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- Sous-titreLA COMMUNICATION PATRONALE DANS L'ENTREPRISE
- Réalisateur.ice.sANONYME
- Année(s)1984 précisément
- Durée00:18:00
- ColorationCouleur
- FormatUmatic
- SonSonore
Cette réalisation du secteur de la communication du PCF s’attache à éclairer l’évolution de la communication patronale, sous l’égide du Conseil national du patronat français (CNPF créé en 1945 et devenu MEDEF en 1998).
Un homme et une femme jouent à un jeu de société intitulé « Lutte des classes ». Chacun endosse un rôle : Lui, le capitaliste, Elle Les travailleurs. Ils s’affrontent en voix off par jeu interposé. Lui cherche à la convaincre du bien-fondé du capitalisme « à la mode CNPF » tandis qu’elle lui oppose un scepticisme ironique. Le fil de la partie sert de prétexte à l’exposé de l’évolution, des outils et des investissements du patronat dans la communication afin de désamorcer conscience et lutte de classe et d’asseoir idéologiquement l’entreprise comme valeur refuge par temps de crise, tout en revalorisant l’image du patronat français : « Substituer au patronat de droit divin le patronat à visage humain » qui ose prendre à son compte le mot révolution...
Le Pcf réalise ce décryptage audiovisuel de la communication patronale dans une période qui voit monter en puissance l’idéologie ultralibérale Reaganienne et Thatchérienne sur fond de crise pétrolière. En France, le tournant de la rigueur est accompli en 1983 (les ministres communistes quittent le gouvernement en 1984) tandis que le CNPF mène l’offensive contre les réformes économiques de la gauche.
Quelques années plus tôt, les réalisateurs Gérard Mordillat et Nicolas Philibert s’étaient déjà intéressés au nouveau discours patronal, à sa volonté de changer d’image, dans leur film documentaire « La Voix de son maître » (1979).
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, BNF, Forum des images
Un homme et une femme jouent à un jeu de société intitulé « Lutte des classes ». Chacun endosse un rôle : Lui, le capitaliste, Elle Les travailleurs. Ils s’affrontent en voix off par jeu interposé. Lui cherche à la convaincre du bien-fondé du capitalisme « à la mode CNPF » tandis qu’elle lui oppose un scepticisme ironique. Le fil de la partie sert de prétexte à l’exposé de l’évolution, des outils et des investissements du patronat dans la communication afin de désamorcer conscience et lutte de classe et d’asseoir idéologiquement l’entreprise comme valeur refuge par temps de crise, tout en revalorisant l’image du patronat français : « Substituer au patronat de droit divin le patronat à visage humain » qui ose prendre à son compte le mot révolution...
Le Pcf réalise ce décryptage audiovisuel de la communication patronale dans une période qui voit monter en puissance l’idéologie ultralibérale Reaganienne et Thatchérienne sur fond de crise pétrolière. En France, le tournant de la rigueur est accompli en 1983 (les ministres communistes quittent le gouvernement en 1984) tandis que le CNPF mène l’offensive contre les réformes économiques de la gauche.
Quelques années plus tôt, les réalisateurs Gérard Mordillat et Nicolas Philibert s’étaient déjà intéressés au nouveau discours patronal, à sa volonté de changer d’image, dans leur film documentaire « La Voix de son maître » (1979).
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, BNF, Forum des images
Gros plan sur le couvercle d’un jeu de société : « Lutte des classes » avec un faux billet de 10.000 à l’effigie de Karl Marx et de Ronald Reagan et un slogan « Le jeu qui ébranle l’Amérique ».
Plan en plongée sur le plateau de ce jeu à dés dans le style du Monopoly. Un homme et une femme s’affrontent en voix off par jeu interposé. Lui joue le capitaliste et Elle représente les travailleurs. L’homme lance les dés le premier : « La lutte des classes commence, d’ailleurs elle n’a jamais cessé ».
Il tire une carte « Chance » et lit l’énoncé en voix off : « Toute votre propagande veut prouver que la liberté règne dans la société capitaliste, mais, seule la possession de l’argent confère cette liberté ».
Intertitre : « La Communication patronale dans l’entreprise ».
Suite du jeu et mauvaise pioche : la femme est licenciée. A choisir, elle préfère blâmer les capitalistes plutôt que les travailleurs immigrés.
L’homme capitaliste passe alors à l’offensive, tandis qu’à l’image se succèdent dessins, photos et coupures de presse :
Lui : « La France est un pays rempli d’entreprises (Elle : donc de travailleurs !)… C’est ça qui fait vivre le pays. Et il y en a d’énormes : Peugeot, Citroën, Renault, Michelin, Usinor, Alsthom Atlantique, Thomson CSF, Rhône-Poulenc, Sacilor ( ?) Péchinay, Matra, Dunlop, Elf Aquitaine, Saint-Gobain Pont-à-Mousson, Chantiers navals, Creusot-Loire, Solmer, Roussel-Uclaf… Bref, tout ça, avec les petites et moyennes entreprises, c’est l’entreprise France. A la tête de chacune de ces entreprises, des chefs, compétents, responsables, des managers, qui ont été trop longtemps mal-aimés, mal compris, particulièrement de leurs employés… (…) c’est pourquoi nous avons pensé qu’il fallait revaloriser notre image, c’est à dire changer d’image. Substituer au patronat de droit divin le patronat à visage humain. Un patronat qui s’explique, qui argumente, qui est compris. Tiens regarde ce film, on en est très content au CNPF.
