RELÈVE (LA)
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- Réalisateur.ice.sANONYME
- Année(s)1938 précisément
- Durée00:12:00
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 35 mm
- SonSonore
Réuni dans un modeste logis, un groupe de vieux travailleurs du bâtiment retrace l'histoire des luttes dans le secteur du bâtiment depuis la fin des corporations (1791). Ils sont interrompus par l'arrivée d'un jeune camarade engagé dans les Brigades Internationales. Tout juste rentré de Madrid, il dénonce la non-intervention de la France alors que l'Espagne aurait tant besoin d'aide. Il lance un appel pour une véritable mobilisation en faveur de l'Espagne républicaine. Un des vieux travailleur renchérit, et livre une critique virulente du gouvernement de Front Populaire, qu'il accuse de ne pas tenir ses promesses de 1936 sur le plan des luttes sociales.
Réalisé pour la même fédération que Les Bâtisseurs, avec des acteurs non professionnels (amateurs et pour partie issus du syndicat du bâtiment), La Relève dresse donc, sous la forme d'une saynète théâtrale, un bilan très critique d'un gouvernement du Front populaire qui aurait trahi ses engagements. Elle rappelle aussi la force de la CGT, et appelle les syndiqués à se saisir de leur histoire et à peser face au désengagement du gouvernement. Les travailleurs du bâtiment sont mis à l'honneur, par le rappel de toutes leurs luttes, mais aussi par ce qui est dit du nombre d'ouvriers du bâtiment dans les Brigades Internationales.
Les figures féminines sont très stéréotypées. Le rôle du jeune volontaire rentrant d'Espagne est interprété par un nommé Rose, lui-même présenté dans Les Bâtisseurs comme un «chômeur du bâtiment». Sans doute s'agit-il de Henri Rose, volontaire dans le bataillon Henri Vuillemin des Brigades internationales. Quant à Drouin, également présenté dans Les Bâtisseurs comme un «chômeur du bâtiment», il joue ici le rôle d'un syndicaliste plus âgé.
Musique : L'Internationale
Lieux et monuments : Paris (défilé au Père-Lachaise).
Personnalités : Raymond Péricat (avec lunettes), Georges Roussel (?), Henri Rose, Drouin (avec moustaches)
Lieux, personnes et événements cités : Chine, Éthiopie, Espagne
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives françaises du film, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
Réalisé pour la même fédération que Les Bâtisseurs, avec des acteurs non professionnels (amateurs et pour partie issus du syndicat du bâtiment), La Relève dresse donc, sous la forme d'une saynète théâtrale, un bilan très critique d'un gouvernement du Front populaire qui aurait trahi ses engagements. Elle rappelle aussi la force de la CGT, et appelle les syndiqués à se saisir de leur histoire et à peser face au désengagement du gouvernement. Les travailleurs du bâtiment sont mis à l'honneur, par le rappel de toutes leurs luttes, mais aussi par ce qui est dit du nombre d'ouvriers du bâtiment dans les Brigades Internationales.
Les figures féminines sont très stéréotypées. Le rôle du jeune volontaire rentrant d'Espagne est interprété par un nommé Rose, lui-même présenté dans Les Bâtisseurs comme un «chômeur du bâtiment». Sans doute s'agit-il de Henri Rose, volontaire dans le bataillon Henri Vuillemin des Brigades internationales. Quant à Drouin, également présenté dans Les Bâtisseurs comme un «chômeur du bâtiment», il joue ici le rôle d'un syndicaliste plus âgé.
Musique : L'Internationale
Lieux et monuments : Paris (défilé au Père-Lachaise).
Personnalités : Raymond Péricat (avec lunettes), Georges Roussel (?), Henri Rose, Drouin (avec moustaches)
Lieux, personnes et événements cités : Chine, Éthiopie, Espagne
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives françaises du film, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
Générique : « La Fédération Nationale des Travailleurs du Bâtiment, des Travaux publics , des matériaux de construction présente / La Relève / (...) Avec le concours de Mme Peyrard, Melle Jeanne Murrey et Mrs Péricat, Roussel, Bollnan, Drouin et Rose.».
