ARGENTEUIL, UN CONTRAT COMMUNAL
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- Réalisateur.ice.sCOLLECTIF DYNADIA, Jean-André FIESCHI
- Année(s)1971 précisément
- Lieu(x)Argenteuil (95)
- Durée00:37:00
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 16 mm
- SonSonore
- CollectionDYNADIA
Commandé par la municipalité d'Argenteuil, « Argenteuil, un contrat communal » illustre l’évolution des villes communistes au début des années 1970. Dans la perspective des élections municipales de 1971, le maire demande à Jean-André Fieschi la réalisation d’un film qui met en valeur la ligne nationale du PCF : le contrat communal. Actée au Comité central de mai 1970, cette stratégie répond aux nouvelles aspirations démocratiques du mouvement de mai-juin 1968. Elle s’appuie sur trois idées centrales pour les municipales : défendre de nouvelles coopérations entre communes, exiger des moyens financiers supplémentaires à l’État, développer le recrutement d’un personnel qualifié. Les candidats et les structures du Parti sont dès lors invités à travailler au rassemblement de la population autour de ces idées, en scellant avec elle un « contrat » symbolique pour l’élection et la mandature à venir.
« Argenteuil, un contrat communal » est la déclinaison de cette stratégie, dans l’une des villes les plus importantes de la région parisienne. Petit bourg agricole à la veille de la révolution industrielle, Argenteuil voit sa population augmenter rapidement avec l’arrivée du chemin de fer au milieu du XIXe siècle. L’installation de nouvelles usines en fait une ville industrielle : la métallurgie Joly, Dassault, Lorraine Dietrich, Dunlop y attirent les ouvriers. La ville regroupe alors, en 1901, plus de 17 000 habitants. Cette croissance se poursuit au XXe siècle : 53000 habitants à la Libération, plus de 100 000 à la fin des Trente Glorieuses.
Cette évolution démographique pose de nombreux problèmes urbains. Les logements sont insuffisants, souvent insalubres. Dans les années 1920, les lotissements fleurissent, comme dans la majorité des communes ouvrières de banlieue. Les équipements sont rares, la viabilisation des rues se fait attendre. En réponse, la mairie construit les premières cités jardins, dans le quartier d’Orgemont. Cette politique, très en deçà des besoins, ne peut contrecarrer la montée des contestations. Les mal-logés s’organisent, avec l’appui du PCF : en 1935, la ville bascule, avec l’élection du communiste Victor Dupouy. Il incarne à lui seul le communisme municipal : destitué avec l’interdiction du PCF avant-guerre, il entre dans la Résistance. Il retrouve son fauteuil de maire à la Libération et le reste jusqu’en 1977.
Sous sa direction, la ville se transforme. Il y développe largement les équipements sportifs, il défend une meilleure desserte par les transports, alors même que le tramway qui traversait la ville est supprimé en 1936. Face à la crise du logement qui sévit après la Seconde guerre mondiale, V. Dupouy devient un maire bâtisseur. Il rénove largement le centre-ville, avec le soutien de l’architecte Roland Dubrulle. La mise en place des ZUP (Zones à urbaniser en priorité) en 1958 donne à l’équipe municipale un nouvel outil face à la crise du logement. En 1961, elle lance une grande opération d’urbanisme : la ZUP du Val d’argent est née, avec un projet de grands ensembles et la construction de plus de 8.000 logements (soit près de 50.000 habitants), autour de la nouvelle gare d’Argenteuil. À la date du film, les travaux ne sont pas encore achevés.
Face aux larges transformations urbaines d’Argenteuil, ce film incarne la volonté d’associer les habitants et les travailleurs d’Argenteuil à la réflexion sur la commune et au projet municipal de 1971. Il souligne à la fois les réalisations de la mairie et les aspirations des habitants en matière d’équipements (sport, piscines, culture, colonies de vacances, moyens de transports). L’accent est mis aussi sur les enjeux de logement, sur la persistance de la crise en dépit des efforts de la mairie pour y remédier. Le programme et les interventions des élus permettent également de souligner le rôle néfaste de l’Etat en matière de financement, dans la logique du Contrat communal défendu par le PCF.
Générique: Réalisation Dynadia
Image: G Azevedo
Son : A Comte
Montage: Christiane Lack
Mots Clefs :
Usine, colonies de vacances, commerce, ZUP, logement, urbanisme, Loi Loucheur, sport, construction, HLM, association, bidonvilles, migrants, culture, transports, finances locales, élections 1971, école, VIe Plan, Contrat communal
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
« Argenteuil, un contrat communal » est la déclinaison de cette stratégie, dans l’une des villes les plus importantes de la région parisienne. Petit bourg agricole à la veille de la révolution industrielle, Argenteuil voit sa population augmenter rapidement avec l’arrivée du chemin de fer au milieu du XIXe siècle. L’installation de nouvelles usines en fait une ville industrielle : la métallurgie Joly, Dassault, Lorraine Dietrich, Dunlop y attirent les ouvriers. La ville regroupe alors, en 1901, plus de 17 000 habitants. Cette croissance se poursuit au XXe siècle : 53000 habitants à la Libération, plus de 100 000 à la fin des Trente Glorieuses.
