19 mars 1978. Dans les locaux du journal l'Humanité, la soirée du deuxième tour des élections législatives, qui voient l'échec de la gauche.
Suite à la rupture du programme commun en 1977, socialistes et communistes se sont présentés séparément à ces élections, qui confirment la tendance dessinée par les cantonales de 1976 : le Parti communiste est pour la deuxième fois dépassé par le Parti socialiste dans les votes de l'électorat de gauche (22,82% contre 20,61%).
La caméra suit l'équipe du journal au long de cette nuit électorale : les membres de la rédaction regardent et commentent les résultats annoncés par la télévision avant de préparer leurs papiers, tandis que rédacteur et maquettiste élaborent la mise en page de l'édition du lendemain. Les ouvriers typographes préparent les plombs et tirent le premier bon à tirer (la morasse).
En parallèle sont montrées deux interventions : la conférence de presse de Georges Marchais dans les locaux du journal, et un entretien plus informel avec Laurent Salini, chef du service politique.
Georges Marchais reconnaît que ce score est une déception amère, mais affirme que la droite n'a pas gagné pour autant : "C'est une majorité étriquée et qui s'affaiblit".
Laurent Salini exprime la nécessité de réaliser l'union de la gauche : "La seule politique qui puisse apporter les transformations profondes dans ce pays, c'est celle qui rassemble les travailleurs communistes et les travailleurs socialistes, et bien d'autres avec eux." Il dit également la volonté du PCF de "renforcer (ses) attaches avec l'ensemble des travailleurs et notamment avec la classe ouvrière". Le Parti Communiste doit rester un parti de masse et un parti d'action au service du peuple.
2 versions : un premier film en 16 mm de 35 min et un second film tourné en vidéo de 51 min
Image : Bruno MUEL
Son : Théo ROBICHET
Montage : Brigitte DORNES.
Film du secteur Archives d'Unicité.
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images.
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Plan sur les télex (article sur les Brigades Rouges tandis qu'en bruit de fond, un journaliste évoque l'enlèvement d'Aldo Moro).
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Les membres de la rédaction de l'Humanité regardent les résultats de l'élection à la télévision. La droite conserve la majorité absolue, tandis que le parti communiste obtient 90 sièges, contre 122 pour le Parti socialiste et les radicaux de gauche. Les avis sont partagés au sein de l'équipe.
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Dans la grande salle, les journalistes préparent leurs papiers, tandis que la télévision continue d'affiner les scores. Dans une parodie de conférence de presse, un homme explique le score de la droite par le fait que "tous les morts de la Vème République ont voté". Un journaliste lit Le Figaro.
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On trie le courrier. des femmes tapent à la machine, d'autres téléphonent.
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Georges Marchais prend place à la tribune pour une conférence de presse (derrière lui, bandeau "L'Humanité, pour l'union – pour gagner et changer vraiment").
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Extraits du discours de Georges Marchais: "Nul doute que parmi les travailleurs qui espéraient et attendaient tant le changement, il y aura de la déception. Je l'ai souvent dit, au cours des voyages que j'ai effectués durant cette campagne électorale, j'ai toujours été sensible à ce cri qui montait des entreprises, des quartiers populaires, et qui exprimait à la fois l'espérance et le changement. Or maintenant, les résultats prouvent que la majorité sortante va conserver la majorité à l'Assemblée nationale. (…) Le rapport des forces dans ce pays reste à peu de choses près ce qu'il était avant les élections (...) Je rappelle qu'au premier tour 15 milions d'électeurs s'étaient prononcés contre la majorité. C'est un fait incontestable. Par conséquent on ne peut pas dire que c'est une majorité qui consolide ses positions, non. C'est une majorité étriquée et qui s'affaiblit, c'est incontestable." Pendant ce temps, poursuit-il, les problèmes (chômage, vie chère) demeurent, sciemment dissimulés par le gouvernement de Raymond Barre.
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Tandis que Marchais fait son discours, le maquettiste à sa table de dessinateur et le rédacteur en chef élaborent la mise en page du journal.
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En salle des machines, les ouvriers typographes fabriquent les plombs qui serviront à la maquette.
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On dresse le couvert.
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Le maquettiste ajuste la maquette de la une avec un typographe. Ils font des essais avec des plombs de tailles différentes.