Lui (toujours en voix off) : « Ca s’appelle Alice aura 25 ans en l’an 2000, mignon, non ?
Extrait du film d’entreprise du CNPF qui met en valeur l’évolution du métier de patron.
« Révolution scientifique, révolution technique, révolution industrielle, Révolution ! révolution ! Pourquoi le mot révolution, le thème fort et combatif qu’il exprime, appartiendrait-il aux seuls travailleurs ? ».
Retour au jeu. La femme tire une carte chance qui lui permet de déclencher une grève générale (images d’archives du Front populaire et de Mai 68).
L’homme commente en voix off : « Ça a été une bonne leçon pour nous. Elle nous a amené à penser que dorénavant notre situation étant devenue quelque peu précaire, il fallait un peu se bouger, faire marcher la matière grise, trouver une parade à long terme, investir pour assurer notre tranquillité et assurer notre pouvoir. Il faudrait vraiment en finir avec cette ridicule lutte des classes.
La main de l’homme enlève une feuille d’un éphéméride « 1968 » pour laisser place à l’année 1969. (Lui : « stratégie nouvelle ! ») Suivent des extraits de film patronaux et de coupures de presse.
Lui : « Notre CNPF a désormais deux nouvelles vocations : Il fournit aux chefs d’entreprise toute la documentation nécessaire sur les problèmes économiques, fiscaux, financiers, sociaux et politiques liés à l’entreprise (suite de l’éphéméride suite : on passe en 1970)… Nous créons au sein de ce même CNPF la délégation à l’information, laquelle regroupe tous les services de liaison et de communication : la presse patronale, les films d’entreprise, le bulletin d’information téléphoné, les visites d’entreprise, la liaison avec l’enseignement (écoles et universités) et l’Adeco, c’est à dire Agence pour le développement et l’information économiques où travaillent 22 cadres supérieurs. Tu vois l’investissement… Et c’est pas fini ! L’union des journaux et des journalistes d’entreprise de France, organisme très actif, regroupe dès 1975 plus de 1000 professionnels de l’information et de la communication. Le plus notable de ces années 70, c’est que les hommes politiques de la droite viennent nous prêter main forte (Reproduction d’une photographie avec François Ceyrac, Ambroise Roux et Yvon Chotard). Dès 1974, Giscard, Chirac, Simone Veil et particulièrement Monsieur Barre, montent en première ligne pour la bataille des entreprises. Ah, Monsieur Barre… le Barrisme ! (Reproduction d’un document à en-tête du « Forum de l’Expansion » annoté à la main « avec la participation de Raymond Barre). Tu connais ? Il est de tous les colloques, tous les forums, tous les symposiums. Il nous dit des trucs ! (L’homme imite la voix de Barre) « La crise ? mais faites payer les salariés, mon cher… » Une vraie vedette pour les patrons !
Éphéméride : 1981. Elle en voix off : « Cette fois, c’est nous qui gagnons. C’est donc que votre communication politique ne passe pas bien. Elle n’a pas porté les fruits que tu voulais ? »
Lui : « Tout ne se fait pas en un jour ! C’est sûr, c’est fâcheux les nationalisations, les droits nouveaux, les mesures sociales, tout ça… mais enfin ! L’avantage que j’y vois, c’est que ça nous oblige, nous patrons, à serrer les rangs, à regrouper nos forces, puis on monte au créneau, quoi ! Et on en arrive à faire de la politique hors de l’entreprise avec les partis de droite (photo à identifier). Côté international, on renifle les modèles étrangers (photo d’une table où sont assis alignés : Margareth Thatcher, Helmut Khôl) Reaganisme, Thatcherisme… mon idole à moi c’est JR, tu sais Dallas ! (…) C’est la loi du plus fort (photographie de Jacques Chirac)… »
Coupure de presse sur les États généraux des entreprises intitulée « L’esprit de Villepinte ».
Lui : « Nous sommes de véritables militants qui nous battons pour la libre entreprise ».
Éphéméride : 1983. Lui : « L’esprit souffle à Villepinte ! Devant 25 000 patrons, Monsieur Yvon Gattaz fait un tabac. (Il l’imite) Nous ne sortirons de ce qu’on appelle la crise, que si nous acceptons un transfert de charge des entreprises vers les ménages ! »
Le jeu se poursuit.
