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Catalogue
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ESPAGNE VIVRA (L')

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Fustigeant le refus des démocraties européennes d'aider l'Espagne républicaine, "L'Espagne vivra" est structurée en trois axes : un exposé édifiant de la présence militaire étrangère venue aider la rébellion franquiste, une dénonciation de la politique de non-intervention décidée par la SDN et, enfin, la valorisation du travail militant des membres du Secours Populaire en faveur de l'Espagne républicaine. 

Après un rappel des élections de février 1936 et une évocation de la misère qui frappait alors la population paysanne - contrastant avec la richesse de son sous-sol -, L'Espagne vivra dénonce le "complot international" visant à abattre la République espagnole et, à terme, la République française. 

De nombreux documents et séquences apportent la preuve de la présence étrangère sur le sol ibérique: présence massive de mercenaires marocains, accords secrets passés entre Franco, Hitler et Mussolini, saisie de troupes et d'armement allemand et italien suite à la victoire de Guadalajara, et surtout, mise en exergue de l'interview d'un sergent d'infanterie italien (Tanna Alphonso) qui détaille les conditions de sa venue sur le sol ibérique, largement encouragée par l'Etat italien. 

A rebours, L'Espagne vivra minore le rôle et l'importance des Brigades Internationales - qu'elle (sous) évalue à 15 000 personnes - même si une courte séquence est consacrée à l'hommage du « peuple de Paris » aux Brigades de retour en France, en Novembre 1938 avec, en tête du défilé, André Marty et Henri Rol-Tanguy. 

Ce documentaire militant rappelle également que tout le monde est menacé par le fascisme, catholiques et pays membres du comité de non-intervention compris : enterrement religieux d'un Basque tombé pour défendre « sa grande, sa petite patrie » (contre-plongée sur une croix), obsèques du vice-consul de la France, Antonin Lecouteux, tué lors des bombardements de Barcelone, plans sur les cercueils des marins anglais dont le bateau a été torpillé en mer. 

Le commentaire, une voix féminine, précise que la capitulation de Munich favorise la constitution d'un « bloc fasciste ». 

La dernière partie est plus chronologique : la Catalogne conquise, un flot de réfugiés, dont des enfants affamés, traversent à pied les Pyrénées ; les combattants espagnols sont désarmés par les troupes sénégalaises et envoyés dans des camps de concentration ; malgré les promesses de Franco, Madrid et Valence sont bombardées (plans de ruines et de cadavres). Cependant, dans la zone républicaine, les usines « travaillent à plein » (plans d'une usine de chaussures et visite d'une délégation française). L'Espagne a faim tandis que la France garde le stock d'or de la république assiégée. 

Les cinq dernières minutes d'Espagne vivra sont consacrées au travail du Secours Populaire et de ses militants : quêtes pour acheter du lait pour les enfants d'Espagne, collectes de vivres et de vêtements, camions de la solidarité parcourant la campagne, affrètements de péniches, de trains et de bateaux. Dans une brève séquence un navire quitte le port de Marseille et arrive en Espagne où il est fêté triomphalement. L'Espagne vivra s'achève par des plans de pièces de monnaie collectées, comptabilisées, de lait, et par un plan du stand du Secours populaire à la Fête de l'Humanité, à Garches en 1938 (« Tout ce qui est humain est nôtre ».

