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Catalogue d'exploitation

Version Impression
RÉFLEXIONS SUR MAI
    • Genre
    • Documentaire
    • Année
    • 1969
    • Coloration
    • Noir & Blanc
    • Son
    • Sonore
    • Durée
    • 00:20:00
    • Réalisateur
    • RÉALISATION COLLECTIVE
    • Format original
    • Film 16 mm
  • Une série de photographies noir et blanc d'usines et d'ouvriers au travail sert à illustrer un récapitulatif des événements qui ont mené à Mai 68. Il est rappelé que « dès 1958 le P.C.F. avait défini le Gaullisme comme le pouvoir des monopoles capitalistes »; conséquence : « En dix ans de Gaullisme, il ne s'est pas passé une semaine sans une journée d'action ». Jacques Duclos apparaît pour poursuivre sur les causes à Mai 68. Il évoque le malaise des étudiants mais il rappelle que dès avril il y avait « un profond mécontentement des masses ouvrières et au-delà des classes populaires de France » qui s'est traduit par des grèves ponctuelles. Léon Mauvais explique ensuite que ce n'est pas le mouvement étudiant qui a servi de « détonateur » mais la « sauvagerie » de la répression dont ont été victimes les étudiants et qui a indigné les travailleurs. La grève commence avec l'appel de la CGT du 13 mai ; dès lors le mouvement s'amplifie. Le 18 mai, on compte 2 millions de grévistes. Puis ce sont les négociations de Grenelle et leur rejet par les grévistes. S'ensuit un montage alterné avec des interventions de Jacques Duclos, de Léon Mauvais et de Charles De Gaulle qui semblent se répondre sur la question des modèles économiques. Jacques Duclos critique les prises de positions de Charles De Gaulle au service du Capitalisme. Jacques Duclos revient ensuite sur le caractère révolutionnaire de 68 qu'il réfute ; « ce mouvement était avant tout revendicatif ». Une longue dernière séquence est construite autour d'une interview de Waldeck Rochet datant de novembre 1968. Il y exhorte à poursuivre la lutte contre le Gaullisme ; « en résumé, il s'agit de développer les luttes des travailleurs et des démocrates dans tous les domaines » et de réunir les conditions de la défaite du pouvoir personnel ». La solution est pour Waldeck Rochet dans l'union et l'entente de toutes les forces de la Gauche autour d'un Programme Commun.

    À la fin de l'année 1968, le PCF est dans une position difficile où il semble attaqué de toute part. La victoire éclatante des Gaullistes aux Législatives est un échec pour le PCF face au pouvoir en place. À Gauche, le Parti est extrêmement critiqué sur son attitude pendant Mai 68 puis lors de l'invasion soviétique à Prague. C'est donc une année particulièrement houleuse qui se termine pour le PCF.

    Réflexions sur Mai revient à léger posteriori sur Mai 68. Le film s'inscrit dans une démarche plus globale du PCF de réflexion sur le sens de ces « événements » : entre juillet et décembre 1968 quatre Comités Centraux sont consacrés à cette question. Il s'agit pour le PCF à la fois de reconnaître l'importance de Mai et aussi d'une sorte auto relégitimation. Le propos du film est très clairement orienté vers une lecture « communiste » de 68. Le rôle des étudiants dans le mouvement est minimisé pour insister sur celui des ouvriers et plus largement des travailleurs. Les rôles de la CGT et du PCF sont mis en avant pour répondre aux attaques de l'extrême Gauche qui a reproché au PCF son attitude attentiste et critique au début de Mai 68. Enfin, les « gauchistes » sont remis à leur place ; en aucun cas 68 n'avait de portée révolutionnaire immédiate pour le PCF. Ce n'est qu'une « lutte intermédiaire ». D'où l'appel à la poursuite du combat sur un plan essentiellement politique. C'est l'Union de la Gauche autour d'un programme commun qui est la seule voie pour permettre de réunir les conditions préalables à l'avancée vers le Socialisme. Malgré cette déclaration d'intention très claire, il faudra pourtant attendre encore 4 ans pour que soit signé un Programme Commun de gouvernement avec le Parti Socialiste. Tourné à l'automne 1968, cette lecture commentée des événements, très didactique, est ponctuée par les interventions de Jacques Duclos et Léon Mauvais. Elle convoque une matière documentaire empruntée aux pages du journal L'Humanité (articles relatifs aux grèves, aux occupations et au protocole de Grenelle), au diaporama Dix ans de gaullisme du groupe Dynadia (photographies détournées et dessins humoristiques) et à la série des ciné-tracts (extraits du n°004 dénonçant la répression policière). Les rares séquences animées renvoient à la manifestation de la CGT du 29 mai pour un « gouvernement populaire » et à l'intervention télévisée du Général de Gaulle du 7 juin sur le thème de la « participation ». En guise de conclusion, Waldeck Rochet, secrétaire général du Parti communiste, répond aux questions en lisant un texte rédigé au préalable. Son intervention est enregistrée à Paris le 16 novembre 1968. Au même moment, Waldeck Rochet fait paraître Les enseignements de mai-juin 1968 aux Éditions sociales (consultable à Ciné-archives).

