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Catalogue
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CHANGER NOTRE VIE

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Ce film de fin 1977 est composé d’une succession de portraits, de témoignages de femmes qui racontent leur vie quotidienne, leurs craintes suite à la rupture de l’Union de la gauche mais aussi leurs espoirs.
Huit femmes sont interviewées par la réalisatrice Michèle Gard. Parmi ces femmes, trois sont chômeuses ou actuellement sans emploi (pour cause de maternité dans l’exemple de Lydie). Celles qui travaillent touchent en moyenne 2 200 francs par mois. Toutes ont été confrontées à la difficulté de trouver un travail, de le garder.

Brigitte a 19 ans. Titulaire d’un CAP d’aide comptable et d’un BEP de comptable mécanographe, elle est au chômage sans avoir jamais travaillé auparavant. Elle réclame une indemnité pour les jeunes chômeurs afin qu’ils puissent chercher un emploi dans des conditions convenables. En effet, chercher un travail occasionne des frais, de déplacement notamment, pour se rendre aux entretiens (et les transports coûtent chers, d’autant plus quand on a peu ou pas d’argent). La jeune femme explique qu’elle n’a pas choisi le métier qu’elle aurait aimé exercer, étant victime de discrimination au profit du sexe masculin (elle souhaitait faire des études de dessin industriel mais le directeur de l’établissement où elle étudiait alors réservait les places aux garçons). Brigitte affirme que contrairement à ce que beaucoup pensent, les femmes devraient travailler pour être libre, “se sentir mieux dans [leur] peau” et être l’égale de l’homme. Enfin, elle évoque les moyens de contraception et en particulier la pilule, avancée réelle pour les femmes qui peuvent choisir ou non d’avoir un enfant, quand elles le souhaitent. En contre exemple, Brigitte évoque sa maman qui n’a jamais travaillé ayant eu onze enfants dont elle devait s’occuper.

Le deuxième portrait est celui de Claudine et de ses collègues Martine, Yvette et Gisèle, toutes ouvrières à l'usine d’équipements téléphoniques Ericsson à Colombes. Elles reviennent sur leur lutte - suite à l'absorption d’Ericsson par Thomson en juin 1976 - pour éviter que les ateliers de production ne soient déménagés à Cergy-Pontoise, à 30 kilomètres de Colombes. Elles s'expriment également sur la question de la nationalisation des entreprises. Elles pensent que la nationalisation d’Ericsson leur amènerait de meilleures conditions de travail et plus de libertés. Elles évoquent enfin le peu de place pour les loisirs dans leur vie quotidienne, le peu de temps libre qui leur est alloué étant utilisé pour effectuer des taches domestiques, leurs maris ne les aidant pas pour cela. Elles demandent également plus de liberté d’expression pour les femmes à l’intérieur de l’entreprise.

Lydie est interviewée dans la maternité où elle vient de mettre au monde des jumeaux. Désormais mère de cinq enfants, elle vit dans un trois pièces et dénonce l'absence de politique sociale du 15e arrondissement à Paris notamment pour les femmes qui travaillent. Elle explique ses difficultés à trouver une crèche pour ses trois plus jeunes enfants et ajoute qu’elle devra bientôt reprendre son travail si elle ne veut pas perdre sa place.
Louisette est maître assistant : elle enseigne tout en faisant de la recherche dans le domaine de la métallurgie physique. Elle fait part de ses difficultés pour obtenir un poste de professeur en raison de son sexe, d’une part, et du blocage des postes, d’autre part.

Eliette, ouvrière (OS) au LTT à Conflans-Sainte-Honorine, est enceinte. Elle vit très loin de son usine, dans un comble aménagé avec son mari qui est au chômage. Elle espère que son usine sera nationalisée, comme cela était prévu dans le Programme commun avant la rupture de l’Union de la gauche. Elle songe à rejoindre le Parti communiste, parti qui est le plus proche de ses idées.

Françoise a 20 ans et travaille aux chèques postaux, à Montparnasse. Comptable de formation, mais ne trouvant pas d’emploi dans cette branche, elle a passé le concours des postes afin de s’assurer un travail. Elle aimerait que le travail ne soit plus abrutissant et que les écarts de salaires entre les ouvriers et les cadres soient moindres.
Michèle est agent de bureau et son mari vient tout juste de retrouver un emploi après une longue période de chômage. De ce fait, le couple a eu des difficultés financières les deux dernières années et il a été victime de tentatives de saisies de ses biens pour régler ses impayés. Michèle évoque la solidarité des camarades et des élus qui, tous ensemble, ont empêché la saisie.

