Document sur l'émergence des brigades murales au Chili.
Surgies à la fin des années 1960, les brigades murales acquièrent une visibilité à l’occasion de la campagne présidentielle de 1970. Les brigades sont alors affiliées à des partis politiques, elles sont constituées de militants – jeunes pour la plupart ; et si l’ensemble du spectre politique chilien se dote à un moment donné de sa brigade, l’émergence du travail muraliste reste associée à la gauche chilienne, à ce que fut la dernière campagne électorale de Salvador Allende, à ce que fut le gouvernement de l’Unité populaire (1970-1973). Les murs de Santiago sont ainsi investis. Sur ces murs, on écrit et on peint.
D’abord instrument de propagande, la concurrence entre brigades, et notamment entre celle des jeunesses communistes (Brigada Ramona Parra, BRP *) et celle des jeunesses socialistes (Brigada Elmo Catalán), ne se donne pas sur le seul terrain du politique stricto sensu. Les brigades rivalisent en innovant dans le tracé, la complexité des figures, l’usage des couleurs. L’image qu’elles présentent aux passants les identifie tout autant que les messages véhiculés et que leur signature. Ainsi, chemin faisant, les brigades ouvrent-elles un espace d’expression artistique, étroitement lié à la vie politique mais suscitant, au-delà, l’attention et l’intervention ponctuelle d’artistes reconnus dont le peintre Roberto Matta.
* Ramona Parra : jeune militante communiste morte aux mains de la police suite à une arrestation en 1946.
source : Antonia GARCIA CASTRO
Les murs comme support du politique : la brigade Chacón au Chili (1989-1997) p. 259-275
site : http://conflits.revues.org/1848#ftn5