Ce documentaire, réalisé à l’initiative du SNES, revient sur la situation de l’enseignement secondaire en France dans la deuxième moitié des années 1970 pour appeler à une réforme du système éducatif et de la formation des enseignants.
La première partie du film est construite à partir de différents témoignages d’enseignants du secondaire et d’élèves mais aussi d’une « fausse » mère d’élève et d’un «faux » patron (incarnés par deux comédiens).
Les enseignants interrogés mettent en avant leur vocation professionnelle et leur difficulté à exercer leur métier, dans un contexte où les moyens manquent cruellement. Une jeune femme, maitre auxiliaire, évoque la précarité de son statut. Un enseignant souligne les décalages de niveau entre les élèves qui entrent en 6e et insiste sur les mauvaises conditions de travail de certains élèves, issus de milieux sociaux modestes. Les propos des enseignants sont entrecoupés d’intermèdes musicaux et de déclarations de la fausse mère d’élève et du faux patron qui relaient des lieux communs sur l’école « qui ne sert à rien ».
Est ensuite abordée la question de la réussite scolaire. Une petite séquence d’animation décrit un système éducatif qui exclut de plus en plus d’élèves de la maternelle au lycée. Le phénomène est mis en lien avec la pression exercée par le patronat qui cherche à contrôler la formation pour récupérer une main d’œuvre non diplômée et donc bon marché.
Une séquence relate le combat mené dans l'imprimerie Chaix à Saint-Ouen. Un ouvrier gréviste raconte le conflit et rappelle sa soif d’apprendre, ayant quitté l’école très jeune.
Par la suite, les comédiens jouant la mère d’élève et le patron exposent le travail de sensibilisation au théâtre qu’ils mènent dans la région de Chelles.
Toute la dernière partie du film présente enfin le projet du SNES dont l’objectif est de réformer complètement le système scolaire. Une nouvelle séquence animation expose le fonctionnement scolaire envisagé : il s’agirait d’accompagner tous les élèves jusqu’à 18 ans en leur permettant de sortir de l’école avec un diplôme reconnu. Pour ce faire, les enseignants doivent travailler autrement, en équipe éducative, et recevoir une formation plus adaptée.
Le film s’achève sur un appel à « transformer l’école ».
Dans les années 1970, le SNES (syndicat national des enseignements du second degré) est très puissant dans le monde enseignant. Le SNES revendique alors son orientation politique à gauche, avec en son sein un courant communiste assez marqué. Au milieu des années 1970, le SNES est particulièrement mobilisé face au gouvernement qui veut réformer le système scolaire. La loi Haby cristallise cette opposition. Adoptée en 1975 cette réforme met en place « le collègue unique », ce qui suscite de nombreuses protestations de la part des enseignants, soutenus par le SNES.
Dans les années 1970, le SNES utilise régulièrement l’image. Pour ce faire, plusieurs films sont commandés à Unicité. En 1972 sont réalisés "Le droit d'apprendre et le temps d'enseigner" (Jacques Krier et Paul Seban), qui constituent deux volets d'une réflexion sur la question scolaire. L’engagement contre la réforme Haby est également relayé par des films comme "Manifestation pour l’amélioration des conditions d’enseignement à Bobigny" (1974).
Laurent Heynemann, qui a réalisé "Pour leur avenir", a poursuivi sa carrière au cinéma et à la télévision en s’illustrant souvent par le choix de sujets politiquement sensibles (la guerre d’Algérie ou la collaboration par exemple).
La chanson "la blanche hermine", récurrente dans le film, a été composée par Gilles Servat au début des années 1970. Elle a connu un vrai succès et est devenue un hymne à la gloire de la Bretagne.
Réalisation : Laurent Heynemann
Image : Gilberto Azevedo, Elisabeth Prouvost
Son : Laurent Quaglio, Bernard Rochut
Electricien ; Jean-Claude Nahon
Montage : Jacques Comets, Cristine Asperti
Animation : Mireille Espagne, Jacques Espagne, Jeanne Didier
Comédiens : Pierre Meynard (le patron), Arlette Tephany (la dame), Jacques Lalande (le monsieur)
Production : Unicité, Monique Calisti, Catherine Lapoujade, Olivier Siroh
Lieux : Chelles, Saint-Ouen, Paris, université Jussieu
Carton : « Les propos du « patron » sont d’authentiques extraits de textes du CNPF »
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
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Le dur métier d’enseignant ------
Quatre jeunes filles répètent une chanson, avec guitares et flûtes. Elles chantent la blanche hermine. Claps devant témoins. Sortie d’un collège. De dos, un élève au travail. Une jeune femme aux longs cheveux blonds affirme avoir toujours voulu devenir professeur. Elle pense qu’à l’école « on pourrait faire quelque chose de très bien » mais il faudrait tout faire différemment. Un enseignant explique que son métier est difficile, « très prenant », et que le Ministère n’est pas un soutien. Une femme dans un café explique qu’elle est maitre auxiliaire et évoque des conditions de travail difficiles et un statut très précaire. Les jeunes musiciennes chantent et jouent une chanson (la blanche hermine). Un faux père d’élève déclare que l’école n’est pas pour son fils. Un collégien affirme s’ennuyer à l’école.
