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ENTRETIEN AVEC BRUNO MUEL ET MARCEL TRILLAT

© Ciné-Archives. Tous droits de reproduction ou de modification interdits.
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Dans cet entretien réalisé par Joao Marques en 2012 dans le cadre de la production d'un documentaire consacré au cinéma militant angolais (produit par Maianga filmes), Bruno Muel et Marcel Trillat reviennent sur leurs expériences de formateurs et de cinéastes en Angola entre 1975 et 1977.

Le 11 novembre 1975, l'Angola devient indépendante après 14 années de guerre coloniale contre l'occupant portugais. 
Dès lors, une guerre civile éclate entre les trois principaux mouvements politiques, le MPLA, qui contrôle l’appareil d’État avec l’aide de Cuba et du bloc soviétique, le FNLA et l’UNITA, soutenue notamment par l’Afrique du Sud. Le conflit durera jusqu'en 2002.

Après l'indépendance du pays, fin 1975, le journaliste Marcel Trillat (1940-2020), le chef opérateur Bruno Muel (1935-2023) et l'ingénieur du son Antoine Bonfanti (1923-2006), se rendent en Angola, missionnés par Unicité, la société de production du PCF, pour former de jeunes cinéastes de la télévision publique angolaise (TPA). En marge de cette formation encadrée par l’écrivain angolais Luandino Vieira, ils réalisent le documentaire Guerre du peuple en Angola
Deux ans plus tard, en 1977, Bruno Muel et Antoine Bonfanti reviennent en Angola pour réaliser avec l'un de leurs étudiants Asdrubal Rebeleo le documentaire A luta continua.

Lieu de consultation : Ciné-Archives

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On était lié à Unicité. Lien entre le PCF et le MPLA. Au début de l'indépendance, on nous a demandé, avec un 3e camarade Antoine Bonfanti un des plus grands preneurs de sons français d'aller en Angola.
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TRILLAT : L'idée était de former différentes catégories de cinéastes (journalistes, réalisateur, preneurs de sons, etc). On considérait tous le MPLA comme un mouvement courageux, on admirait leur lutte contre le colonialisme. On était contre tous les colonialismes.
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MUEL : On avait tous l'expérience de lutte contre l'Algérie et on avait cette expérience commune des luttes de libération.
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Accueilli à Luanda par des gens qui sortaient de prison (écrivains, dirigeants communistes).
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TRILLAT : Quand on arrive la situation est bizarre car il y a trois mouvements d'indépendance concurrents. et il y a tjs les portugais qui sont là. On sent que le MPLA est le mouvement le plus fort car Neto est déjà président. Il était le grand homme de la lutte anti colonialiste. Plus prestigieux que les autres.
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On sent que ça va pas être simple entre les 3 mouvements. MUEL : on entendait des échanges de coup de feu en ville. TRILLAT : très vite on a compris que la guerre démarrait et continuait entre eux.
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On était très proches des gens du MPLA. Ils étaient en train de prendre le pouvoir. Ils commençaient à gérer la télé et la cinéma.
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Question de la traductrice : Quelle était la relation entre le PCF et le MPLA ?
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TRILLAT : Relation fraternelle. Partout ou il y avait des guerres coloniales, le PCF soutenait les mouvements de libération. Y'avait des affinités idéologiques. Construire le socialisme. Fraternité et enthousiasme.
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On soutenait ces mouvements là, donc on était prêts à leur filer un coup de main. La petite aide qu'on pouvait leur donner était de former les gens de leur profession. On leu faisait avec grand plaisir.
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MUEL : travail de formation sur le tas pratique. On était là pour montrer comment on faisait, comment on travaillait. Par la pratique, leur montrer comment se servir d'une caméra, d'un nagra, d'un magnétophone, et organiser un tournage. On était là par sympathie pour le mouvement, pas missionné par le PCF pour prendre des contacts politiques, on était là pour montrer notre travail, expliquer, comprendre ce qu'est le film documentaire. Comment rendre compte de ce qu'il se passe.