Cette évolution démographique pose de nombreux problèmes urbains. Les logements sont insuffisants, souvent insalubres. Dans les années 1920, les lotissements fleurissent, comme dans la majorité des communes ouvrières de banlieue. Les équipements sont rares, la viabilisation des rues se fait attendre. En réponse, la mairie construit les premières cités jardins, dans le quartier d’Orgemont. Cette politique, très en deçà des besoins, ne peut contrecarrer la montée des contestations. Les mal-logés s’organisent, avec l’appui du PCF : en 1935, la ville bascule, avec l’élection du communiste Victor Dupouy. Il incarne à lui seul le communisme municipal : destitué avec l’interdiction du PCF avant-guerre, il entre dans la Résistance. Il retrouve son fauteuil de maire à la Libération et le reste jusqu’en 1977.
Sous sa direction, la ville se transforme. Il y développe largement les équipements sportifs, il défend une meilleure desserte par les transports, alors même que le tramway qui traversait la ville est supprimé en 1936. Face à la crise du logement qui sévit après la Seconde guerre mondiale, V. Dupouy devient un maire bâtisseur. Il rénove largement le centre-ville, avec le soutien de l’architecte Roland Dubrulle. La mise en place des ZUP (Zones à urbaniser en priorité) en 1958 donne à l’équipe municipale un nouvel outil face à la crise du logement. En 1961, elle lance une grande opération d’urbanisme : la ZUP du Val d’argent est née, avec un projet de grands ensembles et la construction de plus de 8.000 logements (soit près de 50.000 habitants), autour de la nouvelle gare d’Argenteuil. À la date du film, les travaux ne sont pas encore achevés.
Face aux larges transformations urbaines d’Argenteuil, ce film incarne la volonté d’associer les habitants et les travailleurs d’Argenteuil à la réflexion sur la commune et au projet municipal de 1971. Il souligne à la fois les réalisations de la mairie et les aspirations des habitants en matière d’équipements (sport, piscines, culture, colonies de vacances, moyens de transports). L’accent est mis aussi sur les enjeux de logement, sur la persistance de la crise en dépit des efforts de la mairie pour y remédier. Le programme et les interventions des élus permettent également de souligner le rôle néfaste de l’Etat en matière de financement, dans la logique du Contrat communal défendu par le PCF.
Générique: Réalisation Dynadia
Image: G Azevedo
Son : A Comte
Montage: Christiane Lack
Mots Clefs :
Usine, colonies de vacances, commerce, ZUP, logement, urbanisme, Loi Loucheur, sport, construction, HLM, association, bidonvilles, migrants, culture, transports, finances locales, élections 1971, école, VIe Plan, Contrat communal
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
Le reportage s'ouvre sur un air d’accordéon et des scènes de la vie paysanne, évoquant le passé de la ville. Les évolutions de la ville sont retracées rapidement : la gare, l’entrée de la ville par le pont d’Argenteuil, l’installation des usines.
La séquence suivante se déroule au marché. Le micro-trottoir permet d’évoquer les changements de la ville. Les habitants soulignent les réussites de la municipalité, qui font d'Argenteuil une ville plaisante.
Interview du maire Victor Dupouy. Il relate les politiques municipales depuis 1935 et souligne que la mairie a toujours mis en œuvre l’ensemble des programmes électoraux, et les a même souvent « dépassés ». La mise en place de colonies de vacances est un symbole de ces progrès pour les enfants et la population de la ville. Il défend l’idée que ces progrès ne sont réalisables qu’avec l’appui de la population, d’où la nécessité d’un « contrat communal ».
En écho à la scène précédente, la population confirme le regard favorable qu’elle porte sur l’action municipale. La ZUP a une image positive : avec ses commerces, sa MJC, ses écoles, ses lieux culturels, le cadre de vie y est agréable.
Un élu municipal, Michel Vandel, défend le projet communiste en matière d’enseignement et de culture. Il oppose les réalisations volontaristes de la mairie aux politiques nationales qui réduisent le financement des équipements et des charges de fonctionnement. Cette politique locale est soutenue par un habitant, qui loue la construction de salles de sport, d’une piscine, d’un centre culturel.
