D'AUTRES SONT SEULS AU MONDE
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- Réalisateur.ice.sRÉALISATION COLLECTIVE
- Année(s)1953 précisément
- Durée00:30:00
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 35 mm
- SonSonore
Description de « l'affaire Henri Martin », portrait hagiographique du jeune marin emprisonné pour son opposition à la guerre d'Indochine, et évocation de l'énorme effort de propagande déclenché pour sa libération. Après quelques vues de scènes et de paysages champêtres (moisson, vaches et moutons...) situant la jeunesse du quartier-maître et des plans du bagne de Melun où celui-ci est enfermé, une séquence fictionnelle (interprétée par la troupe des Pavés de Paris) reconstitue les moments-clés de son procès (en particulier l'aveu du quartier-maître Hemburger qui retire ses accusations de sabotage du Dixmude). La justification par Henri Martin (joué par Claude Martin) de son engagement permet une évocation de la seconde guerre mondiale (la trahison des dirigeants, les combats de la Résistance, les horreurs de la guerre, les persécutions antisémites, la libération des camps...).
Cette justification est aussi une introduction à une séquence documentaire -traumatique- sur la guerre d'Indochine (bombardement d'Haïphong par la flotte française, exode des populations civiles, napalm et flammes, barbarie coloniale...).
Après une séquence où l'on voit la famille de Henri Matin commenter les nouvelles qui lui sont adressées, la seconde partie du film est entièrement consacrée à la gigantesque bataille menée pour la libération du quartier-maître : prises de paroles dans les ports, les vignobles et les marchés, inscription à la craie et à la peinture de slogan exigeant sa libération (« Libérez Henri Martin », « Paix au Vietnam »), diffusion de tracts à la sortie des usines, lâchés de ballons, accrochages de banderoles, défilés avec pancartes, inaugurations de places et de rues Henri Martin, pétitions, ventes de brochures, prises de positions de personnalités artistiques et scientifiques (Frédéric Joliot-Curie, Roger Vailland, professeur Hadamard), représentation théâtrale des Pavés de Paris, contributions artistiques (bustes et toiles de Henri Martin par Fernand Léger, Pablo Picasso...), meeting des anciens résistants (à Bourges), débrayages dans les chantiers, les usines et les docks... Dans un port du sud de la France, le bateau d'un pécheur est baptisé du nom du marin emprisonné.
Parfois nommée « l'Affaire Dreyfus de la quatrième république », l'affaire Henri Martin révèle entre autres les capacités de mobilisation du Parti communiste français ainsi que son engagement contre la guerre d'Indochine.
Arrêté le 14 mars 1950, Henri Martin fut libéré le 2 aout 1953.
Interdit par la censure, D'autres sont seuls au monde fut saisi par le commissaire de Melun lors d'une projection militante en mars 1953.
Générique : « Un film réalisé par le Secours Populaire Français et les Comités de Défense Henri Martin. Réalisé grâce au concours et au dévouement de nombreux travailleurs, intellectuels, cinéastes.
Réalisation collective (dont Raymond Vogel et Claude Martin)
Poèmes de Paul Eluard et Louis Aragon
Acteurs : Claude Martin, et les acteurs de la troupe des Pavés de Paris
Opérateur : André Dumaître
Prises de vue : participation de Paula Neurisse
Responsable du service d'ordre sur le tournage : René Vautier
Intervenants : Maurice Thorez (sur l'Union Française).
Lieux et monuments : Rosières (monument au morts), Bagne de Melun, Paris (Arc de Triomphe, HBM, rue de Varennes, rue Alphonse Kaar, Sorbonne), Bourges
Personnalités : Général Revers, famille de Henri Martin, Frédéric Joliot Curie, Roger Vailland, Professeur Hadamard
Lieux, personnes et événements cités : Toulon, 23 novembre 1946 (bombardement d'Haïphong), Zola.
Film disponible en DVD dans le coffret <a href="https://www.cinearchives.org/Edition-DVD-Grands-Soirs-et-Beaux-Lendemains.-1945-1956_-le-cinema-militant-de-la-Liberation-et-de-la-Guerre-froide-827-6-0-0.html"><b>Grands soirs et beaux lendemains, 1945-1956 - Le cinéma militant de la Libération et de la Guerre froide</b></a>
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis, CNC
Cette justification est aussi une introduction à une séquence documentaire -traumatique- sur la guerre d'Indochine (bombardement d'Haïphong par la flotte française, exode des populations civiles, napalm et flammes, barbarie coloniale...).