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TRILLAT : C'était parfois un peu compliqué. Leur premier boulot était de filmer les actualités cinématographiques, la vie politique et nous on essayait de leur expliquer que ce travail était intéressant à condition de le faire librement. Avec un regard critique. On est pas là pour faire de la propagande, on est là pour rendre compte au peuple de ce qui se passe. On se disait on va leur apprendre des choses qu'ils ne vont pas pouvoir mettre en oeuvre. En même temps, on leur apprenait, lui à faire de l'image, Bonfanti à faire du son, moi à itw des gens, et puis ils en feront ce qu'ils en pourront/voudront.
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MUEL : J'ai pas tout à fait le même souvenir que toi. Lors du 1er voyage en 1975, dans cette période de prise de pouvoir, il y avait un esprit de liberté très fort et les élèves qui étaient là, volontaire pour apprendre avec nous, ils étaient là avec des projets libres. Le second voyage en 1977 était très différent car la télévision publique était en train de se mettre en place
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TRILLAT confond les 2 voyages. MUEL souligne la différence entre les deux voyages. Le premier a été fait avec une envie de faire du cinéma documentaire et c'était des gens d'un niveau culturel plus elevé que lors du 2e voyage ou nous nous sommes retrouvés avec des gens qui partaient de la base pour faire marcher une télévision de la façon la plus classique, la plus aux ordres du gouvernement, comme c'est le propre de beaucoup de télévision d'état.
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TRILLAT reconnait avoir été déçu car dans un 1er temps, ils pensaient que le pays allait être très démocratique, très à gauche, libres, avec des gens comme Luandino Vieira, une personne de liberté, de culture, mais assez vite même lors du 1er voyage, on sentait que pour d'autres, les questions de démocratie n'étaient pas très importantes. Se mettait en place des gens qui sortaient de 14 ans de guerre coloniale, qui avaient réglés les problèmes à coup de mitraillettes, et tout d'un coup il fallait laisser tomber la mitraillette, passer à la démocratie. Pour certains, c'était très compliqué, ils voulaient continuer à dire "c'est comme ça et pas autrement". Donc, on était en porte à faux au bout d'un certain temps.
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TRILLAT : Les premiers moments sont formidables et puis peu à peu, les choses rentrent dans le rang, les gens sont obligés d'admettre un certain ordre qui se met en place. L'heure n'est plus à l'explosion, à l'enthousiasme, etc. On a bien senti ça, très très vite.
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TRILLAT : J'ai le souvenir d'y être allé 3 fois et je voyais les choses évolué chaque fois, et la 3e fois j'ai vu se mettre en place le modèle soviétique. MUEL : Techniquement leur télévision était amené par l'Allemagne de l'est, la RDA. TRILLAT : Très vite, les soviétiques ont aidé à leur manière. Il y avait des gens du Gosplan qui dirigeaient l'économie, y'avait peu à peu plus aucune démocratie, plus aucune liberté de parole.
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TRILLAT : Etatique, parti unique et une Nomenklatura qui se met en place.
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TRILLAT : La 1e fois qu'on est y allé, l'Angola, c'était formidable, on allé à la plage, y'avait des petits restos, on mangeait des crevettes, on buvait du vin, c'était très sympa. Et puis à peu, ça s'est mal passé avec les portugais qui sont massivement partis. ils sont partis avec armes et bagages. Qui est responsable de ça ? difficile à dire, il doit y avoir des torts des deux côtés. Les portugais ne voulaient pas perdre leurs privilèges, voyant qu'ils allaient les perdre ont saboté le pays, et les nouveaux dirigeants qui étaient un peu trop rigide et qui n'ont pas su convaincre les portugais de travailler avec eux, alors bcp étaient prêts à le faire, des gens comme Luandino Vieira, et plein d'autres. MUEL : Y'avait bcp de métis, contrairement à la colonisation française en Algérie ou en Afrique noire.
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TRILLAT : Et donc, quand ces gens sont parties, l'économie s'est effondrée. MUEL : On a filmé une usine, toute la direction était partie, les ingénieurs, et c'était les syndicalistes de l'usine qui essayaient tant bien que mal de la refaire démarrer quoi. TRILLAT : Et moi je crois que c'était la 3e fois ou j'y allais et il n'y avait plus rien à manger, plus rien à bouffer. Y'avait plus rien qui marchait, plus un ascenseur qui marchait dans les immeubles. C'était la catastrophe et tout de suite, on a vu les femmes des dirigeants des dirigeants de la nouvelle Nomenklatura qui se mettait en place qui avaient des magasins réservés et elles allaient avec le caddie acheter des choses qui n'existaient plus sur le marché, mais qui était réservés à cette minorité dirigeante, à ces nouveaux dirigeants. Toute sorte de nourriture auxquels le peuple n'avait plus du tout accès. Là, je me suis dit, c'est en train de mal tourner.
