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INDONÉSIE

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Colonie néerlandaise depuis le début du XIXe siècle, puis occupée par le Japon à partir de 1942, l’Indonésie conquiert son indépendance par la lutte armée menée par Soekarno qui fédère autour de lui toutes les forces de résistance du pays. L'indépendance de l'archipel est proclamée le 17 août 1945 par Soekarno qui devient le président de la nouvelle république. Par la suite, Soekarno forme un gouvernement d’union nationale (le NASAKOM) regroupant les différentes tendances politiques du pays. Ainsi, en 1964, trois membres du Parti communiste indonésien (PKI) sont nommés ministres dont Aïdit, le secrétaire général du parti. Le PKI devient un parti influent - “le plus puissant parti communiste hors du camp socialiste” - qui regroupe alors plus de trois millions de membres, participe à la réforme agraire et s’implante dans les milieux paysans. Avec l’armée, il représente l’une des deux forces susceptible de s’emparer du pouvoir. Un coup d’État a lieu, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 1965 ; le colonel Untung, chef de la garde personnelle de Soekarno, fait arrêter et assassiner les généraux. Seul le le général Suharto, chef des blindés, échappe au massacre. Il accuse le PKI d’avoir fomenter le coup d’État. Suharto s’empare du pouvoir, tout en laissant Soekarno à la tête du pays mais sans pouvoir réel. Le colonel Untung est exécuté et une répression terrible s’abat alors sur les communistes indonésiens. Pendant près de neuf mois, près de 600 000 personnes sont traquées, arrêtées, enfermées, exécutées. Le 24 novembre 1965, Aïdit est assassiné. L’ensemble du bureau politique du PKI est capturé puis exécuté au cours des mois qui suivent. Soekarno finit par être définitivement écarté du pouvoir et Suharto devient président de la république en 1968.

Ce reportage de 52 minutes en noir et blanc, réalisé par Paul Seban, présente un bilan de la situation en Indonésie trois ans après le 30 septembre 1965, point de départ du massacre de près de 500 000 communistes. Le film est composé de plusieurs séquences présentant des scènes de la vie quotidienne entrecoupées de séquences plus courtes d’interviews, en gros plan, des bourreaux. Le reportage est structuré en trois parties. La première, intitulée “Les communistes”, dresse l’état des lieux du PKI au début de l’année 1968, deux ans et demi après le coup d’État. Paul Seban interviewe plusieurs responsables, à des degrés divers, du massacre des communistes : Suharto, le procureur général Sugiharto, un commandant de l’armée de terre et le commandant Shamet. Le réalisateur cherche à mettre en lumière ce massacre et à comprendre ce qu’est devenu le PKI, ce parti désormais clandestin après avoir été fort de plus de trois millions de membres et avoir participé au gouvernement. La deuxième partie consacrée à “L’armée” montre que celle-ci est la seule force organisée du pays. Elle tient tous les mécanismes sociaux, politiques et économiques du pays. Enfin, une troisième et dernière partie s’intéresse à la population, “Les civils”. Le réalisateur filme ici le pillage du pays par les capitalistes.

Ce film, résolument anti-impérialiste, réalisé pour être vu du plus grand nombre, ne connaîtra qu’une diffusion militante, restreinte. Il est projeté à la Semaine de la Nouvelle Critique en Avignon, au siège de la Fédération du PCF devant près de 250 militants et sympathisants, au festival cinématographique de Royan en 1976 (le festival qui s’est tenu du 28 mars au 3 avril était consacré cette année là au cinéma du tiers-monde et plus particulièrement de la Chine et des pays d’Asie du Sud-Est).


Personnalités : D. N. Aidit, Soekarno, Suharto/Soeharto, Untung, Sugiharto, Shamet
Lieux : Indonésie, Java, Jakarta, Surabaya

Cartons :
- Les communistes
- L’armée
- Les civils

Mots-clés : PKI (Parti communiste indonésien), armée, coup d’État, répression, massacre


Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
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Introduction : Voix off de Paul Seban sur la carte de l’Indonésie. Zoom de la caméra sur les différentes îles du pays, notamment sur l’île de Java, “la plus peuplée, la plus dense en contrastes, la plus passionnante aussi”.
