RENDEZ-VOUS DE L'ESPÉRANCE (LE)
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- Réalisateur.ice.sPierre BIRO
- Année(s)1950 précisément
- Durée01:05:00
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 16 mm
- SonSonore
Ce documentaire suit le parcours à travers la France des «coureurs de la Paix» et de nombreuses délégations de jeunes se rendant aux Rencontres Internationales de Nice du 13 au 20 août 1950, rassemblement franco-italien organisé par le Mouvement de la Paix pour l'interdiction absolue de l'arme atomique : «vos plus belles vacances aideront à sauver LA PAIX»
Préparant le rassemblement Niçois, des jeunes collent sur les murs l'affiche de la colombe de la paix signée Picasso. Les caravanes de la Paix se transforment en autant de centres de propagande parcourant une France souvent rurale : distribution de la presse communiste destinée aux jeunes (Avant-Garde, Action, Mitoir, Vaillant), projections de films, harangues, participation à des cérémonies rendant hommage aux morts de le seconde guerre mondiale, campagne intensive pour faire signer l'Appel de Stockholm sur les marchés, les routes, les champs, les parvis des églises... La caméra suit en particulier le trajet de sept « délégués d'honneur » de Renault-Billancourt et la camionnette des étudiants des beaux-arts de Paris.
Les caravanes de la Paix sont accueillies par les dockers de Dunkerque « Garde-côte de la paix », les enfants des colonies de Montreuil, Vitry et Aubervilliers ou les mineurs de la Grande Combes... Peints sur les murs ou figurant sur des banderoles, de nombreux slogans dénoncent la guerre du Viêt-nam et la guerre de Corée.
Dans le sud de la France, le voyage, arrivé à son terme, prend une tournure plus politique et parfois plus grave : manifestation à Toulon devant la prison où est enfermé Henri Martin, défilé nocturne à Marseille perturbé par les C.R.S., attentats contre des locaux du P.C.F. à Nice, alors que le préfet des Alpes-Maritimes voulait interdire le rassemblement.... Néanmoins le voyage jusqu'à Nice et le rassemblement qui s'y déroule sont, pour de nombreux jeunes, l'occasion de profiter des joies de la mer et du camping, si ce n'est de les découvrir.
Lors de cette mobilisation pour la Paix, une large place est accordée aux manifestations ludiques et artistiques : spectacles nocturnes à Paris (aux arènes de Lutèce) et à Nice, présentation itinérante du tableau représentant la population niçoise jetant au port la rampe d'un rocket V2 (le 14 février à Nice), cours en plein air avec les étudiants des beaux-arts sur la tradition réaliste française chez Callot, Poussin ou Delacroix, exposition artistique à la Bourse du Travail de Nice, visite de jeunes ouvriers de Renault à Picasso qui les reçoit dans son atelier de Vallauris. De retour à Paris, les jeunes de Renault exposent la poterie offerte par Picasso.
A Nice, ces rencontres internationales sont le prétexte à de nombreuses démonstrations d'amitié entre les délégations françaises et italiennes, souvent au son de la chanson « Bella Ciao ». La foule des manifestants est estimée à 25 000 personnes.
En fin de film sur un plan de Paris, le slogan : « deux mille ans pour faire Paris, une seconde suffirait à le détruire ».
Tourné pendant l'été 1950, Le Rendez-vous de l'Espérance s'inscrit dans le sillage du Mouvement de la paix. Selon Pierre Biro, qui a coordonné la réalisation du film, il s'agissait d'une commande de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique. Le but était de mettre en lumière les actions menées par les jeunes en faveur de la paix. L'Appel de Stockholm vient alors tout juste d'être lancé, en mars 1950. Il réclame l'interdiction des armes nucléaires et exhorte les signataires à rejeter la perspective d'une troisième guerre mondiale. Avec le déclenchement de la guerre de Corée, en juin 1950, l'Appel de Stockholm semble répondre à la crainte d'un nouveau conflit planétaire qui se propage dans l'opinion publique. En France, le PCF et ses différentes organisations « satellites » relaient le Mouvement de la paix pour faire adhérer à l'Appel de Stockholm.