    Pas de générique
    Réalisation : Jean-Michel Lacor (selon Jacques Bidou)
    Personnalités : Jacques Duclos, Charles de Gaulle, Waldeck Rochet, Léon Mauvais
    Événements : Mai 68
    Slogans : « travailleurs solidaires étudiants » ; « 10 ans ça suffit » ; « Gouvernement populaire »
    Visa d'exploitation non commerciale n°35391 délivré le 7 février 1969

    MOTS CLÉ :
    France, Paris
    Mai 68, révolte, occupation, grève, manifestation
    Travailleur, ouvrier, étudiant
    Accords de Grenelle
    Drapeau, banderole

    NOTE :
    « L'analyse et les conclusions auxquelles ont conduit les événements de Mai sont loin d'avoir pénétré les larges masses de notre peuple. Et pourtant, leurs enseignements sont essentiels pour la poursuite des luttes économiques et sociales autant que pour l'avenir politique de la France. Ce film a donc pour objectif d'aider aux réflexions, aux discussions, de répondre aux interrogations qui furent alors et restent encore posées. Les origines de ce mouvement de grève exceptionnel doivent-elles être recherchées dans les actions des étudiants ou bien les grèves partielles, les journées d'action, les manifestations diverses au début de 1968 y compris celles du 1er Mai ne laissent-elles pas prévoir cette explosion du mécontentement accumulé ? En quoi Grenelle fut-il une grande victoire de la classe ouvrière ? Pourquoi ce mouvement extraordinaire n'a-t-il pas abouti au changement politique souhaité par une large fraction de l'opinion française ? C'est à de telles questions que répondent des dirigeants de notre Parti, en particulier son secrétaire général Waldeck Rochet. Après les brochures, articles, livres déjà parus, ce film contribuera par l'image et par le texte, à faire connaître les perspectives que le Parti communiste offre à notre peuple. Réflexions sur Mai peut encore largement être utilisé pour les assemblées populaires de remises de cartes, mais au-delà de celles-ci, il constitue un excellent instrument de propagande, et à faire comprendre l'attitude des Communistes pendant les événements. » (fiche de description du film, dossier « Réflexions sur Mai », fonds Ciné-archives)

    TEXTE :

    [Commentaire :] « Dès 1958, le Parti communiste français avait défini le gaullisme comme le pouvoir des monopoles capitalistes. De 1958 à 1967, pourcentages d'augmentation des bénéfices : Saint-Gobain 300%, Rhône-Poulenc 400%, De Wendel 630%. En 1959, Michel Debré déclarait : « On demande des sacrifices aux travailleurs. On en demandera encore. » Le 25 octobre 1959, Villiers, président du patronat français déclarait : « Il faut que les salariés admettent pour cette année un certain abaissement de leur pouvoir d'achat. Pendant ce temps, ce qui a augmenté : la production et la productivité 60%, les profits 215%, les prix 82,6%, les impôts 254%, le nombre des chômeurs 163%. Les travailleurs paient un lourd tribut à l'augmentation des cadences et des profits. En dix ans de gaullisme, pas une semaine sans une journée d'action. En 1963, la grève des mineurs dure un mois malgré l'ordre de réquisition lancé par le gouvernement. En 1967, les mensuels de Saint-Nazaire tiennent deux mois et les métallos de Rhodiaceta plus d'un mois. Les travailleurs ne sont pas seuls dans la lutte. Les étudiants et les enseignants sont opposés au Plan Fouchet. Le mécontentement grandit. »