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Vue du train en marche sur les paysages extérieurs (sur la campagne). Wagons à air conditionné. Voix du muezzin, diffusée par haut-parleur dans chaque compartiment, qui appelle à la prière.
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La caméra se déplace vers l’intérieur du dernier wagon où des hommes s’adonnent à la prière.
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Les hommes sortent du wagon, la caméra les suit. Commentaire off : “L’Indonésie a 110 millions d’habitants dont 105 sont musulmans.” La prière finie, un disque de musique américaine est diffusé par haut-parleur dans le train. Voix off qui explique que le train à air conditionné coûte très cher et que ceux qui voyagent sont des commerçants chinois, indiens, etc., fonctionnaires et militaires d’un grade supérieur.
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Gros plan face et profil d’un homme indonésien évoquant, en français, une légende. Cette légende raconte l’histoire de Java. L’homme explique que Java, occupée par une race blanche, serait ensuite occupée par une race jaune qui chasserait cette race blanche. En effet, l’Indonésie a connu l’occupation hollandaise pendant trois siècles et demi avant l’arrivée des Japonais en 1942. L’Indonésie acquiert son indépendance en 1945 puis le président Soekarno dirige le pays pendant vingt ans. Il perd le pouvoir en 1965 ; s’ensuit une guerre civile. Coexistence de l’histoire et de la légende, l’une alimentant l’autre.
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30 septembre 1965 : la commandant Untung et ses généraux s’emparent des sept généraux composant l’État major et les assassinent. Un général échappe au massacre : le général Suharto qui est aujourd’hui président de la République. Plan d’un cercueil monté sur un véhicule militaire suivi de plusieurs images de chars militaires.
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Interview du général Suharto qui explique comment il a échappé au massacre. Il se trouvait alors à l'hôpital, au chevet de son petit-fils.
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Carton “Les communistes” ------- Le coup d’État manqué, l’armée opéra une répression à l’encontre des communistes qu’elle considérait comme à l’origine du complot. Près de 500 000 morts (chiffre avancé par les médias occidentaux). Images montrant les symboles communistes (marteau et faucille) brûles.
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Interview du commandant Shamet qui a étudié à l’école de guerre française. Il s’exprime en français. Très gros plan sur son visage. Il évoque l’action clandestine des communistes après 1965. Il dit que les communistes représentent un danger important. Il pense que les communistes sont dans les montagnes, dans les régions pauvres, qu’ils ne sont pas armés. Les communistes sont surveillés par l’armée depuis la première rébellion en 1948 (à Madiun) : “En 1965, pour la deuxième fois, ils nous ont attaqués.” Répression sans pitié. Le commandant explique qu’aujourd’hui l’existence du parti communiste n’est plus tolérée.
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Cham, le dernier dirigeant communiste, est arrêté. Le tribunal militaire le condamne à mort. Le procès s’est tenu, de 20 h à 2 h du matin, dans le cinéma où s’était tenue la Conférence de Bandung en 1955.
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EXT nuit sur la place du marché. Des haut-parleurs diffusent les “débats”. “On mangeait tout en écoutant le dirigeant arrêté.” Cham livre sa version des événements : en août 1965, Aidit le convoque. Suekarno est très malade. S’il meurt, la lutte pour le pouvoir sera très dure. Les militaires ont formé un conseil des généraux. Ils ont formé le projet d’un nouveau gouvernement avec une politique anticommuniste. Pour réaliser le projet, ils ont envisagé un coup d’État pour le 5 octobre 1965. Il faut se préparer.
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Interview du général Soekarno, chargé de la répression communiste. Il s’exprime en anglais. Gros plan. Il explique que les oeuvres de Marx, Lénine et Mao sont interdites en Indonésie. Il précise également que les personnes sont classées en trois catégories : A = les vrais communistes ; B = les sympathisants ; C = les compagnons de route. Il précise que Aidit, le chef du PKI, a été tué alors qu’il tentait de s’enfuir.
