Ce document non sonorisé rend compte de la manifestation unitaire du 11 mars 1969 à Paris, de la Place de la République à la Place de la Bastille, à laquelle participe une délégation CGT de l’usine aéronautique Marcel Dassault de Saint-Cloud.

La caméra, présente dans le défilé, donne à voir les différents acteurs de la manifestation (salariés de l’industrie et du commerce, employés des administrations, enseignants, étudiants et lycéens de la région parisienne) et les slogans inscrits sur les banderoles et les pancartes (« Nationalisation de Citroën », « Référendum - Participation : Non », « CGT Régie Renault Statut mensuel pour tous », « Du travail pour la jeunesse », « Pour l’échelle mobile des salaires », « améliorer les acquis de notre lutte de mai-juin »). Un manifestant brandit la première page d’un numéro de La Vie ouvrière, l’hebdomadaire de la CGT, qui titre « Point fixe sur l’aéronautique ». Une délégation de l’usine Dassault de Saint-Cloud, présente dans le défilé, affiche ses revendications : « CGT AM Dassault Saint-Cloud - Plein emploi : un programme pour l’industrie aérospatiale ». Elle est suivie par une délégation de travailleurs immigrés espagnols qui, avec drapeaux et banderoles, se montre « solidaire des travailleurs français » (« El pueble español lucha – sindicalismo proletario »). Le document se termine sur des actions violentes, en fin de cortège, aux abords de la place de la Bastille.

Le mardi 11 mars 1969 est une journée de grève nationale à l’appel des centrales syndicales CGT, CFDT, FO et FEN, contre la politique économique et sociale du gouvernement. Moins d’un an après Mai 68 et la signature des Accords de Grenelle, les syndicats entendent ainsi « défendre, avec les conquêtes de mai, le renouveau de l’économie ». Le communiqué des organisateurs du défilé parisien, publié dans le journal L’Humanité du 11 mars 1969, expose ses objectifs en ces termes : « Les salariés sont en lutte pour contraindre le patronat et le gouvernement à tenir compte de leurs légitimes revendications. Les travailleurs ne veulent pas passer l’éponge sur les augmentations de prix qui ont entamé les résultats en juin dernier. Ils exigent pour les salaires une mesure de rattrapage compensant les hausses de prix et tarifs enregistrés depuis juin 1968. Ils réclament l’ouverture immédiate de véritables négociations pour : la garantie et l’amélioration du pouvoir d’achat avec une priorité pour les catégories les plus défavorisées ; le relèvement du SMIG, des prestations familiales, des allocations, pensions et retraites ; de nouvelles réduction de la durée du travail ; l’accentuation du droit syndical et des libertés dans les entreprises ; la garantie concrète du plein emploi. Les travailleurs exigent également le rétablissement d’une véritable Sécurité sociale gérée par eux. » Le slogan « Référendum - Participation : Non » fait référence au référendum sur « le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat », prévu le 27 avril 1969.

Ce bout-à-bout de rushes a été filmé par Guy Téhet, photographe de métier et cinéaste amateur, avec une caméra Beaulieu 16 mm. La variété de l’échelle des plans, des angles de prises de vue et des mouvements de caméra témoignent du soin apporté à la réalisation. Le son n’a pas été retrouvé. Créé en 1968 au sein du comité d’établissement des Avions Marcel Dassault, le groupe audiovisuel du comité d’entreprise était composée de Philippe Bertrand, Bernard Leboeuf, Christophe Lopez, Guy Mézière, Claude Pelletier et Guy Téhet. Il réalise quelques films en 16 mm, des diaporamas et des expositions photographiques, avant de disparaître au milieu des années 1980. Remerciements à Louis Avellanal, Jean-Pierre Bouchet-Lawat, Annie Gouesmel (présidente de l’Association Histoire CGT Dassault), Christophe Lopez et Jean Ropars pour l’aide apportée à l’identification de ce document (entretien le 4 mai 2017).

Mots-clés : France, Paris (75), Confédération générale du travail (CGT), Confédération française démocratique du travail (CFDT), Force ouvrière (FO), manifestations et défilés, travailleurs espagnols

Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis [Réduire]