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MUEL : L'armée cubaine était très isolée, à Luanda même vivait dans des casernes fermées, faisait leur fête. On entendait des musiques cubaines tonitruantes qui ne se mêlaient pas à la population.
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TRILLAT : Et puis, il y avait l'UNITA qui s'alliait à l'Afrique du Sud de l'Apartheid. Ça c'était un truc incroyable, un mouvement de libération anti colonialiste, soit disant, et qui s'allie au pire des gouvernements, au pire des pays, c'est l'Afrique du Sud de l'Apartheid, un pays d'extrême droite, raciste, etc, et qui avait avec cette aide là, est en train d'essayer de prendre le pouvoir. C'est à partir de là qu'on s'est retrouvé dans une situation de guerre terrible quoi ou les pbs de démocratie, on en est plus là..
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MUEL : Il y avait un afflux d'étranger dans Luanda même ou la population avait du tripler, les moussèques, les bidonvilles qui entourent Luanda, grossissaient de plus en plus. C'est là que nous avec Antoine Bonfanti et un étudiant que nous formions, que nous avons tourné ce petit film sur un gamin, qui s'appelle A LUTA CONTINUA. Un film que l'on a fait ensemble, comme film de fin d'étude.
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TRILLAT : L'autre film "Guerre du peuple en Angola", c'était le premier film lors du premier voyage ? MUEL : Premier voyage, mais on faisait cela en dehors de notre travail de formation. TRILLAT : Là c'était le début de la guerre entre les trois mouvements. C'était très violent.
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TRILLAT : La première fois, c'était des jeunes gens qui appartenaient à la classe privilégié, mais qui était anti colonialiste. Des gens proches de Luandino Vieira, des gens de gauche, anticolonialistes, cultivés, dont certains étaient des portugais d'origine, mais qui s'était ralliés à la cause de l'Angola naissante et du MPLA. Ça c'est le début.
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MUEL : Après c'est la mise en place d'une télévision avec tous ses rouages et tous ses techniciens, sa hierarchie surtout, et là y'a des apprentis caméramans, preneurs de sons qui étaient presque analphabètes, qui avaient peu de bagages culturels. TRILLAT : C'est un pays en train de naître. C'était à la fois très enthousiasmant aussi de voir ces jeunes qui allaient pouvoir faire des métiers comme ça, en même temps, y'avait une espèce d'ordre qui étaient en train de se mettre en place. Des gens à qui on était en train de demander de faire un métier d'une certaine façon. Des personnes qui n'étaient pas en capacité de faire le métier comme nous on le souhaitait.
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TRILLAT : Pour nous, on avait un petit problème; les cinéastes ce sont des emmerdeurs. Voila. Tous les 3, on avait la même idée de notre métier, c'est à dire que les cinéastes ne sont pas là pour faire plaisir, même avec les gens qu'ils soutiennent et avec qui ils sont d'accord politiquement. Ils sont là pour emmerder le monde, et emmerder les gens du pouvoir qu'elles qu'il soit. MUEL : ils ont un regard critique. C'est un travail critique. TRILLAT : Ils sont là pour aider le peuple à se faire entendre, lui donner la parole pour que les puissants, les politiques entendent leurs voix. C'est ça le rôle des cinéastes. selon nous.
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MUEL : On était peut être pas les mieux placés pour former les techniciens d'une télévision nationale disciplinée. On était plutôt du genre indisciplinée.
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TRILLAT : L'écrivain Bernanos a dit "il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre". C'était ça notre mentalité. MUEL : Je crois qu'on s'est senti très de proche de Luandino car lui même était, tout en étant un militant irréprochable dans sa participation à la lutte pour le MPLA, était au fond de lui même indiscipliné. D'ailleurs ses écrits sont des écrits sont sur des jeunes voyous qui vont en prison, qui créent un langage pour se distinguer, pour se défendre contre la société.