Présentation des personnages : les hommes autour de la table sont des vieux travailleurs du bâtiment qui discutent de leurs luttes avant guerre. Ils sont entourés de deux femmes : l'une raconte les nuits d'angoisse quand son mari participait à des réunions ; l'autre (sa fille) tremble pour son fiancé volontaire en Espagne.
Deux camarades les rejoignent, et ils se lancent dans une conversation à bâtons rompus sur l'histoire des luttes des travailleurs du bâtiment. Il faudrait écrire cette histoire, disent-ils. Ils rappellent nombre d'événements survenus depuis l'interdiction des corporations en 1791 (loi Le Chapelier) : la loi ayant aussi supprimé les associations, les travailleurs ne peuvent plus se réunir. Après Napoléon, les ouvriers commencent à constituer des caisses de mutualité et à lutter contre le marchandage (l'exploitation des ouvriers par des intermédiaires chargés de vendre leur force de travail). La première grève du bâtiment éclate en 1832. La première grève générale dans le secteur a lieu en 1840, contre le marchandage (qui sera aboli en 1848) et pour la journée de 10h. En 1871, la répression sanglante de la Commune de Paris touche de nombreux ouvriers du bâtiment. Les travailleurs commencent à se regrouper, via la Fédération Nationale des Ouvriers de France (1891) ; mais c'est surtout la création de la CGT en 1895 qui donne un nouvel élan à leur lutte. L'unité syndicale est atteinte en 1906 après la grève générale. Images du journal La bataille syndicale, et d'un article "manifestation monstre au Pré-Saint-Gervais". Un des hommes évoque l'épisode tragique de Draveil, Vigneux et Villeneuve-Saint-Georges, en 1908, quand des ouvriers sont tués par les dragons. Clemenceau espérait ainsi dissuader à l'avenir les ouvriers de faire grève. mais dès 1909, les grèves fleurissent : les terrassiers d'Evreux, les cimentiers de Marseille, les maçons de Clermont-Ferrand, les menuisants de Nantes, les cheminots et les postiers...
Henri, le volontaire en Espagne, fait son apparition en saluant "No pasaran!". Il ne s'appesantit pas sur les combats, mais insiste sur deux points : d'abord, les armes du camp républicain ne pèsent pas lourd face aux chars donnés aux franquistes par Hitler et Mussolini. Deuxièmement, il lance une charge virulente contre la non-intervention de la France "On vous engueule en France, on dit mais qu'est-ce qu'ils foutent avec leur blocus? On ne peut pas s'empêcher de se dire que les morts meurent à cause de vous. Ah, pour les congés payés et les 40h, tout le monde était d'accord pour faire grève, mais pour l'Espagne, êtes-vous sûrs d'avoir fait tout ce que vous pouviez faire? (...) Si vous ne le faites pas aujourd'hui pour l'Espagne, c'est chez vous que vous devrez le faire demain, ne l'oubliez pas! (...) Demain il sera trop tard." (sur ces mots défilent des images de cadavres de femmes et d'enfants). En Espagne comme en Chine, il faut défendre la paix si on veut la garder.
Henri explique que la France aurait les moyens de se lancer dans la lutte, et que la CGT, forte de ses 5 millions d'adhérents, pourrait peser face au gouvernement. Il n'accuse pas les vieux travailleurs, qui ont déjà fait beaucoup par le passé, mais tous les autres.
Un des camarades critique alors le gouvernement : "L'autre jour j'ai voulu marquer d'une croix ce qui avait déjà été réalisé dans le programme, eh ben j'ai pas usé mon crayon!" Il énonce les grands points du programme : défense de la paix, collaboration internationale pour la sécurité collective et l'application des sanctions en cas d'agression, libertés syndicales, assainissement financier, grands travaux.
Henri conclut : "On sait tout ce qu'on vous doit, on sait que vous avez fait le gros du boulot, mais maintenant c'est à notre tour, on arrive pour la relève! Vous avez fait les fondations, c'est à nous de bâtir, pour construire un monde nouveau."
Manifestation parisienne au son de l'Internationale. On aperçoit des banderoles de la CGT, de fédérations du bâtiment (bois), et de sections du PCF.