Libérez le Parisien relate la grève menée au Parisien libéré à partir de mars 1975.
Le 1er mars 1975, la Direction du Parisien rencontre les représentants syndicaux : alléguant des difficultés financières, elle annonce des centaines de licenciements et une diminution des tirages. Les délégués syndicaux s'y opposent. Le 4 mars, la Direction ferme sans avertir qui que ce soit l'une de ses imprimeries rue d'Enghien ; les travailleurs de la presse parisienne se mobilisent et, dès le 7 mars, la publication du Parisien est interrompue.
S'ensuit un conflit qui durera plus de deux ans, un des plus longs et des plus durs qu'ait connu la presse française. Au moment du tournage du film, la grève dure déjà depuis 14 mois, grâce à la solidarité des travailleurs parisiens de la Presse et du Livre, qui reversent 10% de leur salaire aux grévistes.
Le film intercale les témoignages de travailleurs du Parisien libéré, de dirigeants syndicaux (Jacques Piot, secrétaire général de la Fédération de Livre-CGT, Henri Krasucki, secrétaire général de la CGT), des séquences tournées lors de réunions intersyndicales et des images tournées en super 8 par les grévistes eux-mêmes lors de leurs différentes actions, commentées en voix off par leurs auteurs.
Une séquence est par exemple consacrée à l'occupation du Paquebot le France. Occupation symbolique puisque le paquebot, jadis fleuron du savoir-faire français, est depuis un an relégué au fin fond du port du Havre, suite à une décision du président Valéry Giscard d'Estaing.
Parmi les autres actions filmées par les grévistes, on retiendra celle du Tour de France 1975. Là aussi, le symbole est fort, puisque le Tour de France est organisé par le groupe Amaury (par ailleurs détenteur de l'Equipe).
Ces films amateurs tournés par les grévistes montrent également l'action de la Porte Saint-Denis à Paris (occupation de l'arc de triomphe), différentes manifestations (dont une montrant des CRS évoluant dans une rue au pavé jonché de journaux), et une rencontre fraternelle au poste frontière avec les travailleurs belges ayant apporté leur soutien aux grévistes.
Parmi les temps forts du film figure aussi l'organisation par l'intersyndicale CGT de l'occupation de l'Hôtel de Ville de Saint-Etienne, dont le maire est le ministre du Travail Michel Durafour, qui refuse de recevoir les grévistes.
Au delà du cas du Parisien, Jacques Piot dénonce le mouvement de concentration de l'information qui est à l’œuvre, encouragé par le pouvoir Giscardien au profit des monopoles. Ce film est ainsi à rapprocher de Grève à France soir, qui relate le mouvement social engagé par les journalistes face à un plan social de leur nouveau patron, Robert Hersant, surnommé "papivore" en raison de sa main-mise sur la presse. Jacques Piot souligne le danger d'un tel processus de concentration et la « volonté déterminée de liquider l'imprimerie française ». Henri Krasucki, lui, rapproche ce conflit de dizaines d'autres qui éclatent en France dans de nombreux secteurs (automobile, aéronautique, textile...), preuves selon lui de la faillite du système capitaliste.
Le film s'achève sur des images de la manifestation du 1er mai 1976 à laquelle participent les grévistes du Parisien.
Libérez le Parisien doit servir à sensibiliser sur le combat des travailleurs de la Presse : « l'utilisation des techniques audiovisuelles à notre époque est devenue un moyen nécessaire de diffusion des idées et bien que les grands moyens d'information leur soient refusés, les travailleurs du Parisien libéré, avec l'aide de leurs camarades des autres entreprises de la presse parisienne, ont produit un film destiné à montrer et expliquer pourquoi, comment, quand et où ils luttent ». Le film est témoignage unique sur une grève majeure de la presse française.
Production : Unicité
Réalisation : Jean-Louis Muller
Journaliste : Olivier Oudiette
Opérateurs : Henri Colomer, Claude Lichtenberg, Jacques Loiseleux, Bruno Muel, Georges Strouve
Assistants opérateurs : Élisabeth Prouvost, Philippe Ros
Ingénieur du son : Bernard Rochut, Auguste Gali
Montage : Nadine Fischer
Musique : Roger Kha
Personnalités : Henri Krazucki, Jacques Piot (secrétaire général de la Fédération de Livre-CGT), Roger Lancry, Serge Charton, Maurice Lourdez
Carton final : « ce film a été réalisé à l'initiative des travailleurs du Livre et grâce au concours bénévole de techniciens du cinéma et de la télévision »
Visa : 46507
MOTS CLÉ :
France, Paris, Porte St Denis, St Étienne
Jacques Piot, Henri Krasucki
Presse, imprimerie, rotative, journal, quotidien, le Parisien libéré
Grève, gréviste, CGT, syndicat, intersyndicale
Paquebot, Tour de France
Manifestation, 1er Mai
Internationale
Ouvrier, travailleur de la Presse, travailleur du Livre, imprimeur, imprimerie
Réunion, discours
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images, BNF
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description
mots clés
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Alternance de plans montrant la salle des rotatives déserte, les machines à l'arrêt, et de scènes de manifestations aux cris de "Vive la CGT" ou encore "Amaury et ses chiens n'auront pas le Parisien". Les grévistes chantent l'internationale. Plan sur un drapeau rouge.
