LUCHA OBRERA EN ESPANA (LA)
© Ciné-Archives. Tous droits de reproduction ou de modification interdits.
En savoir plus
En savoir plus
- Sous-titreLUTTES OUVRIÈRES EN ESPAGNE
- Réalisateur.ice.sRÉALISATION COLLECTIVE
- Année(s)1973 précisément
- Durée00:25:00
- ColorationCouleur
- FormatFilm 16 mm
- SonSonore
- CollectionUNICITÉ
Les luttes ouvrières en Espagne en 1973, malgré la répression. Si le commentaire évoque un développement des luttes dans toute l'Espagne (et si l'on voit quelques vues de chevalets pour illustrer la grève des mineurs des Asturies), ce reportage est essentiellement consacré aux actions des travailleurs au sein de deux multinationales dont les usines sont situées à Madrid : SKF et Standard Electrica (filiale de ITT).
A SKF, la grève est déclenchée pour protester contre l'augmentation des cadences sans augmentation de salaire. Images des ouvriers rassemblés devant l'usine qu'ils occupaient avant leur évacuation (marches de protestation). La grève suscite un mouvement de solidarité (collectes et débrayages) et les travailleurs se réunissent clandestinement dans les bois ou lors de match de foot.
A Standard Electrica, ou travaillent 20 000 personnes, les ouvriers - auxquels s'associent les techniciens et certains cadres supérieurs - doivent aussi lutter contre le syndicat légal. Témoignage de trois travailleurs sortant de prison (l'un d'eux souligne le rôle des Commissions Ouvrières). Il est de plus précisé que ce développement des luttes se situe lors de l'ouverture du « procès 1001 », celui de marcelino Camacho et de ses camarades, alors que l'attentat contre Carrero Blanco, n°2 du régime franquiste, a durci la répression.
Le film s'achève par une séquence prise à l'intérieur de la prison de Carabanchel et un appel à l'amnistie pour tous les prisonniers politiques. Dernières images, au son de L'Internationale : la promenade des prisonniers, en rang, dans l'enceinte de la prison, la marche de protestation des travailleurs de SKF et la photo d'une manifestation de rue, la nuit, (« la lucha continua »).
La Lucha obrera en Espana, réalisé clandestinement, d'où la difficulté à illustrer le propos. On trouve donc de nombreux bancs-titres de manchettes de journaux communistes, des vues très éloignées, au téléobjectif, des forces de répression et de l'extérieur des bâtiments où se déroulent les grèves, ainsi que des interviews de militants masquant leur identité. Ce film militant témoigne du renouveau des luttes sociales et politiques qui précipitèrent la fin du franquisme.
Lieux et monuments : Madrid (usines SKF et Standard Electrica) et Asturies.
Lieux, événements et personnes cités : 20 décembre 1973 (ouverture du "procès des 1001" ) ; Camacho, Carrero Blanco, Puig Antich, CCOO (Commissions Ouvrières)
NOTE : [Un film sur les luttes ouvrières en Espagne: à partir de tournages clandestins, sont présentés le mécanisme des grèves, le rôle des commissions ouvrières, etc...]
[Notule catalogue d'Unicité]
reportage espagnol doublé en français.
Le film aurait été réalisé par le Grupo de Madrid.
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des Images, BNF
A SKF, la grève est déclenchée pour protester contre l'augmentation des cadences sans augmentation de salaire. Images des ouvriers rassemblés devant l'usine qu'ils occupaient avant leur évacuation (marches de protestation). La grève suscite un mouvement de solidarité (collectes et débrayages) et les travailleurs se réunissent clandestinement dans les bois ou lors de match de foot.
A Standard Electrica, ou travaillent 20 000 personnes, les ouvriers - auxquels s'associent les techniciens et certains cadres supérieurs - doivent aussi lutter contre le syndicat légal. Témoignage de trois travailleurs sortant de prison (l'un d'eux souligne le rôle des Commissions Ouvrières). Il est de plus précisé que ce développement des luttes se situe lors de l'ouverture du « procès 1001 », celui de marcelino Camacho et de ses camarades, alors que l'attentat contre Carrero Blanco, n°2 du régime franquiste, a durci la répression.
Le film s'achève par une séquence prise à l'intérieur de la prison de Carabanchel et un appel à l'amnistie pour tous les prisonniers politiques. Dernières images, au son de L'Internationale : la promenade des prisonniers, en rang, dans l'enceinte de la prison, la marche de protestation des travailleurs de SKF et la photo d'une manifestation de rue, la nuit, (« la lucha continua »).