    [Jacques DUCLOS :] « Il s'agissait par conséquent de tenir compte de la situation des étudiants qui étaient inquiets de devenir dans un avenir plus ou moins proche des diplômés sans travail parce que c'est une des caractéristiques de l'université française que ne pas offrir des débouchés à un certain nombre d'étudiants. Il faut essayer, je crois, de voir comment les choses se sont passées. Tout d'abord, il y avait au mois d'avril un profond mécontentement des masses ouvrières et au-delà de la classe ouvrière, des masses populaires de France. C'est si vrai que déjà au mois d'avril, il y avait eu un certain nombre de mouvements revendicatifs. Il y avait eu les métallurgistes de Valenciennes. Il y avait eu des mouvements de grève dans diverses usines. Il y avait eu un accord conclu dans la sidérurgie lorraine qui avait ramené la semaine de travail de quarante-huit heures à quarante-deux heures et puis finalement pour le mois de mai, il y avait toute une série de journées d'action qui était prévue. On avait prévu une journée d'action pour le 7 mai dans le textile artificiel, deux journées les 6 et 7 mai dans le syndicat des pétroles et il devait y avoir une grande manifestation nationale le 15 mai pour l'abrogation des ordonnances qui avaient porté atteinte à la Sécurité Sociale. Enfin, même le 29 avril, des syndicats d'enseignants avaient annoncé une journée de grève et de manifestation pour le 24 mai. »
    [Benoît FRACHON :] « Que le mouvement étudiant ait contribué, et surtout les attaques policières contre eux, à soulever l'indignation ouvrière et disons, à rassembler des forces que nous avions des difficultés à rassembler mais on ne peut pas dire que le mouvement étudiant a servi de détonateur. Si je puis dire, dans une grande mesure, la sauvagerie avec laquelle ils ont été attaqués a contribué à déclencher la protestation de la classe ouvrière. »

    [Commentaire (suite)] : La CGT propose une grève générale de vingt-quatre heures le 13 mai avec manifestation dans toute la France. Le défi est relevé. Par millions, les travailleurs répondent au mot d'ordre de grève générale et de manifestation. »

    [Jacques DUCLOS :] « Les ouvriers ont pris conscience de la possibilité qu'ils avaient de faire reculer le gouvernement et le patronat et ils avaient raison. »

    [Commentaire (suite) :] « Les revendications fondamentales sont rappelées avec force : échelle mobile des salaires, réduction du temps de travail, établissement de conventions collectives dans toutes les industries, reconnaissance du droit syndical dans l'entreprise, retraite à soixante ans. »

    [Benoît FRACHON :] « Ce n'est pas du réformisme d'ailleurs que de lutter pour les revendications. Au contraire, Marx a bien précisé que la classe ouvrière, si elle reculait de son combat quotidien pour la défense de ses revendications, elle ne serait jamais apte à faire la révolution. C'est justement dans ces luttes partielles, diverses y compris notamment pour les revendications qui concernent les syndicats, que nous créons les conditions pour la révolution. »

