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Catalogue
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MALOYA POUR LA LIBERTÉ (ÎLE DE LA RÉUNION, AVRIL 1979)

© Ciné-Archives. Tous droits de reproduction ou de modification interdits.
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« En 1963, Sucre amer, court métrage de Yann Le Masson, tourné lors de la première campagne électorale de Michel Debré, révélait l'existence d'une situation de type colonial à l'Île de la Réunion, « Département d'outre-mer ». Seize ans plus tard, en avril 1979, le séjour dans l'île, à l'invitation du Parti Communiste Réunionnais, de Georges Marchais, Secrétaire Général du Parti Communiste Français, est le fil conducteur d'une nouvelle approche de ce pays et de ce peuple. Cinq jours de rencontres avec les planteurs, les ouvriers du bâtiment et des usines sucrières, les dockers, les victimes de la répression et les habitants d'un bidonville confirment la permanence et l'aggravation de la situation coloniale déjà mise en évidence dans Sucre amer. Mais aussi, les déclarations de personnalités religieuses et politiques, l'enthousiasme et la détermination des trois grands rassemblements populaires autour de Georges Marchais et de Paul Vergès, Secrétaire Général du Parti Communiste Réunionnais, expriment la profonde volonté de changement de tout un peuple » (extrait du dossier de presse).

Avec le « Séga », le « Maloya » est le genre musical majeur de La Réunion qui se caractérise par un rythme ternaire de percussions. Le mot « maloya » viendrait du malgache « maloy aho », « maloy » signifiant « parler, dégoiser, dire ce que l'on a à dire ». Comme le blues américain, le maloya est un chant de complainte chanté à l'origine par les esclaves ayant le mal du pays ou se plaignant des mauvais traitements infligés par leur maître.
Considéré comme subversif, il fut longtemps interdit par les autorités coloniales françaises de l'Ile de la Réunion. Le Maloya est une musique fortement enracinée dans la tradition culturelle réunionnaise, mais on le retrouve aussi à Madagascar et dans plusieurs pays de l'Afrique centrale de l'Est.

Réalisation : Jacqueline Meppiel
Production : Unicité
Image : Michel Bonne
Son : Jean-Louis Ughetto
Montage : Catherine Renault et Agnès Vaurigeaud
mots clés : colonialisme, Le Port, Parti Communiste Réunionnais (PCR)

Note : Paul Vergès est un des fondateurs du PCR, en 1959, et ancien directeur du quotidien communiste réunionnais Témoignages. Il est élu maire du Port en 1971, puis député européen en 1979. Lui même comme son parti sont interdits de passages radio et télévisés ; il est question de cette censure dans le film.
Le croyant hindouiste serait Julien Ramin, et les deux prêtres Christian Fontaine et René Payet. On aperçoit aussi Angelo Lauret.


Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
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Générique en surimpression, sur des images de jeunes Réunionnais chantant et dansant le maloya.
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Georges Marchais est acclamé par la foule, qui agite des drapeaux rouges et des drapeaux tricolores. Paul Vergès, secrétaire du PCR, prononce un discours sur le rôle du Parti Communiste Réunionnais. Il rappelle l'histoire de l'île, qui a longtemps "subi l'Histoire", tout en disant que se dessine la victoire de demain.
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Georges Marchais et Paul Vergès rencontrent des dockers réunionnais, qui racontent les conditions déplorables dans lesquelles ils travaillent, et les luttes qu'il leur faut mener avec le syndicat. Ils discutent du progrès technique : celui-ci doit améliorer les conditions de travail et de sécurité des dockers, et ne doit pas être une menace pour l'emploi.
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La visite se poursuit, sur un énorme chantier EDF (peut-être s'agit-il de la Centrale électrique de Sainte-Rose?) qui emploie 450 personnes. Le chantier arrive à terme, ce qui entraîne une vague de licenciements. Les ouvriers exigent une prime spéciale, et ont déclenché une grève unitaire de 38 jours. Plusieurs ouvriers expliquent la façon dont la comptabilité est faite, depuis la France, et qui porte préjudice à leurs salaires. L'un d'eux conclut : "Il faut faire la révolution!"
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Le soir, meeting. Vergès évoque la ville de Sainte-Suzanne, et la fermeture d'un site industriel. Il fustige le gouvernement français, incapable de donner du travail, d'arrêter les licenciements. Il exhorte à lutter "contre le capitalisme français et le colonialisme du marché commun. Nous voulons en finir avec la situation coloniale de notre pays (...) Nous partons des données historiques de la Réunion et nous voulons que l'aspiration à la dignité, à la responsabilité de la direction de notre pays se concilient avec notre volonté de rester dans la République frnaçaise, c'est cela l'autonomie. Et parce que la classe ouvrière, les petits et moyens planteurs, pèsent d'un poids décisif, cette autonomie aura un contenu économique, social et politique tel que personne ne se trompera sur notre mot d'ordre d'autonomie démocratique et populaire."
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Discours de Georges Marchais : "Le seul rôle qu'on vous assigne, c'est d'être au service de la métropole. Malgré les promesses de Valéry Giscard d'Estaing et de Debré, aucun des problèmes sociaux (logement, éducation, santé) n'a été résolu. En 1979 à la Réunion, des milliers de foyers populaires connaissent les privations et la faim ; voilà le visage du colonialisme! C'est le chômage, la misère, l'exil, une situation devenue intolérable! Partout vous vous heurtez à l'autoritarisme, à l'arbtiraire. Le PCR, et mon ami Paul Vergès, est purement et simplement interdit à la radio et à la télévision, c'est un scandale, parce qu'ils ont peur! Je pose la question : si le gouvernement français n'avait pas peur de la juste politique du PCR, pourquoi bâillonne-t-il le secrétaire général de ce parti? Vous, vous voulez une vie plus juste, plus digne, plus libre, vous luttez pour cela. Nous les communistes français, nous sommes à vos côtés dans ce combat, vous pouvez et vous pourrez toujours compter sur notre solidarité." Acclamations, puis la foule entonne l'Internationale.
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--- L'économie du sucre de canne --- Visite de l'usine sucrière de LaMare (Sainte-Marie). La foule dans la rue salue Georges Marchais, visiblement très détendu. Il est question de l'usine de Grand-Bois (usine sucrière également). Un ouvrier explique qu'à l'époque, on comptait 250 travailleurs permanents à l'année,e t 600 pendant la période de coupe. Aujourd'hui, 125 permanents, sans renfort pendant la coupe, travaillent ici, dont 30 cadres. Les enfants quittent la région pour aller trouver du travail. 00:19:42:00 Plan sur des champs de canne à sucre.
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Des petits planteurs expliquent le fonctionnement du système à Georges Marchais : ils expliquent que le prix de la canne à sucre est fixé de telle sorte qu'il avantage les gros planteurs, et affaiblit sans cesse les petits planteurs, qui représentent, rappelle Paul Vergès, 92 à 95% des planteurs. Il résume la situation de cette "masse de petits et moyens planteurs, dont la canne est nécessaire à l'usine. Le problème pour le gouvernement est de maintenir ces petits planteurs, mais juste la tête hors de l'eau. Donc il injecte des crédits, en les poussant à planter toujours plus, et plus ils plantent moins ils gagnent, car ils sont rattrapés par le coût de l'irrigation, les intérêts du Crédit Agricole." Il évoque les grandes manifestations de planteurs en 1955 et 1956 à Grand-Bois pour faire reculer l'usinier. "Avec le marché commun, maintenant c'est Bruxelles qui fixe les prix de la canne ; on éloigne le pouvoir de décision de la pression populaire."
