MEETING DES EUROPÉENNES À PARIS
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- Sous-titrePARTIES 1 ET 2
- Réalisateur.ice.sCOLLECTIF UNICITÉ
- Année(s)1979 précisément
- Durée00:32:00
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 16 mm
- SonSonore
- CollectionUNICITÉ
Trois discours filmés en quasi plan fixe et in extenso pour deux d'entre eux lors d'un meeting du P.C.F. tenu à Paris le 31 mai 1979.
La fin du discours prononcé par Paul Vergès distingue deux traditions en France, l'une constituée par un « parti colonial », l'autre « anti-colonialiste ». Il est venu saluer Georges Marchais au nom de la Réunion et fait un appel à tous les électeurs des DOM-TOM.
C'est ensuite Emmanuel Maffre-Baugé qui vient s'exprimer. Très applaudi, il commence par justifier sa présence qui n'a d'après lui rien de paradoxal. Il oppose « deux mondes bien distincts. La minorité des nantis qui rafle tout. Et la majorité des autres ». Il se lance ensuite dans une sorte de compte-rendu du tour de la France qu'il a effectué. Il a partout retrouvé la même « inquiétude » : « sans cesse faire plus, faire mieux, augmenter les cadences, créer plus de valeurs ajoutées, cela non point pour un grand idéal, mais pour alimenter un capitalisme de plus en plus intraitable et de plus en plus intransigeant ». Que ce soit en Bretagne, dans le Nord, sur la côte d'Azur ou dans le Sud Ouest, la crise est lourde de conséquences. Le marché commun qui se transforme en arme libérale ne fait qu'aggraver les choses ; la compétition engendrée ne profite qu'à l'Allemagne. Par ailleurs pour Maffre-Baugé, l'Europe telle qu'elle se construit est une menace pour les libertés. Enfin, c'est « l'avenir de nos régions » qui est en jeu. « Notre indépendance nationale sera sacrifiée » à la capacité des autres puissances européennes ; à terme, des pans entiers de l'économie nationale sont menacés. Maffre-Baugé rappelle que la France tire sa force de la richesse et surtout de la diversité de ses régions ; au-delà, il y a ceux qui font ces régions à savoir les hommes. L'appel au changement est lancé, mais pas sous la forme de la CEE : « l'Europe qu'on nous propose, sous les voiles d'une odalisque, n'est qu'en réalité que la fille du harem capitaliste, elle en a l'apparente séduction mais nous savon quelle est sa tâche, celle d'une courtisane soumise à ses maîtres ». Il espère au contraire au contraire « une Europe vraie femme libre, à l'image de Marianne ». Maffre-Baugé termine son discours par la lecture de quelques vers du poème d'Aragon « La Rose et le Réséda ».
Georges Marchais, tête de la liste communiste pour les Européennes, fait enfin une allocution. Il commence par dénoncer des élections organisées « à la sauvette », dont on a dissimulé les enjeux réels mais il proclame : « je puis vous dire avec certitude que ces messieurs ont échoué ». À l'appui, un tour de France où les forces résistantes lui sont apparues nombreuses et actives. En Lorraine, en Alsace, dans le Nord, en Bretagne, ou dans le Sud, les protestations sont bien réelles et le moyen de leur donner une portée, c'est de voter communiste. Ainsi « un coup d'arrêt sérieux peut être porté le 10 juin à l'Europe du chômage, de l'inflation, du refus des 35 heures, à l'Europe de la remise en cause des avantages acquis, à l'Europe de la dégradation des libertés, de l'écrasement des plus forts par les plus faibles, bref à l'Europe du capital dominé par la RFA ». Georges Marchais fait ensuite un appel tout particulier aux habitants de la région parisienne. La crise ne les épargne pas. De plus, une menace toute particulière pèse : « que Paris cesse d'être la vraie capitale de la France » ; « ils veulent réaliser cette supranationalité qui signifierait que les lois européennes seraient dictées de l'extérieur aux Français, que des ministres des Affaires Françaises nous gouverneraient au-delà de nos frontières ». À l'opposé de tout cela, le PCF s'affirme pour le droit des régions ainsi que pour l'indépendance nationale. Marchais s'attaque aux multinationales qui veulent démanteler le secteur public, remettre en cause les acquis sociaux et limiter les droits et libertés démocratiques ; « c'est pour atteindre ces objectifs qu'ils veulent étendre les pouvoirs du parlement européen au détriment du parlement français ». La France perdrait alors son indépendance nationale dans une Europe « supranationale », dominée par l'Allemagne et les États-Unis. C'est dans ce sens que va l'ouverture de l'Union européenne à de nouveaux pays. Finalement « ce qu'ils veulent imposer à notre peuple, c'est encore plus de chômage, encore plus d'inflation, encore plus de fermeture d'usine, encore plus d'attaque contre les salaires, les avantages sociaux et les droits démocratiques ». Marchais dénonce la connivence du monde des différents partis politiques pour réaliser ce dessein : Simone Veil, Giscard, Chirac et Servan-Schreiber sont tous complices. Quant à François Mitterrand (dont le nom est copieusement sifflé par l'auditoire), il s'est « ouvertement rallié à la social-démocratie européenne». Face à tous ces périls, Marchais en appelle aux ouvriers, aux employés, aux intellectuels, aux jeunes et aux habitants des DOM-TOM ; « chaque voix pour la liste du PCF va compter ». Grâce au vote communiste, une autre Europe peut être envisagée, « une Europe du progrès social », « une Europe de la démocratie », indépendante en terme de relations internationales de la tutelle des États-Unis. Marchais insiste sur la complicité du PS et dénonce la campagne de calomnies lancée contre le PCF : « ainsi François Mitterrand et ses amis tentent de relancer, de nourrir contre nous une campagne anti-communiste ». Pourtant, la nécessité d'une union de la Gauche est à nouveau proclamée parce qu'elle est « indispensable à la lutte pour des changements démocratiques ». Le discours s'achève sur un nouvel appel au vote communiste.