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Un gréviste du Parisien Libéré expose la situation. Sous prétexte de difficultés financières, la direction du journal annonce entre 150 et 500 licenciements et refuse d'engager le dialogue avec les syndicats. Le 4 mars 1975, elle décide de fermer l'imprimerie de la rue d'Enghien, de supprimer les éditions régionales et l'édition grand format sans avertir personne. Amaury veut faire imprimer le journal en province, mais les travailleurs se déplacent dans différentes villes et convainquent leurs camarades de ne pas obéir. Il décide alors de faire imprimer en Belgique, tentative avortée puisque les travailleurs des PTT refusent d'acheminer les éditions pirates. En un temps record, Amaury installe à Saint-Ouen et Chartres deux imprimeries gardées par des CRS. Pendant le discours du gréviste, photographies et images amateur en 8mm montrant les discours en province, puis l'appareil policier entourant les deux imprimeries. On voit aussi des photos des rues jonchées de journaux.
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Jacques Piot, (secrétaire général de la Fédération de Livre-CGT), est interviewé dans la salle des rotatives. Lui même ancien rotativiste, il exprime son émotion devant ces machines à l'arrêt. Tant qu'Amaury refuse le dialogue, les grévistes sauront faire parler d'autres rotatives. Plan sur les ouvriers qui se tiennent devant des banderoles, et trinquent en chantant. Derrière eux on aperçoit un avis de recherche au nom d'Amaury "cet homme prive 650 travailleurs d'emploi depuis un an". Une délégation de Renault à Billancourt vient apporter son soutien aux grévistes. Tous chantent l'internationale devant une banderole « Pour exiger la modernisation et le maintien du potentiel industriel de Billancourt. Pour émpêcher le démantèlement de renautl Machines outils, secteur de pointe de nos biens d'équipements." Plan sur divers tracts.
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Un gréviste parle de la lutte : au bout d'un an, les grévistes sont toujours aussi nombreux (650) et unis. Cette lutte a été pour beaucoup l'occasion d'une prise de conscience syndicale. Beaucoup de camarades se révèlent dans cette lutte : tel se découvre un talent de photographe, de cuisinier, d'orateur... L'occupation des locaux depuis un an a donc des aspects extrêmement positifs. Elle est rendue possible par la solidarité de l'ensemble des travailleurs de la presse parisienne, qui reversent 10% de leur salaire aux grévistes. Ils le font par solidarité, mais aussi parce qu'ils sentent que si Amaury sortait victorieux du conflit, tous les patrons de presse s'empresseraient alors de suivre son exemple.
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Action sur le paquebot Le France, amarré au Havre. Un gréviste exalte la solidarité indéfectible de la classe ouvrière, et égrène les noms de nombreuses entreprises en lutte dans tous les secteurs. Un gréviste interrogé se dit très impressionné par ce navire abandonné : "c'est scandaleux de voir une telle richesse abandonnée". Plan sur un homme parlant au mégaphone et sur la foule des ouvriers qui écoutent. Plan sur le France au loin tandis que la foule (dont des enfants avec leurs ballons) s'éloigne.
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UN gréviste déjà interrogé incrimine le pouvoir giscardien : depuis le début du conflit, Amaury a bénéficié de largesses de la part de l'Etat, qui lui prête notamment les forces de police pour garder ses imprimeries, qui tournent aux frais de l'Etat. D'autre part, il bénéficie indiscutablement du soutien de groupes financiers, puisqu'il a dépensé 13 milliards de francs depuis un an, et a réussi à obtenir des rotatives neuves en un temps absolument record par avion cargo des Etats-Unis. Les travailleurs du Parisien Libéré ne sont pas des francs tireurs : ils veulent justement organiser des actions de masse avec l'ensemble de la presse parisienne pour contrer Amaury (et le pouvoir).
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Actions sur le Tour de France, juillet 1975. Images tournées en super 8 et commentées par leur auteur, un des grévistes ; on y voit les grévistes s'opposer aux CRS à coups de barrières de sécurité.
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5 avril 1976
Bureau intersyndical CGT.
Les délégués décident de lancer une opération à Saint-Etienne, ville dont est maire Michel Durafour, alors ministre du travail, et qui refuse de les rencontrer. Discussions de certains points par les délégués.
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Jacques Piot s'inquiète de l'accélération du processus de concentration de la presse entre les mains des mêmes groupes, ce qui correspond à une volonté du pouvoir et des monopoles de diriger l'information. Il cite le cas de la presse régionale en région Rhône-Alpes : certes, il existe encore 8 titres de presse régionale dans cette région.... tous interchangeables, car tous détenus par le même groupe. "La pluralité de la presse n'existe plus."
