ENSEMBLE POUR MIEUX VIVRE
© Ciné-Archives. Tous droits de reproduction ou de modification interdits.
En savoir plus
En savoir plus
- Réalisateur.ice.sBernard STORA
- Année(s)1977 précisément
- Lieu(x)Pantin (93)
- Durée00:22:00
- ColorationCouleur
- FormatFilm super 8
- SonSonore
Ce documentaire questionne les difficultés nouvelles rencontrées par la municipalité communiste à la fin des années 1970. La montée du chômage, la fermeture de nombreux sites industriels en première couronne parisienne et la persistance de la crise du logement sont ainsi abordées dans le film. Les plans alternent entre des remarques de jeunes pantinois, face caméra, et des commentaires qui y répondent, évoquant les projets mis en œuvre par l'équipe municipale. Des cadrages réguliers sur une fresque murale rythment ce documentaire réalisé par UNICITE, en lien avec l'atelier municipal audio-visuel.
Pantin est jusqu'au début du XIXe siècle une petite bourgade de maraîchers. La percée du canal de l'Ourcq sous l'Empire napoléonien signe le début de son développement industriel, encouragé aussi quelques décennies après par l'arrivée du chemin de fer reliant Paris à Strasbourg. L'expansion de Paris en 1860 la transforme en commune limitrophe de la capitale. Les grands espaces de terrains dont elle dispose favorisent une implantation industrielle rapide, avec l'arrivée de grandes usines comme la fabrique de fils de coton Cartier Bresson, les parfums Bourgeois, la blanchisserie Leducq, les Moulins Abel Leblanc ou l'industrie du tabac. Cela fait de Pantin un haut lieu ouvrier, dès le début de la IIIe République, avec plus de 3.000 ouvriers. De nouveaux quartiers se créent ex nihilo pour accueillir cette nouvelle population laborieuse, largement immigrée. C'est ainsi que se développe la zone des quatre chemins, dans des immeubles de rapport occupés par de nombreuses nationalités d'origine européenne. Ce développement rapide porte la ville à 32.000 habitants au début du XXe siècle. Les problèmes y sont nombreux : les logements sont exigus et souvent insalubres, les voiries et les équipements sont très insuffisants. La municipalité engage alors une politique hygiéniste, prolongée dans l'entre-deux-guerres par la nouvelle équipe municipale socialiste. L'assainissement de la ville, la mise en place de transports en communs et d'un éclairage public transforment la ville. Les équipements publics sont aussi une préoccupation municipale : Pantin dispose progressivement de nouvelles écoles, d'un stade, d'une piscine, d'une école de plein air à destination des familles ouvrières. Les premières colonies de vacances apparaissent, de même que les fêtes sportives (rendez vous municipal de gymnastique).
Les chantiers urbains se portent aussi sur le logement des pantinois. Si les premières HBM sont réalisées dans l'entre-deux-guerres, les Trente Glorieuses marquent le réel essor de la construction sociale. Le quartier de l'Eglise accueille 800 nouveaux logements, avec encore des carences en matière d'équipements sociaux, sportifs et culturels. La commune est alors dominée par les socialistes (à l'exception de la période 1949 – 1953, où le maire Marcel Eugène Leclerc est de sensibilité gaulliste). Dans les années 1950, une figure politique nouvelle émerge à Pantin, celle de Jean Lolive. Résistant, déporté, il obtient d'abord un mandat d'élu local, avant de conquérir un siège de député en 1958. L'année suivante, il rassemble autour de lui une large union de la gauche qui lui permet de conquérir la ville. Dès son arrivée, de nouveaux grands chantiers sont lancés, en particulier celui des Courtillières. L'architecte Emile Aillaud y prévoit 3000 logements, avec la construction de nombreux équipements de proximité. Les politiques sociales (colonies de vacances), sportives et culturelles se multiplient. Mort brutalement au cours de son second mandat, Jean Lolive est remplacé par Fernand Lainat au poste de premier magistrat de Pantin.
Après vingt ans d'expansion économique portée par les grandes industries pantinoises, le début des années 1970 marque un tournant pour la ville. La désindustrialisation est lancée : Motobécane, la Polymécanique ou la manufacture des tabacs ferment leurs portes. Le tertiaire remplace lentement l'activité industrielle, qui perd 2000 emplois en 1973, un millier l'année suivante, plus de 3000 emplois entre le milieu des années 70 et la fin de la décennie.
