Ce document montre un rassemblement pendant la grève des salariés de Renault-Billancourt qui a eu lieu en février-mars 1950. Devant de nombreux grévistes, cinq hommes s'expriment successivement en plein air devant un micro, qui est tenu par un opérateur. Des hommes et des femmes les écoutent très attentivement et applaudissent certaines interventions. Une affiche sur un mur dénonce la présence de « 10 000 CRS casernés chez Renault » et rappelle les objectifs de la grève : une augmentation de salaire de 3000 francs et des conventions collectives.
A la Libération, Renault est nationalisé. Dès 1947, l'usine de Billancourt est le théâtre de différentes grèves : au printemps puis à l'automne 1947, les travailleurs demandent une augmentation des salaires. Début 1950, à l'appel de tous les syndicats, une nouvelle grève est lancée à l’usine sur la question des salaires et de la convention collective. Le 11 février 1950, une loi sur les conventions collectives a été votée : les ouvriers de Renault-Billancourt demandent en conséquence qu'une convention collective soit signée. Le 8 février, une première journée d'action se déroule à Renault-Billancourt ; à partir du 21 février, la grève est lancée et elle se poursuit jusqu'à la fin mars 1950. Très suivie à l’usine de Billancourt, cette grève s'étend progressivement à tout le secteur de la métallurgie, en région parisienne puis en province : l'Humanité du 23 février 1950 annonce plus de 80 000 métallurgistes grévistes en France.
A Billancourt, la grève est marquée par plusieurs occupations de l'usine par les forces de l'ordre. Ne pouvant accéder à leur lieu de travail, les grévistes se réunissent rue Yves Kermen devant le siège de la CGT ou au square Henri Barbusse à Boulogne-Billancourt. Fin mars 1950, le travail reprend progressivement dans la métallurgie ; selon les cas, les revendications sont plus ou moins satisfaites. A Renault-Billancourt, aucune convention collective n’est établie, et ce n'est que six mois plus tard, en septembre 1950, que la direction propose un accord de salaire qui est signé par toutes les représentations syndicales (mais avec un an de retard par la CGT).
Lieu : usine Renault, Billancourt
Production : Procinex