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00:00:00:00 | 00:00:30:00 | 00:00:30:00 | Affiche visage de femme et texte “Changer notre vie”. Musique d’opéra en fond (voix de chanteuse lyrique). | |
00:00:30:01 | 00:03:53:00 | 00:03:22:24 | Brigitte ------ Brigitte est filmée chez elle. Elle habite dans un appartement, dans une tour d’immeubles. Brigitte a 19 ans et est au chômage. Elle a un CAP d’aide comptable et un BEP de comptable mécanographe. Elle n’a jamais travaillé. De ce fait, elle ne touche rien mais va pointer quand même pour avoir le droit à la Sécurité sociale. Brigitte évoque les dépenses (notamment transports) pour se rendre aux entretiens. Elle regrette qu’il n’y ait aucune aide pour les jeunes chômeurs n’ayant jamais travaillé. Elle explique qu’elle n’a pas choisi son métier. Elle aurait aimé faire du dessin industriel mais le directeur de son école lui a dit que c’était réservé aux garçons. De ce fait, elle a été orientée vers la comptabilité. Elle évoque le fait que certains postes sont prioritairement destinés aux garçons, la femme ne devant pas travailler pour beaucoup de personnes. Or, elle pense le contraire : la femme devrait travailler pour être libre, “se sentir mieux dans sa peau”, pour être l’égale de l’homme. Brigitte raconte que sa mère n’a jamais travaillé, qu’elle n’aurait pas pu étant donné qu’ils sont onze enfants (sa mère n’ayant eu aucun moyen contraceptif). Brigitte dit qu’elle prend la pilule pour ne pas avoir d’enfant “pour l’instant”. [Arrêt image et reprise de la musique.] | |
00:03:53:01 | 00:04:36:00 | 00:00:42:24 | EXT. Vue sur l’usine Ericsson depuis une voiture circulant sur le périphérique. La voix féminine de la réalisatrice Michèle Gard, hors-champ, explique que “chez Ericsson, à Colombes, on fabrique des équipements téléphoniques. Les ouvrières, principalement des soudeuses, sont formées sur le tas.” La formation est rapide. “Au bout de deux ans de travail, sur la feuille de paye, une base fixe de 1800 francs à laquelle s’ajoute le rendement, ce qui porte le salaire moyen à 2 200 francs par mois.” | |
00:04:36:01 | 00:05:56:00 | 00:01:19:24 | Claudine, Martine, Yvette, Gisèle ------ Cinq femmes autour d’une table. À la question “Est-ce que votre travail vous plaît ?”, l’une, Claudine, répond que “Oui, sans le rendement.” Une autre ajoute qu’il y a eu des luttes contre ce principe, qu’elles ont obtenu plus de garanties mais qu’il faut se méfier de la direction qui exerce des pressions. | |
00:05:56:01 | 00:06:34:00 | 00:00:37:24 | Photographies de femmes, de manifestation de femmes portant des pancartes sur lesquelles on peut lire “Contre le démantèlement de la société Ericsson”, “Halte au démantèlement chez Ericsson”. Michèle Gard explique qu’en juin 1976, Thomson absorbe Ericsson. Les conséquences sont nombreuses : suppression de l’échelle mobile, blocage de l’embauche, encouragement à 400 démissions et préretraites, décision de transférer les ateliers de production à Cergy-Pontoise, à 30 kilomètres de Colombes. La direction se heurte alors à un refus des ouvrières qui ne veulent pas aller à Cergy. La direction entame une procédure de licenciement à l’encontre de 200 d’entre elles que l’inspection du travail refuse. La direction en réfère alors au ministère du travail ; le conflit dure depuis neuf mois. | |