La question de l’emploi est au cœur de cette séquence. La scène est sans doute une réunion de cellule (présence de Guy Carrara?), avec des travailleurs de l’usine Marcel Dassault d’Argenteuil. Si les ouvriers habitent dans plusieurs villes de la région parisienne (Nanterre, Suresnes, Argenteuil), ils soulignent le soutien apporté par la municipalité communiste aux grèves de 1968. Le député de la circonscription, Léon Feix, retrace ses batailles en faveur des revendications ouvrières et son appui au reclassement des ouvriers mis au chômage par la fermeture de plusieurs usines du secteur (Protez, Segpia) ou les difficultés rencontrées par les ouvriers et les cadres de Dunlop ou de Dassault. Cet accompagnement des luttes ouvrières s’est aussi traduit par la promotion d'une meilleure formation, avec l’ouverture d’un lycée, d’un CES et d’un CET sur la ZUP. Léon Feix insiste sur l’action unie des habitants, des élus et des travailleurs. C'est la condition de toute victoire sociale et politique, qui s’insère bien dans la perspective d’un contrat communal.
Cette courte séquence a lieu sur le marché. Les habitants expriment les difficultés à se loger, à faire vivre une participation active dans les associations culturelles, de parents d’élèves, etc.
Les conditions de logement, malgré la construction du grand ensemble, restent un sujet majeur pour la population. Dans une réunion d’appartement, les habitants témoignent de l’action municipale en faveur de la construction depuis les années 1950. Les mal-logés avaient alors constitué des comités de quartier et des comités de défense des habitants pour soutenir le maire dans ses demandes de crédits. Dans les villes communistes, ces groupes étaient souvent à l’initiative de la section ou des cellules locales. Structures relais du communisme municipal, ils reprennent l’argumentation du PCF : la poursuite de la construction n’est possible que par une action résolue contre l’État, qui refuserait les crédits nécessaires à la mise en chantier. Cela permet en creux de valoriser la posture de maire bâtisseur.
Dans tous les domaines, la question du financement est soulevée. Une élue communiste, Maguy Carbon-Krivopisska, insiste sur le fait que les communes doivent se substituer de plus en plus à l’État et que les transferts de charge n’ont pas été compensés. Le VIe Plan est dénoncé comme le symbole du recul de l’État dans le financement des équipements et du logement, conformément au discours tenu par les dirigeants communistes à l’échelle nationale. Cet argumentaire est repris par la population sur le marché : les impôts, bien gérés par la ville, restent insuffisants dans le financement des équipements, du fait du retrait de l’État.
Après avoir mentionné la réalisation des équipements, le film valorise la création d’emplois dans la zone industrielle (2.500 emplois) et dans la ZUP (2.500 employés de bureau). Cela doit permettre de limiter les déplacements pendulaires domicile-travail. Plusieurs habitants témoignent de l’augmentation des temps de trajets et l’absence de desserte de la RATP. Les élus communistes, avec le soutien de la population, ont alors organisé la protestation, permettant d’obtenir enfin une gare dans Argenteuil : « la SNCF a fini par céder. »
L’échange entre les habitants se poursuit sans coupure sur la question du mal logement et des habitants immigrés des bidonvilles. Le relogement des habitants des bidonvilles (plusieurs plans filment ces baraquements de fortune) reste néanmoins délicat : « les bidonvilles qui se vident sont réoccupés presque immédiatement », constate avec dépit un élu de la ville (Germain Douy?). Il souligne la nécessité d’un travail commun de tous les acteurs : État, préfecture, municipalité.
Le film revient sur la question du VIe Plan. Après le discours de Maguy Carbon Krivopisska, les habitants expriment leur attachement à une « municipalité ouvrière », qui « fait le maximum » même si les difficultés sociales persistent.
La caméra se déplace ensuite sur le marché, à la rencontre du président du groupement des commerçants d’Argenteuil. Ses propos sont assez mesurés : si la mairie a largement écouté les doléances des commerçants, il relève que les commerçants ne se sentent malgré tout pas entendus dans leurs demandes.
L’avant dernière séquence revient sur les enjeux de fiscalité. Une interview de Victor Dupouy relève que la commune assume les 2/3 du financement des équipements, alors que l’État récupère les 7/8e des ressources fiscales. Il plaide pour un renforcement des subventions aux communes.
La proposition du Contrat communal vient clore le film. Un meeting se tient sur ce thème, rappelant les priorités communistes pour la ville : une gestion renouvelée, la prise en charge des enjeux de culture, de transport, une meilleure administration et des moyens financiers renforcés. Le contrat communal doit alors sceller l’accord entre les élus et la population, pour répondre aux urgences et aux besoins des habitants.
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