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Les élèves en échec scolaire ------
Plan panoramique classe au travail. Un enseignant, jeune aux cheveux un peu longs, met en avant le problème du décalage de niveau entre les élèves en 6e. Certains arrivent au collège sans savoir lire et écrire. Il est interviewé dans sa classe. Un jeune, dans un atelier, a arrêté l’école en 6e. La fausse mère d’élève affirme que l’école ne sert à rien.
Le collégien, dans sa chambre, répète qu’il s’ennuie à l’école, qu’il travaille peu et que ses parents sont souvent absents. La fausse mère renchérit : son fils s’ennuie, l’école n’est pas pour lui. Retour sur le témoignage du professeur aux cheveux mi-longs. Il dénonce les mauvaises conditions de travail de certains élèves : issus de milieux modestes, ils ne peuvent pas réussir à l’école. Une voix off rappelle que les échecs scolaires frappent d’abord les enfants des travailleurs. La fausse mère d’élève demande à quoi sert d’aller à l’école si c’est pour être au chômage.
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Des conditions de travail difficiles pour les enseignants ------
L’enseignante blonde parle de sa fatigue. On découvre que l’enseignant qui s’est exprimé au début est son mari. Il explique être tout le temps pris, même le week-end. La maitre auxiliaire (dans un café) rappelle qu’il est difficile de changer tout le temps de classe. Sa situation précaire est due à l’absence de concours. Elle rappelle que selon les disciplines, les places aux concours sont plus ou moins nombreuses. Affiche « non à la réforme Haby ». Une jeune femme brune, avec derrière elle des affiches syndicales, rappelle que malgré leur niveau d’études, les professeurs sont peu payés et que leur salaire n’augmente pas. La fausse mère d’élève intervient : « les profs de quoi ils se plaignent ? 18h de travail et 3 mois de vacances ! ». Intermède musical avec le quatuor de chanteuses musiciennes (toujours la blanche hermine).
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Un système scolaire fait pour exclure les élèves ------
Le faux patron explique qu’il faut « répartir la réussite ». Selon lui, il faut que certains aient le bac et que d’autres ne l’aient pas afin de fournir de la main d’œuvre aux entreprises. La voix off affirme une opposition à la réforme Haby. Une séquence animée expose les problèmes que pose le système scolaire, qui repose sur l’exclusion des élèves. La situation est aggravée par la réforme Haby. Les élèves, matérialisés par des petites figurines en liège, entament un parcours de la maternelle au lycée. A chaque étape, une nouvelle possibilité d’exclusion. Au résultat, de plus en plus de jeunes n’ont aucun diplôme à 16 ans.
Le faux patron affirme vouloir développer la formation professionnelle organisée par les entreprises et non par l’Etat. Un jeune qui travaille dans un garage explique qu’il a voulu quitter l’école car il ne s’y plaisait pas. Il n’a finalement pas du tout été formé, relégué au balayage, et attend désormais le service militaire pour entrer dans la gendarmerie.
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Lutte contre la fermeture d’une imprimerie à Saint-Ouen ------
Nouvel intermède musical : jeunes filles chantant la blanche hermine. La fausse mère de famille demande de nouveau à quoi sert d’aller à l’école si c’est pour être ensuite au chômage. Dans une imprimerie à Saint-Ouen, un ouvrier raconte sa lutte. L’imprimerie est occupée depuis 23 mois pour protester contre la fermeture de l’entreprise, voulue par les pouvoirs publics qui veulent supprimer le secteur de l’imprimerie en France (pour privilégier les commandes à l’étranger). Le faux patron affirme qu’il faut que 20% des jeunes aient le bac et que 43% ne dépassent pas le certificat d’étude. L’ouvrier en grève raconte qu’il a quitté l’école en 4e et le regrette. Il a pu néanmoins s’instruire grâce aux écoles syndicales. Pour le faux patron, les entreprises doivent influencer les formations car ce sont les employeurs. Il déclare « les jeunes doivent s’adapter aux emplois disponibles ».