En 1979, se tient la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct alors que jusque là, les députés étaient désignés par les parlements nationaux. Le PCF présente une liste conduite par Georges Marchais. Sur celle-ci Paul Vergès figure en numéro 4 et Emmanuel Maffre-Baugé en numéro 6. Un an après la rupture du Programme Commun et le relatif désaveu électoral des législatives de 1978, les Européennes doivent remobiliser l'électorat communiste. À l'issue du scrutin, le PCF arrive en troisième position avec 20,52% des voix. C'est un succès en demi-teintes puisque le PCF arrive derrière la liste UDF et la liste PS-MRG. Ce film, non monté, permet de saisir la position du PCF dans la campagne des Européennes. Une très nette opposition à la CEE telle qu'elle existe et se construit apparaît ; le discours de Maffre-Baugé et plus encore celui-ci de Marchais, font l'inventaire des dangers et des menaces que représente l'Europe ; les élections deviennent alors un enjeu de souveraineté nationale tant du point de vue économique que politique. Les propos versent parfois dans un certain nationalisme qui s'exprime particulièrement contre la RFA. La rupture avec le PS semble par ailleurs consommée : le parti de François Mitterrand est devenu persona non grata du fait de sa compromission avec la « social-démocratie » européenne ; les sifflets de l'auditoire en sont la preuve tangible.
Pas de générique
Production : Unicité
Lieux : Paris
Personnalités : Georges Marchais, Paul Vergès, Emmanuel Maffre-Baugé
Événement : Élections européennes
MOTS-CLÉ :
France, Paris
Georges Marchais, Paul Vergès, Emmanuel Maffre-Baugé
Secrétaire général, viticulteur, vigneron
Élection, Européenne, campagne électorale
PCF
Meeting, rassemblement, discours
Applaudissement, sifflet
La fin du discours prononcé par Paul Vergès distingue deux traditions en France, l'une constituée par un « parti colonial », l'autre « anti-colonialiste ». Il est venu saluer Georges Marchais au nom de la Réunion et fait un appel à tous les électeurs des DOM-TOM.
C'est ensuite Emmanuel Maffre-Baugé qui vient s'exprimer. Très applaudi, il commence par justifier sa présence qui n'a d'après lui rien de paradoxal. Il oppose « deux mondes bien distincts. La minorité des nantis qui rafle tout. Et la majorité des autres ». Il se lance ensuite dans une sorte de compte-rendu du tour de la France qu'il a effectué. Il a partout retrouvé la même « inquiétude » : « sans cesse faire plus, faire mieux, augmenter les cadences, créer plus de valeurs ajoutées, cela non point pour un grand idéal, mais pour alimenter un capitalisme de plus en plus intraitable et de plus en plus intransigeant ». Que ce soit en Bretagne, dans le Nord, sur la côte d'Azur ou dans le Sud Ouest, la crise est lourde de conséquences. Le marché commun qui se transforme en arme libérale ne fait qu'aggraver les choses ; la compétition engendrée ne profite qu'à l'Allemagne. Par ailleurs pour Maffre-Baugé, l'Europe telle qu'elle se construit est une menace pour les libertés. Enfin, c'est « l'avenir de nos régions » qui est en jeu. « Notre indépendance nationale sera sacrifiée » à la capacité des autres puissances européennes ; à terme, des pans entiers de l'économie nationale sont menacés. Maffre-Baugé rappelle que la France tire sa force de la richesse et surtout de la diversité de ses régions ; au-delà, il y a ceux qui font ces régions à savoir les hommes. L'appel au changement est lancé, mais pas sous la forme de la CEE : « l'Europe qu'on nous propose, sous les voiles d'une odalisque, n'est qu'en réalité que la fille du harem capitaliste, elle en a l'apparente séduction mais nous savon quelle est sa tâche, celle d'une courtisane soumise à ses maîtres ». Il espère au contraire au contraire « une Europe vraie femme libre, à l'image de Marianne ». Maffre-Baugé termine son discours par la lecture de quelques vers du poème d'Aragon « La Rose et le Réséda ».