La Lucha obrera en Espana, réalisé clandestinement, d'où la difficulté à illustrer le propos. On trouve donc de nombreux bancs-titres de manchettes de journaux communistes, des vues très éloignées, au téléobjectif, des forces de répression et de l'extérieur des bâtiments où se déroulent les grèves, ainsi que des interviews de militants masquant leur identité. Ce film militant témoigne du renouveau des luttes sociales et politiques qui précipitèrent la fin du franquisme.
Lieux et monuments : Madrid (usines SKF et Standard Electrica) et Asturies.
Lieux, événements et personnes cités : 20 décembre 1973 (ouverture du "procès des 1001" ) ; Camacho, Carrero Blanco, Puig Antich, CCOO (Commissions Ouvrières)
NOTE : [Un film sur les luttes ouvrières en Espagne: à partir de tournages clandestins, sont présentés le mécanisme des grèves, le rôle des commissions ouvrières, etc...]
[Notule catalogue d'Unicité]
reportage espagnol doublé en français.
Le film aurait été réalisé par le Grupo de Madrid.
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des Images, BNF
--- Introduction : l'essor des luttes en Espagne --- Ce film a été réalisé en dépit d'une répression sans relâche par des militants dans la clandestinité. Chanson « Me matan si no trabajo, y si trabajo me matan » de Daniel Viglietti. Plans sur différents paysages industriels (un village minier, des aciéries, une usine). Des titres de journaux défilent pour montrer l'ampleur du mouvement de grève : «2540 ouvriers en grève à Guipuyzcoa », "Barcelone : les ouvriers qui occupaient l'usine Josa délogés par la police", "Barcelone : les ouvriers occupent l'usine Pirelli ; 1900 d'entre eux sont sanctionnés", "Trente licenciements au siège de l'entreprise à Barcelone", « Irun : la grève se poursuit au laminage de Lesaca ». Voix off : « Malgré les conditions que créent la dure dictature fasciste, les luttes n'ont pas cessé en Espagne depuis 1939. Ces dernières années, elles se sont développées." Le commentaire cite plusieurs grèves générales, à El Ferrol et à Vigo. "Les travailleurs en Espagne n'ont toujours pas le droit de grève et pourtant de plus en plus ils le prennent. Ces derniers temps, de nombreuses grèves longues et dures ont fait perdre un nombre d'heures de travail que seules la France et l'Italie dépassent, sans oublier que dans tous les pays d'Europe, la grève est non seulement légale, mais soutenue par des organisations syndicales indépendantes des Etats. Outre l'augmentation des salaires, les mouvements de grève les plus récents ont eu pour motif la solidarité des travailleurs avec leurs camarades emprisonnés, les conditions de travail imposées unilatéralement par les entreprises."
--- La grève à SKF --- Filmé depuis une voiture de l'autre côté de la route, l'entrée de l'usine SKF de Madrid, devant laquelle sont massés les ouvriers. "L'un de ces mouvements fut la grève à Madrid des travailleurs de SKF à qui l'on voulait imposer une accélération brutale des cadences sans aucune augmentation de salaire. L'intention de la SKF était d(entraîner un lock-out, en provoquant les travailleurs. Cela lui permettait d'écouler les excédents de production de ses autres filiales en Europe et de licencier impunément les travailleurs les plus combattifs, quelle que soit leur ancienneté dans l'entreprise. (...) La riposte des ouvriers de SKF fut beaucoup plus ferme et leur union beaucoup plus solide que ne le prévoyait la direction. En effet l'ensemble des travailleurs décida la grève avec occupation. 00:33:30:00 coupures de presse : "Les SKF délogés par la police." Depuis l'évacuation par la police, les ouvriers de SKF se rassemblent tous les matins à la porte de l'usine.
---- Témoignages d'ouvriers --- A contrejour pour dissimuler leur visage, ils expliquent les décisions odieuses de la direction (augmentation des cadences de 40% sans augmentation de salaires). Ils soulignent l'absence de liberté politique en Espagne : il n'y a "aucun droit d'association ni liberté d'expression. Les syndicats gouvernementaux, les seuls qui existent légalement, ne représentent pas les intérêts des travailleurs mais ceux des patrons. C'est pour cela que la grève n'est pas reconnue comme moyen d'action. La répression est l'un de nos plus grands ennemis et lors de chaque mouvement ouvrier, la direction y fait appel. C'est pour cette raison que trois de nos camarades, deux représentants syndicaux et un travailleur, sont actuellement à Carabanchel, condamnés à des amendes de 100 000 pesetas chacun, et que d'autres camarades sont poursuivis par la police. Ils sont arrêtés chez eux la nuit, et doivent vivre autre part, cachés, ce qui entraîne des problèmes pour ces familles." Manchette de journaux sur les arrestations à la SKF.
