HENRI MALBERG
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- Sous-titreRUSHES DE CAMARADES (YVES JEULAND)
- Réalisateur.ice.sYves JEULAND
- Année(s)2003 précisément
- Durée01:15:35
- ColorationCouleur
- FormatDV Cam
- SonSonore
Ce document est un montage réalisé par Ciné-Archives en 2024 à partir des rushes de l'entretien tourné par Yves Jeuland en 2003 dans le cadre de la réalisation de son film Camarades. Il était une fois les communistes français... 1944-2004 (production : Compagnie des phares et balises, 2004).
Henri Malberg, ancien ouvrier fraiseur, s’est engagé dans les Jeunesses Communistes à la Libération. D’abord dirigeant de la section du XXe arrondissement de Paris, il aura ensuite de nombreuses responsabilités au sein du parti (Secrétaire de la fédération du PCF-Paris, Conseiller de Paris), et dirigera deux magazines communistes : France-Nouvelle et Regards. L’entretien mêle souvenirs personnels d’Henri Malberg et réflexions sur l’histoire du PCF.
Dans la première partie de l'entretien, Malberg revient sur les origines de son engagement au sein du Parti communiste à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale. Auréolé de la gloire acquise pendant le conflit, le PCF, parti des 75 000 fusillés, apparaît comme le parti de la jeunesse, de l’espoir et de la liberté, et rassemble derrière lui des millions de Français. C’est donc tout naturellement que le jeune Henri Malberg adhère aux Jeunesses Communistes. L’état de grâce dure trois ans, de la libération au tournant 1947-1948, trois années d’élan progressiste pendant lesquelles les communistes font l’objet d’un consensus.
Mais, en 1947, la donne change radicalement : avec le début de la guerre froide, le PCF est désormais dans le mauvais camp pour une France résolument engagée dans le bloc occidental. Les communistes, libérateurs d’hier, sont devenus des ennemis de l’intérieur. Henri Malberg parle de « vingt années de plomb » pour les communistes français, dans un contexte où la guerre atomique menace. Les responsables du parti sont poursuivis, comme Jacques Duclos, et les manifestations réprimées dans le sang (la manifestation anti-Ridgway en 1952).
Au-delà de ces luttes, Henri Malberg évoque également le quotidien du Parti, son fonctionnement, ses atouts et ses faiblesses. L’entretien aborde par exemple la question des exclusions de militants pour pensée non conforme à celle du Parti. Henri Malberg revient aussi sur la construction par le PCF de sa propre identité, et sur les filiations revendiquées par le parti (1789, la Commune de Paris…) ainsi que sur la question du culte de la personnalité (autour de Staline, et dans une moindre mesure, de Maurice Thorez). Il en vient ensuite à évoquer l’attitude du PCF par rapport à la société de son temps, notamment dans les années 1960. Trois sujets sont abordés : le contrôle des naissances, l’homosexualité et le féminisme.
Henri Malberg réfléchit longuement sur les “doutes” que connaît le PCF à partir du milieu des années 1950 et sur les causes de son déclin à partir des années 1990 (l’entretien a été réalisé peu après les élections présidentielles de 2002 où le candidat du Parti, Robert Hue, avait réalisé le score le plus bas de l’histoire du communisme français, 3,37%), et se livre à une autocritique assez sévère. Il revient sur le stalinisme, qu’il condamne au moment de l'entretien comme étant une trahison de l’idéal communiste.
À propos du déclin du PCF, Malberg isole quatre tares principales qui ont précipité la fin du communisme français : le manque de lucidité et la complaisance par rapport à l’Est ; le refus systématique de prendre en compte les avis divergents ; l’incapacité du PCF à trouver sa propre voie et sa tendance à négliger le peuple ; le fait de n’avoir pas vu en 1968 un signal d’alarme.
Malgré toutes ces critiques, il estime que le parti communiste a un rôle à jouer dans la société actuelle : celui de contrepoint à un libéralisme et un impérialisme grandissants (l’entretien a lieu au moment de la guerre en Irak). Le PCF doit selon lui redevenir un point d’équilibre et pour ce faire, redevenir un interlocuteur pour les ouvriers et les intellectuels.