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A quand remontent vos premiers voyages ? MUEL : 1975. Le 2e en 1977. TRILLAT : Et moi j'y retourne la 2e fois, en décalé par rapport à Bruno et Antoine. J'y retourne parce qu'il y a les événements du Katenga tout près de l'Angola. Il se passe des choses incroyables. J'y retourne en tant que journaliste en espérant pouvoir filmer et en gros je n'ai pas pu le faire, parce que là tout était sous contrôle, et on ne voulait pas laisser les journalistes faire leur travail librement, donc je n'ai pas pu bouger de Luanda quasiment. En 1977 je crois.
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TRILLAT : La 2e fois qu'on y allait, y'avait une télé qui était en train de se mettre en place. MUEL : Je ne sais pas s'il était en train d'émettre 1h ou 2 par jour, et ils étaient en train de mettre en place leur laboratoire car ils étaient filmé en 16mm. Ils étaient de train de mettre en place leur laboratoire avec des techniciens d'Allemagne de l'est, de RDA. TRILLAT : C'était dans les locaux de la radio ? Les gens de la radio étaient affiliés à ceux de la télé je crois.
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TRILLAT : Y'a des gens comme nous, venant des différents pays européens, ou des EU d'Amérique, qui soutiennent les mouvements de libération, et qui vont essayer de les filmer et qui sont accueillis - bien ou mal - par les mouvements de libération. Ce sont des gens qui viennent de l'extérieur, et puis il y a d'autres part peu à peu un cinéma africain qui se met en place, un cinéma de fiction et ça doit se passer à peu près à la même époque. Au Sénégal par exemple avec Sembé Ousmane, qui veulent inventer leurs cinémas à eux, ce qu'ils réussissent à faire dans certains pays. Pas trop en Angola, j'ai l'impression. Ça c'est une autre histoire dans laquelle on intervient pas.
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MUEL : On avait connaissance d'images filmées pour les mouvements d'indépendance en Afrique. J'avais travaillé sur le film sur le festival panafricain d'Alger en 1969 et là, c'était assez passionnant parce qu'il y avait tous les mouvements y compris l'ANC d'Afrique du Sud qui étaient présents et qui étaient très intéressés par le cinéma. On a un copain Yann Le Masson qui avaient filmé tous ces groupes présents à Alger et qui représentaient la partie politique de cette événement culturel, le tout à fait exceptionnel et passionnant qu'était le festival panafricain d'Alger, qui n'a plus eu lieu par la suite malheureusement. Donc, y'avait un intérêt des mouvements de libération pour le cinéma. TRILLAT : Un moment d'enthousiasme ! MUEL : De là à ce qu'ils filment leurs propres luttes, ça c'est autre chose. Je pense qu'il y a eu quelques exemples, mais je ne pourrais pas vous dire précisément.
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TRILLAT : Y'a des personnages un peu à part, comme René Vautier, qui dès les années 30 font des films .. MUEL : 30 non, 50. TRILLAT : J'exagère, Afrique 50 qui est un film sur la colonisation et la violence de la colonisation en Afrique, film interdit complètement, qui l'a fait de manière complètement clandestine. Y'a eu quelques pionniers comme ça, qui ont fait des films comme ça. Les mouvements sentaient qu'ils avaient intérêt à collaborer avec des gens comme ça. MUEL : pour se faire connaitre.
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MUEL : J'avais été filmé en 1965 les débuts des guérillas des Farc en Colombie et c'était tout à fait passionnant de voir ce que représentait au début les Farcs qui étaient un mouvement de paysans pour l'indépendance par rapport au gouvernement. C'était pas du tout l'indépendance, c'était des zones d'autodéfense en fait. Des zones d'autodéfense contre l'armée gouvernementale colombienne. Déjà, on avait des contacts avec des mouvements d'indépendance et de guérillas qui me rappelaient la Guerre d'Algérie parce que j'avais été appelé en Algérie et j'avais été appellé en Colombie filmer des combattants qui étaient les mêmes, j'étais de l'autre côté des barbelés, en Algérie.