Enfin, Andrée, secrétaire de formation, a choisi d’être mère au foyer car travailler lui coûterait plus cher. Elle raconte les sacrifices qu'elle fait pour ses trois enfants, pour qu’ils puissent manger à leur faim des produits sains et frais tels que des légumes et de la viande. Elle évoque les enfants mal nourris, les difficultés de remboursement de la Sécurité sociale mais également la solidarité entre les ouvriers dans sa cité. Elle voudrait que « tout » change. Le film s'achève sur ses paroles : « Mais la pauvreté, il paraît qu'elle n'existait plus ».

Les entretiens sont menés par la réalisatrice Michèle Gard, hors-champ. Les interviewées sont filmées chez elles ou devant leur lieu de travail. Un morceau d’opéra sert de lien, de fil rouge, entre les portraits.

Réalisation : Michèle Gard
Personnalités : Georges Marchais (mentionné), Michel Rocard (mentionné)
Lieux : Colombes, Paris 15e arr., Conflans-Sainte-Honorine
Cartons : « Brigitte » ; « Claudine, Martine, Yvette, Gisèle » ; « Lydie » ; « Louisette » ; « Eliette » ; « Françoise » ; « Michèle » ; « Andrée » ; « Changer notre vie »
Musique : oui, musique classique (opéra) entre les portraits
Mots-clés : femme, condition féminine, ouvrière, travail, chômage, logement, études, discrimination, contraception, nationalisation, Programme commun, union de la gauche


Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images.
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Affiche visage de femme et texte “Changer notre vie”. Musique d’opéra en fond (voix de chanteuse lyrique).
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Brigitte ------ Brigitte est filmée chez elle. Elle habite dans un appartement, dans une tour d’immeubles. Brigitte a 19 ans et est au chômage. Elle a un CAP d’aide comptable et un BEP de comptable mécanographe. Elle n’a jamais travaillé. De ce fait, elle ne touche rien mais va pointer quand même pour avoir le droit à la Sécurité sociale. Brigitte évoque les dépenses (notamment transports) pour se rendre aux entretiens. Elle regrette qu’il n’y ait aucune aide pour les jeunes chômeurs n’ayant jamais travaillé. Elle explique qu’elle n’a pas choisi son métier. Elle aurait aimé faire du dessin industriel mais le directeur de son école lui a dit que c’était réservé aux garçons. De ce fait, elle a été orientée vers la comptabilité. Elle évoque le fait que certains postes sont prioritairement destinés aux garçons, la femme ne devant pas travailler pour beaucoup de personnes. Or, elle pense le contraire : la femme devrait travailler pour être libre, “se sentir mieux dans sa peau”, pour être l’égale de l’homme. Brigitte raconte que sa mère n’a jamais travaillé, qu’elle n’aurait pas pu étant donné qu’ils sont onze enfants (sa mère n’ayant eu aucun moyen contraceptif). Brigitte dit qu’elle prend la pilule pour ne pas avoir d’enfant “pour l’instant”. [Arrêt image et reprise de la musique.]
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EXT. Vue sur l’usine Ericsson depuis une voiture circulant sur le périphérique. La voix féminine de la réalisatrice Michèle Gard, hors-champ, explique que “chez Ericsson, à Colombes, on fabrique des équipements téléphoniques. Les ouvrières, principalement des soudeuses, sont formées sur le tas.” La formation est rapide. “Au bout de deux ans de travail, sur la feuille de paye, une base fixe de 1800 francs à laquelle s’ajoute le rendement, ce qui porte le salaire moyen à 2 200 francs par mois.”
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Claudine, Martine, Yvette, Gisèle ------ Cinq femmes autour d’une table. À la question “Est-ce que votre travail vous plaît ?”, l’une, Claudine, répond que “Oui, sans le rendement.” Une autre ajoute qu’il y a eu des luttes contre ce principe, qu’elles ont obtenu plus de garanties mais qu’il faut se méfier de la direction qui exerce des pressions.
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Photographies de femmes, de manifestation de femmes portant des pancartes sur lesquelles on peut lire “Contre le démantèlement de la société Ericsson”, “Halte au démantèlement chez Ericsson”. Michèle Gard explique qu’en juin 1976, Thomson absorbe Ericsson. Les conséquences sont nombreuses : suppression de l’échelle mobile, blocage de l’embauche, encouragement à 400 démissions et préretraites, décision de transférer les ateliers de production à Cergy-Pontoise, à 30 kilomètres de Colombes. La direction se heurte alors à un refus des ouvrières qui ne veulent pas aller à Cergy. La direction entame une procédure de licenciement à l’encontre de 200 d’entre elles que l’inspection du travail refuse. La direction en réfère alors au ministère du travail ; le conflit dure depuis neuf mois.
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Une femme explique qu’elle n’est pas d’accord pour aller à Cergy car c’est trop loin et que ça ne laisse plus le temps de rien faire (elle évoque ici les tâches domestiques et le ménage). Une autre femme évoque la difficulté de laisser sa fille toute seule plus de dix heures par jour, la fatigue qui a des incidences sur l’humeur et la vie de famille : “Pourquoi vivre à ce moment là ?” À la question “Qu’apporterait la nationalisation d’Ericsson ?”, Claudine évoque plus de libertés pour les travailleurs, plus de distractions, de détente, de loisirs. Actuellement, peu de place pour les loisirs pour ces femmes qui occupent leur week-end à effectuer des tâches domestiques, leur mari ne les aidant pas dans l’ensemble. Une autre femme explique que le travail est au coeur de la vie et qu’il faudrait plus de facilités pour la garde des enfants, les transports. À plusieurs reprises, Michèle Gard demande aux femmes qui ne se sont pas encore exprimées si elles partagent l’avis de leurs collègues ce à quoi elles répondent par l’affirmative. Une femme demande plus de liberté d’expression pour les femmes à l’intérieur de l’entreprise. Le travail des femmes est encore considéré comme un travail d’appoint pour beaucoup. Derrière Claudine, une affiche du PCF en faveur du Programme commun est épinglée sur le mur. Claudine précise qu’elle travaille par besoin, pas par plaisir, le salaire de son mari ne suffisant pas à faire vivre le ménage. Elle ajoute qu’en plus d’être OS, elle fait des ménages afin de permettre à ses enfants de suivre les études qu’ils souhaitent pour exercer le métier de leur choix. [Arrêt image et reprise de la musique.]
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Lydie ------ Lydie est à la maternité, elle vient d’accoucher de jumeaux. Elle explique qu’elle a eu trois enfants dont l’un est mort à cause d’une négligence de la nourrice. Par la suite, elle a eu un autre enfant qu’elle a mis chez une nourrice agréée. Elle a également pris un congé qui a été mal vu par son employeur. Comme cet enfant avait sept ans de moins que les aînés, elle a souhaité en avoir un autre mais a eu des jumeaux ce qui lui fait cinq enfants en tout. Lydie constate que la politique municipale dans le 15e arrondissement de Paris n’est pas adaptée aux femmes qui travaillent. Elle évoque également le problème du logement. Elle vit avec son mari et ses enfants dans un appartement de trois pièces comprenant un salon qui sert de chambre à coucher pour les parents, une salle à manger et une chambre pour les trois premiers enfants. Elle est au 4e étage d’un immeuble sans ascenseur. Lydie est contrainte de continuer à travailler. Elle a beaucoup de difficulté à trouver une crèche pour ses trois derniers enfants. De plus, elle ne peut pas prendre un congé supplémentaire car elle risquerait de perdre sa place. La voix féminine de Michèle Gard, hors-champ, donne des chiffres sur la situation actuelle en France : il y a 900 000 enfants de moins de trois ans dont la mère travaille et seulement 40 000 places disponibles dans les crèches.
