BILAN UN AN APRES LE DEPART DU GOUVERNEMENT DES MINISTRES COMMUNISTES
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- Sous-titreSÉRIE "EXPRESSION DIRECTE"
- Réalisateur.ice.sRaoul SANGLA
- Année(s)1985 précisément
- Durée00:11:00
- ColorationCouleur
- FormatUmatic
- SonSonore
"Expression directe" avec André Lajoinie, le 13 septembre 1985.
Un an après le départ des ministres communistes, bilan d'un espoir déçu. Ces derniers sont partis en 1984 pour n'avoir pu infléchir la politique d'austérité adoptée par le gouvernement Mauroy à partir de 1983. Outre l'interview d'André Lajoinie, le reportage est illustré par l'intervention de Michel DAUBA, de la Fédération PCF du Lot, de Daniel LACROIX, ouvrier à la Régie Renault et d’Alain BOCQUET. En alternance, des cartons appuient les chiffres cités.
André LAJOINIE reproche au gouvernement socialiste sa politique d'austérité. Il rappelle que les ministres communistes ont lutté contre celle-ci sans faire plier le gouvernement et c'est pourquoi ils se sont retirés.
Plusieurs cartons chiffrés résument la situation : le chômage, les licenciements économiques, le pouvoir d'achat.
Michel DAUBA déplore que l'industrie n'ait pu être modernisée et l'économie redressée.
Daniel LACROIX, secrétaire de la section PCF de Renault-Billancourt dément que les 21.000 licenciements prévus par la régie soient justifiés, d'autant plus que celle-ci investit de gros moyens financiers aux Etats-Unis et en Afrique du Sud. Il parle des initiatives engagées pour mobiliser les travailleurs.
Alain BOCQUET démontre qu'il est possible de faire autrement en prenant pour exemple le train à poutrelles d'Unimétal à Trith-Siant-Léger, laminoir le plus moderne d'Europe.
Pour André LAJOINIE les gens viennent de faire des expériences dont il faut tirer les leçons : faire autrement que la politique d'austérité, employer d'autres solutions pour faire reculer le chômage et maintenir le pouvoir d'achat.
L'émission « Expression Directe » est une case de programmation réservée à l'expression des partis politiques français sur les chaînes de la télévision publique. Chaque parti dispose de moyens et d'un budget attribués par l'Etat pour la préparation de ces émissions dont la réalisation lui appartient en propre. A l'origine, elles duraient en moyenne un quart d'heure et étaient diffusées aux heures de grande écoute.
Personnalités : LAJOINIE André, DAUBA Michel (Fédération PCF du Lot), LACROIX Daniel (secrétaire de la section PCF de Renault-Billancourt), BOCQUET Alain, BESSE Georges (Cité), MITTERRAND François (Cité) - Entreprises Renault-Billancourt, American Motors, Unimétal, Groupe ARBED, Aciéries Nord (Trith- Saint-Léger).
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, BNF, Forum des images
Un an après le départ des ministres communistes, bilan d'un espoir déçu. Ces derniers sont partis en 1984 pour n'avoir pu infléchir la politique d'austérité adoptée par le gouvernement Mauroy à partir de 1983. Outre l'interview d'André Lajoinie, le reportage est illustré par l'intervention de Michel DAUBA, de la Fédération PCF du Lot, de Daniel LACROIX, ouvrier à la Régie Renault et d’Alain BOCQUET. En alternance, des cartons appuient les chiffres cités.
André LAJOINIE reproche au gouvernement socialiste sa politique d'austérité. Il rappelle que les ministres communistes ont lutté contre celle-ci sans faire plier le gouvernement et c'est pourquoi ils se sont retirés.
Plusieurs cartons chiffrés résument la situation : le chômage, les licenciements économiques, le pouvoir d'achat.
Michel DAUBA déplore que l'industrie n'ait pu être modernisée et l'économie redressée.
Daniel LACROIX, secrétaire de la section PCF de Renault-Billancourt dément que les 21.000 licenciements prévus par la régie soient justifiés, d'autant plus que celle-ci investit de gros moyens financiers aux Etats-Unis et en Afrique du Sud. Il parle des initiatives engagées pour mobiliser les travailleurs.
Alain BOCQUET démontre qu'il est possible de faire autrement en prenant pour exemple le train à poutrelles d'Unimétal à Trith-Siant-Léger, laminoir le plus moderne d'Europe.
Pour André LAJOINIE les gens viennent de faire des expériences dont il faut tirer les leçons : faire autrement que la politique d'austérité, employer d'autres solutions pour faire reculer le chômage et maintenir le pouvoir d'achat.
L'émission « Expression Directe » est une case de programmation réservée à l'expression des partis politiques français sur les chaînes de la télévision publique. Chaque parti dispose de moyens et d'un budget attribués par l'Etat pour la préparation de ces émissions dont la réalisation lui appartient en propre. A l'origine, elles duraient en moyenne un quart d'heure et étaient diffusées aux heures de grande écoute.