    [Commentaire (suite) :] « C'est de la métallurgie que le mouvement prend son essor. Deux mille métallos de Sud-Aviation près de Nantes occupent leur usine le 14 mai en fin d'après-midi. Le 15, à l'usine Renault de Cléon, les travailleurs cessent le travail et occupent l'usine. Le 16, l'événement capital de la journée est l'entrée des travailleurs de Renault Billancourt dans la grève. L'usine est occupée. Le 17, les occupations d'usines s'étendent dans tout le pays. Le 18, il y a un million de grévistes le matin et ils seront deux millions le soir. C'est l'extension de la grève aux services publics : cheminots, postiers, transports parisiens sont en en grève. Les travailleurs immigrés sont en grève. Banques, assurances, Sécurité Sociale, aéroports, Peugeot Sochaux, Alsthom Belfort, Michelin Clermont-Ferrand, le nombre des grévistes s'étend : Nord 500000, Bouches-du-Rhône 300000, Moselle 110000, Loire-Atlantique 100000. Le 24 mai, quatre cent mille manifestants à Paris, des dizaines de milliers en province à l'appel de la CGT, soutenu par le Parti communiste français. Le même jour, le gouvernement annonce l'ouverture des négociations pour le lendemain à 15 heures. La délégation de la CGT est conduite par Benoît Frachon. Les négociations ne seront pas faciles car l'enjeu est élevé. Après vingt heures de négociations, le procès-verbal dit « Constat de Grenelle » est établi. La CGT déclare : « Nous allons faire part aux grévistes des résultats. Ce sont eux qui décideront. » Dans tout le pays, des milliers de réunions vont se tenir au cours desquelles la teneur du procès-verbal sera portée à la connaissance des grévistes. Jugeant ces propositions insuffisantes, tous décident de la poursuite de la grève. »

    [Benoît FRACHON :] « Le patronat comme l'État patron peuvent payer... Nous avons toujours dénoncé le profit et actuellement les grands monopoles, le patronat en général, réalisant des profits énormes. Alors ils peuvent prendre sur leurs profits. »

    [Interview télévisée du Général DE GAULLE :] « Les chiffres d'augmentation des salaires, cela ne signifie absolument rien si l'économie et les finances françaises ne peuvent pas les supporter, à moins de recourir à l'inflation qui coûte plus cher à chacun que ce qui lui est accordé. »

    [Benoît FRACHON :] « Quant au gouvernement, outre les cadeaux qu'il fait aux capitalistes, aux monopolistes en général et qu'il peut leur supprimer, en tout cas leur réduire d'une façon très importante, il y a des dépenses improductives. Nous n'avons cessé de dénoncer ces dépenses improductives, notamment celles relatives à la force de frappe. Le gouvernement ne peut pas dire qu'il n'a pas les moyens. Ce qu'il faut, c'est qu'il utilise son budget autrement. »

    [Jacques DUCLOS :] « Au fond, De Gaulle, examinant les problèmes qui sont posés par la société moderne, a dit qu'il y a trois solutions : il y a la solution communiste mais celle-là ne vaut pas pour la France, par conséquent je la rejette. Il y a la solution capitaliste, celle-là non plus n'est pas bonne. »

    [Interview télévisée du Général DE GAULLE :] « Il y a une troisième solution, c'est la participation qui elle, change la condition de l'homme au milieu de la civilisation moderne. Dès lors que des gens se mettent ensemble pour une 1/2uvre économique commune, par exemple pour faire marcher une industrie en apportant soit les capitaux nécessaires, soit le capital de direction, de gestion et de technique, soit le travail, il s'agit que tous forment ensemble une société, une société où tous aient intérêt à son rendement et à son bon fonctionnement. »

    [Jacques DUCLOS :] « À la vérité, il n'a pas dit en quoi ça consistait. Mais finalement, cette solution de participation, ce n'est rien d'autre que le système capitaliste maintenu, ce n'est rien d'autre que l'exploitation de l'homme par l'homme maintenue. »

    [Commentaire (suite) :] « Le mouvement recèle une profonde volonté de changement dans le sens du progrès social et de la démocratie. »

    [Jacques DUCLOS :] « En 1968, on peut dire qu'il y avait d'une part un grand mécontentement dans la classe ouvrière. Il y avait des aspirations à un changement politique. Mais on peut dire aussi qu'avant tout le mouvement de grève qui s'est produit et qui a été énorme puisqu'il a entraîné, on a dit, plus de neuf millions de travailleurs, ce mouvement de grève était avant tout revendicatif. En 1936, le processus de déclenchement des grèves avait été différemment engagé après la victoire du Front populaire. C'est lorsqu'une majorité politique nouvelle fut sortie des urnes en 1936 que les mouvements de grève se débloquèrent partout. Par conséquent ici il y avait une issue politique, l'issue politique avait en quelque sorte précédé les mouvements de grève tandis que l'issue politique était à chercher dans le mouvement de grève de 1968. Et là c'est une différence extrêmement importante. »