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Interview d’un homme à lunettes qui s’exprime en français au sujet de la répression contre les communistes. Seban lui demande le nombre de communistes morts. L’homme annonce 10 000 morts. Seban lui précise qu’il y a 500 000 morts. L’homme reconnaît que du point de vue de l’humanité c’est une tragédie mais que le fait que ce soit des communistes, non.
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Les étudiants ------- 250 000 étudiants : groupe de pression important. Principaux artisans de la chute de Soekarno après le coup d’État. Entraînement intensif et obligatoire chaque samedi matin pour les étudiants de l’université de Jakarta. Roulement de tambour. Panoramique sur rangée d’étudiants. L’université aussi a été épurée. Les étudiants furent un temps les principaux soutiens de Soekarno.
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Interview d’un étudiant (Maloudi). Seban lui demande où sont les étudiants communistes aujourd’hui, ceux-ci ne pouvant pas officiellement suivre les cours à l’université. Les associations d’étudiants, d’artistes, d’intellectuels communistes sont interdites.
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Un homme semble crier des ordres dans un mégaphone. Scène de bizutage : des étudiants se roulent dans la boue, avancent à quatre pattes. “Tout prend une allure de violence.” Après cette séance d’humiliation dans la boue, les étudiants sont assis dans l’herbe et s’enlacent deux par deux. Musique en fond.
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Carton “L’armée” ------ Entraînement de jeunes hommes (art martial). Gros plans sur des visages, des poings.
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L’armée est le principal soutien du régime. 500 000 soldats bien entraînés, bien équipés. Une armée d’élite, “la meilleure du sud-est asiatique”. Elle est née au combat contre les occupants hollandais et japonais. Prestige auprès des masses. Seule force structurée du pays depuis qu’elle a démantelé le PKI. EXT. Plan des militaires qui marchent au pas. Exercice militaire exécuté par des “raiders”, spécialistes de la lutte contre la foule : lutter contre les mouvements de masse, défilés, meetings, rassemblements, mouvements de rue. Armée = armée de terre, air, mer et police.
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Paul Seban explique que les militaires sont présents jusque dans le plus petit village. L’organisation de l’armée est très rationnelle : un colonel est responsable d’une région, un capitaine d’une ville, un sous-officier d’un village. Séquence montrant un sous-officier qui donne un cours dans un village.
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Plan de paysans qui drainent des canaux pour les rizières. Le sous-officier vient surveiller les travaux… et les paysans.
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Inauguration d’une nouvelle route par le général Darseno (?), “véritable proconsul dans sa région”. Il contrôle 60 000 soldats, une division d’élite. On le voit accompagné de ses conseilleurs américains. Seban lui demande si c’est lui et ses hommes qui ont construit la route sur laquelle ils marchent. Le général lui répond qu’ils ne l’ont pas construite mais qu’ils l’ont restaurée. Il précise que c’est l’oeuvre de l’armée et de l’action civique. Défilé des militaires sur la nouvelle route. Musique festive : des musiciens, des danseurs sont présents pour cette inauguration. Ouvrir une route signifie deux choses pour le général : 1. C’est une nouvelle source de revenus puisqu’il loue les camions de sa division aux ponts et chaussées. 2. C’est faire une route stratégique qui lui permettra d’intervenir plus directement à Central Java où il y a des guérilleros communistes.
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INT. Interview du commandant Shamet. Seban lui demande combien gagne un soldat. D’après Shamet, un soldat touche 20 nouveaux francs, un sous-officier 40 nouveaux francs et un général 100 nouveaux francs. Seban lui fait remarquer qu’il n’est pas possible de vivre avec aussi peu d’argent et lui demande comment font les militaires pour vivre. Le commandant répond qu’il existe un comité qui s’occupe de la vie des soldats. Il donne un exemple : l’armée s’occupe de plantation de café. Les bénéfices de cette exploitation reviennent à l’armée. L’état-major repartit ensuite ces bénéfices. Zoom : très gros plan sur le visage de Shamet. Seban lui demande si ce système ne peut pas être une source de corruption ce à quoi Shamet répond qu’il ne sait pas précisément comment tout cela se passe : “Les détails me sont inconnus.”