Georges Marchais, tête de la liste communiste pour les Européennes, fait enfin une allocution. Il commence par dénoncer des élections organisées « à la sauvette », dont on a dissimulé les enjeux réels mais il proclame : « je puis vous dire avec certitude que ces messieurs ont échoué ». À l'appui, un tour de France où les forces résistantes lui sont apparues nombreuses et actives. En Lorraine, en Alsace, dans le Nord, en Bretagne, ou dans le Sud, les protestations sont bien réelles et le moyen de leur donner une portée, c'est de voter communiste. Ainsi « un coup d'arrêt sérieux peut être porté le 10 juin à l'Europe du chômage, de l'inflation, du refus des 35 heures, à l'Europe de la remise en cause des avantages acquis, à l'Europe de la dégradation des libertés, de l'écrasement des plus forts par les plus faibles, bref à l'Europe du capital dominé par la RFA ». Georges Marchais fait ensuite un appel tout particulier aux habitants de la région parisienne. La crise ne les épargne pas. De plus, une menace toute particulière pèse : « que Paris cesse d'être la vraie capitale de la France » ; « ils veulent réaliser cette supranationalité qui signifierait que les lois européennes seraient dictées de l'extérieur aux Français, que des ministres des Affaires Françaises nous gouverneraient au-delà de nos frontières ». À l'opposé de tout cela, le PCF s'affirme pour le droit des régions ainsi que pour l'indépendance nationale. Marchais s'attaque aux multinationales qui veulent démanteler le secteur public, remettre en cause les acquis sociaux et limiter les droits et libertés démocratiques ; « c'est pour atteindre ces objectifs qu'ils veulent étendre les pouvoirs du parlement européen au détriment du parlement français ». La France perdrait alors son indépendance nationale dans une Europe « supranationale », dominée par l'Allemagne et les États-Unis. C'est dans ce sens que va l'ouverture de l'Union européenne à de nouveaux pays. Finalement « ce qu'ils veulent imposer à notre peuple, c'est encore plus de chômage, encore plus d'inflation, encore plus de fermeture d'usine, encore plus d'attaque contre les salaires, les avantages sociaux et les droits démocratiques ». Marchais dénonce la connivence du monde des différents partis politiques pour réaliser ce dessein : Simone Veil, Giscard, Chirac et Servan-Schreiber sont tous complices. Quant à François Mitterrand (dont le nom est copieusement sifflé par l'auditoire), il s'est « ouvertement rallié à la social-démocratie européenne». Face à tous ces périls, Marchais en appelle aux ouvriers, aux employés, aux intellectuels, aux jeunes et aux habitants des DOM-TOM ; « chaque voix pour la liste du PCF va compter ». Grâce au vote communiste, une autre Europe peut être envisagée, « une Europe du progrès social », « une Europe de la démocratie », indépendante en terme de relations internationales de la tutelle des États-Unis. Marchais insiste sur la complicité du PS et dénonce la campagne de calomnies lancée contre le PCF : « ainsi François Mitterrand et ses amis tentent de relancer, de nourrir contre nous une campagne anti-communiste ». Pourtant, la nécessité d'une union de la Gauche est à nouveau proclamée parce qu'elle est « indispensable à la lutte pour des changements démocratiques ». Le discours s'achève sur un nouvel appel au vote communiste.
En 1979, se tient la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct alors que jusque là, les députés étaient désignés par les parlements nationaux. Le PCF présente une liste conduite par Georges Marchais. Sur celle-ci Paul Vergès figure en numéro 4 et Emmanuel Maffre-Baugé en numéro 6. Un an après la rupture du Programme Commun et le relatif désaveu électoral des législatives de 1978, les Européennes doivent remobiliser l'électorat communiste. À l'issue du scrutin, le PCF arrive en troisième position avec 20,52% des voix. C'est un succès en demi-teintes puisque le PCF arrive derrière la liste UDF et la liste PS-MRG. Ce film, non monté, permet de saisir la position du PCF dans la campagne des Européennes. Une très nette opposition à la CEE telle qu'elle existe et se construit apparaît ; le discours de Maffre-Baugé et plus encore celui-ci de Marchais, font l'inventaire des dangers et des menaces que représente l'Europe ; les élections deviennent alors un enjeu de souveraineté nationale tant du point de vue économique que politique. Les propos versent parfois dans un certain nationalisme qui s'exprime particulièrement contre la RFA. La rupture avec le PS semble par ailleurs consommée : le parti de François Mitterrand est devenu persona non grata du fait de sa compromission avec la « social-démocratie » européenne ; les sifflets de l'auditoire en sont la preuve tangible.
Pas de générique
Production : Unicité
Lieux : Paris
Personnalités : Georges Marchais, Paul Vergès, Emmanuel Maffre-Baugé
Événement : Élections européennes
MOTS-CLÉ :
France, Paris
Georges Marchais, Paul Vergès, Emmanuel Maffre-Baugé
Secrétaire général, viticulteur, vigneron
Élection, Européenne, campagne électorale
PCF
Meeting, rassemblement, discours
Applaudissement, sifflet