Ce film rassemble cinq sujets tournés par le cinéaste amateur Roger Vuillemenot en 1960, à l'apogée du pouvoir gaulliste installé depuis 1958. L'année 1960 est marquée par les soubresauts de la guerre d'Algérie (la semaine des barricades fin janvier), par le climat de tension et les affrontements avec la police (obsèques d'un adolescent tué par la police), et par une tentative de briser la chape de plomb du gaullisme en organisant un vaste mouvement de protestation contre la loi Debré, votée en 1959, permettant le financement des écoles privées par des fonds publics.

Premier sujet : obsèques de Daniel L'Hénoret
Un garçon de dix-sept ans originaire d'Epinay, Daniel L'Henoret, est abattu dans les rues de Gennevillers la nuit du Nouvel An par un policier. Dans L'Humanité du 4 janvier 1960, Madeleine Riffaud emploie le terme de "guerre à la jeunesse" : "Parce qu'il chantait, parce qu'il était heureux et libre une nuit de Nouvel-An, avec ses copains, Daniel est tombé sur les pavés, ses chansons mourant avec lui comme Gavroche." Cette thématique de la guerre faite à la jeunesse est assez largement reprise par le PCF de cette époque, dans un contexte de luttes anticoloniales où les manifestations sont durement réprimées, et culminera lors du massacre de Charonne le 8 février 1962, dans lequel la figure de la plus jeune des victimes, Daniel Féry, sera beaucoup mise en avant.

Deuxième sujet : Rassemblement national de la jeunesse à Gennevilliers. Plans assez sombres sur des visages. Les militants diffusent le journal Clarté.

Troisième sujet : Coup d'État fasciste du 24 janvier 1960 et réaction populaire -
Le 24 janvier 1960 débute à Alger la "semaine des barricades" : pendant laquelle des français d'Algérie lancent un mouvement insurrectionnel pour protester contre les orientations récemment prises par le pouvoir, ouvrant la porte à une "autodétermination" des algériens, et pour réclamer le retour en Algérie du général Massu, récemment muté en métropole.
Ce mouvement de janvier 1960 sera un échec, mais marque le réveil des partisans ultra de l'Algérie française, et préfigure la tentative de coup d'Etat du 22 avril 1961 (putsch des généraux).
Roger Vuillemenot filme la une de l'Humanité du 25 janvier 1960 : "Les ultras déclenchent l'émeute fasciste à Alger - l'état de siège est proclamé". Le même quotidien titre quelques jours plus tard : "L'action populaire antifasciste s'amplifie", avant de relater les saisies dont il est l'objet. Le film de Roger Vuillemenot insiste sur la réaction du mouvement ouvrier (prise de position de l'Humanité, grève d'une heure le 2 février 1960 à l'initiative de l'ensemble des syndicats), pour finir par l'échec de l'insurrection.

Quatrième sujet : défense de l'école laïque face à la loi Debré, le 19 juin 1960
La loi Debré, votée fin 1959, accorde aux écoles privées l'accès à des fonds publics. Face à cette nouvelle offensive de la droite catholique, le Comité National d'Action Laïque (CNAL) lance début février 1960 une pétition qui recueillera plus de 10 millions de voix, de février à mai 1960. Le 19 juin, les signataires sont invités à se rassembler à la porte de Vincennes. Cet épisode, par son ampleur, a représenté un des seuls moments où l'opposition au régime gaulliste (partis de gauche, syndicats, associations) a réussi à unir ses forces dans ces premières années de la Vème République marquées par la faiblesse des mouvements sociaux.
Des cars sont affrétés afin d'acheminer les manifestants jusqu'à la clairière de Reuilly où se tient le rassemblement. Des harmonies de mineurs défilent. Chaque département annonce fièrement sur une banderole le nombre de signatures recueillies. Selon les CNAL, 400 000 personnes étaient présentes ce jour du "serment de Vincennes".


Cinquième sujet : montée au Mur des Fédérés, mai 1960.
Par sections, de villes ou d'entreprises, les militants défilent dans les rues de Paris.
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