QUESTIONS D'ACTUALITÉ AVEC GEORGES MARCHAIS ET RENE ANDRIEU
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- Sous-titreSÉRIE "ÉMISSION DES FORMATIONS POLITIQUES"
- Réalisateur.ice.sANONYME
- Année(s)1976 précisément
- Durée00:16:00
- ColorationCouleur
- FormatUmatic
- SonSonore
L'émission des formations politiques avec Georges Marchais et René Andrieu le 12 décembre 1976.
Cette émission de plateau a lieu avant les élections municipales des 13 et 20 mars 1977 ("en direct" selon René Andrieu). Malgré des problèmes de désistements au second tour dans certaines villes entre le PCF et le PS, ces élections marqueront une nette victoire de la gauche.
C'est sous la forme d'un entretien, assis face caméra, que Georges Marchais répond aux questions de René Andrieu, directeur-adjoint de l'Humanité, sur les principaux sujets d'actualité.
Tout d'abord le discours de Giscard d'Estaing à Ploërmel où le président s'en est pris au Parti communiste et à Georges Marchais. Ce dernier s'explique sur l'arrogance qui lui est reprochée et sur ce qui se passerait si la gauche gagnait les élections législatives en 1978.
La deuxième question se rapporte aux élections municipales qui vont avoir lieu et qui sont liées entre autres à la politique économique et sociale du gouvernement et au plan Barre. D'autre part René Andrieu trouve anormal qu'à Marseille et Château-Chinon Gaston Deferre et François Mitterrand refusent les listes d'union.
Georges Marchais rappelle qu'en juin de l'année passée les trois formations (PC, PS, Radicaux de gauche) avaient adopté un communiqué commun pour la préparation des municipales tendant à « engager des négociations immédiates en vue du meilleur accord possible... dès le 1er tour de scrutin dans toutes les communes de France ». Mais la situation actuelle est différente : dans 50 villes il n'y a pas d'accord et ailleurs le « PS formule des prétentions exorbitantes » Enfin les élections municipales devraient constituer une bonne préparation pour les élections législatives de 1978
En conclusion « la victoire dépendra de l'effort commun et de la participation des Françaises et des Français »
Derrière René Andrieu et Georges Marchais, une affiche collée au mur du studio proclame "Chirac-Giscard c'est cousu de fil blanc. Échec à leur manœuvre" et appelle à un rassemblement au Bourget le 12 février.
L'émission des formations politiques fut une des cases de programmation dévolues à l'expression des partis politiques français sur les chaînes de télévision publique. Chaque parti disposait de moyens et d'un budget attribués par l'État pour la préparation de ces émissions dont la réalisation lui appartenait en propre. Elles duraient en moyenne un quart d'heure et étaient diffusées aux heures de grande écoute.
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, BNF, Forum des images
Cette émission de plateau a lieu avant les élections municipales des 13 et 20 mars 1977 ("en direct" selon René Andrieu). Malgré des problèmes de désistements au second tour dans certaines villes entre le PCF et le PS, ces élections marqueront une nette victoire de la gauche.
C'est sous la forme d'un entretien, assis face caméra, que Georges Marchais répond aux questions de René Andrieu, directeur-adjoint de l'Humanité, sur les principaux sujets d'actualité.
Tout d'abord le discours de Giscard d'Estaing à Ploërmel où le président s'en est pris au Parti communiste et à Georges Marchais. Ce dernier s'explique sur l'arrogance qui lui est reprochée et sur ce qui se passerait si la gauche gagnait les élections législatives en 1978.
La deuxième question se rapporte aux élections municipales qui vont avoir lieu et qui sont liées entre autres à la politique économique et sociale du gouvernement et au plan Barre. D'autre part René Andrieu trouve anormal qu'à Marseille et Château-Chinon Gaston Deferre et François Mitterrand refusent les listes d'union.
Georges Marchais rappelle qu'en juin de l'année passée les trois formations (PC, PS, Radicaux de gauche) avaient adopté un communiqué commun pour la préparation des municipales tendant à « engager des négociations immédiates en vue du meilleur accord possible... dès le 1er tour de scrutin dans toutes les communes de France ». Mais la situation actuelle est différente : dans 50 villes il n'y a pas d'accord et ailleurs le « PS formule des prétentions exorbitantes » Enfin les élections municipales devraient constituer une bonne préparation pour les élections législatives de 1978
En conclusion « la victoire dépendra de l'effort commun et de la participation des Françaises et des Français »
Derrière René Andrieu et Georges Marchais, une affiche collée au mur du studio proclame "Chirac-Giscard c'est cousu de fil blanc. Échec à leur manœuvre" et appelle à un rassemblement au Bourget le 12 février.