    [Insert sonore :] « Car la victoire de notre combat d'aujourd'hui dépend seulement de votre unité à vous, travailleurs, mais dépend aussi de l'adhésion de tout notre peuple dans sa majorité à notre programme de rénovation démocratique et socialiste. Ce ne sont pas les minorités qui font l'histoire, ce sont les peuples. »

    [Commentaire (suite et fin) :] « Novembre 1968, Waldeck Rochet, secrétaire général du Parti communiste français parle des luttes de mai »

    [Waldeck Rochet :] « Notre pays a en effet connu en mai et juin, un mouvement d'une ampleur et d'une puissance exceptionnelles. La lutte des travailleurs manuels et intellectuels avait pour objectif central l'amélioration de leur condition de vie et de travail, la satisfaction de leurs revendications. Mais le mouvement de mai avait aussi une portée politique. Les masses profondes de notre peuple ont exprimé avec force leur aspiration à en finir avec la politique antisociale et antidémocratique suivie depuis dix ans par le pouvoir gaulliste. Dans cette situation, il eut fallu que toutes les forces engagées dans la bataille se rassemblent sur un programme commun afin d'ouvrir une perspective au mouvement à l'ensemble de notre peuple. Notre Parti communiste, tout en apportant son soutien actif à la lutte des travailleurs pour leurs revendications, a multiplié ses efforts en vue de l'adoption d'un tel programme commun. Mais les dirigeants des partis et des organisations de la gauche non communiste n'étaient pas acquis au principe d'un programme commun avec les Communistes. Je rappelle que la CFDT par exemple a refusé de participer à toute réunion à ce sujet. C'est un premier élément de réponse. Mais si le pouvoir gaulliste, un moment ébranlé, a pu rapporter un succès aux élections de juin, c'est parce qu'il a pu fonder sa violente campagne anticommuniste et de chantage à la guerre civile sur les sentiments d'inquiétude provoqués dans une grande partie de la population par les violences aveugles et irresponsables de différents groupes gauchistes. De ce point de vue, ceux-ci ont rendu un grand service au pouvoir gaulliste et porté un tort considérable au mouvement ouvrier et démocratique. »

    Question. Beaucoup ont reproché au Parti d'avoir refusé la révolution...
    Waldeck Rochet : « Oui. Les révolutionnaires de la phrase ont proclamé en effet que tout était possible, qu'il fallait prendre le pouvoir par la force, y compris par les armes. Mais comme les forces militaires et répressives se trouvaient du côté du pouvoir établi et que l'immense masse du peuple était hostile à une pareille aventure, il est évident que s'engager dans cette voie, c'était tout simplement conduire la classe ouvrière et son avant-garde, le Parti communiste, à l'écrasement. Et bien, notre parti n'est pas tombé dans ce piège. Nous avons agi avec courage et détermination pour que la grève permette de satisfaire les revendications des travailleurs et pour assurer en même temps les meilleures conditions à la poursuite de l'action politique des masses en vue d'instaurer dans notre pays une démocratie avancée ouvrant la voie du socialisme. »

    Question. Les gauchistes rejoignent De Gaulle sur un point. Ils prétendent que les résultats des grèves, les augmentations des salaires seront atténuées par la hausse des prix. Donc que les grèves n'auront abouti à rien. Qu'est-ce que tu en penses ?
    Waldeck Rochet : « Je crois qu'il n'est pas juste de dire que les grèves n'ont abouti à rien. C'est absolument inexact. Tout d'abord, malgré les hausses injustifiables des prix, une augmentation substantielle du pouvoir d'achat des travailleurs est acquise surtout des travailleurs qui étaient les moins bien payés. Il faut y ajouter les dispositions en matière de garantie des ressources, de congés payés, de réduction de la durée du travail, de suppression des discriminations salariales et à l'égard des jeunes, des femmes et des immigrés. Enfin, d'importantes concessions en ce qui concerne la réforme de l'université. Cela dit, il est vrai que le pouvoir gaulliste, tout en se trouvant contraint à des concessions et à des adaptations, entend poursuivre la même politique au service du grand capital. C'est ce que montre les hausses des prix et des tarifs publics. Le budget antisocial de 1969, les menaces contre les syndicats combinées avec la poudre aux yeux de la soi-disant participation. Dans ces conditions, les hommes et les femmes qui ont pu être trompés en juin dernier en raison des circonstances, ne manqueront pas de retrouver le chemin de la lutte. Nous ferons tout pour les y aider. »