00:06:34:01 | 00:12:01:00 | 00:05:26:24 | Une femme explique qu’elle n’est pas d’accord pour aller à Cergy car c’est trop loin et que ça ne laisse plus le temps de rien faire (elle évoque ici les tâches domestiques et le ménage). Une autre femme évoque la difficulté de laisser sa fille toute seule plus de dix heures par jour, la fatigue qui a des incidences sur l’humeur et la vie de famille : “Pourquoi vivre à ce moment là ?” À la question “Qu’apporterait la nationalisation d’Ericsson ?”, Claudine évoque plus de libertés pour les travailleurs, plus de distractions, de détente, de loisirs. Actuellement, peu de place pour les loisirs pour ces femmes qui occupent leur week-end à effectuer des tâches domestiques, leur mari ne les aidant pas dans l’ensemble. Une autre femme explique que le travail est au coeur de la vie et qu’il faudrait plus de facilités pour la garde des enfants, les transports. À plusieurs reprises, Michèle Gard demande aux femmes qui ne se sont pas encore exprimées si elles partagent l’avis de leurs collègues ce à quoi elles répondent par l’affirmative. Une femme demande plus de liberté d’expression pour les femmes à l’intérieur de l’entreprise. Le travail des femmes est encore considéré comme un travail d’appoint pour beaucoup. Derrière Claudine, une affiche du PCF en faveur du Programme commun est épinglée sur le mur. Claudine précise qu’elle travaille par besoin, pas par plaisir, le salaire de son mari ne suffisant pas à faire vivre le ménage. Elle ajoute qu’en plus d’être OS, elle fait des ménages afin de permettre à ses enfants de suivre les études qu’ils souhaitent pour exercer le métier de leur choix. [Arrêt image et reprise de la musique.] | |
00:12:01:01 | 00:16:18:00 | 00:04:16:24 | Lydie ------ Lydie est à la maternité, elle vient d’accoucher de jumeaux. Elle explique qu’elle a eu trois enfants dont l’un est mort à cause d’une négligence de la nourrice. Par la suite, elle a eu un autre enfant qu’elle a mis chez une nourrice agréée. Elle a également pris un congé qui a été mal vu par son employeur. Comme cet enfant avait sept ans de moins que les aînés, elle a souhaité en avoir un autre mais a eu des jumeaux ce qui lui fait cinq enfants en tout. Lydie constate que la politique municipale dans le 15e arrondissement de Paris n’est pas adaptée aux femmes qui travaillent. Elle évoque également le problème du logement. Elle vit avec son mari et ses enfants dans un appartement de trois pièces comprenant un salon qui sert de chambre à coucher pour les parents, une salle à manger et une chambre pour les trois premiers enfants. Elle est au 4e étage d’un immeuble sans ascenseur. Lydie est contrainte de continuer à travailler. Elle a beaucoup de difficulté à trouver une crèche pour ses trois derniers enfants. De plus, elle ne peut pas prendre un congé supplémentaire car elle risquerait de perdre sa place. La voix féminine de Michèle Gard, hors-champ, donne des chiffres sur la situation actuelle en France : il y a 900 000 enfants de moins de trois ans dont la mère travaille et seulement 40 000 places disponibles dans les crèches. | |
00:16:18:01 | 00:19:20:00 | 00:03:01:24 | Louisette ------ EXT. Louisette est chercheur (“chercheuse”) scientifique. Elle est maître-assistant : elle fait de l’enseignement et de la recherche dans le domaine de la métallurgie physique (étude de la structure interne des métaux). Elle aimerait être professeur mais cela est difficile en raison de son sexe, d’une part, et du blocage des postes, d’autre part (pour un poste débloqué, il y a 100 candidatures). En tant que femme, il a fallu qu’elle se batte pour arriver à son niveau. | |
00:19:20:01 | 00:24:50:00 | 00:05:29:24 | Eliette ------ EXT. Vue sur l’entrée de l’usine LTT. Eliette est OS au LTT, vérificatrice à la câblerie. Elle est enceinte. Elle habite à 12 kilomètres de l’usine, dans un comble aménagé (“un grenier”) : pas de salle de bain, wc sur le palier, un seul conduit de cheminée pour les trois pièces dont une sans fenêtre, pas d’isolation (contre-plaqué). Son mari, poseur en serrurerie sur les chantiers, est actuellement au chômage. Il a été licencié pour raisons économiques. Michèle Gard lui demande ce qu’elle aimerait qui change. “Tout” répond Eliette, mais l’assurance de l’emploi en premier lieu. Elle ressent une insécurité à ce sujet et