Personnalités : LAJOINIE André, DAUBA Michel (Fédération PCF du Lot), LACROIX Daniel (secrétaire de la section PCF de Renault-Billancourt), BOCQUET Alain, BESSE Georges (Cité), MITTERRAND François (Cité) - Entreprises Renault-Billancourt, American Motors, Unimétal, Groupe ARBED, Aciéries Nord (Trith- Saint-Léger).
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, BNF, Forum des images
Voix off : « 1981. Images télévisées de François Mitterrand au Panthéon, une rose à la main. 1983. article du Monde : « Mise en œuvre du plan d'austérité ». -- Images télévisées : « On a voté pour vous, quel malheur Monsieur, quel malheur que nous avons fait » « Je n'ai pas arrêter de me battre pour ... » « Nous ouvriers, nous vous démissionnons. Nous ne vous connaissons plus » -- Voix off : 1984. Une de l'Humanité : « Un gouvernement sans ministres communistes ».
Journaliste : »Nous avons vu un raccourci saisissant de ces dernières années, alors André Lajoinie comment l'immense espoir de 1981 a-t-il pu être déçu à ce point ? » -- André Lajoinie : « Oui, il y avait beaucoup d'espoir en 1981 et d'ailleurs au départ un certain nombre de mesures prometteuses ont été prises, nous avons tout fait pour qu'elles soient prises, mais très rapidement le gouvernement socialiste a reculé devant la résistance des puissances d'argent, des milieux financiers et très vite il a repris la politique menée par les gouvernements de droite de ce qu'on a appelé la politique d'austérité. La politique d'austérité, pour la résumer, c'est assez clair, il s'agit de prendre des richesses produites par le monde du travail, de tous ceux qui travaillent, et les donner aux capitalistes, les donner au capital financier et avec les mémés résultats qui avaient été obtenus du temps de la droite au pouvoir. » -- Journaliste : « Mais des ministres communistes ont d'abord participé à ce gouvernement » -- A.L. : « Oui, nous avons participé au gouvernement. D'abord pour essayer de changer, de faire avancer des mesures positives et ensuite nous n'avons pas voulu, comme on dit, abandonner le manche après la cognée, nous avons voulu résister à l’infléchissement, au virage de 180° du parti socialiste et nous avons lutté. Nous avons lutté contre la politique d'austérité en 1982, nous nous sommes, comme on dit, arcboutés pour essayer de revenir aux engagements pris, malheureusement nous n'y sommes pas parvenus. » -- Journaliste : « Il y a un an vous avez quitté le gouvernement et certains ont parlé alors de lâchage » -- A.L. : « Ben nous sommes partis du gouvernement dès lors que nous avons compris que nous ne pouvions pas redresser la situation, dès lors que le nouveau premier ministre nous a dit nous poursuivrons et aggraverons la politique d'austérité. A partir de là rester au gouvernement c'était cautionner une politique qui tournait le dos à tous nos engagements et finalement qui aurait aggravé la situation parce que ça aurait créé des illusions chez les travailleurs qui n'auraient pas été en mesure de résister comme ils doivent le faire, comme ils le font. » -- Journaliste : « Alors le parti socialiste pour justifier son attitude a parlé de réalisme économique » -- A.L. : « Oui je me souviens fort bien de ce que disaient les dirigeants socialistes de l'époque, c'était en 1982, en disant oui c'est vrai ça va être dur, faut prendre de l'argent aux travailleurs pour le donner aux entreprises, pour le donner capital financier, mais c'est pour créer des emplois, c'est pour des investissements, il fallait des emplois. Eh bien aujourd'hui, nous avions dit c'est faux, aujourd'hui la vie, l'expérience, malheureusement, nous donnent raison, c'est-à-dire les profits ont augmenté sans précédent on dit les comptes de la Nation. Les investissements ont reculé de près de 10% et nous sommes à un moment où tous les ans on supprime en France plus de 200.000 emplois d'une manière absolue. Comment voulez-vous que dans ces conditions on résolve le problème du chômage, comment voulez-vous que la France ne s'affaiblisse pas dès lors que des citoyens, des milliers, des centaines de milliers d'habitants sont privés du droit au travail. C'est ça la question. »
Carton « Comptes de la Nation. Sources INSEE » -- Carton « Emploi 1983 chute de 0,5%, 1984 Chute de 1% soit 220.000 emplois. » - Carton « Emploi. Licenciements économiques en 1984 : 410.000 » - Carton : « 1984 Pouvoir d'achat Prix ↑6,7%. Coût salarial ↑+4,5% » - Carton : « 1984 Prestations sociales - 1,6% ».