L'émission des formations politiques fut une des cases de programmation dévolues à l'expression des partis politiques français sur les chaînes de télévision publique. Chaque parti disposait de moyens et d'un budget attribués par l'État pour la préparation de ces émissions dont la réalisation lui appartenait en propre. Elles duraient en moyenne un quart d'heure et étaient diffusées aux heures de grande écoute.
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, BNF, Forum des images
RETRANSCRIPTION IN EXTENSO DE L'EMISSION ---- René Andrieu : « Et bien nous sommes en effet en direct pour une émission réservée au parti communiste, c'est une occasion qui ne se renouvelle pas très souvent, il faut bien le dire, alors nous allons en profiter Georges Marchais et moi-même pour évoquer les principaux problèmes d'actualité. Une actualité qui est d'ailleurs assez brûlante. Je crois que l'actualité c'est d'abord le discours que le président de la République a prononcé à Ploërmel avant-hier au soir et ce qui frappe c'est que quelques jours avant le chef de l'Etat soignait son image de marque d'homme qui s'évertuait à la conciliation, à décrisper la vie nationale et puis tout d'un coup, il est entré dans l'arène, l'invective à la bouche et il s'est présenté vraiment avec son vrai visage et le visage je crois de chef de file de la droite. Alors pourquoi cette volte-face, pourquoi cette soudaine violence, je crois que l'on peut en chercher la raison dans les difficultés grandissantes que rencontre la politique du gouvernement et aussi dans les prochaines échéances électorales. Les municipales d'abord et les législatives. Je crois qu'en prévision de ces échéances, la droite met en place un dispositif de combat et on fait donner la garde, pas républicaine d'ailleurs, on fait donner la garde impériale et même l'empereur dans cette affaire. Alors je crois que M. Giscard d'Estaing s'en est pris au parti communiste et c'est un hommage d'ailleurs du vice à la vertu parce que c'est la reconnaissance, je crois, du rôle essentiel que nous jouons dans l'opposition à cette politique du gouvernement qui est mauvaise pour les travailleurs mais il s'en est pris, je crois, principalement, particulièrement à toi, et il te trouve arrogant et il estime que tu manques de fibre républicaine. Alors cette fibre républicaine ?
[Dans le dos des intervenants affiches du PCF : « Echec à leur manoeuvre. Tous au Bourget le 12 février ».
Georges Marchais : « Ben être arrogant c'est je crois émettre des prétentions non justifiées d'une manière hautaine dit-on, or nous ne demandons rien d'autre que le respect de la constitution et du suffrage universel. Comme les Françaises et les Français le savent, c'est le président de la République lui-même qui a posé le problème de 1978 et de ce qui se passerait en cas de victoire de la gauche. Et bien à une question, à la question qui m'a été posée par les journalistes d'une station de radio, j'ai apporté une réponse extrêmement simple. Nous disons il faut respecter la constitution. La constitution dit ceci, le président de la République désigne le premier ministre et c'est le premier ministre et non le président de la République qui est chargé de constituer un gouvernement qui s'appuie naturellement sur la nouvelle majorité existant dans l'Assemblée nationale. Par conséquent, si la gauche l'emporte en 1978, il faudra désigner un premier ministre dans la gauche qui constituera un gouvernement qui aura pour tâche, en s'appuyant sur ma majorité existant à l'Assemblée nationale, d'appliquer le programme voulu par la majorité des Français. Voilà ce que j'appelle moi se soumettre. Alors on me fait un procès d'intention parce que j'ai ajouter je soumettre ou se démettre. Bien oui, il possible que le président de la République, qui n'a pas caché son hostilité au programme commun de la gauche, qui vient d'ailleurs de dire que le moment venu il dirait aux Français ce qu'ils devront faire en 1978, qui prétend que le programme commun amènerait le collectivisme etc, etc. C'est un secret pour personne qu'il est opposé au programme commun de la gauche. Alors moi je dis, dans le cas où le président de la République considèrerait qu'il ne peut pas appliquer la constitution, qu'il ne peut pas tolérer un premier ministre et un gouvernement de gauche, c'est-à-dire un gouvernement composé de communistes, de socialistes et de radicaux appliquant le programme commun et bien alors, dans ce cas-là, il devrait s'en aller, il devrait se démettre. Par conséquent les Françaises et les Français sont à même de juger, notre position est conforme à la constitution, est très respectueuse du suffrage universel. Par conséquent il n'y a de notre part ni arrogance, ni attitude anti-républicaine. Voilà simplement ce que je peux répondre.