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TRILLAT : Pour nous, il y avait une filiation symbolique avec tous ces mouvements, et ce que notre pays avait connu, c'est à dire la résistance. Pour nous c'est une continuité avec la résistance française contre l'occupant hitlérien.
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MUEL : Nous, nous sommes trop jeunes, mais nos ainés, ce qui étaient nos amis, comme René Vautier, Mario Marret, Chris Marker, étaient des résistants. TRILLAT : La génération d'avait était tous des résistants. MUEL : Nous on était enfants pendant la guerre. TRILLAT : Mais nos parents étaient des résistants. Pour nous, on a été elevé.. comment dire ? MUEL : Non moi mes parents n'étaient pas résistants. Ils étaient pas collaborateurs non plus, ils étaient comme bcp de français, attentistes. TRILLAT : Moi, j'ai été elevé dans le culte de la résistance.
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TRILLAT : Alors, quelle formation on leur donnait à ces jeunes gens ? MUEL : On leur donnait la formation de ce que c'est un travail d'équipe. Je crois que c'est ça le plus important. Comment on arrivait à trois, c'est à dire, un journaliste, un preneur de son et preneur d'image, à faire cerner une situation, rentrer dans une situation, se faire admettre par les gens qu'on filme de façon à ce qu'il passe quelque chose entre les filmeurs et les filmés. Je crois que c'était ça la leçon que nous apportions. Donc, la façon dont l'équipe pouvait se souder rentrer dans le vif dans la vie angolaise, des gens qui étaient en face de nous. Hein, je crois que c'est ça
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TRILLAT : Voila, c'est exactement ça en ce qui concerne l'équipe. c'est la complicité. On essayait de leur apprendre qu'une équipe doit être complice, sinon elle est inefficace. Pas besoin de se faire des discours. Un regard suffit, un mot suffit, un geste suffit pour que tout le monde sache qu'il faut faire ça. Des fois il y a des situations un peu compliqué. Première chose, il faut être complice entre nous. On est pas en concurrence. On est comme des frères quand on tourne ensemble. Et puis, la 2e chose, la relation avec les gens qu'on filme. C'est capital, c'est comme dans la vie, on doit faire connaissance avec les gens. Je parle pas quand on filme des salopards, des colonialistes, des ennemis, on essaye de faire ce qu'on peut. On se débrouille. Quand on filme le peuple, quand on filme les gens, on doit établir une relation de confiance et une relation d'égalité avec les gens qu'on film. Ils ont le droit de dire ce qu'ils veulent. Ils ont le droit de ne pas dire ce qu'ils veulent pas dire. On doit les respecter et doit leur donner leur droit à la parole et leur droit à l'image. C'est assez compliqué car on est pas là pour forcer les choses. MUEL : Le droit au silence aussi. TRILLAT : le droit de ne pas dire. Le droit de préserver une certaine intimité c'est à dire le contraire de ce qu'on fait beaucoup à la télévision c'est à dire, on pousse les gens à mettre leurs tripes sur la table. Des émissions obscènes, ce qu'on appelle la télé-réalité par exemple, mais pas seulement. C'est une tendance lourde de la télévision ou les gens se mettent en danger même et rentre dans un formatage d'une télé qui exige d'eux. Une télé exhibitionniste. Et ça c'est une catastrophe. Une télé qui ne respecte pas les gens qu'elle filme.
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MUEL : Quelque fois un visage qui se renferment pour ne pas répondre, parce qu'on sent qu'il ne veut pas répondre à une question. Un visage qui se ferme et qui reste silencieux et très fort cinématographiquement. Je pense que c'est des choses qu'il ne faut jamais oublier. Laisser des silences même prolongées, c'est quelque chose de très précieux. TRILLAT : et de plus parlant que la parole.
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TRILLAT : Donc on essayait de leur apprendre des choses comme ça, mais des choses très simples aussi, à se familiariser sur le plan technique, de façon à ce que la technique ne soit plus un problème. Qu'ils n'aient plus ce problème là et qu'ils puissent faire leur métier de donneurs de parole. On ne savait pas trop si c'était ça qu'on allait leur demander à l'avenir. Si la télévision angolaise allait leur demander ça ou pas du tout, ou peut être. Nous on pensait qu'on mettait un petit grain d'anarchie, je ne sais pas comment appeler ça, de liberté à tout point de vu. Et on penserait qu'ils en feraient bon usage quand ils pourraient, peut être qu'ils pourraient pas, peut-être que ce sera compliqué, un jour ou l'autre peut-être que ça leur servirait.
