Voix off : « Un étage au-dessous, Ira prenait sa leçon de danse classique. Elle en est passionnée, mais fait cela pour son seul plaisir. Ses parents paient 3 roubles par mois pour la rémunération du professeur appointé. Les autres activités sont gratuites.
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Danseuses en répétition: Voix off : « Au même moment, un ensemble de danse folklorique cosaque répétait sur l’immense scène du théâtre. Avec ses deux balcons et son parterre, il contient 1000 places. Son plateau tournant et ses moyens techniques ont de quoi faire pâlir d’envie bien des troupes professionnelles françaises.
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Interview du chorégraphe : « Ce sont des professionnels ? » « Mais non, des ingénieurs, des ouvriers ». « De quelle usine ? » « De la nôtre, de Rosselmach ». « Mais vous y travaillez aussi ? » « Oui, je suis ingénieur mathématicien au Centre de calcul » « Combien de fois répétez-vous ici ? » « « 3, 4 fois par semaine ». « Combien d’heures par séance ? » « 3-4 ». « Vous préparez un spectacle ? » « Nous préparons le 25e anniversaire de notre ensemble et nous montons un spectacle qui récapitulera toute notre activité ». « Combien de personnes sont passées par cet ensemble ? » « Beaucoup en 25 ans, beaucoup. Certains même sont devenus professionnels. » « Vous par exemple ? » « Chez Moïsseiev, dans l’ensemble d’Etat d’Ukraine ? chez Paval Virski »
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A la Bibliothèque: « Il y a combien de lecteurs le dimanche ? » « En moyenne 70 personnes ». « Et combien prêtez-vous de livres par personne ? » « Nous leur donnons trois livres de littérature et d’information. Ce sont les livres de chimie, de physique, de biologie, d’histoire, de géographie ». « Qu’est-ce qu’ils choisissent ? » « De préférence des livres de sport, d’aventures et puis les gens aiment beaucoup la science-fiction, les livres sur la dernière guerre ». « La Bibliothèque a 17 000 abonnés, enfants et adultes ». Interview d’adolescents : « C’est ça que tu as choisi ? Jules Verne et celui-là ?» « Le Trésor de la tour rouge » « Quoi encore ? » « Condamné à l’immortalité ».
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Voix off : « A côté, la salle de lecture fréquentée par les travailleurs de l’usine et les habitants du quartier ». Interview de deux jeunes filles. « Que faites-vous en ce moment ? » « Un problème de physique ». « Vous êtes étudiantes ? » « Non, nous travaillons à l’usine Prebor comme laborantines. Actuellement nous étudions à l’Institut et nous travaillons déjà dans notre spécialité. ». « Vous étudiez le soir ou par correspondance ? » « En cours du soir, et le dimanche en bibliothèque » « Ce n’est pas dur de travailler et d’étudier en même temps ? » « C’est dur, bien sur, mais c’est intéressant. Nous avons des appareils compliqués dans notre usine et je considère que sans instruction l’homme ne peut tout simplement pas vivre ».
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  • Durée 00:02:00:11
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A l’usine, des ouvriers jouant aux dominos: « Vous êtes fatigués à la fin de la journée ? » « Non, nous ne sommes pas fatigués, enfin une légère fatigue. Nous sommes en bonne santé et ici on passe des visites médicales régulières. On peut même nous interdire de travailler si quelque chose ne va pas. ». « Combien gagnes-tu par mois en moyenne avec les primes ? » « 150 roubles, 160, 170 en moyenne ». « Qu’est-ce que tu fais après le travail ? » « Ca dépend de l’équipe. Si je suis de la 1ère je rentre à la maison et j’aide ma femme. Elle ne travaille pas ». « Elle est étudiante ? » « Oui » « Où ? » « A l’Institut de l’usine ». « Mais tu l’aides comment dans ses études ? » « Non, j’en suis pas capable, je n’ai pas l’instruction suffisante mais je l’aide en m’occupant du bébé ou bien de la maison » « Toi-même, tu vas étudier plus tard ? » « Absolument ».