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--- La censure du Parti Communiste Réunionnais -- Images d'archives de manifestants brandissant des pancartes "autonomie" et scandant "Vergès à la télé!" (référence à la censure du PCR par l'ORTF) La séquence suivante montre une interview de Marchais par FR3 Réunion. Le secrétaire du PCF déplore qu'il ait fallu sa venue pour qu'on parle enfin de Paul Vergès et du PCR à la télévision. Il parle de "réalité colonialiste" à la Réunion, après 30 ans de départementalisation. "Si je vous écoute, alors je suis un colonisé qui s'ignore" dit le journaliste. « Parce que vous avez un niveau de vie supérieur à la moyenne » rétorque Marchais. Plan sur les réactions des gens qui regardent la télé : "salaud!", et "on paie la redevance pour la télé, pourquoi vergès il ne passe jamais à la télé?"
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Discours de Paul Vergès lors d'un meeting : "(...) Nous croyons profondément que le socialisme est lié à la paix et à la démocratie ; le mot d'ordre central de notre lutte c'est L'océan indien, zone de paix. Tous les pays riverains de l'Océan indien ont été des colonies et se sont libérés, se sont donnés des régimes non-alignés. Notre pays n'est menacé par aucun de ses voins, ni l'Ile Maurice, ni les Seychelles, ni les Comores ni Madagascar. Dans ces conditions, la présence ici en nombre anormal de troupes d'intervention ne peut avoir qu'une double signification : ou bien elles sont destinées à lutter contre la lutte populaire à la Réunion, ou bien elle ont des missions inavouables contre les pays voisins. Dans un cas comme dans l'autre, nous voulons que le gouvernement prenne des mesures pour faire de l'Océan Indien un océan de paix."
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Visite d'une grosse usine. Vergès explique que cette entreprise s'est arrogée toutes les terres de la commune, exerçant des pressions intolérables sur les habitants et les paysans, menacés d'expulsion. Les logements sont vétustes : ils ont été construits pour loger les engagés, ces indiens et tamouls venu servir de main d'oeuvre sous-payée au XIXème siècle. Une femme d'origine indienne raconte en créole ses difficultés pour nourrir sa famille, et effectuer des démarcges administratives.
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Visite du bidonville de Coeur-Saignant, sur la commune du Port. La visite est encadrée par une escouade de gendarmes casqués. Panneau "Le quartier Coeur Saignant souhaite la bienvenue au camarade Georges Marchais". Ce dernier rencontre les mères de jeunes manifestants blessés par les "nervis" de Jean Fontaine, pendant la campagne électorale de 1978, et la mère de Rico Carpaye, jeune homme de 17 ans tué ce même soir. Paul vergès raconte la répression très violente. Une pancarte en bois faite à la main indique une nouvelle rue dans le bidonville : l'avenue Rico Carpaye. Visite du bidonville, de ses cases obscures. Paul Vergès : "Si tu détruis le bidonville, et que tu le transportes dans des logements neufs, ce sera pire car tu vas transporter la misère, sauf qu'ici il y a solidarité. Quand tu les mets dans des cages et que les isoles, tu détruis ce dernier moyen de solidarité qui permet la survie. (...) Le vrai problème, c'est le travail." Il explique sur la municipalité (il est maire du Port) offre la cantine et un goûter pour les enfants, mais que cela reste un palliatif. "On peut parler d'un vrai massacre de la population."
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Interviews de communistes croyants (Julien Ramin, cofondateur du PCR et hindouiste, et deux prêtres catholiques.) Ils expliquent comment ils en sont venus à s'engager avec le Parti Communiste, malgré une formation au séminaire très anti-communiste. L'un est membre de Témoignage Chrétien de la Réunion.
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Interview du responsable des radicaux de gauche de la Réunion, qui explique que malgré la rupture du programme commun de la gauche en métropole, l'union des communistes et des radicaux est maintenue à la Réunion.
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Interview d'une femme d'origine indienne, qui se dit "privilégiée". Elle exprime pourtant son mécontentement : on a incité les gens à ignorer leur culture et leur langue maternelle au profit du français ; le gouvernement français donne des biens matériels aux élites réunionnaises pour qu'elles se taisent. Elle souhaite un développement de l'éducation, de la maternelle à l'Université.
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Georges Marchais est présenté à de nombreux responsables locaux.
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Discours de Georges Marchais, qui se dit ulcéré de la misère qu'il a vue. Il dit avoir senti partout une colère et un désir de changement, qu'il pressent comme imminent.
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Bilan de la visite de Marchais. Il se dit frappé par la liaison étroite entre le PCR et le peuple, dans toute sa diversité. Paul Vergès explique que cela a été une des lignes directrices du PCR depuis sa création : un parti fidèle à la réalité unique de cette île.
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Le film se clôt sur du maloya. La foule acclame Georges Marchais.

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