Journaliste: « Le parti socialiste prétend agir au nom de la modernisation, alors Michel Dauba, qu'y a-t-il de vrai là-dedans ? -- Michel Dauba : « Et bien les chiffres montrent que malheureusement les investissements ne font pas l'emploi, les profits réalisés par les entreprises ne vont pas à l'investissement et les entreprises elles-mêmes sont placées sous contrainte de leur endettement auprès des banques. Dans ces conditions, et bien l’industrie ne se modernise pas, des secteurs entiers continuent d'être cassés ou vieillissent, les dépenses de formation qui sont essentielles pour la modernisation restent très insuffisantes, donc notre économie ne sera pas redressée sans qu'on réussisse à développer des critères nouveaux de gestion tant dans l'industrie que dans le crédit. Et bien transformer la gestion c'est le but que nous communistes nous assignons actuellement à la lutte des travailleurs.
Renault régie nationale. « 21.000 licenciements chez Renault en cours actuellement, Daniel Lacroix au regard de la situation financière de l'entreprise, est-ce qu'ils vous semblent injustifiés ? -- Daniel Lacroix, secrétaire de la section Renault-Billancourt : « C'est tout à fait injustifié puisque la régie a les moyens financiers d'investir 175 millions aux Etats-Unis, 38 millions de dollars en Afrique du Sud, et par conséquent il s'accompagne en France d'un rabougrissement des activités industrielles dans des secteurs où précisément on pourrait dégager des ressources importantes » -- Journaliste : « Alors vous en réponse cet été vous avez fait ce qu'on a appelé des actions de vigilance chez Renault, des actions assez dures. Elles se situent en opposition au plan de Georges Besse, mais pensez-vous, étant donné leur forme, qu'elles pourront aboutir à des propositions ? [Affiche : Billancourt Emploi... Prime de septembre... Impossible de laisser faire »] -- Daniel Lacroix : « Les propositions existent. Elles sont à la fois dans la critique de ce que nous disons de la régie, la fabrication du petit véhicule par exemple, la limitation des réimportations qui a été au centre des initiatives de cet été, ce sont des choix qui peuvent tout à fait être décidés qui auraient des répercutions sur l'emploi en France. Les initiatives qui ont eu lieu avaient pour objet de faire savoir à l'opinion publique et d'engager un début de mobilisation des travailleurs » -- Journaliste : « Mais pensez-vous que chez Renault justement les travailleurs y croient à ces propositions ? » -- Daniel Lacroix : « Je pense. Plusieurs milliers de travailleurs toutes catégories ont depuis longtemps, depuis plusieurs mois, plusieurs années, signé des textes, des pétitions, tous ces jours derniers des initiatives ont eu lieu, des rassemblements avec des techniciens, des cadres, des ouvriers, qui soulignent la volonté de ne pas accepter la politique actuelle. -- [Une de l'Humanité : Renault : le gouvernement a cédé au chantage des banques US »]
Voix off : septembre 1985 sous la pression de la Chase Manhattan Bank, le pouvoir a obligé la Régie Renault à renflouer American Motors au détriment de la production nationale.
Journaliste : « Alain Bocquet est-ce qu'une autre politique est vraiment possible en France ? » -- Alain BOCQUET : « Je voudrais prendre un exemple dans la vie qui témoigne qu'on peut faire autrement. Le train à poutrelles d'Unimétal, un laminoir l'un des plus modernes d'Europe, on vient le visiter du Japon, le seul qui produise des poutrelles de grande dimension dans notre pays, et bien le gouvernement socialiste a décidé à la veille des vacances sa fermeture. C'est inacceptable. Quand on sait que ce train à poutrelles réalise une production exclusive dans le pays et qu'on veut livrer cette production à un groupe étranger, le groupe belgo-luxembourgeois Arbed (Aciéries Réunies de Burbach-Eich-Dudelange) et si on laissait faire plus un seul pont, plus un seul équipement, plus une seule ligne de chemin de fer ne serait réalisée sans acheter des grosses poutrelles à l'étranger. C'est inacceptable et la vie montre qu'on peut faire autrement et qu'il faut faire autrement en maintenant en activité le train à poutrelles d'Unimétal à Trith-Saint-Léger » -- [présentation de la couverture de l'ouvrage : « Triscope 1985 : Nous monterons la garde autour de notre usine », mensuel édité par la mairie de Trith-Saint-Léger (Nord-Pas-de-Calais)
Journaliste : « André Lajoinie des millions de gens s'interrogent sur l'avenir, mais vous les communistes qu'est-ce que vous proposez ? » -- André Lajoinie : « Oui, je crois que les gens viennent de faire beaucoup d'expériences et il faut en tirer des leçons. Première expérience : on pouvait faire autrement que la politique d'austérité, deuxième expérience : y a d'autres solutions pour faire reculer le chômage, pour maintenir le pouvoir d'achat que celles qui sont mises en œuvre, enfin, chacun comprend bien que l'avenir ce n'est pas le retour de la droite, ni la cohabitation, le consensus droite – parti socialiste pour faire la même politique d'austérité, ce n'est pas l'avenir. Le parti communiste est disponible pour faire du neuf mais il ne pourra pas le faire tout seul. C'est de vous que cela dépend. Il faut nous aider à ouvrir les portes de l'espoir mais nous aurons l'occasion d'en reparler d'ici mars 1986.