Si L'Espagne vivra s'achève par un appel à l'aide humanitaire, ce documentaire commandité par le Secours Populaire, réalisé par Henri Cartier-Bresson et dont le commentaire est rédigé par Georges Sadoul (ils étaient alors beaux-frères), est avant tout un réquisitoire argumenté et détaillé contre la présence étrangère - maure, allemande et surtout italienne - aux côté des troupes franquistes. Ce réquisitoire contient une critique acerbe de la non-intervention et alerte sur les dangers qui menacent la France à ses frontières, dangers incarnés par les visées hégémoniques de l'Allemagne nazie. L'Espagne vivra, dénonciation des accords de Munich compris, reprend donc les positions politiques du PCF à cette époque. A l'exception peut-être de quelques plans, l'on ne reconnaît pas ici le style -cadrage et lumière- d'Henri Cartier-Bresson. Il est vrai que de nombreux emprunts ont été faits à différents films (La colonne Durruti, La mutilation de Barcelone). L'interview du sergent italien a certainement été réalisée par le documentariste soviétique Roman Karmen. L'Espagne vivra ne semble pas avoir été distribué après sa réalisation, mais nombre de ses plans ont été utilisés dans Levés avant le jour (1948).


Extraits : La colonne Durruti, La mutilation de Barcelone, Magazine Populaire n°1 
Lieux : Madrid, Londres, Marseille, Barcelone, Guadalaraja, Perthus, Paris (dont les usines Citroën). 
Personnalités : Dolorès Ibarruri, Chamberlain, Eric Labonne (ambassadeur de France en Espagne) André Marty, Henri Rol-Tanguy, Mussolini, Hitler, Tanna Alphonso...


Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives Françaises du Film, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images.