précise que les femmes sont les premières à être touchées. D’après le Programme commun, LTT est une filiale de Thomson qui serait nationalisée. Eliette évoque la visite de Michel Rocard, maire de Conflans-Sainte-Honorine, à l’usine qui avait confirmé que LTT serait nationalisée. Or, depuis sa visite, il y a eu rupture de l’Union de la gauche. Malgré la demande des ouvriers de LTT à Rocard de réaffirmer son engagement, les salariés n’ont pas eu confirmation que la nationalisation serait bien maintenue. Eliette est déçue par la rupture de l’Union de la gauche. Elle estime que ce n’est pas au PCF de faire des concessions. Elle précise qu’elle n’est pas communiste mais qu’elle songe à prendre sa carte car c’est le parti qui est le plus proche de ses idées. | |
00:24:50:01 | 00:30:46:00 | 00:05:55:24 | Françoise ------ Françoise a 20 ans et travaille aux chèques postaux, à Montparnasse. Elle gagne environ 2 200 francs. Elle est comptable de formation mais n’a jamais exercé ce métier : elle a passé de nombreux entretiens mais les employeurs la trouvaient trop jeune et ne l’ont pas recrutée pour cette raison. Elle a donc passé le concours des postes qu’elle a réussi, afin d’avoir un emploi. Françoise aurait aimé faire des études littéraires pour être professeur d’histoire ou de français. Michèle Gard lui demande si elle a une question ou quelque chose à dire à Georges Marchais. Françoise répond qu’elle lui demanderait ce qui peut changer pour qu’il n’y ait plus d’aussi grosses différences entre les salaires des ouvriers et des cadres, pour que le travail ne soit plus abrutissant, que tout le monde puisse avoir “une petite maison pour soi” et qu’il n’y ait plus de logements insalubres. | |
00:30:46:01 | 00:35:03:00 | 00:04:16:24 | Michèle ------ Michèle est dactylo, agent de bureau, titulaire. Elle gagne 2 300 francs. Elle est mariée et a une fille de 14 ans. Elle est interviewée dans son appartement, assise à une table. Son mari a alterné périodes de travail et de chômage pendant deux ans. Il a désormais un travail fixe mais le couple a accumulé des dettes. Ils ont eu des menaces de saisies de leurs biens mais grâce à l’aide des camarades communistes et des élus qui sont venus leur prêter main forte, la saisie a pu être empêchée. Deux de ses amies sont assises à ses cotés. L’une d’elles témoigne de la violence des saisies. | |
00:35:03:01 | 00:35:33:00 | 00:00:29:24 | EXT. Musique classique en fond sonore. Panoramique sur une cité : parking, immeubles. Voix off de Michèle Gard : “Dans cette cité habitent 600 familles. Tout y est électrique. Au mois d’octobre dernier sont arrivées 400 menaces de coupure d’électricité.” | |
00:35:33:01 | 00:41:30:00 | 00:05:56:24 | Andrée ------ Andrée est interviewée dans son appartement. Elle est mariée à un ouvrier ; ils sont trois enfants. Secrétaire de formation, elle a décidé de rester à la maison car travailler lui coûtait plus cher. Elle explique que malgré ses ressources modiques, elle cuisine des légumes pour ses enfants afin qu’ils soient en bonne santé, son mari et elle se contentant de féculents (riz, pâtes, etc.). Elle précise qu’elle n’est pas la plus à plaindre car elle arrive à acheter de la viande pour ses enfants, ce qui n’est pas le cas de plusieurs autres personnes de sa connaissance. Elle évoque la solidarité ouvrière dans l’immeuble, notamment lors de saisie ou de coupure de courant. Andrée souhaite que tout change et en premier lieu qu’on arrête de prendre les ouvriers pour des malhonnêtes. Elle évoque ensuite les difficultés rencontrées concernant les remboursements de la Sécurité sociale. Elle parle ensuite de son goût pour la musique, le piano en particulier. | |
00:41:30:01 | 00:42:07:00 | 00:00:36:24 | Arrêt image et fondu sur l’affiche qui ouvre le film (visage de femme et texte “Changer notre vie”). |