Ephéméride 1984. Lui : « L’anticommunisme, moi j’adore ! »
Elle : « 1984, CNPF : 400 syndicats primaires, 150 groupements régionaux, 80 organisations par branche, le CNPF 6500 salariés permanents à tous les niveaux. »
Lui renchérit : « Sans parler de tous les professionnels de la communication travaillant dans les services information et relation de chaque entreprise. Ils se tiennent au courant (reproduction d’une photographie avec une personnalité patronale lisant l’Humanité – A identifier).
Gros plan d’une main composant un numéro sur un combiné téléphonique. Lui : « 7 – 2 – 0 - C – N - P – F » . On entend le bulletin téléphonique du CNPF du 3 février qui dispense les quatre mots d’ordre du jour pour une « Europe des entreprises ».
Elle énumère les titres de presse d’entreprise : « La Vie électrique », « Chausson actualités », « info Renault », « La vie au crédit lyonnais », « Peugeot magazine », « Dassault Breguet »…
Elle : « La presse patronale publie 5 millions de journaux et de magazines d’entreprise chaque mois répartis en 1249 titres ».
Lui : « Luxueux pas vrai ? Tu oublies les bulletins économiques, les informations culturelles, les tracts… on s’occupe de tout ! (reproductions : Solmer, rapport social Roussel Uclaf 1982, groupe PSN…). Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. A l’entreprise, on en met partout de la communication : au bureau d’embauche, à l’infirmerie, on commence même à faire des bulletins d’information vidéo dans les couloirs et les cantines (insert d’une publication sur le festival de Biarritz 83 : le festival national de l’audiovisuel d’entreprise »
Elle : « Quelques centaines de titres déjà dans la cinémathèque de films d’entreprise. »
Suivi d’un extrait de film d’entreprise.
Lui : « j’espère que tu comprends aussi la nécessité de tenir au secret certains procédés industriels, certains comptes de gestion, sinon… »
Reproduction de dépliants de communication destinés aux cadres. L’un annonce la visite portes ouvertes des 1er et 2 octobre 1983.
Elle lit un bulletin destiné aux cadres : « stages économiques pour l’encadrement… »
Lui : « c’est vrai ! Les cadres, ça les valorise ».
Elle continue : « Expression orale, radio et télévision, initiation à la dialectique… »
Lui : « Ah oui ! lis ça, c’est super : « Les dirigeants se trouvent à tout moment interpellés par des militants exercés à développer certains thèmes, il est donc nécessaire de connaître les fondements essentiels des idéologies en présence et les techniques de réponse et d’intervention. »
Elle poursuit l’énumération du matériel de communication patronal destiné aux salariés: « Questionnaires, sondages distribués au travail ou envoyés à domicile… »
Lui : « On est en train de mettre au point un système… Toi, « les travailleurs », tu téléphones et on répond à tous tes problèmes, on s’occupe de tout à ta place. »
Le film passe ensuite en revue des produits culturels patronaux comme les bandes dessinées.
Elle : « Des bandes dessinées pédagogiques ? »
Lui : « Ben ‘faut vivre avec son temps ». On entend en fonds sonore la musique générique de la série télévisée Dallas, puis un air soviétique… L’homme fait la lecture de quelques bulles d’une bande dessinée dévolue à la cause patronale démontrant la prégnance de la concurrence économique internationale et le danger que constitue l’état d’esprit français (fainéantise, syndicalisme, acquis sociaux…)…
L’homme parcourt ensuite une B.D. de super-héros qui valorise l’esprit d’entreprise : Si tu es jeune et si tu es parmi les meilleurs, alors tu veux devenir boss ! super boss !
Elle : « 3000 cercles de qualité dans 640 entreprises de plus de 1000 salariés. Prévision pour 1984 : 10 000 cercles de qualité ».
Lui : « Il y a même des récompenses en argent. On distribue des coupes, des médailles… On boit du champagne ! »
Séquence sur le nouveau mot d’ordre patronal : le dialogue dans l’entreprise.
Suit un extrait de film mettant en valeur les vertus de la libre expression et du dialogue participatif pour les réunions de travail : un impératif de compétitivité dans la guerre économique ».
Las d’essayer de la convaincre, l’homme capitaliste sort son dernier atout pour se rallier les travailleurs : l’argument fédérateur de la crise.
Lui : « la crise est mondiale ! Il faut qu’ensemble nous oeuvrions pour limiter les dégâts. Dans cette guerre économique sans merci il nous faut un véritable consensus social dans et au-dehors de l’entreprise, la main dans la main. L’entreprise passe avant chacun de nous et avant notre petit intérêt personnel. Il faut faire des efforts, des sacrifices, sur les salaires, sur les droits, il faut savoir accepter l’intérim, le chômage… Développons ensemble les thèmes du financement, de la productivité, les débouchés, la qualité, la responsabilité, l’homme au travail, l’équipe, la rigueur, la précision, les mutations technologiques, les nouvelles techniques, les robots, les turbo, les micro-processeurs… Bis. L’homme débite en accéléré une série de mots qui sont une véritable indexation du vocabulaire du marketing néolibéral, tandis que l’air de la Reine de la Nuit joue en fonds sonore.
Intertitre « A suivre !... ». off, on entend le rire de la femme.