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Dans l'atelier, plan sur les ouvriers. On entend toujours en fond sonore la télévision (un commentateur déclare "il ne faut pas être triomphaliste ce soir pour la gauche", et un deuxième ajoute "c'est la troisième consultation nationale sur laquelle le pays rejette le programme commun.")
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La version provisoire de la une est prête, gravée en négatif sur une plaque de métal. Un ouvrier encre cette plaque avec un rouleau, et appose une feuille dessus pour obtenir le premier tirage de la une (la morasse).
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On commente cette première version, qui annonce en une "La droite majoritaire à l'Assemblée perd des sièges".
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Les ouvriers font la "brisure" et mangent le casse-croûte.
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Laurent Salini est interrogé à son bureau sur cet échec électoral. Il faut reconnaître la défaite, dit-il, mais aussi voir que la droite perd tout de même des sièges. "Il va y avoir une immense déception, indiscutablement. Je pense que, pour des millions de travailleurs, ce soir, et peut-être encore plus pour des millions de travailleuses, pour des millions de femmes, il y a beaucoup de tristesse effectivement. Il y avait eu un immense espoir, cet espoir n'a pas de réalisation, il est tout à fait clair qu'on est triste chez les ouvriers et on le sera demain et après-demain."
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Laurent Salini réaffirme ensuite la volonté de réaliser l'union de la gauche. La rupture du Programme Commun n'était pas un mouvement d'humeur du PCF, mais le signe que l'union n'était pas satisfaisante en l'état. "La seule politique qui puisse apporter les transformations profondes dans ce pays, c'est celle qui rassemble les travailleurs communistes et les travailleurs socialistes et bien d'autres avec eux car l'Union de la gauche n'est que la pierre modulaire, la base d'un large rassemblement majoritaire entraînant toutes les forces populaires, cette fois, autour de propositions de transformations profondes, sérieuses dans le domaine économique, dans le domaine social et dans le domaine politique."
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Parmi les forces sociales en présence, le Parti Communiste, dit-il, doit s'appuyer avant tout sur la classe ouvrière : "Ces élections confirment d'une manière éclatante que la force sociale qui joue le rôle le plus important, celle à qui on doit s'adresser (...) c'est la classe ouvrière. Je n'ai pas de la classe ouvrière une conception fermée, étriquée. Je dis avec elle l'ensemble des travailleurs salariés, qui forment le substrat social de ce pays, qui produisent les richesses." Le PCF a eu "le mérite inestimable" de donner à la classe ouvrière la possibilité de jouer un rôle politique ; plus récemment, il a mis en lumière les conditions de vie des populations pauvres du pays.
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L’entretien est interrompu par un employé du journal, qui vient soumettre un choix de photographies de la soirée à Laurent Salini (images de la conférence de presse de Georges Marchais)
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« Je crois que pour nous il est essentiel de saisir que nous devons encore renforcer nos attaches avec l'ensemble des travailleurs et notamment avec la classe ouvrière. Bien sûr, en prenant en main les revendications de ces travailleurs, en les défendant pied à pied, partout, sur tous les terrains; mais plus encore, en leur montrant le rôles qu'ils ont à jouer. Et, par conséquent, en mettant sur la démocratie un accent encore plus fort que celui que nous avons mis jusqu'à présent. La démocratie à tous les échelons, et surtout la démocratie en bas. La démocratie, ce sont des institutions, bien sûr... mais la démocratie c'est surtout la possibilité pour l'immense majorité du peuple, de faire son destin, de le façonner de ses mains, de faire sa vie comme il l'entend. C'est ce discours là que les travailleurs attendent de nous, après le 22ème Congrès, de transformation réelle de la société française. »
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"Après, un parti ou pas de parti, vieille question. (…) Les derniers mois ont montré l'importance d'avoir un parti qui a une histoire, qui s'est constitué dans certaines circonstances, et qui a montré sa capacité d'agir et de réagir. A mes yeux, si ce parti ne devient pas un parti de masse, (avec des centaines et des centaines de nouveaux membres) il est clair que nous ne pourrons pas remplir nos taches, que nous ne pourrons pas assumer nos fonctions. Mais ce parti de masse, il faut selon moi qu'il soit aussi un parti d'action, sur tous les terrains à la fois. Si les communistes laissent de côté un seul terrain d'action des masses populaires, ils manquent gravement à ce peuple. "
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L'image disparaît sur les dernières secondes du discours de L.Salini.