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Nouvelles images en 8mm d'une action menée Porte Saint-Denis à Paris (occupation du l'arc de triomphe de la porte et lâchage de tracts). Dans une atmosphère très festive, cette action a rencontré un fort soutien auprès des riverains.
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Jeudi 8 avril 1976. Commission des actions. Le bureau CGT organise la logistique de l'action à Saint-Etienne : on cale la date, le nombre de grévistes à envoyer, le numéro spécial sur Saint-Etienne à imprimer, etc.
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Les ouvriers au travail dans la salle des rotatives.
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Jacques Piot poursuit son discours et regrette que les patrons n'aient jamais prêté l'oreille aux revendications des syndicats qui depuis 1967 demandent un accord cadre sur la modernisation de la presse et de l'imprimerie. L'imprimerie est un secteur en danger : 15 à 20 000 emplois devraient être supprimés, d'après les préconisations d'un rapport, ce qui porterait un coup fatal à la profession. Jacques Piot réaffirme la nécessité pour un pays libre de pouvoir imprimer librement.
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Les ouvriers sortent le journal des rotatives.
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Nouveau film amateur, qui relate la rencontre à la frontière belge des grévistes du Parisien libéré et des travailleurs belges qui leur avaient apporté leur soutien au moment où Amaury voulait leur confier l'impression du journal.
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Un ouvrier est interrogé en salle des rotatives. Il est confiant : grâce à la solidarité des travailleurs de la presse, les grévistes peuvent tenir longtemps. Il a participé à toutes les actions hors les murs, sauf le France. Il évoque en riant l'action de Paris-Roubaix : les grévistes ont retardé le départ de l'épreuve. Il note "On a été gentils, on aurait pu l'annuler complètement!"
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12 avril 1976
Comité intersyndical CGT.
Maurice Lourdez, journaliste à l'Humanité, chargé d'organiser le transport des grévistes à Saint-Étienne, donne la répartition des 100 voitures qui les emmèneront. Outre les travailleurs du Parisien libéré, on compte aussi des travailleurs de l'imprimerie, de France Soir, de l'Humanité, de l'Aurore, l’Équipe... D'autres délégués élaborent un véritable plan de bataille pour encercler l'Hôtel de Ville.
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Mardi 20 avril 1976 - Occupation de la mairie de Saint-Etienne.
Les grévistes entrent en courant dans la mairie, et déploient une banderole sur le fronton : "Durafour peut et doit négocier", en criant "Amaury, Durafour : révocation". Ils chantent une chanson raillant Giscard d'Estaing. A l'intérieur, les murs portent les unes de leur journal « Durafour ministre du chômage ». Un délégué est en pourparlers avec le commissaire, il assure qu'il n'y aura pas d'incident, et il le prévient que la radio et la télé seront là d'ici peu. Devant la mauvaise volonté du ministre, qui a refusé de les rencontrer, les travailleurs en grève sont venus à lui. Ils ne supportent pas qu'Amaury viole la loi et bafoue le droit de ses salariés avec l'aval du gouvernement, déclare un gréviste.
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Alternance de plusieurs plans : des grévistes épuisés par le trajet se sont endormis sur un fauteuil, tandis que l'action bat son plein sur les marches de l'hôtel de ville. Le député communiste Joseph Sanguedolce parle au mégaphone, et cite de nombreuses entreprises ayant témoigné de leur soutien au Parisien libéré. La foule dense des grévistes scande "Vive la CGT" et applaudit. Plan sur des autocollants "la CGT, au coeur de l'action".
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Jacques Piot : le gouvernement et le patronat ont décidé de mettre à genoux la fédération des travailleurs du livre. Grave erreur, car c'est l'ensemble de la CGT qui va réagir. Images du 1er mai 1976 ; on aperçoit Georges Séguy dans le cortège.
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Henri Krasucki, secrétaire de la CGT, explique que la situation au Parisien libéré n'est que le reflet d'une crise très profond qui traverse toute la société. Ainsi, le patronat supprime des emplois et liquide des branches entières dans la presse, mais aussi l'industrie aérospatiale, la machine outil, la construction automobile, l'horlogerie, la chaussure, le textile, compromettant l'indépendance du pays... Le capitalisme est incapable d'envisager la modernisation autrement qu'en s'en prenant aux droits des travailleurs. La CGT s'affirme donc comme un outil visant à transformer la société.
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Suite de la manifestation du 1er mai. On voit un char estampillé Parisien libéré, portant une effigie en carton pâte d'Amaury. Puis générique de fin.
Confédération Générale du Travail - Giscard d’Estaing Valéry - Grève - Imprimerie (activité) - Krasucki Henri - Livre - Manifestation - Paris (75) - Presse écrite - Thésaurus