DAT NÙOC TERRE ET EAU
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- Réalisateur.ice.sGérard GUILLAUME
- Année(s)1973 précisément
- Durée00:52:00
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 16 mm
- SonSonore
- CollectionUNICITÉ
Dat Nuoc est le premier volet, intitulé « Naissance d'une nation », d'un diptyque consacré l'histoire du Vietnam ; elle y est retracée des origines aux années 1920. "Esquisse pour un portrait politique, Ho Chi Minh" constitue sa seconde partie. Le film s'ouvre par la lecture en voix-off d'un poème vietnamien du XVe siècle intitulé « La pacification des Ngo » qui évoque la révolte du peuple vietnamien contre les Chinois ; à l'image, des femmes travaillent dans des marais salants. Apparaît ensuite N'Guyen Khac Vien, dont les propos ont été enregistrés à Hanoi en 1972. Filmé en plan serré avec une bibliothèque en arrière-plan, il reprend l'histoire du Viet Nam à ses origines. Celle-ci commence il y a 5000 ans avec la maîtrise du fleuve Rouge par divers travaux d'endiguement. Différents plans du fleuve illustrent le propos de N'Guyen Khac Vien pour qui la fondation de la nation vietnamienne vient « d'une part de la maîtrise de l'eau, de l'autre de la conquête de la terre ». Dat signifie d'ailleurs « eau » et Nuoc « terre », l'ensemble Dat Nuoc, « patrie ». Le deuxième élément constitutif est, pour N'Guyen Khac Vien, la lutte contre les agressions extérieures, c'est-à-dire au XIIIe siècle contre les Mongols. Après une séquence de théâtre traditionnel vietnamien intitulé « le général mongol », le récit historique se poursuit. Des gravures ou des dessins à l'encre accompagnent le propos ; c'est grâce à la résistance du peuple vietnamien, fédéré par son roi, que les Mongols sont chassés. « L'Histoire actuelle se répète mais à un niveau supérieur ». La mise en place d'une société féodale est ensuite retracée ; elle est fondée sur une opposition entre propriétaires et non-propriétaires avec au sommet un roi. C'est donc « une société de classes ». C'est dans ce contexte qu'émerge une poussée confucéenne qui remplace peu à peu le Bouddhisme. Cet événement est évoqué par un vieux sage dans le Temple de la Littérature. N'Guyen Khac Vien reprend ensuite la parole pour exposer le problème des paysans sans terre. La question des Mandarins, élite administrative du Vietnam féodal, est ensuite éclaircie par les deux historiens. Ils expliquent que les recalés des concours administratifs forment la classe des « Lettrés ». Un groupe de comédiens joue dans la cour du Temple de la Littérature une scène de théâtre.
La narration reprend ensuite. Dès les XVIe-XVIIe siècles, le « Capitalisme occidental » arrive avec les marchands et les missionnaires venus d'Europe. Pour N'Guyen Khac Vien, ce n'est qu'au 19e siècle, lorsque le capitalisme s'est senti assez fort, qu'il devient plus agressif contre le Vietnam. Dès 1858, l'armée française attaque et son avancée est facilitée par la décadence de la monarchie. Mais « immédiatement le peuple organise la Résistance » allant contre l'ordre du roi de cesser la lutte. De 1860 à 1900, cette résistance est le fait des Lettrés et prend la forme d'une guérilla. Une nouvelle scène de théâtre, intitulée « Le lettré lève l'étendard de la Révolte » sert d'illustration. Mais ces mouvements de résistance restent isolés localement ; ils n'ont pas de coordination à l'échelle nationale ; c'est ce qui fait leur faiblesse. N'Guyen Khac Vien évoque enfin la période 1900-1920. Les patriotes vietnamiens se scindent en deux tendances, les Réformistes et les partisans de la lutte armée. Ils ne constituent toujours pas un mouvement de masse et n'inquiètent donc pas le pouvoir français. Ce dernier mène une répression très dure, ce que montrent quelques photos. Finalement c'est une période d'impasse où la lutte vietnamienne est à la recherche d'un nouveau souffle.
Dat Nuoc est donc tourné et réalisé à la fin de la guerre du Vietnam. Pour ce faire, Gérard Guillaume est retourné au Vietnam afin de glaner images et témoignages. Le film est principalement construit autour de l'interview-fleuve du sociologue N'guyen Khac Vien. Gravures, photographies et images diverses servent d'illustration à son propos. À noter aussi l'utilisation de courtes séquences de théâtre traditionnel retraçant différents épisodes de l'histoire vietnamienne. Dat Nuoc fonctionne comme une justification à la cause vietnamienne, avec un sociologue qui joue comme caution scientifique. L'histoire est reconstruite afin de mettre en lumière l'idée d'une Nation vietnamienne fondée ancestralement. Son initiative populaire est largement soulignée. Il est de plus montré que cette nation s'est fédérée dans une résistance permanente aux envahisseurs, ce qui permet un parallèle implicite avec la lutte contre les Américains. Outre le point de vue très nationaliste, l'histoire vietnamienne est traitée sous un angle marxiste : la lecture de la société féodale vietnamienne se fait selon une répartition par classes. Coproduit avec le Service de recherche de l'ORTF, Dat Nuoc a sans doute été conçu pour une diffusion à la télévision.