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La formation aux nouveaux métiers ------
Deux hommes dans une entreprise de chauffage sensible évoquent le problème de la reconversion des emplois. Face à l’évolution du monde du travail, il faudra former à de nouveaux métiers. Pour eux, mieux on formera et plus on formera à un niveau élevé dès le début et plus cette transition se passera bien. L’ouvrier imprimeur gréviste affirme qu’il aimerait que la formation intellectuelle soit plus poussée à l’école.
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Le travail des comédiens à Chelles ------
Le faux patron et la fausse mère de famille se dévoilent : Arlette et Pierre sont des comédiens, qui ont relayé avec leur personnage les lieux communs sur l’école et les enseignants. Ils évoquent leur travail à Chelles et dans les alentours. Il est pour eux difficile de sensibiliser à l’activité culturelle, du fait du manque de formation du public et de l’absence d’offre culturelle. L’enseignant aux cheveux mi-longs évoque un atelier théâtre qu’il a mis en place dans son collège, de manière bénévole. Les deux comédiens insistent sur l’importance du théâtre afin d’ouvrir les horizons culturels et citoyens.
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Les propositions du SNES ------
Intermède musical avec les jeunes musiciennes (et la blanche hermine). Plan sur une classe. La voix off explique qu’il faut « former l’homme ». « Tout cela demande du temps », c’est pourquoi un allongement de la scolarité obligatoire est demandé jusqu’à 18 ans. Une nouvelle séquence d’animation explique le projet de réforme scolaire défendu par le SNES. On retrouve les petites figurines en liège qui se déplacent sur une sorte d’échiquier scolaire. Le système présenté entend d’une part améliorer la formation de l’ensemble des élèves et d’autre part permettre à un maximum de jeunes de poursuivre leurs études jusqu’à 18 ans (par des mécanismes empêchant les abandons et sorties de scolarité). A la fin de ce parcours scolaire, chacun aura un diplôme reconnu, sans discrimination entre filières générale, technique et professionnelle.
Par la suite, la vie active doit permettre de continuer à apprendre. La voix off précise que tout cela n’a rien d’une « utopie » et que « l’école est le bien commun de la nation ».
Dans un atelier, jeunes techniciens et apprentis. La voix off affirme qu’il faut développer la formation technique par le service public d’enseignement et faire disparaitre les cloisonnements entre les filières technique et général. Sur des images de classes au travail, d’enseignants et d’élèves, la voix off réclame une réponse aux « besoins accrus de savoir et de culture ». Pour ce faire, de nouvelles méthodes d’enseignements sont nécessaires et la formation des enseignants doit être revue.
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La formation des enseignants ------
A la sortie de l’université Jussieu, les présidents des universités d’Aix-Marseille I et de Lille I réclament une meilleure formation des enseignants, à la fois sur un plan intellectuel mais aussi pédagogique. Ils souhaitent que le niveau d’études des futurs enseignants soit relevé. Antoine Léon, spécialiste des sciences de l’éducation à Paris V, évoque, dans son bureau, le problème de l’équipe éducative.
Un groupe de professeurs (dont celui aux cheveux mi-longs) défend la nécessité d’une équipe pédagogique, qui pour l’instant n’existe pas. Composée d’enseignants mais aussi d’autres intervenants (infirmières, psychologues, assistantes sociales etc…), l’équipe pédagogique permettrait de mieux suivre les élèves. Pour Antoine Léon, les enseignants doivent bien maitriser leur matière et également s’ouvrir aux savoirs dispensés par les autres enseignants. Le professeur aux cheveux mi-longs rappelle que « nous ne sommes pas formés à enseigner. Nous sommes formés à apprendre ». Selon Antoine Léon, l’université est un lieu carrefour tout à fait adapté pour former les enseignants.
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Appel au changement ------
Plan sur une classe. Un groupe de collégiens, assis sur les tables discutent, lors de l’atelier théâtre du professeur aux cheveux mi-longs. Ce dernier met l’accent sur l’indispensable soutien du gouvernement. Il rappelle qu’au contraire la réforme Haby a été imposée contre l’avis de tous. Images d’une manifestation contre la réforme Haby. Sur différents plans des protagonistes du film, la voix off reprend la parole pour conclure. Elle demande que la classe soit un « laboratoire », que l’école soit un lieu de rencontres, d’échanges, soutenue par une véritable équipe éducative. Plus de moyens pour l’école sont nécessaires. « Il faut transformer l’école », avec corrélativement la volonté de transformer la société. Dans un climat de crise, « un enseignement de qualité pour tous, c’est tout de suite qu’il faut le construire. Pour les jeunes. Pour leur avenir ».