Après une séquence où l'on voit la famille de Henri Matin commenter les nouvelles qui lui sont adressées, la seconde partie du film est entièrement consacrée à la gigantesque bataille menée pour la libération du quartier-maître : prises de paroles dans les ports, les vignobles et les marchés, inscription à la craie et à la peinture de slogan exigeant sa libération (« Libérez Henri Martin », « Paix au Vietnam »), diffusion de tracts à la sortie des usines, lâchés de ballons, accrochages de banderoles, défilés avec pancartes, inaugurations de places et de rues Henri Martin, pétitions, ventes de brochures, prises de positions de personnalités artistiques et scientifiques (Frédéric Joliot-Curie, Roger Vailland, professeur Hadamard), représentation théâtrale des Pavés de Paris, contributions artistiques (bustes et toiles de Henri Martin par Fernand Léger, Pablo Picasso...), meeting des anciens résistants (à Bourges), débrayages dans les chantiers, les usines et les docks... Dans un port du sud de la France, le bateau d'un pécheur est baptisé du nom du marin emprisonné.
Parfois nommée « l'Affaire Dreyfus de la quatrième république », l'affaire Henri Martin révèle entre autres les capacités de mobilisation du Parti communiste français ainsi que son engagement contre la guerre d'Indochine.
Arrêté le 14 mars 1950, Henri Martin fut libéré le 2 aout 1953.
Interdit par la censure, D'autres sont seuls au monde fut saisi par le commissaire de Melun lors d'une projection militante en mars 1953.
Générique : « Un film réalisé par le Secours Populaire Français et les Comités de Défense Henri Martin. Réalisé grâce au concours et au dévouement de nombreux travailleurs, intellectuels, cinéastes.
Réalisation collective (dont Raymond Vogel et Claude Martin)
Poèmes de Paul Eluard et Louis Aragon
Acteurs : Claude Martin, et les acteurs de la troupe des Pavés de Paris
Opérateur : André Dumaître
Prises de vue : participation de Paula Neurisse
Responsable du service d'ordre sur le tournage : René Vautier
Intervenants : Maurice Thorez (sur l'Union Française).
Lieux et monuments : Rosières (monument au morts), Bagne de Melun, Paris (Arc de Triomphe, HBM, rue de Varennes, rue Alphonse Kaar, Sorbonne), Bourges
Personnalités : Général Revers, famille de Henri Martin, Frédéric Joliot Curie, Roger Vailland, Professeur Hadamard
Lieux, personnes et événements cités : Toulon, 23 novembre 1946 (bombardement d'Haïphong), Zola.
Film disponible en DVD dans le coffret <a href="https://www.cinearchives.org/Edition-DVD-Grands-Soirs-et-Beaux-Lendemains.-1945-1956_-le-cinema-militant-de-la-Liberation-et-de-la-Guerre-froide-827-6-0-0.html"><b>Grands soirs et beaux lendemains, 1945-1956 - Le cinéma militant de la Libération et de la Guerre froide</b></a>
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis, CNC
1. Qui est Henri Martin ? : Début de la musique sur fond noir (thème musical sera réutilisé en 1953 dans Fête de l'Huma).
Titre : D'autres sont seuls au monde (signé Paul Eluard), en sur impression du gros plan en contre-plongée d'un mirador du bagne de Melun (?).
Le générique indique que le film a été réalisé "grâce au concours et au dévouement de nombreux travailleurs intellectuels, et cinéastes".
Plan d'ensemble et panorama d'un champ de blé, de moissonneurs au travail. Passage d'un troupeau de moutons, une fermière dans une basse-cour évoque la région d'origine d'Henri Martin. La tranquillité du lieu est mise en parallèle avec le souvenir des guerres passées et la menace d'un nouveau conflit. Le commentaire est accompagné d'un gros plan d'un monument aux morts de 1914/1918.
Plan d'ensemble de la prison, en off : "il n'a pas tué, il n'a pas volé. Le second maître de la Marine, Henri Martin a seulement osé dire non à la guerre".
La caméra transportée en bateau s'approche de la façade du bagne et longe de haut mur. En off, une voix relaye celle du mutin : "(...) Je suis resté à terre. À terre et dans une prison, pour avoir seulement refusé de me taire, pour avoir simplement raison contre la guerre". Propos accompagné d'un long travelling de la façade et des fenêtres des cellules.
La voix off, explique que "Henri Martin est enfermé (...) pour avoir écrit et diffusé des tracts contre la guerre d'Indochine. Il a dénoncé ce qu'il savait. La vérité "
Panorama sur une fresque sculptée illustrant un massacre suivi d'une série de plans de soldats et marins français lors d'un défilé et de divers plans de la flotte française en action. La séquence dénonce l'engagement français en Indochine : "Vous nous parlez de patrimoine national, mais c'est pour vos millions que vous sacrifiez nos vingt ans".