Les édiles de la ville se renouvellent à la même période. Jean Lolive décède dans l'exercice de ses fonctions en 1968, deux mois seulement après sa réelection comme député de la circonscription. À l'Assemblée, sa suppléante, Jacqueline Chonavel, lui succède. Maire de Bagnolet depuis 1959, elle avait été la première femme à accéder au fauteuil de maire d'une ville de plus de 30 000 habitants. Formée dans les écoles du Parti, elle avait gravi tous les échelons du PCF et occupa longtemps des responsabilités à l'UFF. À la mairie, Fernand Lainat prend la place de Jean Lolive. Employé RATP, il construit une nouvelle équipe municipale, avec Jacques Isabet comme premier adjoint – il deviendra maire de Pantin en 1977. Les projets municipaux s'inscrivent dans la continuité de ceux de Jean Lolive, avec une préoccupation nouvelle pour maintenir un tissu industriel et ouvrier, assise économique et sociale de la ville.
Lieux de consultation: Ciné-Archives, Archives Départementales de Seine-Saint-Denis, Forum des images
Pantin est jusqu'au début du XIXe siècle une petite bourgade de maraîchers. La percée du canal de l'Ourcq sous l'Empire napoléonien signe le début de son développement industriel, encouragé aussi quelques décennies après par l'arrivée du chemin de fer reliant Paris à Strasbourg. L'expansion de Paris en 1860 la transforme en commune limitrophe de la capitale. Les grands espaces de terrains dont elle dispose favorisent une implantation industrielle rapide, avec l'arrivée de grandes usines comme la fabrique de fils de coton Cartier Bresson, les parfums Bourgeois, la blanchisserie Leducq, les Moulins Abel Leblanc ou l'industrie du tabac. Cela fait de Pantin un haut lieu ouvrier, dès le début de la IIIe République, avec plus de 3.000 ouvriers. De nouveaux quartiers se créent ex nihilo pour accueillir cette nouvelle population laborieuse, largement immigrée. C'est ainsi que se développe la zone des quatre chemins, dans des immeubles de rapport occupés par de nombreuses nationalités d'origine européenne. Ce développement rapide porte la ville à 32.000 habitants au début du XXe siècle. Les problèmes y sont nombreux : les logements sont exigus et souvent insalubres, les voiries et les équipements sont très insuffisants. La municipalité engage alors une politique hygiéniste, prolongée dans l'entre-deux-guerres par la nouvelle équipe municipale socialiste. L'assainissement de la ville, la mise en place de transports en communs et d'un éclairage public transforment la ville. Les équipements publics sont aussi une préoccupation municipale : Pantin dispose progressivement de nouvelles écoles, d'un stade, d'une piscine, d'une école de plein air à destination des familles ouvrières. Les premières colonies de vacances apparaissent, de même que les fêtes sportives (rendez vous municipal de gymnastique).
Les chantiers urbains se portent aussi sur le logement des pantinois. Si les premières HBM sont réalisées dans l'entre-deux-guerres, les Trente Glorieuses marquent le réel essor de la construction sociale. Le quartier de l'Eglise accueille 800 nouveaux logements, avec encore des carences en matière d'équipements sociaux, sportifs et culturels. La commune est alors dominée par les socialistes (à l'exception de la période 1949 – 1953, où le maire Marcel Eugène Leclerc est de sensibilité gaulliste). Dans les années 1950, une figure politique nouvelle émerge à Pantin, celle de Jean Lolive. Résistant, déporté, il obtient d'abord un mandat d'élu local, avant de conquérir un siège de député en 1958. L'année suivante, il rassemble autour de lui une large union de la gauche qui lui permet de conquérir la ville. Dès son arrivée, de nouveaux grands chantiers sont lancés, en particulier celui des Courtillières. L'architecte Emile Aillaud y prévoit 3000 logements, avec la construction de nombreux équipements de proximité. Les politiques sociales (colonies de vacances), sportives et culturelles se multiplient. Mort brutalement au cours de son second mandat, Jean Lolive est remplacé par Fernand Lainat au poste de premier magistrat de Pantin.
Après vingt ans d'expansion économique portée par les grandes industries pantinoises, le début des années 1970 marque un tournant pour la ville. La désindustrialisation est lancée : Motobécane, la Polymécanique ou la manufacture des tabacs ferment leurs portes. Le tertiaire remplace lentement l'activité industrielle, qui perd 2000 emplois en 1973, un millier l'année suivante, plus de 3000 emplois entre le milieu des années 70 et la fin de la décennie.
Les édiles de la ville se renouvellent à la même période. Jean Lolive décède dans l'exercice de ses fonctions en 1968, deux mois seulement après sa réelection comme député de la circonscription. À l'Assemblée, sa suppléante, Jacqueline Chonavel, lui succède. Maire de Bagnolet depuis 1959, elle avait été la première femme à accéder au fauteuil de maire d'une ville de plus de 30 000 habitants. Formée dans les écoles du Parti, elle avait gravi tous les échelons du PCF et occupa longtemps des responsabilités à l'UFF. À la mairie, Fernand Lainat prend la place de Jean Lolive. Employé RATP, il construit une nouvelle équipe municipale, avec Jacques Isabet comme premier adjoint – il deviendra maire de Pantin en 1977. Les projets municipaux s'inscrivent dans la continuité de ceux de Jean Lolive, avec une préoccupation nouvelle pour maintenir un tissu industriel et ouvrier, assise économique et sociale de la ville.