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Carton “Les civils” ------ Interview de M. Bénioud, professeur de linguistique à l’université de Jakarta, et de son assistant. Plan sur de jeunes étudiants hommes et femmes suivant un cours de linguistique dispensé par M. Bénioud. M. Bénioud dit qu’il gagne 1 800 roupies soit l’équivalent de 36 nouveaux francs. Son assistant touche 1 200 roupies soit 20 nouveaux francs (2 000 anciens francs). Seban leur demande s’ils ne touchent que ça. Le professeur répond qu’il a aussi 10 kilos de riz (il précise que comme ils sont trois dans sa famille, cela fait 30 kilos de riz) et 1,5 kilos de sucre. Seban lui demande si cela est suffisant. Le professeur répond que non. Il ajoute qu’il doit donner des cours en dehors de la faculté pour subvenir aux besoins de sa famille. Seban demande alors quel serait le montant d’un salaire suffisant pour vivre. L’assistant répond que pour un couple avec un enfant, au faut au moins 15 000 roupies par mois pour vivre.
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14 millions de chômeurs en Indonésie en 1968. Pourtant, le pays est doté de ressources naturelles telles que le pétrole, le cuivre, l’étain, le nickel et surtout, les plantations de caoutchouc. Toutefois, une loi de mars 1967 a rendu ces plantations à leurs anciens propriétaires hollandais, anglais ou français. “C’est l’une des contradictions de ce pays.” Plan sur des hommes et des femmes qui travaillent à l’extraction du caoutchouc dans une plantation. Seban explique qu’un ouvrier gagne 400 roupies par mois (8 francs nouveaux) et qu’il a droit à 10 kilos de riz gratuit pour chaque membre de sa famille. Mais il paye 600 roupies (12 francs) pour son logement. Pour vivre, il exerce donc d’autres activités, sur son temps de repos (il peut être gardien de troupeau par exemple). Seban interview le propriétaire d’une plantation de caoutchouc. Il lui demande combien de personnes travaillent dans sa plantation. 300 personnes dont la moitié sont des femmes. Celles-ci sont réputées plus adroites, “elles font un meilleur travail”. 400 tonnes de caoutchouc sont produites par an. L’Europe, le Japon, l’Amérique, la Chine et la Russie sont les principaux acheteurs de caoutchouc.
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EXT. Jakarta. Image de Seban donnant un pourboire à un soldat qui garde ses bagages. Il explique que cela est courant, “chacun tente d’arrondir sa paye comme il le peut”. Circulation intense. Ville bruyante (bruits de klaxon). 4 millions d’habitants, “vivant de peu, les uns sur les autres”. Plusieurs plans montrant les habitants déjeunant d’un plat de riz dans des voitures à l’arrêt. La voiture qui conduit Seban passe devant un enterrement. 110 millions d’Indonésiens et 2 millions de Chinois en Indonésie, qui ont “peur de ce qui peut leur arriver”.
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INT. Interview d’un Chinois qui s’occupe de haute couture. Seban explique que les Indonésiens d’origine chinoise sont souvent banquiers, commerçants. Il demande à son interlocuteur ce qui l’a poussé à se lancer dans la haute couture : “Est-ce que c’est parce que vous ne vouliez pas être un Chinois comme les autres ?” L’homme lui répond en français qu’il ne se sent pas du tout Chinois et qu’il est Indonésien. Il dit qu’il va changer son nom qui est d’origine chinoise ce qui lui pose actuellement de graves difficultés. Seban lui demande si cela n’est pas une sorte de racisme. L’homme explique son attachement à l’Indonésie et qu’il ne souhaite pas que le racisme s’y installe. Seban lui demande alors comment il explique la situation qu’il vit. L’homme répond qu’il a lu dans les journaux que l’économie du pays est entre les mains des Chinois. Il pense que cela doit changer. Il précise qu’avant la guerre, les Chinois avaient une place, “la deuxième après les Uruguayens”. Seban lui demande s’il était plus inquiet il y a trois ans, avec le coup d’État, ou maintenant. L’homme répond que c’est récent. Il explique qu’il y a eu un pillage et de la violence contre les commerçants chinois le mois précédent. Il ajoute qu’il a peur désormais.