R.A. : « D'ailleurs je trouve que cette formule se soumettre ou se démettre, si je me souviens bien, et je me souviens d'ailleurs très bien, elle est de Gambetta qui l'avait appliquée à Mac Mahon, alors évidemment comme je suis Cadurcien et que j'ai même fait mes études au lycée Gambetta, je m'étonne que le président de la République estime qu'une formule de Gambetta est une formule anti-républicaine. C'est sans doute qu'il préfère Mac-Mahon, lui visiblement mais enfin c'est son affaire. Alors je voudrais qu'on parle d'une autre question que l’actualité met à l’ordre du jour, ce sont les élections municipales. Il y aura bientôt les élections municipales, c'est évidemment une échéance extrêmement importante mais elle ne se situe dans la stratosphère, elle est liée évidemment au contexte, elle est liée, je crois, à l'échec de la politique économique et sociale du gouvernement, au plan Barre, à la situation quand même assez difficile, très difficile même qui existe en France puisque d'après un sondage qu'a fait l'Institut de sondage l'opinion publique pour l'Humanité dernièrement, 40% des personnes en France estiment qu'elles sont à l'état de pauvreté suivant la définition que nous avions donnée au 22e Congrès, ce qui me paraît être une chose importante. Et plus généralement, si l'on considère le résultat de la politique du gouvernement, il y a 1 million 400 mille chômeurs, 1 million seulement d'après le gouvernement, il y aune inflation qui reste galopante, il y a un déficit du commerce extérieur qui continue à battre les records, vraiment le miracle de M. Barre paraît relatif et si vraiment c'est le meilleur économiste français, comme l'a dit M. Giscard d'Estaing, et bien vraiment la France manque d'économistes de talent me semble-t-il. D'autant plus que je me souviens aussi, c'est qu'en 1962 ça m'avait frappé quand M. Giscard d'Estaing a été nommé ministre des finances, il avait dit qu'en priorité il allait régler la hausse des prix. On peut dire que c'est vraiment réussi.
G.M. : « En assurant le plein emploi »
R.A. : « Absolument. Alors je crois que face à cette situation, le parti communiste appelle à la lutte des travailleurs et à l'union de toute la gauche, en particulier aux municipales. Alors là je voudrais que tu en parles parce que personnellement moi je trouve anormal pour m'en tenir à deux seuls exemples le cas Marseille et à Château-Chinon, Gaston Deferre et François Mitterrand ont refusé des listes d'union parce qu'il y a un accord qui a été signé qui dit que nous allons recherché le meilleur accord possible. Alors vraiment est-ce que le meilleur accord possible c'est pas d'accord du tout . J'ai dit d'ailleurs tout à l'heure que M. Giscard d'Estaing n’était pas content de toi, ce qui est plus étonnant c'est que François Mitterrand n'est pas content non plus, il l'a dit hier soir à France Inter. Il a dit que le ton que tu employais à propos des municipales était déplaisant et qu'il lui a déplu. Alors tu déplais à Giscard ce qui est dans l'ordre des choses mais pourquoi à François Mitterrand ?