Lieux de consultation: Ciné-Archives, Archives Départementales de Seine-Saint-Denis, Forum des images
Générique : « La municipalité de Pantin, l'atelier municipal audio-visuel présentent : ensemble pour mieux vivre ». La première et courte séquence introductive est placée sous le signe de l'enfance. La voix off rappelle la joie de l'enfance, le bonheur de vivre. Très vite, se pose en contradiction la situation de l'époque, avec la montée du chômage, la fermeture des usines et les difficultés rencontrées par les familles. L'objectif du film est donc de montrer les réalisations en faveur des pantinois, en particulier des jeunes, dans un contexte de crise.
Une jeune fille évoque les difficultés en matière de logement, pourtant essentiel à la vie quotidienne. En voix off, sur fonds d'images de la ville, le commentateur rappelle la persistance d'un parc de logements sans confort à Pantin : toilettes extérieures, manque de point d'eau, etc. et les difficultés des locataires à payer un loyer toujours plus onéreux. Le maire Fernand Lainat inaugure ensuite une nouvelle résidence square Stalingrad. La voix off rappelle l'exigence d'un réel « droit au logement », au même titre que le droit au travail ou à l'instruction. Des habitants évoquent cependant le niveau élevé des loyers dans les constructions neuves, qui renforce la précarité des locataires et les empêche d'aménager leur intérieur. Le documentaire pointe la responsabilité de l'Office HLM, qui n'est pas dirigé par la majorité communiste de la ville, du fait des règles de composition du Conseil d'administration (loi de 1963). Fidèle au discours communiste en matière de logement, le film rejette toute responsabilité de l'équipe municipale, dépeinte comme volontariste dans un contexte politique défavorable.
La scène suivante est de nouveau introduite par une jeune fille, qui souligne la place importante de l'immigration dans la ville. Le réalisateur abonde dans son sens, en évoquant les problèmes du foyer Marie Thérèse, foyer immigré surpeuplé, et l'effort de la mairie pour construire un nouveau lieu d'accueil.
Le chômage est au centre de la séquence suivante. Des scènes de manifestation sont filmées, avec en évidence la mobilisation des syndiqués de la CGT. La ville compte alors 1400 chômeurs. Plusieurs usines ferment dès le début des années 1970, comme Félix Potin ou Burroughs. La municipalité s'y oppose, souvent sans succès. Elle accuse également le gouvernement d'encourager cette désindustrialisation de la région parisienne (politique de la DATAR), au nom de la rentabilité du capital, d'opérations spéculatives sur le foncier et des stratégies des entreprises internationales (les usines américaines sont visées en particulier).
Le film se consacre ensuite à la question scolaire, introduite par l'inauguration du CES Lavoisier. Une institutrice signale le manque de moyens et des classes en sur-effectif, l'absence de remplacement des personnels en arrêt maladie. Un homme dénonce le maintien d'une forte reproduction sociale dans le milieu ouvrier. Le cas des Courtillières est particulièrement problématique, avec des enfants qui ne disposent pas de bonnes conditions d'étude (absence de repas équilibrés en dehors de l'école, conditions de vie peu favorables).
Le développement d'une politique culturelle et de loisirs pour les jeunes a été aussi un axe de travail de la mairie, avec un centre des loisirs, des ateliers de gymnastique, un cercle municipal des sports. On retrouve un discours traditionnel sur le sport de masse, avec près de 2000 inscrits à l'école municipale du sport. La politique culturelle a été mise à l'honneur, avec le Conservatoire de musique. L'objectif reste cependant d'en faire un lieu ouvert à toutes les catégories sociales. Une maison des jeunes est aussi ouverte à Pantin, même si la fréquentation reste faible.
Une courte séquence évoque la mise en place de foyers pour les personnes âgées, frappées par la précarité, les expulsions et le faible niveau de vie.
Le documentaire se termine sur les enjeux budgétaires. La municipalité, qui éprouve quelques difficultés financières, assume une hausse des impôts (12%) et des emprunts. Le réalisateur critique le poids croissant de la charge de la dette et de la TVA. Il incite la population à se mobiliser pour obtenir, avec les élus, les crédits nécessaires aux équipements, tout en défendant l'idée que des changements politiques plus profonds (changement de majorité) sont nécessaire pour répondre aux besoins. Fin du documentaire : « Réalisation UNICITE, 1977 »