Production : Unicité et Service de recherche de l'ORTF (dans la série « Un certain regard »)
Réalisation : Gérard Guillaume
Avec la participation de : N'Guyen Khac Vien (sociologue)
Assistante réalisation : Nadine Fisher
Opérateur prise de vues : Frédéric Variot
Opérateur prise de son : Alix Conte
Banc titre : Adrien Fortis
Mixage : N'Guyen Van Tuong
Montage : Janine Martin
Régie générale : Jean Lefaux
Lieux : Viet Nam, Hanoi, Fleuve Rouge
Mots Clé :
Viet Nam, Hanoi, Fleuve Rouge, Histoire, Théâtre, temple, comédien, Mandarin, lettré, Fleuve, digue, endiguement, Marais salants, Colonialisme, colonisation, décolonisation, indépendance, Guerre du Viet Nam
« Dat Nuoc. La terre et l'eau. Nguyen Khac Vien raconte. La terre arrachée à la mer. La terre défendue contre l'envahisseur. C'est d'abord l'histoire du Vietnam, de cette double lutte. C'est l'histoire du Vietnam vue par un vietnamien. L'interview sert de fil conducteur qui fait apparaître, en même temps que les événements particuliers, les anecdotes et les faits humains, leurs raisons profondes, les perpétuelles contradictions de classe, la dialectique. Cette lecture est passionnante, car elle montre à quel point la révolution se nourrit du passé, à quel point le communisme vietnamien a su s'appuyer sur les structures traditionnelles pour les faire progresser dans le sens des aspirations nationales. » (Catherine Humblot, Le Monde, 10 juin 1973)
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis
La narration reprend ensuite. Dès les XVIe-XVIIe siècles, le « Capitalisme occidental » arrive avec les marchands et les missionnaires venus d'Europe. Pour N'Guyen Khac Vien, ce n'est qu'au 19e siècle, lorsque le capitalisme s'est senti assez fort, qu'il devient plus agressif contre le Vietnam. Dès 1858, l'armée française attaque et son avancée est facilitée par la décadence de la monarchie. Mais « immédiatement le peuple organise la Résistance » allant contre l'ordre du roi de cesser la lutte. De 1860 à 1900, cette résistance est le fait des Lettrés et prend la forme d'une guérilla. Une nouvelle scène de théâtre, intitulée « Le lettré lève l'étendard de la Révolte » sert d'illustration. Mais ces mouvements de résistance restent isolés localement ; ils n'ont pas de coordination à l'échelle nationale ; c'est ce qui fait leur faiblesse. N'Guyen Khac Vien évoque enfin la période 1900-1920. Les patriotes vietnamiens se scindent en deux tendances, les Réformistes et les partisans de la lutte armée. Ils ne constituent toujours pas un mouvement de masse et n'inquiètent donc pas le pouvoir français. Ce dernier mène une répression très dure, ce que montrent quelques photos. Finalement c'est une période d'impasse où la lutte vietnamienne est à la recherche d'un nouveau souffle.
Dat Nuoc est donc tourné et réalisé à la fin de la guerre du Vietnam. Pour ce faire, Gérard Guillaume est retourné au Vietnam afin de glaner images et témoignages. Le film est principalement construit autour de l'interview-fleuve du sociologue N'guyen Khac Vien. Gravures, photographies et images diverses servent d'illustration à son propos. À noter aussi l'utilisation de courtes séquences de théâtre traditionnel retraçant différents épisodes de l'histoire vietnamienne. Dat Nuoc fonctionne comme une justification à la cause vietnamienne, avec un sociologue qui joue comme caution scientifique. L'histoire est reconstruite afin de mettre en lumière l'idée d'une Nation vietnamienne fondée ancestralement. Son initiative populaire est largement soulignée. Il est de plus montré que cette nation s'est fédérée dans une résistance permanente aux envahisseurs, ce qui permet un parallèle implicite avec la lutte contre les Américains. Outre le point de vue très nationaliste, l'histoire vietnamienne est traitée sous un angle marxiste : la lecture de la société féodale vietnamienne se fait selon une répartition par classes. Coproduit avec le Service de recherche de l'ORTF, Dat Nuoc a sans doute été conçu pour une diffusion à la télévision.
Production : Unicité et Service de recherche de l'ORTF (dans la série « Un certain regard »)
Réalisation : Gérard Guillaume
Avec la participation de : N'Guyen Khac Vien (sociologue)
Assistante réalisation : Nadine Fisher
Opérateur prise de vues : Frédéric Variot
Opérateur prise de son : Alix Conte
Banc titre : Adrien Fortis
Mixage : N'Guyen Van Tuong
Montage : Janine Martin
Régie générale : Jean Lefaux
Lieux : Viet Nam, Hanoi, Fleuve Rouge
Mots Clé :
Viet Nam, Hanoi, Fleuve Rouge, Histoire, Théâtre, temple, comédien, Mandarin, lettré, Fleuve, digue, endiguement, Marais salants, Colonialisme, colonisation, décolonisation, indépendance, Guerre du Viet Nam
« Dat Nuoc. La terre et l'eau. Nguyen Khac Vien raconte. La terre arrachée à la mer. La terre défendue contre l'envahisseur. C'est d'abord l'histoire du Vietnam, de cette double lutte. C'est l'histoire du Vietnam vue par un vietnamien. L'interview sert de fil conducteur qui fait apparaître, en même temps que les événements particuliers, les anecdotes et les faits humains, leurs raisons profondes, les perpétuelles contradictions de classe, la dialectique. Cette lecture est passionnante, car elle montre à quel point la révolution se nourrit du passé, à quel point le communisme vietnamien a su s'appuyer sur les structures traditionnelles pour les faire progresser dans le sens des aspirations nationales. » (Catherine Humblot, Le Monde, 10 juin 1973)
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis