Réalisé en 1974, à l’initiative de la municipalité de Fontenay-sous-Bois (94) dans le but de promouvoir ses réalisations, ce document recueille la parole de la population, des responsables de l’aménagement urbain ainsi que celle du maire Louis Bayeurte,
Fontenay-sous-bois est une ville typique des évolutions urbaines dans la France contemporaine. Ville de maraîchage, elle reste tout au long du XIXe siècle peu concernée par l’industrialisation massive de l’est de la région parisienne. Au XXe siècle, la ville s’étend progressivement, tout en préservant le caractère villageois du vieux Fontenay. La rupture date de 1960 : une partie de la ville est alors déclarée « zone à urbaniser en priorité » (ZUP). La plaine maraîchère se transforme en quelques années pour laisser place au grand ensemble du Val de Fontenay. Pour l’État, l’objectif est de répondre au plus vite à la crise du logement qui frappe la France depuis la Libération. Mais, comme dans de nombreux grands ensembles, la création ex nihilo de vastes espaces d’habitation collective entraîne des questionnements pour les populations autochtones issus des quartiers anciens de la ville. Le grand ensemble est également excentré par rapport au vieux Fontenay. Cela pose de nouvelles problématiques pour les élus municipaux : équipements publics, services publics de proximité, desserte en transport, etc. La ville avait un intérêt à obtenir le classement en ZUP. D’une part, ces zones disposaient de financements plus importants, dans des territoires où le mal-logement persistait. D’autre part, les ZUP disposaient également de moyens plus larges pour renforcer les équipements collectifs, et ainsi pallier à de fortes carences de la ville en la matière.
Ces informations communales filmées de 1974 sont exclusivement portées sur les questions de la ZUP. Elles évoquent les difficultés de ce vaste territoire de logements collectifs (plus de 7.000 unités), éloigné du vieux Fontenay. D’emblée, le documentaire pose la question centrale des modalités de l’urbanisation. Un an auparavant, le ministre Olivier Guichard avait pris une circulaire interdisant la construction de nouveaux grands ensembles. Cela répondait à une montée des critiques dans l’opinion publique sur ces formes urbaines jugées inhumaines, criminogènes, facteur d’insécurité. Cette circulaire avait soulevé l’indignation de nombreux maires communistes, souvent porteurs de ces constructions dans les territoires de la banlieue rouge. A partir de 1973, il leur faut désormais gérer les contradictions politiques dans leurs municipalités : des demandes sociales fortes, des équipements encore insuffisants et une crise du logement persistante.
A partir de plusieurs interviews, de la population comme des techniciens et du maire Louis Bayeurte, le film fait la promotion des réalisations de la municipalité. Il souligne l’action des élus en faveur du relogement des couches populaires, l’amélioration du cadre de vie et des équipements de proximité. Dans un contexte de forte dépréciation des grands ensembles, les habitants comme les élus soulignent la modernité que représentent ces nouveaux logements : accès au confort, luminosité, hygiène, etc. Ils en concluent à la nécessité d’une action unie de la population pour défendre « un urbanisme au service de l’homme », un « urbanisme démocratique ». Cela reprend le nouveau discours communiste sur la ville, incarné par un grand colloque en 1973 à Grenoble et la création d’une commission du cadre de vie en 1974.
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
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Le film s’ouvre sur un aperçu des chantiers de la ZUP. En voix off, le réalisateur annonce l’objet du film : « Qu’entend-on par urbaniser ? C’est ce que nous avons cherché à savoir. »
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Afin de répondre à cette question, les réalisateurs interviewent plusieurs acteurs de la construction de la ZUP. M. Etienne, directeur adjoint d’ORGECO, souligne les difficultés rencontrées dans la ZUP. Le « mal des grands ensembles », décrit dans la presse, est pour lui le résultat de deux phénomènes : la faiblesse des équipements sociaux et culturels, la séparation entre la ZUP et le quartier ancien de Fontenay. Ce sont ces écueils qui ont été, selon lui, largement surmontés dans le cadre de la ville.
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Le maire présente ensuite son travail sur la ZUP. Il souligne l’effort de relogement des mal-logés de Fontenay et la création de nouveaux équipements. Cette présentation élogieuse lui permet de critiquer l’attitude de l’État, qui réduit les crédits accordés aux municipalités tout en augmentant les compétences. La cible est avant tout la fiscalité nationale, discours classique des mairies communistes : l’État récupère 80% des recettes fiscales, en particulier la TVA, qui pourraient être utiles pour la création de nouveaux équipements.
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Plusieurs familles sont interrogées sur leurs conditions de logement et les améliorations que permettrait la ZUP. La première famille, un jeune couple avec deux enfants, vit encore dans un logement insalubre, marqué par l’humidité. La construction de nouveaux logements dans la ZUP représente alors un espoir pour améliorer leurs conditions de vie. Les autres couples interrogés ont bénéficié d'un logement neuf dans la ZUP. Ils témoignent leur satisfaction (« très heureux », logement « spacieux »), en particulier en matière de confort, avec l'accès à l'eau courante, à une cuisine ou à des sanitaires. Un couple note l'intervention positive du maire dans l'attribution du logement, en dépit de leur situation financière délicate.
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Le retour sur le chantier de la ZUP permet de valoriser l'action municipale depuis l'arrivée de la gauche en 1965. Le début du relogement a commencé, avec près de 500 personnes qui en ont bénéficié (contre 198 logements HLM construits entre 1945 et 1965). L'objectif de la ville est de reloger 3000 fontenaysiens, en particulier ceux des taudis, des logements vétustes, et ceux qui habitent dans un parc privé trop onéreux. Ce passage critique également la politique d'attribution des logements sociaux : alors que la commune est à l'initiative de la construction d'HLM, elle ne dispose que d'un quota limité d'attributions. En effet, l'attribution se fait en partie par l’État et la préfecture (circulaire Nungesser, 1967).
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La séquence suivante porte sur les équipements à destination de la jeunesse et de l'éducation. L'objectif est de défendre « un urbanisme placé au service de l'homme », dans une proximité évidente avec les travaux du PCF au début de la décennie. En effet, en 1973, se tient un colloque à Grenoble (Pour un urbanisme..., publié dans la Nouvelle Critique), pour défendre une orientation nouvelle de l'urbanisme, donnant la primauté à la satisfaction des besoins. La municipalité valorise ainsi la construction de nouveaux groupes scolaires sur la ZUP, l'ouverture de nouvelles classes et l'enjeu de la formation professionnelle et générale (CES).
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Une courte séquence redonne la parole aux familles de Fontenay. Les femmes interrogées soulignent la faiblesse des équipements pour la petite enfance, en particulier le besoin de nouvelles crèches. La ZUP ne dispose alors que d'une seule structure, alors même qu'elle accueille un nombre croissant de jeunes ménages. L'accent est mis de nouveau sur la faiblesse des crédits d’État.
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Les équipements sportifs sont aussi une préoccupation de la municipalité. Un élu de la ville, face aux critiques, assume une politique tournée en premier lieu vers le sport à l'école (équipements attenants aux écoles). Le projet de piscine municipale sur la ZUP est évoqué. Il souligne la jeunesse du quartier et la nécessité d'agir rapidement en faveur des sociétés et des équipements sportifs.
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Un habitant attire l'attention sur les enjeux d'urbanisme et d'aménagement routier. La circulation est selon lui délicate dans la ville. M. Galopin, adjoint au maire, lui répond autour de deux idées : d'une part, la situation a largement évolué, avec le développement des poids lourds et des bus ; d'autre part la mairie a commencé à agir pour rénover les grands axes routiers. M. Etienne, directeur adjoint d'ORGECO, souhaite encourager la création d'une zone artisanale et commerciale pour créer des emplois sur place, évitant l'augmentation des temps de trajet domicile-travail, qui sont alors en pleine expansion dans la banlieue parisienne.
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Le sujet de la culture est très brièvement évoqué... pour être immédiatement refermé. Il reste, selon les réalisateurs, « volontairement dans l'ombre » de ce documentaire.
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L'avant dernière séquence porte sur l'aide sociale, en particulier à destination des personnes âgées. L'aide se porte à la fois sur les conditions de logement (création d'un foyer médicalisé pour personnes âgées) et sur l'assistance matérielle (distribution de charbon). Les personnes âgées interrogées portent un regard mitigé sur la ZUP : tout en valorisant la modernisation de la ZUP, l'accès au confort, ils restent attachés au modèle historique de la banlieue : le pavillon, le calme de la maison individuelle.
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Un bref interview du maire permet de conclure le documentaire. Il insiste sur le souhait d'un « urbanisme démocratique », où la population est consultée sur les projets urbains. Cela répond à la politique du contrat communal et à l'objectif du colloque « Pour un urbanisme... », qui défend l'élaboration collective de la ville.
Banlieues rouges, « communisme municipal » - Bayeurte Louis - Crèche - Enseignement - Fontenay-sous-Bois (94) - Grand ensemble - Stade - Thésaurus - Transport (moyen) - Troisième âge - Urbanisme et paysage - Zone à urbaniser en priorité (ZUP) - Élément d'équipement collectif