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EXT. Vue sur une cimenterie, dans les environs de Surabaya. Il s’agit d’une cimenterie bien gérée, non déficitaire. C’est là que travaille M. Guélaoui qui est favorisé (il gagne 2 000 roupies par mois soit 40 nouveaux francs). Il est logé gratuitement. Il a six enfants et il touche 80 kilos de riz. M. Guélaoui quitte la cimenterie et prend son vélo pour rentrer chez lui. INT. Habitation de M. Guélaoui. Seban précise que M. Guélaoui est musulman et qu’ils ont discuté ensemble, chez lui, pendant que sa femme leur préparait du thé. Alternance de plans sur le visage de M. Guélaoui et sur sa femme qui tient leur enfant dans ses bras tout en préparant le thé. Par le biais d’un traducteur, Seban lui demande s’il appartient à un parti politique. L’homme répond que non. Seban lui demande ensuite de lui raconter ce qui est arrivé en septembre 1965 à Surabaya. L’homme répond qu’il ne sait pas. Seban dit au traducteur de lui demander s’il n’a pas entendu parler de communistes tués partout. L’homme dit qu’il ne sait rien. Seban insiste : “Vraiment ?” L’homme répond “Oui, vraiment”. Seban lui demande alors s’il lit des journaux. L’homme lui dit qu’il n’a jamais acheté de journaux et qu’il n’a pas de radio. Il ajoute qu’il travaille à l’usine et revient ensuite chez lui pour s’occuper de son foyer et de sa famille. Seban lui demande si quelqu’un à l’usine lui a parlé de ce qui est arrivé aux communistes dans cette région et plus généralement dans le pays. L’homme répond que peut être on lui en a parlé mais qu’il n’a pas fait attention. La femme vient leur servir le thé.
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EXT. Images des différentes ambassades et gros plans sur les drapeaux. Trois ambassades importantes à Jakarta, tant par leurs bâtiments que par les prêts et les investissements que leurs pays y ont consenti : l’Allemagne de l’Ouest, le Japon et les États-Unis qui ont donné 325 millions de dollars cette année. INT. Interview de M. Sani, directeur des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères. Il est filmé en gros plan, voire en très gros plan. Seban lui demande si les investissements de capitaux étrangers dans un pays sous-développé permettent le libre exercice de son indépendance. M. Sani répond en français que c’est une question délicate. “Il faut rester libre de décider de sa politique.” Seban dit que la politique à l’intérieur du pays est violemment anticommuniste et demande si la politique extérieure va suivre. M. Sani répond que son pays souhaite être ami “avec tous les pays”. Seban affirme que l’Indonésie n’a jamais reconnu le régime de Saïgon. M. Sani répond que le pays avait des relations avant : il y avait un consulat là-bas et le Vietnam du Sud avait également un consulat général en Indonésie, à Jakarta. Mais pas d’ambassade. En revanche, l’Indonésie avait une ambassade à Hanoï. Seban précise que l’influence américaine dans les pays est plus importante aujourd’hui qu’il y a trois ans. On peut donc penser que, de ce fait, l’Indonésie va changer sa politique étrangère. M. Sani ne le pense pas. Il affirme l’indépendance de son pays vis à vis des deux blocs. Il espère que les Américains se retireront bientôt du Vietnam et précise ne pas soutenir pour autant le Vietcong. Seban lui demande ce qu’ils refuseraient entre une aide américaine et un choix politique. M. Sani répond que “ça dépend”, qu’il est très difficile de répondre à cette question.
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EXT. Musique de fanfare. Le général Suharto passe ses troupes en revue. Militaires qui défilent fusil à l’épaule. Voix off de Seban : “Le général Suharto vient d’être élu président de la république indonésienne. Un de ses principaux soutiens est l’armée. Nous avons vu comment il l’avait organisée et comment elle quadrillait le pays. N’en est-il pas d’une certaine manière le prisonnier ? 14 millions de chômeurs, un sous-emploi chronique, un commerce déficitaire, des dettes extérieures fantastiques. Si le pays ne sort pas du marasme économique, le général Suharto pourra-t-il longtemps tenir la masse de 110 millions d’Indonésiens sous-alimentés ?” Images de chars militaires qui défilent. Gros plan sur le visage du général Suharto.

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