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  • 00:44:38:16
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  • 00:49:21:05
  • Durée 00:04:42:14
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Salle de classe: Voix off : « Ici nous sommes à l’Institut rattaché à l’usine Rosselmach. On y donne uniquement des cours du soir. Nina, l’épouse de Victor suit les cours de l’Institut trois fois par semaine » Nina : « En 1971, je suis venue ici à Rostov » « D’où êtes-vous originaire ? » « De la campagne. J’avais terminé mes études secondaires, mais je ne pouvais poursuivre mes études sur place. Nous étions une famille nombreuse et il me fallait gagner ma vie. Je suis venue ici où habitait ma sœur. J’ai commencé à travailler puis j’ai décidé d’étudier » « Où avez-vous travaillé ? » « A l’usine Rosselmach, j’étais à l’atelier de peinture jusqu’à ce que je sois enceinte. Là on m’a affecté à un travail plus facile. » « En ce moment vous travaillez ? » « Non, à cause du bébé » « Quel âge a-t-il ? » « 5mois et mon mari m’aide bien, il surveille l’enfant quand il est à la maison et que j’ai à faire. » « Vous ne m’avez pas dit pourquoi vous vouliez devenir ingénieur » « Comme vous dites pour élargir mon horizon ». « Tenez chez nous, à l’usine, il y a des ouvriers qui ont une instruction supérieure, en tout cas une instruction secondaire spécialisée. D’une façon générale, c’est moins le salaire qui pousse tout le monde chez nous à étudier, que la nécessité d’acquérir les connaissances indispensables pour remplir une tâche ». « L’homme doit savoir faire beaucoup de choses à la fois, être universel ». « D’où venez-vous ? » « Moi je suis à l’Institut des projets » « Ingénieur méthode fraiseur » « Moi, ingénieur méthode également » « Moi je suis tourneur ». « Donc vous deviendrez tous des ingénieurs et vous resterez obligatoirement à Rosselmach ? » « Non, nous avons le choix ». « Vous pouvez m’expliquer le système d’enseignement ? Comment vous êtes entrés à l’Institut ? Combien d’années d’étude ? » « Nous sommes entrés selon les normes communes à tous, comme les étudiants à plein temps » « Nous avons passé des examens et la différence est que nous étudions le soir et que notre programme s’étale sur 5 ans et 10 mois ». « Ce n’est pas trop difficile pour vous d’étudier et de travailler en même temps ? » « C’est difficile, bien sûr ». « Et vous trouvez le temps de vous reposer ? » « Naturellement, il y en a même parmi nous qui ont des activités militantes, des Jeunesses communistes par-dessus le marché. Alors que nous, nous nous reposons les jours de congé ».
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  • 00:49:21:06
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  • 00:52:00:00
  • Durée 00:02:38:19
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Voix off : « Ainsi va la vie à Rostov sur le Don. Une ville soviétique comme les autres. Tout le monde n’y devient pas ingénieur, tout le monde n’y fait pas du théâtre amateur, mais la société y est ainsi faite que quiconque veut continuer d’apprendre, quiconque veut enrichir son horizon culturel en a les moyens. Mieux, chacun est fortement encouragé à se perfectionner sur tous les plans. Dans le monde entier, les hommes aspirent au mieux-être, au bonheur. 57 ans de socialisme modèle déjà un nouveau type d’homme. Ignorés l’exploitation, l’insécurité, le chômage, la ségrégation scolaire, donnent aux Soviétiques beaucoup d’assurance, une absence totale d’appréhension devant la vie. Ce peuple qui a surmonté tant de difficultés, ne redoute pas l’avenir, le progrès ne l’effraie pas, au contraire il le désire, il en fait son pain quotidien ».

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