--- Le mouvement de solidarité --- "Très vite à Madrid se crée un mouvement de solidarité avec ces travailleurs de SKF. Des ouvriers de Standard Villaverde tiennent une assemblée pendant l'heure du déjeuner pour discuter des problèmes de SKF et du soutien qu'ils peuvent apporter à leurs camarades en lutte."
00:35:46:00 Plan sur une réunion en forêt :
"Etant donné les difficultés qu'ils rencontrent pour se réunir et discuter, les ouvriers doivent le faire dans des conditions plus qu'insolites : réunions à la campagne, fausses excursions, et par exemple lors d'un match de football à Getaff, plusieurs militants ouvriers se sont réunis, se mêlant au public des tribunes afin de promouvoir la campagne de solidarité avec les ouvriers de SKF." (vues du stade de Getaff, du terrain, des gradins. Une urne : Aide économique aux licenciés de SKF
"La direction menace les grévistes de SKF de lock-out. Des collectes ont été organisées dans les usines, les atelliers et les bureaux. Une somme importante a été récoltée, mais insuffisante pour maintenir la grève. Cet argent a servir toutefois à secourir les familles et à payer les amendes des travailleurs arrêtés."
00:37:32:00 plan extérieur : un mur d'enceinte autour d'une usine, où des slogans de grévistes ont été raturés par la direction. Une voix énumère de nombreux arrêts de travail de soutien dans différentes entreprises. 00:38:30:00 "Un autre moyen de populariser et de soutenir une grève, c'est l'organisation de manifestations." 00:38:41:00 une manifestation (bruyante, mais peu nombreuse...) dans la rue. 00:38:51:00 Le long de la route, la longue colonnes des grévistes de skf qui se retrouvent chaque matin devant l'usine. Malgré la surveillance de la police, ils organisent des marches de protestation. 00:39:54:00 « Hunosa : 5370 mineurs en grève » Vue du puits, dans les Asturies. Certaines villes comme Giron sont occupées militairement, et sont le théâtre de nombreuses arrestations; malgré ça, la grève a continué en se renforçant.
--- La répression policière et les procès iniques --- Vues au téléobjectif de casernes, de gendarmes en faction, de barrages, de la police montée. "Face à l'exploitation, l'absence de liberté et la hausse du coût de la vie, les mouvements de protestation ouvriers s'étendirent dans tout le pays. Le régime, dans sa tentative de freiner la lutte ouvrière, et malgré les campagnes de protestation nationale et internationale, décide d'ouvrir le « procès 1001 », celui de Camacho et de ses camarades. Le jour de l'ouverture du procès, un grand rassemblement devant le tribunal est violemment dispersé. La mort de Carrero Blanco survenue le même jour sert de prétexte au régime pour condamner les accusés du procès 1001 à des peines de 10 à 12 ans de prison. Par une gigantesque opération policière ils tentent en même temps de décapiter les organisations révolutionnaires." La grève de SKF se termine et obtient un relatif succès. Pour prévenir des luttes à venir, la direction veut acheter des représentants du syndicat national, manœuvres dénoncées par les travailleurs.
---- La grève à Standard Electrica, filiale d'ITT à Madrid --- Vue sur l'extérieur de l'entreprise, puis, deux grévistes, de dos pour préserver leur anonymat. Ils racontent : "Lorsque les négociations commencèrent, l'entreprise proposa un texte qui n'avait rien à voir avec notre projet. Les délégués syndicaux, soudoyés par la direction, ont commencé à négocier avec l'entreprise sans tenir compte de nos exigences. Nous savions déjà que certains étaient soudoyés, c'est devenu évident. La seule façon pour nous de faire pression sur l'entreprise est d'essayer de diminuer la production, donc de cesser le travail. Il y eut donc des arrêts de travail, des ralentissements de cadence, qui furent tous décidés en assemblée."
--- Le rôle des techniciens et des cadres --- "C'est un fait nouveau : des techniciens et des cadres supérieurs sont capables de s'associer à des mouvements revendicatifs. On voit pour la première fois que les techniciens ne sont pas autre chose que des travailleurs."