G.M. : « Il est possible que les propos que j'ai tenu récemment à propos de l'état de préparation des élections municipales n'aient pas donné satisfaction à François Mitterrand. Mais le problème qui est posé c'est : est-ce que j'ai dit la vérité ou est-ce que j'ai trompé les Françaises et les Français, voilà je crois la question à laquelle il faut répondre. A ce propos, je pense qu'il est nécessaire de redire que les trois formations avaient, en juin de l'année dernière, adopté un communiqué commun, une position commune pour la préparation des élections municipales et dans ce texte je veux dire la formule qui est capitale : « les trois formations invitent leurs organisations départementales et locales à engager des négociations immédiates en vue du meilleur accord possible d'union de la gauche dès le premier tour de scrutin dans toutes les communes de France où elles sont présentes. » Et le texte ajoutait « et pour y parvenir, à cette union, nous avons décidé qu'il convenait de prendre pour base pour la composition des listes, l'ensemble des consultations électorales intervenues depuis la signature du programme commun. » Alors qu'elles sont les consultations électorales qui sont intervenues depuis la signature du programme commun ? Les élections cantonales de 1973, les élections législatives de 1973 et les élections cantonales de 1976. Précisément sur ces bases le parti communiste français a fait des propositions à toutes les organisations du parti socialiste et aux radicaux de gauche, dans toutes les villes et communes de France, et nous avons fait des propositions s'en tenant scrupuleusement à l'accord que nous avions conclu avec nos partenaires parce que nous estimons que, quand il existe entre nous un accord, un programme commun de la gauche, quand nous avons la prétention et la volonté de gérer ensemble les affaires du pays, il faut exclure toute idée de marchandage, de compromis. Par conséquent, les organisations du parti communiste ont fait des propositions s'en tenant scrupuleusement à l'influence respective de nos formations sur la base des critères que nous avions définis en commun. Or quelle est la situation aujourd'hui au moment où je vous parle ? Dans un grand nombre de villes il y a eu accord., c'est vrai, mais dans 50 villes de plus de 30.000 habitants il n'y a pas d'accord. Dans 200 villes de moins de 30.000 importantes, des villes importantes il n'y a pas d'accord. Pourquoi ? Tout simplement parce que le parti socialiste a des positions différents, diverses d'ailleurs, qui empêchent d'aboutir. D'abord on nous conteste des têtes de liste qui sont justifiées, par exemple à Villeurbanne où le parti communiste avait la municipalité en 1935. On nous la prise sur la base d'un accord entre socialistes et la droite, et maintenant le parti communiste arrive largement en tête.
R.A. : « 28% des voix si je me souviens bien, et le parti socialiste doit avoir 18%.
G.M. : « Voilà. Par conséquent hors là o, nous conteste la tête de liste. Ensuite dans un certain nombre de villes, dirigées par les communistes, où le maire est communiste, alors là le parti socialiste formule des prétentions exorbitantes. Dans d'autres villes où c'est le parti socialiste qui est le plus fort, qui dirige, où le maire est socialiste, comme à Limoges par exemple, nous avons droit à 18 élus, on nous en propose 9. Enfin il y a un dernier cas, c'est des villes où le parti socialiste a délibérément décidé de ne pas discuter avec nous pour des listes d'union. C'est le cas en particulier de Marseille, de Laval et de Marseille. Marseille enfin. On s'achemine à Paris, je crois, on peut le dire maintenant, vers un accord. Il y aura des listes d'union à Lille, à Bordeaux, à Toulouse, à Strasbourg, à Saint-Etienne, à Lyon, à Rennes, à Brest et pas à Marseille, alors que c'est possible alors que dans la plupart des cantons, dans 6 cantons sur 8, la gauche est largement majoritaire. Et bien nous disons nous tranquillement que cette situation est préjudiciable à la gauche parce que ces élections sont importantes. Elles doivent nous permettre de gagner des villes et d'y assurer une gestion dans l'intérêt des populations. Ces élections municipales doivent permettre aux populations de dire non au plan Barre. Et enfin ces élections municipales peuvent constituer une bonne préparation des batailles futures et des élections législatives de 1978 pour le changement qui s'impose. Voilà quelle est la situation. Et bien je réaffirme ce soir tranquillement que ces difficultés ne nous rebuterons pas dans l'effort nécessaire et je souhaite vivement que nos partenaires socialistes et radicaux de gauche face preuve comme nous de bonne volonté, s'en tiennent bien à l'accord que nous avions conclu en juin et qu'il y ait des listes d'union dans toutes les villes et communes de France. Quel drame ce serait de voir une seule municipalité nous échapper parce que il n'y aurait pas eu l'union.
R.A. : « D'une façon générale alors, et ce sera la conclusion, est-ce que à ton avis on peut être pessimiste ou optimiste pour l'avenir »
G.M. : « Optimiste toujours mais un optimisme raisonné. Il est clair que la majorité est en difficulté. Tu as expliqué cela au début, tout à l'heure et c'est d'ailleurs ce qui explique en partie l'attitude agressive du président de la République à notre égard mais la victoire elle dépendra de notre effort commun et elle dépendra beaucoup aussi, pour l'essentiel même je dirai, de la participation des Françaises et des Français, de tous ceux qui veulent le changement démocratique à l'effort nécessaire pour faire connaître nos solutions, pour renforcer, consolider l'union de la gauche et l'influence de notre parti.