Ce document réunit quelques rushes muets d’un film -sans doute réalisé- sur le 16e congrès de la fédération CGT des travailleurs de la métallurgie qui s'est déroulé du 19 au 22 mai 1948, rue Mesnil à Paris.
Ce congrès rassemble plus de 1000 délégués. Dans son rapport d'activité, Ambroise Croizat, qui est alors secrétaire général de la Fédération, met en avant des revendications d'ordre statutaire et social, mais insiste aussi sur la « menace » américaine qui pèse sur le secteur de la sidérurgie. Le congrès est donc marqué par le climat de guerre froide. Sur un plan plus syndical, l'heure est à la scission puisqu'en avril 1948, la CGT-Force ouvrière a tenu son congrès constitutif.
Le film commence par un travelling: la caméra est placée au fond la salle et « balaye » les tables autour desquelles les participants du congrès sont installés. A l'arrière-plan, on aperçoit la tribune.
Deux hommes vont et viennent dans les allées en discutant. A la tribune, un homme fait un discours.
A une table « presse », les journalistes travaillent.
Un plan montre un petit panneau clignotant sur le pupitre des orateurs qui indique « abrégez ».
Les participants descendent un escalier pour sortir de la salle de congrès (en pause ?)
Un homme, puis une femme (Marcelle Barjonnet?), prennent la parole et s'adressent à l'auditoire. On aperçoit Benoît Frachon qui s'installe à la tribune, et en contre-bas de la tribune, les sténodactylos.
Plan d’affluence au stand « Guide du métallurgiste ».
Succession de plans : un nouvel orateur ç la tribune ; un groupe de participants en train de discuter; le public se lève pour applaudir; l'installation de la salle ; le stand des livres…
Plans d’extérieur : la façade du bâtiment où se déroule le congrès est une piscine-patinoire. Une grande banderole signale l'événement. Les participants discutent dans la rue.
Retour à l'intérieur. De nombreuses prises de parole se succèdent: des hommes et une femme s'expriment. A la tribune, on aperçoit Ambroise Croizat. Dans la salle, le public est attentif ou applaudit. Les délégués posent pour la caméra. Parmi les orateurs, Ambroize Croizat.
En plan d'ensemble, les participants applaudissent et jetant des confettis pendant que sur scène, bouquet de fleurs offert. Alain le Leap fait un discours.
Dans les couloirs attenants, une prise, qui montre deux hommes en contre plongée avançant et discutant, est refaite deux fois. Idem pour une prise qui met en scène un groupe échangeant des commentaires.
Nouveaux plans d'orateurs s'exprimant à la tribune.
Selon l'Humanité, qui relate le congrès du 19 mai au 24 mai 1948, la manifestation s'est ouverte le 19 mai avec le rapport d'activité d'Ambroise Croizat. Le lendemain, ce rapport a été discuté : se sont exprimés Lesgourgnes (Arcachon), Jeanne Roche (union des métaux de Lyon), Madeleine Diels (Orléans), Marcelle Barjonnet (fédération internationale et démocratique des femmes). Après qu'Ambroise Croizat a répondu, le rapport a été adopté à l'unanimité. Sont ensuite intervenus Alfred Costes (secrétaire fédéral), Baumont et Jourdain (secrétaire fédéral). Le 21 mai, le rapport de Jourdain a été débattu : Paulette Decluset (secrétaire de l'union syndicale des métaux de région parisienne), Claudine Chomat (UFF), un délégué du Luxembourg et Roseda (secrétaire général de la fédération des métaux italiens) ont pris la parole. Le 22 mai, le congrès s'est terminé sous la présidence d'Alfred Costes, et en présence de Benoît Frachon, André Le Leap et Yves Dellac. Le Leap a pris la parole au nom du bureau confédéral de la CGT. Une résolution générale a été votée, la commission exécutive a été élue puis a voté pour élire le bureau fédéral : Ambroise Croizat a été reconduit dans ses fonctions de secrétaire général.
Ce film, très vraisemblablement commandé par la CGT, a été dirigé par Marc Fossard (1912-2007). Assistant opérateur dès les années 1930, il devient cadreur et travaille avec Julien Duvivier, Marcel L’Herbier ou Marcel Carné. Après la guerre, il poursuit une carrière de directeur de la photographie et collabore, notamment, avec Jean-Paul Le Chanois.
Ces rushes sont intéressants pour comprendre « l'envers du décor » cinématographique. A maintes reprises, le clap apparaît à l'image, parfois porté par un jeune homme. C'est l'indice d'un tournage organisé, pour lequel il y a une équipe et des moyens (par exemple pour faire un travelling). Les prises refaites deux fois à la fin du film montrent que les images sont pensées et dans une certaine mesure mises en scène: les protagonistes du congrès jouent leur propre rôle pour qu'un panel complet des situations soit enregistré.
Dans l'après-guerre, la CGT est à l'initiative de plusieurs films pour soutenir l'action syndicale. En 1948, sont par exemple réalisés La grande lutte des mineurs, sur la grève des mineurs de l'automne, et Journées de printemps, sur les « journées de la jeunesse » qui ont réuni les jeunes syndiqués.
Lieux: Paris, rue Mesnil
Réalisation attribué à Marc Fossard
Personnalités: Benoît Frachon, Ambroise Croizat, Alain Le Leap
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives françaises du film, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images
Confédération Générale du Travail - Croizat Ambroise - Force Ouvrière - Frachon Benoit