Louisette Blanquart est interviewée par deux interlocuteurs autour d'une table sur la question des femmes. Elle rappelle que cette question n'est pas nouvelle pour la femme de la classe ouvrière comme elle l'est pour la femme de la bourgeoisie. En effet, la remise en question de la répartition des tâches entres les hommes et les femmes a commencé avec l'entrée massive des femmes dans la classe ouvrière. Les femmes ont alors immédiatement lutté ; ce sont au départ surtout les artisanes qui se sont engagées car elles sont « un peu moins écrasées » que les femmes ouvrières. Louisette Blanquart évoque ensuite le féminisme de masse qui a existé dans les pays anglo-saxons au début du XXe siècle et qui n'a pas eu d'équivalent en France. Elle souligne le lien intrinsèque entre capitalisme et condition de la femme : pour elle, la libération de la femme est inséparable de celle de la classe ouvrière. Il doit donc y avoir une union dans la lutte entre femmes et hommes ouvriers puisqu'ils ont un mouvement de classe à défendre. Louisette Blanquart rappelle que les intellectuels ne voient la libération de la femme qu'au niveau de la petite et moyenne bourgeoisie, alors que le mouvement des femmes doit être un mouvement de masse, qui inclut toutes les femmes. Elle pense qu'il existe une égalité dans la formation des femmes et de hommes à l'Université qui n'a pas d'équivalent dans celle des ouvriers. Pour elle, on forme des femmes non qualifiées pour des raisons politiques dont l'objectif est de maintenir une main d'œuvre bon marché. L'entretien se termine par un plan sur une affiche du P.C.F. : « Pour le changement démocratique, union du peuple de France ».
Louisette Blanquart est l'auteur de Femmes : l'âge politique paru en 1974. Dans les années 1970, la question des femmes prend de l'ampleur avec le développement des mouvements féministes en faveur de l'émancipation des femmes. Le propos de Louisette Blanquart vise à relier lutte des femmes et lutte des classes, alors que la plupart des mouvements féministes des années 1970 ne se sont pas inscrits dans une perspective marxiste. Ici, c'est l'opposition de classe qui doit rester centrale et, surtout, ne pas être supplantée par une opposition des sexes. Dans cette vision des choses, l'émancipation réelle et totale de la femme ne pourra se réaliser qu'avec l'émancipation de la classe ouvrière. Par ailleurs Louisette Blanquart insiste fortement sur l'antériorité des combats des femmes « ouvrières » par rapport aux femmes « bourgeoises » pour relativiser la nouveauté des actions de ces dernières.
Production : Unicité
Réalisation : ? Clément et Jean André Fieschi
Personnalité : Louisette Blanquart
Lieux de consultation : Ciné-Archives, BNF
Blanquart Louisette - Féminisme - Travail des femmes - Émancipation féminine