LIEUX : Melun
Descripteurs : travailleur / GUERRE / exploitation agricole / bateau / GUERRE D'INDOCHINE / patrimoine / soldat
2. Le procès, la condamnation : Série de gros plan d'Henri Martin en uniforme, lors de son procès.
Début de la reconstitution théâtrale du procès du " marin de la paix ". Henri Martin joué par (?) est face à ses juges (identifier les comédiens) et répond à leurs questions. Évocations de : l'appel aux dockers lancé par un groupe de marins à l'initiative d'Henri Martin. Le tribunal veut établir "la manipulation " d'Henri Martin par l'extérieur. Henri Martin conteste longuement le bien fondé de la guerre d'Indochine.
Suite de la reconstitution du procès avec l'entrée en scène du Quartier-Maître Hamburger (orthographe à vérifier). Il revient sur son accusation contre Henri Martin qu'il prétendait être co-auteur d'un sabotage.
Un groupe de marins discutent des motifs de l'affaire Martin. Que lui reproche t-on s'interrogent-ils : "D'avoir dit ce que nous avons tous vu en Indochine". L'un d'eux témoigne avoir "abattu sept vietnamiens sur ordre, le 21 janvier 1946 ".
Le comédien dans le rôle d'Henri Martin, reprend sa défense. Il est filmé de profil en gros plan : "je suis toujours prêt à donner ma vie pour mon pays, mais c'était de mon devoir de crier mon indignation contre la guerre qu'on nous fait mener au Vietnam. Et si on me traîne aujourd'hui devant un tribunal, c'est que ceux qui dirigent mon pays le trahissent comme pendant l'occupation ".
Drapeaux nazis en gros plan puis explosion, bombardements, maisons en feu et nombreux plans de victimes. " Ils nous ont dit tous à genoux. Les plus forts iront chez nous. Ils ont jeté les uns au bagne, pris les autres pour l'Allemagne". Plans : trains de déportés, étoile Jaune, déportés.
Évocation de la résistance : sabotage de voies, de pont, d'usine. Groupe de maquisards, combats. En off, et illustrée par des images d'arrestations et de la fuite des Allemands, la voix fait parler Henri Martin : " A 17 ans, je combattis les armes à la main. J'aimais mon pays de toutes mes forces (...). ".
Libération "c'est le printemps d'un monde nouveau qui chante dans toutes les langues : justice et fraternité". Plan d'ensemble libération d'un camp puis série de plan d'ensemble de foules. En off "un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être un peuple libre" (Aragon ?).
Plan de Maurice Thorez lors d'une intervention publique (son non synchro ; rechercher origine intervention; il s'agit sans doute du son seul intitulé "DISCOURS DE MAURICE THOREZ POUR LA LIBERTÉ DES PEUPLES COLONIAUX" et daté de 1950 - Ces plans "estivaux" sont liés à des plans hivernaux de foules d'origines forcément diverses) : "c'est à l'union libre, confiante et fraternelle des anciens peuples coloniaux et du peuple de France que nous devons tendre et non pas au maintien plus ou moins camouflé d'un système colonialiste barbare et rétrograde que répondent le cœur et la raison".
L'engagement de Henri Martin en Indochine expliqué sur fond de plans d'une armada de bâtiments de guerre faisant route au rythme du thème musicale : La carmagnole.
La voix off, relaye le récit d'Henri Martin : "le 23 novembre 1946, j'étais devant Haiphong ". S'appuyant sur des plans de combats maritimes, il dénonce l'agression contre des "hommes reconnus libres le 6 mars à Fontainebleau".
Fuite d'enfants, victimes, cérémonies funéraires, agression de villages (en feu), nombreuses explosions. Le commentaire note qu'il y a eu 6000 tués et établit un parallèle entre les résistances vietnamienne et françaises. Une courte séquence montre des soldats français suivant un cercueil. Henri Martin raconte (toujours relayé par la voix off) "qu'en un an le cimetière militaire est passé de 12 tombes à 300". Il demande "Pour qui et pourquoi ?".
Plans aériens de bombardiers en action. Les bombes s'abattent et explosent sur le sol. Le napalm brûle violemment et nourrit l'exode - comme sur nos routes en 1940.
Bancs-titres de photos d'otages vietnamiens, de têtes coupées qu'un homme exhibe, de victimes torturées, massacrées. En off : "notre constitution affirme que la France n'entreprendra jamais de guerre contre la liberté d'aucun peuple. Alors, qui manque à ces engagements messieurs les juges, qui change d'attitude, qui démoralise l'armée ? Le commentaire annonce qu'à Toulon, deux juges ont acquitté Henri Martin mais que cinq autres l'ont condamné à cinq ans de bagne.