    Question. Quelles sont donc maintenant les tâches du Parti communiste ? Comment envisage-t-il l'avenir ?
    Waldeck Rochet : « Il s'agit en premier lieu de défendre et de consolider les conquêtes sociales remportées en mai et juin. Je dis bien défendre et consolider car les événements récents le montrent, la combativité des travailleurs reste grande et il ne faut pas sous-estimer les possibilités de lutte. Notre Parti communiste apporte son soutien total aux travailleurs manuels et intellectuels qui agissent pour le respect des engagements pris. Nous soutenons l'action de la CGT pour la garantie de l'emploi et des ressources, pour l'institution de l'échelle mobile, pour l'exercice effectif et l'extension des libertés syndicales dans l'entreprise. Nous défendons aussi les revendications légitimes des paysans. Les Communistes soutiennent actuellement l'action conjuguée des étudiants et des lycéens, des enseignants et parents d'élèves pour l'application effective des mesures positives imposées au pouvoir et plus généralement, pour un enseignement qui réponde aux besoins de notre temps. Le Parti communiste attache une grande importance à la lutte des jeunes pour leurs revendications, qu'il s'agisse du droit à l'emploi et à un salaire convenable, du droit au métier et au savoir, du droit effectif aux sports et aux loisirs et aussi du droit de vote à dix-huit ans. En résumé, il s'agit de développer les luttes des travailleurs et des démocrates dans tous les domaines et de réunir les conditions de la défaite du pouvoir personnel car le problème de la relève du pouvoir gaulliste reste posé dans notre pays. »

    Question. Comment le Parti communiste envisage-t-il la relève politique du pouvoir gaulliste ?
    Waldeck Rochet : « Après les grandes luttes que nous avons vécues, nous sommes plus que jamais convaincus que la défaite du pouvoir gaulliste et le renouveau démocratique de notre pays ne peuvent être que le fruit d'une unité et de la lutte de la classe ouvrière et des larges masses populaires. C'est pourquoi nous réaffirmons notre volonté de réaliser l'entente de toutes les forces ouvrières et démocratiques, en premier lieu des Communistes et des Socialistes, sur la base d'un programme commun comportant des réformes profondes et susceptibles d'ouvrir la voie au socialisme. »


    Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives françaises du film, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images, BNF
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    01:00:00:0001:01:40:0000:01:40:00[Commentaire :] « Dès 1958, le Parti communiste français avait défini le gaullisme comme le pouvoir des monopoles capitalistes. De 1958 à 1967, pourcentages d'augmentation des bénéfices : Saint-Gobain 300%, Rhône-Poulenc 400%, De Wendel 630%. En 1959, Michel Debré déclarait : « On demande des sacrifices aux travailleurs. On en demandera encore. » Le 25 octobre 1959, Villiers, président du patronat français déclarait : « Il faut que les salariés admettent pour cette année un certain abaissement de leur pouvoir d'achat. Pendant ce temps, ce qui a augmenté : la production et la productivité 60%, les profits 215%, les prix 82,6%, les impôts 254%, le nombre des chômeurs 163%. Les travailleurs paient un lourd tribut à l'augmentation des cadences et des profits. En dix ans de gaullisme, pas une semaine sans une journée d'action. En 1963, la grève des mineurs dure un mois malgré l'ordre de réquisition lancé par le gouvernement. En 1967, les mensuels de Saint-Nazaire tiennent deux mois et les métallos de Rhodiaceta plus d'un mois. Les travailleurs ne sont pas seuls dans la lutte. Les étudiants et les enseignants sont opposés au Plan Fouchet. Le mécontentement grandit. »  
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