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Générique : « Le secours populaire de France et des colonies présente / L'Espagne vivra / Réalisation : Cartier, Montage : Iberia, Graphiques : Griffoul / Commentaire Sadoul, Arrangement musical J.C Simon, Chants espagnols enregistrés par Le Chant du Monde Distribué par Les Films Populaires, 5 rue d'Alsace, Paris».
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Février 1936: images de bulletins de vote et d'urnes électorales pour symboliser les élections espagnoles qui voient la victoire du front populaire (Frente Popular). 10:01:18:00 Des enfants, vendeurs de journaux à la criée courent annoncer la bonne nouvelle. Un portrait de Gil-Robles brûle. Images de la liesse populaire qui suit la victoire. Le nouveau gouvernement libère 30 000 prisonniers politiques.
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Le commentaire dénonce le système féodal qui régit encore les campagnes espagnoles, aux mains d'une poignée de grands propriétaires, mais cultivées par une armée de paysans sans terre vivant dans la misère. Images de maisons de paysans au sol en terre battue, comportant une seule pièce. Le commentaire exalte la volonté du Front Populaire de construire un monde plus humain pour les enfants espagnols.
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Carte animée montrant les diverses richesses du pays (charbon, fer, cuivre, plomb, argent, mercure) en opposition à la misère généralisée.
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Une main apparaît au-dessus de la carte et s'empare métaphoriquement de ces richesses : fondu enchaîné vers les portraits des hommes de l'insurrection franquiste : Juan March Ordinas, José Maria Gil-Robles, José Sanjurjo et Francisco Franco.
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Banc-titre d'un accord signé en mars 1934 entre Mussolini et les hommes de la réaction espagnole, dans lequel le Duce s'engage à soutenir leur tentative de renversement du gouvernement espagnol et le remplacer par une régence, prélude à la restauration de la monarchie. Mussolini s'engage à fournir immédiatement 200 000 fusils, 20 000 grenades, 200 mitrailleuses, et 1,2 million de pesetas. Cette aide "préliminaire" sera suivie d'une assistance plus poussée. Image de documents saisis au siège de l'organisation allemande de Barcelone, qui prouve qu'Hitler préparait une insurrection fasciste en Espagne, fournissant notamment fusils et revolvers.
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18 juillet 1936: L'insurrection éclate, mais le peuple érige des barricades pour défendre le gouvernement. Images des barricades au son de Ay Carmela. "Nulle part la population ne se joint aux rebelles". Franco doit faire venir du Maroc les troupes maures et la légion étrangère. Le film oppose les mercenaires envoyés par les pays fascistes, encadrés par les officiers, et les jeunes gens qui s'engagent spontanément dans les milices gouvernementales. Images de combattants dans la plaine (extraits de La Colonne Durruti?) Peu d'officiers sont restés fidèles à la République, d'où un manque criant de cadres pour cette nouvelle armée.
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11 aout 1936. Extraits de journaux sur l’arrivée des "Maures", les mercenaires de Franco.… Mercenaires et légionnaires ont joué un rôle capital selon le narrateur dans la marche sur Madrid.
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De l'autre côté, organisation de l'armée gouvernementale. Un camp d'entraînement avec ses exercices. la discipline progresse de jour en jour.
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Dans une ville espagnole, défilé des volontaires républicains, salués par la foule. Ils portent fusils et tambours.
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Tous les représentants du peuple - socialistes, communistes, anarchistes, catholiques - se réunissent aux Cortes, le Parlement espagnol, pour tenter de créer une armée républicaine forte pour écraser la rébellion. Diverses personnalités politiques sortent de voiture, comme Dolores Ibarruri.
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Image de combat et expression de la problématique du documentaire : les franquistes sont soutenus par les fascistes et les républicains n’ont aucun soutien militaire. Irun, San Sebastian et tout le pays basque sont tombés fautes de munitions.
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Londres 1936. Images de la ville et des membres cosignataires du traité de non intervention proposé par le gouvernement français. Banc-titre d'un journal : "L'Italie se rallie au projet français contre l'ingérence directe". Officiellement, l'Italie et l'Allemagne s'engagent à n'envoyer aucun matériel de guerre en Espagne, alors que leurs armes affluent sans discontinuer pour appuyer l'insurrection franquiste, dit le commentaire.
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Image des différentes armées, dont les renforts marocains de Franco. Les armées franquistes sont ridiculisées par la musique de cirque accolée sur leurs images (L'entrée des gladiateurs). Affrontements à Guadalajara, pilotés par Mussolini en 1936. Mais la victoire revient aux républicains. Des drapeaux italiens sont retrouvés sur les cadavres.
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Images du matériel de guerre des fascistes : "tout ce matériel est Mussolinien ou Hitlérien : canons italiens, tanks et mitrailleuses italiens, encore des canons italiens (...), toujours des canons italiens (...), des masques à gaz italiens et des caisses entières de macaroni venus tout droit de Naples, des radios, des téléphones de campagne allemands. Le butin italien et allemand est tel que les républicains doivent les entasser dans des entrepôts."