INTERVENANTS : THOREZ (Maurice)
LIEUX : Haiphong
Descripteurs : bombardement / fraternité / union / LIBÉRATION / RÉSISTANCE / docker / Allemagne / liberté / drapeau / GUERRE D'INDOCHINE / victimes / drapeau / nazi / déportation / Constitution / procès / soldat
3. Mobilisation pour la libération d'Henri Martin : Plan d'ensemble de la façade du bagne de nuit. Plan rapproché sur les fenêtres des cellules illuminées, accompagnent la description des conditions de détention du "patriote".
En off, "bruits de bottes". Le commentaire dénonce le "bon traitement" réservé aux anciens nazis. - Plans de défilés de la Wehrmacht - qu'il met en parallèle avec le drame vécu par la famille d'Henri Martin. Gros plan de son père puis de sa mère.
En off "nous ne laisserons pas faire cela. Nous ne laisserons pas défigurer par l'injustice, la France des libertés (...)". Plan rapproché d'orateurs (anciens combattants). Succession de plans de groupes d'ouvriers sur des chantiers, dans des usines ; des paysans dans les vignes ; un pêcheur qui baptise son bateau Henri Martin, illustrent la montée de la mobilisation pour la libération du mutin.
L'exigence de libération s'écrit sur les rues, est peinte sur les murs - Trocadéro à Paris - ; de nombreuses banderoles sont installées sur des avenues, sur les voies du métro, s'envolent, portées par des ballons. "Chacun agit à sa manière dit le commentaire" Il annonce la tournée permanente d'un spectacle de théâtre. Le spectacle est suivi par des mères de familles et leurs bébés, des couples d'amoureux, des personnes de tous âges.
Un ouvrier distribue un tract sur fond d'une sirène d'usine. La voix off annonce la création de comité. Distribution de tracts dans différents lieux accompagnée du poème : " Quand les blés sont sous la grêle. Fou qui fait le délicat. Fou qui songe à ces querelles". Plans successifs et cut d'hommes et de femmes signant les listes de pétitions. "Je signe, je signe, nous signons pour Henri Martin", déclame la voix off.
Délégation se rendant à l'Assemblée Nationale.
Baptême de rues parisiennes au nom d'Henri Martin.
Plan d'ensemble de cortèges et du rassemblement de Bourges. Nombreux portraits et banderoles.
Gros plan et bancs-titres des portraits du "marin de la paix" sculptés ou peints par de nombreux artistes dont Picasso.
Illustration par des bancs-titres d'articles de presse de la diversité des origines des soutiens à Henri Martin : le Professeur Labrousse, un député du M.R.P, des ecclésiastiques, des écrivains, des publicistes. Gros plan du mathématicien, Jacques Hadamard, sa déclaration est reprise en off "survivant de l'affaire Dreyfus, je me sentirais coupable envers la mémoire de Jaurès, d'Anatole France et de Zola si je restais muet devant la condamnation d'Henri Martin". Évocation de l'engagement des intellectuels sur un gros plan de Roger Vaillant puis de Joliot-Curie.
Le cortège d'une manifestation surgit d'une rue, banderole en tête "Libérez Henri Martin". Le slogan est repris en son direct. Successions de plans de diverses manifestations, des grèves - l'une est lancée par le coup de sifflet d'un ouvrier d'un atelier et en off "que deviendraient les libertés arrachées unes à unes depuis l'aube des temps, inscrites dans les droits de l'homme, au fronton de la République si l'on restait indifférent devant la menace du bagne planant sur tous ceux qui diraient que la paix soit avec vous".
Quittant leurs usines, leurs ateliers, des cortèges se forment avec en tête des calicots " paix au Vietnam", des Portraits et des fresques. Ils semblent converger.
Le commentaire s'assombrit tandis qu'à l'écran apparaissaient en gros plan les visages des parents "du bagnard". Nous apprenons qu'il est malade". Retour à proximité des murs du bagne. Travelling rapide sur un cimetière militaire (très utilisé dans les films du fond). Le commentaire lance un appel , "il a risqué sa vie pour tout un peuple. Libérez Henri Martin".
Grandes manifestation nocturne aux flambeaux
Texte : "d'autres ont seuls au monde. : ceux qui font les guerres. Moi, je vois mon horizon : une foule sans peur qui lutte et qui espère.
Demain, les bateaux s'en iront vers la lumière.
Sur impression de portraits de Henri Martin - dont celui dessiné par Picasso - sur des plans d'ensembles de foules.
FIN sur un banc-titre d'une photographie d'Henri Martin.
LIEUX : Paris / Bourges
PERSONNES ÉVOQUÉES : PICASSO (Pablo) / HADAMARD (Jacques)