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MUEL: De toute façon, on ne sait pas ce qu'a pu donner par la suite ce qu'on leur a montré, conseillé, appris. Ça travaille peut être dans leurs têtes, y'en a peut-être qui en fait quelque chose, qui en feront quelque chose. On peut pas savoir.
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TRILLAT : Je crois qu'on a essayé de leur montrer que ce métier n'a aucun intérêt s'il n'est pas fait en liberté. Alors, on peut ou on peut pas. Parfois, on peut pas, alors il faut contourner, il faut tricher, faut travailler dans la clandestinité. En tout cas il faut avoir la volonté d'être libre.
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MUEL : Ces manières de contourner les interdits, les censures de tricher effectivement, ça vient quand on a du métier. C'est pas possible au démarrage, quand on est un novice, de savoir utiliser les interdits pour savoir les retourner. La censure, ça peut se retourner. Comme le judo. Travailler avec la force de l'adversaire pour le mettre par terre.
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MUEL : C'est un cinéaste, un caméraman suédois, qui au Chili, pendant le coup d'état de Pinochet, filmait un soldat à l'arrière d'un camion, qui le visait avec son fusils et il le filme en train de lui tirer dessus. La caméra tombe et le cinéaste est mort. Le caméraman est mort. C'est effectivement l'exemple ultime de ..
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MUEL : Je comprends la question, j'imagine. C'était pour dire que filmer c'est un engagement qui comporte des risques et que effectivement si on va prendre une balle en plein coeur, mais y'a toujours dans l'engagement, comme dans tout engagement, mais dans l'engagement au cinéma, on prend un risque, et donc c'est simplement ça que je voulais dire. C'est pas quelque chose de gratuit, c'est pas pour rien, c'est s'engager dans une lutte, je pense que même ce n'est pas les films militants qui sont seulement ça, je pense que tous cinémas, tous films qui a un intérêt quelconque est s'engager dans une lutte contre la bêtise, contre le pouvoir, contre l'absolutisme
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TRILLAT : On peut pas être cinéaste, journaliste, aux ordres, on peut pas être aux ordres quand on fait ce métier là. Il faut qu'on soit libre, d'où que viennent les ordres. Donc on a obligatoirement un moment ou un autre, affaire au pouvoir et c'est rare que ça se passe très très bien, avec le pouvoir. Entre les cinéastes, les journalistes, qui font leurs métiers, qui sont des journalistes dignes de ce nom, ça peut pas se passer gentiment avec le pouvoir.
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MUEL : Et quand le pouvoir dur, je pense que c'est une motivation pour trouver encore plus d'energie pour faire des films. L'exemple par exemple, c'est en Iran. L'Iran qui a un blocage terrible, une surveillance policière terrible, et on voit le nombre de cinéastes iraniens qui réussissent malgré tout à faire des films. Alors là le risque c'est presque la même chose que l'opérateur suédois. TRILLAT : Une question de vie ou de mort. MUEL : Oui, de vies ou de mort. De prisons, en tout cas, prisons à vie aussi bien.
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C'était la même envie pour les cinéastes angolais de cette époque ? C'était ça que vous leur apprenait ? MUEL : Je pense que là, ils nous comprenaient quand on leur disait des choses comme ça. Ils étaient dans une période révolutionnaire, d'espoir, et donc ils étaient prêts à entendre des choses de cet ordre. On avait une complicité entre eux et nous. TRILLAT : C'était leur réalité. Personne ne savait pas ce que serait leur avenir, dans un pays comme ça. MUEL : C'était risqué. La situation était risquée. TRILLAT : En tant que citoyen, ils allaient devoir s'engager d'une façon ou d'une autre.
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TRILLAT : Les cinéastes, c'est d'abord des citoyens, d'abord. Et des gens au service des citoyens, pas au service du pouvoir. C'est ça le gros problème. Le gros problème des gens qui travaillent dans les télés par exemple. La plupart des gouvernements pensent que les télés de service public, les télés nationales, leurs appartiennent. Et nous, on est là pour leur dire "ça ne vous appartient pas du tout, pas du tout". Ça appartient au peuple, c'est pas à vous la télé publique. Qui la finance ? Le peuple, pas vous, donc vous n'avez pas à donner d'ordre. Les cinéastes, les journaliste, ils doivent pouvoir faire leur métier, complètement librement, même si ça vous emmerde. Et justement si ça vous emmerde. Ça c'est leur rôle, leur mission de vous emmerder en tant que pouvoir. Parce que sinon vous allez devenir des dictateurs. Qui peut vous empêcher de devenir des dictateurs ? Les citoyens et nous, on peut vous aider à les empêcher de devenir des dictateurs. C'est ces choses qu'on essayait de leur .. de leur mettre dans le coeur.
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MUEL : Y'a pas de différence, je pense, si on filme pour l'intérieur ou l'extérieur. A partir du moment où on s'approche de la vérité, on ... TRILLAT : Oui, absolument. Nous, en gros, on avait pas trop de leçons à donner. Ces choses là pour lesquelles on se battait, on disait pas ça seulement pour eux, c'était notre vie en France, de cinéastes et de journalistes. On avait besoin en France de se battre pour défendre cette façon de faire, cette façon de travailler. Je pense pouvoir dire, aussi bien lui que moi, que toute notre carrière, on a essayé de faire, ça, de mettre ça en pratique. Avec des hauts et des bas, parfois on y est arrivé, parfois on y est pas arrivé. On a fait ce qu'on a pu et on leur en demandait pas plus. Faites ce que vous pouvez en fonction de cette mission que vous ne devez jamais oublié que vous avez, que votre métier, que votre engagement vous impose, et vous ferez ce que vous pourrez. Je sais pas trop ce qu'ils ont pu faire après, on les a plus trop revu après ça. Ça n'a pas du être facile.
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MUEL : Y'a eu la guerre terrible après. TRILLAT : et dans les guerres, ce n'est pas trop propice à la liberté d'expression. Ou que ce soit. Donc ça a du être très très difficile pour eux, mais autant le savoir à l'avance que ce sera difficile, et pas croire qu'on va être très gentil, qu'on va filmer le président, toujours comme on lui dit de filmer, qui va pas filmer ce qu'il ne faut pas filmer, qui va couper ce qu'il faut pas montre, etc. Ça, ça n'a aucun intérêt. Faire ce métier pour faire ça, il faut changer tout de suite, faire autre chose. MUEL : Ils savaient et on leur disait, qu'on filmait ce qu'il se passait en France que dans des pays lointains, c'était la même chose pour nous. Moi, je n'ai jamais fait la différence entre filmer en Colombie, filmer les ouvriers de chez Peugeot à Sochaux. Pour moi, c'était la même chose.
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TRILLAT : C'est à eux d'inventer le cinéma dont ils ont besoin, qu'ils souhaitent, qu'ils veulent, en sachant que le cinéma est quand même l'un des arts les plus démocratiques qui soient. C'est justement parmi les arts, le plus démocratique qui soit, c'est l'un de ceux qui peut le plus facilement établir une relation avec le peuple, même le peuple inculte, donc c'est dommage quand ça n'arrive pas. Tous les grands cinémas, ce sont des cinémas très populaires.
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MUEL : Mais le documentaire est quand même un cinéma d'une approche difficile. En générale, c'est plutôt les films de fiction qui touchent le peuple inculte et analphabète. TRILLAT : Ça je ne sais pas du tout, ou on en est en Angola de ce point de vu là.
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MUEL : Si vous connaissez ce joli film cubain sur les débuts de la révolution cubain, ou un cinéma ambulant qui va dans les campagnes avec une camionnette et un générateur électrique pour projeter des films et ils projetent un film de Charlot devant des enfants qui n'ont jamais vu de cinéma. Le film ce n'est que ça. Le film de Charlot qui passe et la tête des enfants qui voient le cinéma pour la première fois. C'est un très beau film qui effectivement, on leur passerait un film documentaire, ça ne leur ferait rien du tout. Ça c'est aussi très difficile à faire, un film qui touche par des images de fiction. Et là, je crois qu'il y a un apprentissage, c'est une autre étape du cinéma qui n'est pas contradictoire. Il peut y avoir du documentaire dans le film de fiction qui va toucher les masses populaires. Mais pour y arriver, il faut quelque fois des intuitions qui viennent très vite, chez des créateurs de pays qui arrivent brusquement au modernisme. En Iran, c'est vrai c'est impressionnant la qualité du cinéma qui est apparu très très vite.
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MUEL : Nous, on a connu le début et après on ne connait rien. Ce n'est pas à nous qu'il faut poser les questions.
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Avez vous une opinion sur le film de Ruy Duarte qui enseignait au peuple ? MUEL & TRILLAT : On ne connait pas le film. On ne peut pas vous donner notre opinion. MUEL : Je pense que l'éducation au documentaire peut être une ouverture pour faire un cinéma de fiction qui touche et qui soit visible pour tous le monde, c'est pas du tout contradictoire, mais maintenant on peut pas vous parler de ces films, on les connait pas. TRILLAT : Qu'est ce que ça veut dire quand elle dit que ce cinéma avait pr but d'éduquer le peuple ? ça veut dire quoi éduquer le peuple ?
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MUEL : en qui on pouvait penser que tout ce qu'on pouvait montrer, tout ce qu'on lui disait pouvait lui servir à faire des films par la suite. TRILLAT : Il semblait être quelqu'un d'assez libre dans sa tête. Est qu'il a pu l'être dans son travail, je ne sais pas. Ce serait intéressant de le voir son travail. MUEL : Ce qu'on aurait vu comme risque pour lui, c'est de ne pas pouvoir rester en Angola, étant donné c'était un européen d'origine, on sait que ça n'a pas été toujours facile pour des intellectuels portugais de rester en Angola.
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Dans le cas de ce documentaire, ils essayent de faire connaître l'histoire. MUEL : Faire connaître aux jeunes générations l'histoire de ce qui s'est passé dans leur pays, 20 ou 30 ans avant, c'est quelque chose de positif. C'est un des rôles du cinéma effectivement. Ecrire l'histoire au jour le jour.
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TRILLAT : Ce qui est vrai qu'à l'époque, nous et aussi bien les gens qui travaillaient et les gens qu'on formait, on avait tous de grandes espérances sur ce qui allait arriver en Angola, mais en même temps on voyait bien les dangers, on voyait bien qu'il y avait des menaces sur l'avenir et on était pas sur de dont on rêvait pour l'Angola allait se produire. Il semble bien qu'on ait eu raison, qu'on ait été lucide. ça n'a pas été simple apparement, ça n'a pas été cette... explosion de liberté, d'invention, de créativité, tout ça.. j'ai l'impression que ça a été tué dans l'oeuf malheureusement. MUEL : Et il y a eu la guerre, TRILLAT : qui a empêché certainement bcp de choses, et quand j'entends dire que ça a duré 10 ans, de 75 à 85, donc si j'ai bien compris, le cinéma angolais est resté à l'état d'embryon, malheureusement, c'est vraiment dommage.
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TRILLAT : Je relevais tout à l'heure, la formule "former le peuple", c'est une formule qui me fait peur. Le rôle des cinéastes, je ne crois pas ce soit de former le peuple. MUEL : Former ça peut être formater. TRILLAT : ça peut être bourrer le crane, apprendre au peuple à être docile, discipliné, à faire ce qu'on attend de lui et pas autre chose. Au contraire, le peuple, les cinéastes comme les éducateurs aussi, on doit les pousser à être lui même, à s'inventer, à être créatif, même quand ça dérange. Toujours la même histoire. Quand on aide les gens à être eux-mêmes, on va obligatoirement arrivé à un moment, ou on va gêner les pouvoirs, car les pouvoirs ils veulent les têtes qui dépassent. Ils ont tous tendance, ils ont tous cette même tendance que les gens soient bien formatés, qui pensent bien, "penser bien", et on aime pas trop que les pensées du peuple soit en liberté. ça produit du désordre tout ça. Et nous, notre rôle de cinéastes, c'est le contraire, c'est d'une certaine manière, provoquer le désordre. Le désordre de la liberté, donc c'est toujours compliqué

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