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Images de prisonniers faits par les Républicains : on y trouve des espagnols mobilisés de force dans les rangs franquistes et qui rejoignent spontanément leurs frères républicains, selon le commentaire. Parmi les prisonniers figurent beaucoup de maures, et des italiens et allemands par milliers, capturés après leur défaite à Guadalajara, le jour même où se réunissait à Londres le comité qui allait décider la non-intervention. Les Italiens sont également montrés comme enrôlés ; ainsi certains lisent-ils le journal communiste Il grido del Popolo. Seuls leurs officiers semblent de fervents soutiens de Mussolini.
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Interrogatoire d'aviateurs italiens et allemands, que l"on retrouve partiellement dans le film Levés avant le jour. Un carton introductif s'excuse de la piètre qualité cinématographique de cet interrogatoire, dû aux conditions de tournage éprouvantes. Un jeune sergent italien explique que l'Etat italien incite très fortement les jeunes à partir combattre en Espagne, et qu'il inonde d'armes et de vivres les rangs franquistes.
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19 octobre 1937: Extrait de journaux avec des titres indiquant qu’il y a plus de fascistes italiens que de volontaires internationaux en Espagne. Les Brigades internationales sont bientôt interdites, tandis que l'Italie et l'Allemagne continuent de soutenir Franco. Image du comité de non intervention. Forces italiennes en Espagne à la disposition de Franco. Les volontaires des Brigades internationales rentrent chez eux (Images que l'on retrouve dans "Levés avant le jour"). Le train traverse des gares bondées ; la foule est venue les saluer une dernière fois, au son de l'Hymne de Riego.
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Accueil des volontaires par les parisiens, défilés. L'hymne de Riego se transforme en Marseillaise. Enterrement. Les français savent que le sort de l'Europe se joue en Espagne, et que la guerre d'Espagne préfigure ce qui risque d'arriver en France, dit le commentaire. Plusieurs cortèges funéraires défilent dans Paris. Obsèques nationales du vice consul de France à Madrid Antonin Lecouteux, tué par une bombe italienne et dont la dépouille est ramenée en bateau. Les républicains espagnols rendent hommage au diplomate. Enfin, ce sont les funérailles de marins britanniques torpillés par des bombes italiennes et allemandes. Quelques rescapés de ces navires posent.
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Cartes animées des routes maritimes françaises et britanniques, qui toutes passent par l'Espagne. Si l'Espagne passe aux mains du fascisme, ces routes seront coupées. Une deuxième carte montre le côtes africaines, qui seraient également contrôlées par les fascistes en cas de victoire. Enfin, les frontières de la France seraient gravement menacées : au Sud-Est avec l'Italie, à l'Est avec l'Allemagne et au Sud-Ouest avec l'Espagne. Extraits de « Mein Kampf » sur l’intérêt d’Hitler à anéantir ce pays.
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Le plan d’Hitler fonctionne grâce à la politique de non intervention ; images des fascistes aux frontières, vainqueurs de la Catalogne. Images des réfugiés qui traversent les Pyrénées de nuit dans la neige. Beaucoup de femmes et d'enfants sont regroupés à la frontière.
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Images de troupes républicaines accueillies en France, parquées en camps de concentration. Pancarte Le Perthuis. Gendarmes et douaniers fouillent les soldats et les désarment.
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Images de Madrid en ruines, immédiatement suivies d'une manchette de journal "Interview de Franco, chef de l'insurrection : je ne bombarderai jamais Madrid". Images de maisons, de salles de classe détruites, cadavres, tandis que le commentaire scande "Ruines, ruines, ruines". Les républicains ne peuvent s'approvisionner en armes à cause de la non-intervention, disposition allègrement violée par Hitler et Mussolini.
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La résistance espagnole. Les usines tournent à plein régime pour habiller les combattants républicains. Une délégation française se rend en Espagne ; on croit reconnaître Jean-Pierre Timbaud.
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L’Espagne a faim. Les gens font la queue aux portes des magasins. Le gouvernement français refuse de rendre 1,4 milliards de francs déposés par l'Espagne à la Banque de France. En France la solidarité s'organise : le Secours Populaire récolte de l'argent pour envoyer du lait aux enfants espagnols. 00:35:45:00 Le lait condensé est amené en Espagne : "Le lait de France sauve les enfants par centaines". Images de collectes en France. Une camionnette du Secours Populaire stationne devant les usines Citroën.
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On collecte aussi des vêtements et du tabac. 4 millions de tonnes de vivres et de vêtements ont été envoyées en Espagne par le Secours Populaire en 1938. Des bénévoles plient le linge récolté. On cloue les caisses de chaussures, on porte les sacs de vêtements.
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Des camions du Secours Populaire sillonnent les campagnes françaises. Les paysans donnent des pommes de terre et de l'argent. Le Secours Populaire est présenté comme un coordinateur indispensable de cette solidarité. 100 millions de francs ont été récoltés. La solidarité s'organise à l'échelle mondiale. Des péniches chargées de vivres quittent Paris, sous les acclamations des passants. A Marseille, chargement d'un navire en partance pour l'Espagne ; à son arrivée en Espagne, des camions vont disperser la précieuse marchandise. Images du déchargement par une foule jeune, au son de "Si me quieres escribir". Gros plans sur les mains agitant des troncs, tirant les pièces de monnaie. La narratrice invite les spectateurs à donner au Secours Populaire : "le massacre des espagnols continue". Images de la Fête de l'Humanité 1938 et ses stands de solidarité avec l'Espagne.

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