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Louisette ------ EXT. Louisette est chercheur (“chercheuse”) scientifique. Elle est maître-assistant : elle fait de l’enseignement et de la recherche dans le domaine de la métallurgie physique (étude de la structure interne des métaux). Elle aimerait être professeur mais cela est difficile en raison de son sexe, d’une part, et du blocage des postes, d’autre part (pour un poste débloqué, il y a 100 candidatures). En tant que femme, il a fallu qu’elle se batte pour arriver à son niveau.
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Eliette ------ EXT. Vue sur l’entrée de l’usine LTT. Eliette est OS au LTT, vérificatrice à la câblerie. Elle est enceinte. Elle habite à 12 kilomètres de l’usine, dans un comble aménagé (“un grenier”) : pas de salle de bain, wc sur le palier, un seul conduit de cheminée pour les trois pièces dont une sans fenêtre, pas d’isolation (contre-plaqué). Son mari, poseur en serrurerie sur les chantiers, est actuellement au chômage. Il a été licencié pour raisons économiques. Michèle Gard lui demande ce qu’elle aimerait qui change. “Tout” répond Eliette, mais l’assurance de l’emploi en premier lieu. Elle ressent une insécurité à ce sujet et précise que les femmes sont les premières à être touchées. D’après le Programme commun, LTT est une filiale de Thomson qui serait nationalisée. Eliette évoque la visite de Michel Rocard, maire de Conflans-Sainte-Honorine, à l’usine qui avait confirmé que LTT serait nationalisée. Or, depuis sa visite, il y a eu rupture de l’Union de la gauche. Malgré la demande des ouvriers de LTT à Rocard de réaffirmer son engagement, les salariés n’ont pas eu confirmation que la nationalisation serait bien maintenue. Eliette est déçue par la rupture de l’Union de la gauche. Elle estime que ce n’est pas au PCF de faire des concessions. Elle précise qu’elle n’est pas communiste mais qu’elle songe à prendre sa carte car c’est le parti qui est le plus proche de ses idées.
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Françoise ------ Françoise a 20 ans et travaille aux chèques postaux, à Montparnasse. Elle gagne environ 2 200 francs. Elle est comptable de formation mais n’a jamais exercé ce métier : elle a passé de nombreux entretiens mais les employeurs la trouvaient trop jeune et ne l’ont pas recrutée pour cette raison. Elle a donc passé le concours des postes qu’elle a réussi, afin d’avoir un emploi. Françoise aurait aimé faire des études littéraires pour être professeur d’histoire ou de français. Michèle Gard lui demande si elle a une question ou quelque chose à dire à Georges Marchais. Françoise répond qu’elle lui demanderait ce qui peut changer pour qu’il n’y ait plus d’aussi grosses différences entre les salaires des ouvriers et des cadres, pour que le travail ne soit plus abrutissant, que tout le monde puisse avoir “une petite maison pour soi” et qu’il n’y ait plus de logements insalubres.
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Michèle ------ Michèle est dactylo, agent de bureau, titulaire. Elle gagne 2 300 francs. Elle est mariée et a une fille de 14 ans. Elle est interviewée dans son appartement, assise à une table. Son mari a alterné périodes de travail et de chômage pendant deux ans. Il a désormais un travail fixe mais le couple a accumulé des dettes. Ils ont eu des menaces de saisies de leurs biens mais grâce à l’aide des camarades communistes et des élus qui sont venus leur prêter main forte, la saisie a pu être empêchée. Deux de ses amies sont assises à ses cotés. L’une d’elles témoigne de la violence des saisies.
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EXT. Musique classique en fond sonore. Panoramique sur une cité : parking, immeubles. Voix off de Michèle Gard : “Dans cette cité habitent 600 familles. Tout y est électrique. Au mois d’octobre dernier sont arrivées 400 menaces de coupure d’électricité.”
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Andrée ------ Andrée est interviewée dans son appartement. Elle est mariée à un ouvrier ; ils sont trois enfants. Secrétaire de formation, elle a décidé de rester à la maison car travailler lui coûtait plus cher. Elle explique que malgré ses ressources modiques, elle cuisine des légumes pour ses enfants afin qu’ils soient en bonne santé, son mari et elle se contentant de féculents (riz, pâtes, etc.). Elle précise qu’elle n’est pas la plus à plaindre car elle arrive à acheter de la viande pour ses enfants, ce qui n’est pas le cas de plusieurs autres personnes de sa connaissance. Elle évoque la solidarité ouvrière dans l’immeuble, notamment lors de saisie ou de coupure de courant. Andrée souhaite que tout change et en premier lieu qu’on arrête de prendre les ouvriers pour des malhonnêtes. Elle évoque ensuite les difficultés rencontrées concernant les remboursements de la Sécurité sociale. Elle parle ensuite de son goût pour la musique, le piano en particulier.
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Arrêt image et fondu sur l’affiche qui ouvre le film (visage de femme et texte “Changer notre vie”).

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