--- Le rôle du syndicat --- Le syndicat est totalement inféodé au pouvoir. Ils disent ne pas être au courant d'un quelconque problème à la Standard, alors que 5000 travailleurs viennent d'être licenciés. L'immeuble du syndicat est gardé par la police : "Quand tu vas au syndicat, la seule chose que tu trouves c'est la police!" 00:46:27:00 Devant l'impossibilité de se réunir, les ouvriers de Standard del Prado se réunissent dans la cour de l'usine pour discuter de la grève.
--- Le rôle du tribunal du travail ---
Les grévistes témoignent : "Le procès contre les licenciés de Standard s'ouvrit dans une atmosphère de violente répression policière. Dans les rares cas où la magistrature décide la réintégration des ouvriers, l'entreprise garde le droit de verser un indemnité qui justifie légalement leur non réadmission. Il est difficile de maintenir des grèves en Espagne, car les salaires sont tellement bas que les gens ne peuvent pas se permettre de rester un mois sans travailler. Il nous reste deux possibilités : reconnaître le syndicat officiel et être dans la légalité, mais nous n'avons alors aucun moyen de satisfaire nos revendications par la lutte, ou bien lutter directement contre l'entreprise à l'extérieur du syndicat. Nous sommes illégaux et nous subissons donc toutes les formes de répression policière, administratives, sous forme d'arrestations, de sanctions, d'amendes et de peines de prison."
--- Le rôle de la police ---- Beaucoup de travailleurs sont condamnés à de très lourdes amendes : comme ils ne peuvent pas payer, on leur fait purger des peines de prison de quelques semaines : "Cela signifie que sans aucune preuve, ils font disparaître les personnes gênantes pendant un mois ou deux, ou le temps qui arrangera l'entreprise."
--- Le témoignage de trois travailleurs tout juste sortis de prison --- Le premier explique qu'il a été arrêté avec d'autres camarades à la sortie de l'usine. La police les a soumis à un interrogatoire, en essayant de leur faire dire ce qu'ils savaient sur les Commissions Ouvrières. Le deuxième : "J'ai été arrêté le deuxième jour de la réouverture de l'usine avec des camarades aux alentours de l'entreprise. Alors que l'on ne pouvait m'accuser d'aucun délit, on m'a condamné à une amende de 100 000 pesetas. Comme je ne pouvais pas la payer j'ai dû passer un mois en prison. Chose curieuse, je gagnais beaucoup plus d'argent qu'à l'usine." Le troisième, ingénieur : "Beaucoup d'ingénieurs ont participé au conflit de Standard car les conditions de travail y sont très mauvaises. Nous nous sommes battus pour dénoncer le caractère fasciste de l'Etat espagnol, le manque absolu de liberté des travailleurs pour se réunir, pour s'associer, pour avoir des journaux à eux. Nous avons mené une lutte non seulement contre l'entreprise en question, mais contre le régime lui même."
---- L'appel des prisonniers politiques depuis la prison de Carabanchel ---- Vue d'une cellule, les sanitaires. « Nous les détenus politiques et nous les travailleurs emprisonnés de la prison de Carabanchel, nous voulons exprimer notre profonde gratitude et notre appui à toutes les initiatives qui se développent pour l'obtention de l'amnistie générale pour les prisonniers et exilés politiques. Nous saluons le organisations ouvrières et étudiantes, qui ont mis sur pied un immense mouvement de protestation contre l'assassinat du jeune Puig Antich. Plus de 700 prisonniers pour activité politique ou syndicale, 20 000 personnes en attente de jugement, des milliers de sanctions dans les entreprises et les universités, la répression sanglante du peuple d'Euskadi, les assassinats d'ouvriers en pleine rue (Patino, Fernandez, Lorieta, Muruaga, Daniel Niebla et tant d'autres..) démontrent clairement le vrai caractère du régime, qui malgré son affirmation de désir d'ouverture, se maintient en fait sur une seule base : la répression. Pour toutes ces raisons, obtenir l'amnistie doit être l'objectif de toutes les forces populaires démocratiques." Les prisonniers fredonnent l'Internationale, sans les paroles.
Un slogan apparaît en gros : AMNISTIE
Photographies de manifestations de nuit. On retrouve la cohorte des marcheurs de SKF, tandis que le commentaire conclut : "Les ouvriers savent que leur lutte pour le socialisme doit passer par la lutte pour des objectifs que le régime actuel ne leur accordera jamais : le droit de réunion, la liberté d'expression, le syndicat de classe, la liberté."