C'est dans ce contexte particulier qu'ont lieu les Rencontres de la jeunesse de France et d’Italie pour la paix, entre le 13 et le 20 août 1950.
"Le Rendez-vous de l'Espérance" est au départ conçu comme un projet cinématographique participatif : les jeunes militants cinéastes amateurs sont invités à enregistrer les Rencontres de la jeunesse pour réaliser un film collectif. Un appel à contribution est lancé dans l'Ecran français, hebdomadaire communiste dédié au cinéma. Durant tout l'été 1950, différents contributeurs enregistrent des images : parmi eux, Jean-Jacques Sirkis, Jean-Pierre Marchand ou Paul Carpita. Pierre Biro est chargé de coordonner la réalisation du film : il est assisté dans cette tâche par Myriam, une monteuse assez célèbre de l'époque. Leur travail est supervisé par les responsables politiques de la FJDM, Jacques Denis, Paul Laurent et Louis Baillot, ainsi que par Jean Jérôme. D'après Pierre Biro, Jean Jérôme aurait fait retirer une séquence où Picasso et Françoise Gilot improvisaient à Vallauris une danse avec des céramiques devant la délégation des jeunes de Renault-Billancourt. Il manquerait également à cette version sa scène finale : un lâcher de tracts pour la paix du haut de l’arc de Triomphe, qui avait demandé une préparation minutieuse afin de prendre de vitesse les forces de l’ordre.
"Le Rendez-vous de l'Espérance" est présenté pendant le festival mondial de la jeunesse qui se déroule à Berlin pendant l’été 1951. Malgré l’accueil très enthousiaste reçu, le film n'a quasiment pas été diffusé en France au début des années 1950.
Générique : «Sous le patronage de la revue Jeune Génération, le Comité Français de la Jeunesse Démocratique présente Le Rendez-Vous de l'Espérance / le film a été réalisé collectivement en format d'amateur et sans aucun moyen technique par un groupe de jeunes français pour témoigner de leurs luttes, de leurs espoirs et de leurs joies (...)»
Commentaire : Jean Marcenac dit par Max Aubry
Musique : Louis Saguer
Chants : Chorale Populaire de Paris, Chorale Danièle Casanova _Un groupe de communistes : H.J. Dupuy, L. Joachim, Suzanne Mosse, Louis Saguer J. Van Tirnen
Montage : Jean-Lou Levy-Alvarez (Note : Pierre Biro ne cite que Myriam comme monteuse du film)
Direction technique et artistique : Myriam et Pierre Biro.
Lieux et monuments : Paris, Lorraine, Flandre, pays bigouden, région lorientaise, Carcassonne, Tulle, Le Puy, La Grande Combes, Marseille, Nice, Èze,Toulon...
Personnalités : Pablo Picasso (00:42:33:20 et 00:55:25:00, puis 00:57:43:00), Yves Montand (00:55:15:07), Simone Signoret, (00:55:15:07) Jacques Duclos, Léo Figuères, André Wurmser, Roger Garaudy, Jean Marcenac, Pierre Abraham, Yves Farge, Jean Cristofol, Roger Allemane (délégué mineur), sœur et fiancée de Henri Martin, Adamoli (maire de Gênes), portraits de Raymonde Dien et de Henri Martin, plaque en hommage au Colonel Fabien et à Jean Moulin à Caluire
Mots d'Ordre : Assez de cercueils, Paix au Vietnam, la Corée aux coréens, La guerre n'est pas fatale, des fleurs et non des pleurs, Signez l'appel de Stockholm, Deux mille ans pour faire Paris, une seconde suffirait à le détruire
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives françaises du film, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, BNF, Forum des images